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Molière Malade imaginaire dernière scène explication linéaire

Argan vient de jouer la comédie en faisant le mort. Il a ainsi découvert les véritables sentiments de sa femme pour lui. A la fin de la scène précédente, Toinette lui suggère de faire la même chose devant sa fille.

Comment la comédie d’Argan dénoue-t-elle l’intrigue ?

Quels sont les sentiments d’Angélique envers son père ?

On voit que sont présents dans cette scène Argan qui fait le mort, Toinette et Béralde qui sont dans la confidence. Angélique arrive sur scène. ANGÉLIQUE, ARGAN, TOINETTE, BÉRALDE. didascalies
Tout dans l’attitude et les paroles de Toinette annoncent une mauvaise nouvelle : elle s’exprime en s’exclamant, emploie des termes annonçant un désagrément « fâcheuse, malheureuse » C’est drôle pour le spectateur qui sait qu’elle joue la comédie. TOINETTE s’écrie :- Ô Ciel ! Ah, fâcheuse aventure ! Malheureuse journée ! Didascalie, exclamations, interjections
Les paroles d’Angélique traduisent son étonnement et son envie de savoir ce qui met Toinette dans cet état. Ses paroles permettent d’en savoir plus sur l’attitude de Toinette qui « pleure ». ANGÉLIQUE.- Qu’as-tu, Toinette, et de quoi pleures-tu ? interrogations
Toinette joue très bien son rôle et semble vouloir adoucir l’annonce qu’elle a à faire en préparant Angélique à une mauvaise nouvelle TOINETTE.- Hélas ! j’ai de tristes nouvelles à vous donner. Interjection + voc de la tristesse
La question très courte d’Angélique peut exprimer son angoisse. ANGÉLIQUE.- Hé quoi ? Interrogative non verbale
Toinette annonce la nouvelle de manière concise. TOINETTE.- Votre père est mort. Déclarative affirmative
Cette répétition machinale montre qu’Angélique est sous le coup de l’émotion. Elle semble incrédule : elle ne remet pas en question les propos de Toinette mais reste ébahie par une annonce à laquelle elle ne s’attendait pas. ANGÉLIQUE.- Mon père est mort, Toinette ? Reprise des paroles de Toinette, avec un ton interrogatif
Toinette recentre le regard vers Argan. Elle donne peu de détails (ce qui lui serait difficile étant donné qu’il n’est pas mort). TOINETTE.- Oui, vous le voyez là. Il vient de mourir tout à l’heure d’une faiblesse qui lui a pris. affirmations
Angélique exprime ses sentiments : elle est profondément attristée par la mort de son père. Cela s’oppose à la réaction de Béline, sa belle-mère. On comprend que son père est pour Angélique la personne à laquelle elle est la plus attachée « la seule personne qui me restait au monde », « une si grande perte ». ANGÉLIQUE.- Ô Ciel ! quelle infortune ! quelle atteinte cruelle ! Hélas ! faut-il que je perde mon père, la seule chose qui me restait au monde ; et qu’encore pour un surcroît de désespoir, je le perde dans un moment où il était irrité contre moi ? Que deviendrai-je, malheureuse, et quelle consolation trouver après une si grande perte ? Champ lexical de la tristesse

Exclamations puis interrogations

Le changement de scène s’explique par l’arrivée d’un nouveau personnage : Cléante CLÉANTE, ANGÉLIQUE, ARGAN, BÉRALDE, TOINETTE. Changement de scène ; dernière scène
Tout comme Angélique face à Toinette dans la scène précédente, Cléante face à Angélique veut savoir ce qui la met dans cet état. On sait ses sentiments pour la jeune fille « belle Angélique » . CLÉANTE.- Qu’avez-vous donc, belle Angélique ? Et quel malheur pleurez-vous ? Phrases interrogatives
Pas besoin de didascalie pour préciser au comédien comment jouer ce personnage. Ses paroles le disent : elle « pleure ». Son corps et ses paroles expriment sa tristesse d’avoir perdu son père.

Cette scène pourrait être pathétique, mais elle ne l’est pas car le spectateur sait que c’est faux.

ANGÉLIQUE.- Hélas ! je pleure tout ce que dans la vie je pouvais perdre de plus cher, et de plus précieux. Je pleure la mort de mon père. Expression des sentiments : voc, interjection, exclamation, répétition « je pleure »
La réaction de Cléante ressemble fort à celle d’Angélique avec les mêmes exclamations « ô ciel !… Hélas ! ». Mais on comprend que Cléante se désole non de la mort elle-même mais de ce qu’elle implique : il ne pourra pas faire sa demande ! Le comique vient du fait que le père n’est pas mort et entend ses paroles. Les mots de Cléante restent très respectueux : « par mes respects et par mes prières… disposer son cœur ». CLÉANTE.- Ô Ciel ! Quel accident ! Quel coup inopiné ! Hélas ! Après la demande que j’avais conjuré votre oncle de lui faire pour moi, je venais me présenter à lui, et tâcher par mes respects et par mes prières, de disposer son cœur à vous accorder à mes vœux. Exclamations, interjections

Parallélisme de structure avec paroles d’angélique dans la scène précédente

 

Angélique renonce au mariage. Elle se sent responsable de la mort de son père, pense que c’est parce qu’elle s’est opposée à lui et l’a mise en colère qu’il est mort « j’ai résisté, le chagrin que je m’accuse de vous avoir donné ».

Elle s’adresse à lui et s’engage à respecter ce qui est devenu sa dernière volonté : la mettre dans un couvent. C’est ce que l’on comprend dans l’expression « je ne veux plus être du monde »

ANGÉLIQUE.- Ah ! Cléante, ne parlons plus de rien. Laissons là toutes les pensées du mariage. Après la perte de mon père, je ne veux plus être du monde, et j’y renonce pour jamais. Oui, mon père, si j’ai résisté tantôt à vos volontés, je veux suivre du moins une de vos intentions, et réparer par là le chagrin que je m’accuse de vous avoir donné. Souffrez, mon père, que je vous en donne ici ma parole, et que je vous embrasse, pour vous témoigner mon ressentiment. Impératifs « ne parlons plus, laissons là »

Oppositions de phrases négatives « ne parlons plus, je ne veux plus » et affirmatives « laissons là, oui, je veux »

Répétition de l’apostrophe « mon père »

Emploi de la 2° personne : adresse directe à son père mort

Argan en se levant brise la comédie et dévoile la supercherie. On peut imaginer de la reconnaissance envers sa fille qui a montré tout son amour pour lui.

La réaction d’Angélique est la même que celle de Béline, mais on se doute qu’elle ne sera pas suivie du même effet : sans doute de l’effarement et de la honte d’avoir été découverte pour Béline, du soulagement que son père ne soit pas mort pour Angélique

ARGAN se lève.- Ah ! ma fille.

ANGÉLIQUE, épouvantée.- Ahy !

Didascalies interjections exclamations

 

Malade imaginaire dernière scène à étudier

Objet d’étude : le théâtre du XVII° au XXI° siècle

Parcours : Spectacle et comédie

 

SCÈNE XIII

ANGÉLIQUE, ARGAN, TOINETTE, BÉRALDE.

TOINETTE s’écrie :- Ô Ciel ! Ah, fâcheuse aventure ! Malheureuse journée !

ANGÉLIQUE.- Qu’as-tu, Toinette, et de quoi pleures-tu ?

TOINETTE.- Hélas ! j’ai de tristes nouvelles à vous donner.

ANGÉLIQUE.- Hé quoi ?

TOINETTE.- Votre père est mort.

ANGÉLIQUE.- Mon père est mort, Toinette ?

TOINETTE.- Oui, vous le voyez là. Il vient de mourir tout à l’heure d’une faiblesse qui lui a pris.

ANGÉLIQUE.- Ô Ciel ! quelle infortune ! quelle atteinte cruelle ! Hélas ! faut-il que je perde mon père, la seule chose qui me restait au monde ; et qu’encore pour un surcroît de désespoir, je le perde dans un moment où il était irrité contre moi ? Que deviendrai-je, malheureuse, et quelle consolation trouver après une si grande perte ?

SCÈNE XIV ET DERNIÈRE

CLÉANTE, ANGÉLIQUE, ARGAN, BÉRALDE, TOINETTE.

CLÉANTE.- Qu’avez-vous donc, belle Angélique ? Et quel malheur pleurez-vous ?

ANGÉLIQUE.- Hélas ! je pleure tout ce que dans la vie je pouvais perdre de plus cher, et de plus précieux. Je pleure la mort de mon père.

CLÉANTE.- Ô Ciel ! Quel accident ! Quel coup inopiné ! Hélas ! Après la demande que j’avais conjuré votre oncle de lui faire pour moi, je venais me présenter à lui, et tâcher par mes respects et par mes prières, de disposer son cœur à vous accorder à mes vœux.

ANGÉLIQUE.- Ah ! Cléante, ne parlons plus de rien. Laissons là toutes les pensées du mariage. Après la perte de mon père, je ne veux plus être du monde, et j’y renonce pour jamais. Oui, mon père, si j’ai résisté tantôt à vos volontés, je veux suivre du moins une de vos intentions, et réparer par là le chagrin que je m’accuse de vous avoir donné. Souffrez, mon père, que je vous en donne ici ma parole, et que je vous embrasse, pour vous témoigner mon ressentiment.

ARGAN se lève.- Ah ! ma fille.

ANGÉLIQUE, épouvantée.- Ahy !

 

Extrait de l’acte III, scène 13 et début de la scène 14,

Le Malade imaginaire, dans l’édition Classiques & Cie, Hatier

Vocabulaire du théâtre

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Le Malade imaginaire : étude de l’acte III, scènes 13 et 14

Argan vient de jouer la comédie en faisant le mort. Il a ainsi découvert les véritables sentiments de sa femme pour lui. A la fin de la scène précédente, Toinette lui suggère de faire la même chose devant sa fille.

Propositions de problématiques :

Comment la comédie d’Argan dénoue-t-elle l’intrigue ?

Quels sont les sentiments d’Angélique envers son père ?

On voit que sont présents dans cette scène Argan qui fait le mort, Toinette et Béralde qui sont dans la confidence. Angélique arrive sur scène. ANGÉLIQUE, ARGAN, TOINETTE, BÉRALDE. didascalies
Tout dans l’attitude et les paroles de Toinette annoncent une mauvaise nouvelle : elle s’exprime en s’exclamant, emploie des termes annonçant un désagrément « fâcheuse, malheureuse » C’est drôle pour le spectateur qui sait qu’elle joue la comédie. TOINETTE s’écrie :- Ô Ciel ! Ah, fâcheuse aventure ! Malheureuse journée ! Didascalie, exclamations, interjections
Les paroles d’Angélique traduisent son étonnement et son envie de savoir ce qui met Toinette dans cet état. Ses paroles permettent d’en savoir plus sur l’attitude de Toinette qui « pleure ». ANGÉLIQUE.- Qu’as-tu, Toinette, et de quoi pleures-tu ? interrogations
Toinette joue très bien son rôle et semble vouloir adoucir l’annonce qu’elle a à faire en préparant Angélique à une mauvaise nouvelle TOINETTE.- Hélas ! j’ai de tristes nouvelles à vous donner. Interjection + voc de la tristesse
La question très courte d’Angélique peut exprimer son angoisse. ANGÉLIQUE.- Hé quoi ? Interrogative non verbale
Toinette annonce la nouvelle de manière concise. TOINETTE.- Votre père est mort. Déclarative affirmative
Cette répétition machinale montre qu’Angélique est sous le coup de l’émotion. Elle semble incrédule : elle ne remet pas en question les propos de Toinette mais reste ébahie par une annonce à laquelle elle ne s’attendait pas. ANGÉLIQUE.- Mon père est mort, Toinette ? Reprise des paroles de Toinette, avec un ton interrogatif
Toinette recentre le regard vers Argan. Elle donne peu de détails (ce qui lui serait difficile étant donné qu’il n’est pas mort). TOINETTE.- Oui, vous le voyez là. Il vient de mourir tout à l’heure d’une faiblesse qui lui a pris. affirmations
Angélique exprime ses sentiments : elle est profondément attristée par la mort de son père. Cela s’oppose à la réaction de Béline, sa belle-mère. On comprend que son père est pour Angélique la personne à laquelle elle est la plus attachée « la seule personne qui me restait au monde », « une si grande perte ». ANGÉLIQUE.- Ô Ciel ! quelle infortune ! quelle atteinte cruelle ! Hélas ! faut-il que je perde mon père, la seule chose qui me restait au monde ; et qu’encore pour un surcroît de désespoir, je le perde dans un moment où il était irrité contre moi ? Que deviendrai-je, malheureuse, et quelle consolation trouver après une si grande perte ? Champ lexical de la tristesse

Exclamations puis interrogations

Le changement de scène s’explique par l’arrivée d’un nouveau personnage : Cléante CLÉANTE, ANGÉLIQUE, ARGAN, BÉRALDE, TOINETTE. Changement de scène ; dernière scène
Tout comme Angélique face à Toinette dans la scène précédente, Cléante face à Angélique veut savoir ce qui la met dans cet état. On sait ses sentiments pour la jeune fille « belle Angélique » . CLÉANTE.- Qu’avez-vous donc, belle Angélique ? Et quel malheur pleurez-vous ? Phrases interrogatives
Pas besoin de didascalie pour préciser au comédien comment jouer ce personnage. Ses paroles le disent : elle « pleure ». Son corps et ses paroles expriment sa tristesse d’avoir perdu son père.

Cette scène pourrait être pathétique, mais elle ne l’est pas car le spectateur sait que c’est faux.

ANGÉLIQUE.- Hélas ! je pleure tout ce que dans la vie je pouvais perdre de plus cher, et de plus précieux. Je pleure la mort de mon père. Expression des sentiments : voc, interjection, exclamation, répétition « je pleure »
La réaction de Cléante ressemble fort à celle d’Angélique avec les mêmes exclamations « ô ciel !… Hélas ! ». Mais on comprend que Cléante se désole non de la mort elle-même mais de ce qu’elle implique : il ne pourra pas faire sa demande ! Le comique vient du fait que le père n’est pas mort et entend ses paroles. Les mots de Cléante restent très respectueux : « par mes respects et par mes prières… disposer son cœur ». CLÉANTE.- Ô Ciel ! Quel accident ! Quel coup inopiné ! Hélas ! Après la demande que j’avais conjuré votre oncle de lui faire pour moi, je venais me présenter à lui, et tâcher par mes respects et par mes prières, de disposer son cœur à vous accorder à mes vœux. Exclamations, interjections

Parallélisme de structure avec paroles d’angélique dans la scène précédente

 

Angélique renonce au mariage. Elle se sent responsable de la mort de son père, pense que c’est parce qu’elle s’est opposée à lui et l’a mise en colère qu’il est mort « j’ai résisté, le chagrin que je m’accuse de vous avoir donné ».

Elle s’adresse à lui et s’engage à respecter ce qui est devenu sa dernière volonté : la mettre dans un couvent. C’est ce que l’on comprend dans l’expression « je ne veux plus être du monde »

ANGÉLIQUE.- Ah ! Cléante, ne parlons plus de rien. Laissons là toutes les pensées du mariage. Après la perte de mon père, je ne veux plus être du monde, et j’y renonce pour jamais. Oui, mon père, si j’ai résisté tantôt à vos volontés, je veux suivre du moins une de vos intentions, et réparer par là le chagrin que je m’accuse de vous avoir donné. Souffrez, mon père, que je vous en donne ici ma parole, et que je vous embrasse, pour vous témoigner mon ressentiment. Impératifs « ne parlons plus, laissons là »

Oppositions de phrases négatives « ne parlons plus, je ne veux plus » et affirmatives « laissons là, oui, je veux »

Répétition de l’apostrophe « mon père »

Emploi de la 2° personne : adresse directe à son père mort

Argan en se levant brise la comédie et dévoile la supercherie. On peut imaginer de la reconnaissance envers sa fille qui a montré tout son amour pour lui.

La réaction d’Angélique est la même que celle de Béline, mais on se doute qu’elle ne sera pas suivie du même effet : sans doute de l’effarement et de la honte d’avoir été découverte pour Béline, du soulagement que son père ne soit pas mort pour Angélique

ARGAN se lève.- Ah ! ma fille.

ANGÉLIQUE, épouvantée.- Ahy !

Didascalies interjections exclamations

 

Le Malade imaginaire : texte acte III, scène 13 et début de la scène 14

Objet d’étude : le théâtre du XVII° au XXI° siècle

Parcours : Spectacle et comédie

SCÈNE XIII

ANGÉLIQUE, ARGAN, TOINETTE, BÉRALDE.

TOINETTE s’écrie :- Ô Ciel ! Ah, fâcheuse aventure ! Malheureuse journée !

ANGÉLIQUE.- Qu’as-tu, Toinette, et de quoi pleures-tu ?

TOINETTE.- Hélas ! j’ai de tristes nouvelles à vous donner.

ANGÉLIQUE.- Hé quoi ?

TOINETTE.- Votre père est mort.

ANGÉLIQUE.- Mon père est mort, Toinette ?

TOINETTE.- Oui, vous le voyez là. Il vient de mourir tout à l’heure d’une faiblesse qui lui a pris.

ANGÉLIQUE.- Ô Ciel ! quelle infortune ! quelle atteinte cruelle ! Hélas ! faut-il que je perde mon père, la seule chose qui me restait au monde ; et qu’encore pour un surcroît de désespoir, je le perde dans un moment où il était irrité contre moi ? Que deviendrai-je, malheureuse, et quelle consolation trouver après une si grande perte ?

SCÈNE XIV ET DERNIÈRE

CLÉANTE, ANGÉLIQUE, ARGAN, BÉRALDE, TOINETTE.

CLÉANTE.- Qu’avez-vous donc, belle Angélique ? Et quel malheur pleurez-vous ?

ANGÉLIQUE.- Hélas ! je pleure tout ce que dans la vie je pouvais perdre de plus cher, et de plus précieux. Je pleure la mort de mon père.

CLÉANTE.- Ô Ciel ! Quel accident ! Quel coup inopiné ! Hélas ! Après la demande que j’avais conjuré votre oncle de lui faire pour moi, je venais me présenter à lui, et tâcher par mes respects et par mes prières, de disposer son cœur à vous accorder à mes vœux.

ANGÉLIQUE.- Ah ! Cléante, ne parlons plus de rien. Laissons là toutes les pensées du mariage. Après la perte de mon père, je ne veux plus être du monde, et j’y renonce pour jamais. Oui, mon père, si j’ai résisté tantôt à vos volontés, je veux suivre du moins une de vos intentions, et réparer par là le chagrin que je m’accuse de vous avoir donné. Souffrez, mon père, que je vous en donne ici ma parole, et que je vous embrasse, pour vous témoigner mon ressentiment.

ARGAN se lève.- Ah ! ma fille.

ANGÉLIQUE, épouvantée.- Ahy !

Extrait de l’acte III, scène 13 et début de la scène 14, Le Malade imaginaire, dans l’édition Classiques & Cie, Hatier

Le Malade imaginaire : acte III scène 3 explication linéaire

Béralde tente de raisonner son frère Argan. Ce passage se situe vers la fin de la scène. Il a déjà cherché à montrer que les médecins ne savent pas comment soigner les gens. Pour lui, certains médecins sont des charlatans, d’autres croient vraiment pouvoir soigner mais font risquer la mort à leurs patients.

Quelques problématiques possibles :

Quels points de vue sur la médecine sont confrontés ici ?

En quoi Béralde et son frère ont-ils deux visions opposées de la médecine ?

En quoi Béralde est-il plus doué pour argumenter que son frère ?

Comment Molière à travers ses personnages exprime-t-il son point de vue sur la médecine et se protège-t-il des critiques ?

Interprétation  Citation Analyse
Béralde cherche à prouver à son frère que la médecine ne peut rien pour améliorer la santé. Il énumère tout ce que promet la médecine, et précise son dessein (permettre de vivre plus longtemps) pour mieux l’opposer ensuite à la réalité. Rectifier le sang, de tempérer les entrailles, et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la chaleur naturelle, et d’avoir des secrets

pour étendre la vie à de longues années

Enumération

 

 

 

CC de but

Il associe toute l’énumération précédente, correspondant au discours des médecins, à un « roman ». Il suggère ainsi que la médecine n’est pas crédible. il vous dit justement le roman de la médecine. Verbe de parole + Terme renvoyant à l’imaginaire
Dans la deuxième partie de sa phrase, Béralde oppose les discours des médecins à la réalité. En employant « vous », il oblige Argan (et le spectateur) à étudier la vérité et l’expérience, qui sont bien éloignés des promesses des beaux discours. Mais quand vous en venez à la vérité, et à l’expérience, vous ne trouvez rien de tout cela Conj de coordination marquant l’opposition

Emploi du pronom 2° personne, pour s’adresser directement à son frère

Béralde finit sa démonstration par une comparaison. Il compare les discours des médecins à de beaux songes, qui ne sont qu’illusion. et il en est comme de ces beaux songes, qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus. Comparaison avec vocabulaire antithétique (« beaux » ; « déplaisir »)
La réponse d’Argan est particulièrement ironique. Il se moque de son frère comme si celui-ci pensait avoir la connaissance universelle. C’est-à-dire que toute la science du monde est renfermée dans votre tête, et vous voulez en savoir plus que tous les grands médecins de notre siècle. Ironie

Répétition de « toute, tous »

Références très larges « du monde » « de notre siècle »

Béralde fait preuve de sang froid et se contrôle. Il ne s’emporte pas contre son frère qui se moque. Il poursuit son argumentation en continuant d’opposer les discours et les actes des médecins.

Lui aussi fait preuve d’ironie, en reprenant l’expression d’Argan mais en l’associant au possessif de la 2° personne « vos grands médecins », soulignant ainsi son désaccord avec son frère.

Dans les discours et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes, que vos grands médecins. Insistance sur la dualité avec le rythme binaire + le chiffre 2

Emploi du possessif 2° personne « vos »

Pour tenter de convaincre son frère, il structure sa pensée pour souligner l’opposition entre les discours et les actes des médecins. Il incite son frère à observer les paroles et les actions des médecins et à en tirer des conclusions. Entendez-les parler, les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire, les plus ignorants de tous les hommes. Parallélisme

Impératifs

Superlatifs

Antithèse « habiles/ignorants »

On voit qu’Argan est beaucoup moins à l’aise pour débattre. Il n’a pas d’argument à opposer à son frère. De ce fait il montre son mécontentement par une interjection et par l’expression du but : remettre son frère à sa place. Il se moque en traitant son frère de « grand docteur » alors que celui-ci ne l’est pas. Comme il ne peut tenir tête lui-même à son frère, il évoque le souhait que des médecins puissent répondre à Béralde à sa place. Hoy. Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien qu’il y eût ici quelqu’un de ces messieurs pour rembarrer vos raisonnements, et rabaisser votre caquet. Interjection

Ironie

Expression d’un souhait

CC de but

Béralde tente de justifier sa démarche : il ne fait que donner un avis mais laisse chacun libre d’avoir un avis différent. Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et chacun à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu’il lui plaît. Formule emphatique

Négation / affirmation

Il reprend l’idée de la phrase précédente. Il ne cherche pas à dénoncer la médecine en général. (c’est peut-être un moyen de Molière de se protéger des critiques)

Il explique ses paroles par un but personnel : sauver son frère.

L’emploi du conditionnel passé suggère que Béralde pense ne pas avoir réussi.

Ce que j’en dis n’est qu’entre nous, et j’aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l’erreur où vous êtes ; Négation restrictive

Conditionnel passé > irréel du passé

La référence à Molière évoque l’objectif premier de la comédie, qui est de divertir, mais suggère aussi qu’elle pourrait « tirer de l’erreur » Argan. Cette mise en abyme fait sourire le spectateur. et pour vous divertir vous mener voir sur ce chapitre quelqu’une des comédies de Molière.

 

CC de but

Référence

 

Juste retour des choses, Argan parle de « votre Molière » comme Béralde disait « vos grands médecins ». Il exprime ce qu’il pense de Molière, un dramaturge qu’il n’apprécie pas (il le traite d’ « impertinent »). Il continue à défendre les médecins présentés de manière méliorative « d’honnêtes gens ». C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens comme les médecins. Ironie

Possessif 2° pers.

Expression méliorative

Béralde prend la défense de Molière (effet comique puisque c’est Molière lui-même qui a écrit cette pièce) en soulignant qu’il ne s’attaque pas aux personnes mais à leur pratique. Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine. Négation partielle

 

Le Malade imaginaire : acte III scène 3 texte

Objet d’étude : le théâtre du XVII° au XXI° siècle

Parcours : Spectacle et comédie

BÉRALDE.- […] lorsqu’il[1] vous parle de rectifier[2] le sang, de tempérer[3] les entrailles, et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la chaleur naturelle, et d’avoir des secrets pour étendre la vie à de longues années ; il vous dit justement le roman[4] de la médecine. Mais quand vous en venez à la vérité, et à l’expérience, vous ne trouvez rien de tout cela, et il en est comme de ces beaux songes, qui ne vous laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus.

ARGAN.- C’est-à-dire que toute la science du monde est renfermée dans votre tête, et vous voulez en savoir plus que tous les grands médecins de notre siècle.

BÉRALDE.- Dans les discours et dans les choses[5], ce sont deux sortes de personnes, que vos grands médecins. Entendez-les parler, les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire, les plus ignorants de tous les hommes.

ARGAN.- Hoy. Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien qu’il y eût ici quelqu’un de ces messieurs pour rembarrer vos raisonnements, et rabaisser votre caquet[6].

BÉRALDE.- Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et chacun à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu’il lui plaît. Ce que j’en dis n’est qu’entre nous, et j’aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l’erreur où vous êtes ; et pour vous divertir vous mener voir sur ce chapitre quelqu’une des comédies de Molière.

ARGAN.- C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller jouer[7] d’honnêtes gens comme les médecins.

BÉRALDE.- Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine.

Extrait de l’acte III, scène 3, Le Malade imaginaire,

dans l’édition Classiques & Cie, Hatier

[1] Il = un médecin

[2] Rectifier = purifier

[3] Tempérer = rafraîchir

[4] Roman = récit fictif. L’expression dénonce le peu de vérité et de fiabilité du discours de la médecine

[5] Dans les choses = dans les actes

[6] Rabaisser votre caquet = vous faire taire

[7] Plaisant d’aller jouer = « plaisant » est ici à prendre dans un sens ironique. Argan trouve Molière déplaisant et insolent « d’aller jouer » – de se moquer – des médecins.

Spectacle et comédie, autour du Malade imaginaire : marché aux infos

1 h : Préparation

Lisez les documents qui vous sont attribués ci-dessous et prenez des notes. L’objectif sera de présenter en 5 mn maximum les informations importantes.

Fabriquez un panneau de présentation sur Paperboard, qu’on affichera pendant votre présentation. (sous forme de liste ou de carte mentale)

1h : Présentation et écoute

– en tant que présentateur : soyez précis, clairs ; partagez-vous la parole ; vos notes et le paperboard vous servent de support pour expliquer (et non pour lire)

– en tant que spectateur et auditeur : soyez attentifs, prenez des notes ; vous pouvez poser des questions ou demander des précisions

Les documents

Photocopies :

– Molière, Baroque et classicisme, Louis XIV et Lully, comédie-ballet

Dans le livre Hatier :

– Le personnage qui se donne en spectacle, pages 167 à 174

– Le théâtre, un spectacle dans la comédie, pages 174 à 183

– Des arts du spectacle dans la comédie, pages 183 à 191

– Thème : les médecins et la médecine, pages 209 à 213

– Le comique de la pièce, pages 214 à 218

– Spectacle et comédie dans cette pièce, pages 219 à 223

Le Malade imaginaire étude de l’acte I scène 5

Dans cette scène, Argan, le malade imaginaire, vient d’annoncer à sa fille qu’il souhaite la marier. Un quiproquo la fait passer du bonheur aux larmes. Elle est amoureuse de Cléante mais son père veut la marier à un médecin. Toinette la servante s’interpose et veut convaincre Argan de renoncer à ce mariage.

En quoi cette scène tient-elle de la comédie ?

Interprétation Citation Analyse
La formulation fait de cette phrase presque un ordre. Cela rend la situation drôle, puisque Toinette, domestique, tient tête à son maître. Vous ne la mettrez point dans un couvent. Phrase négative te futur simple > un ordre
La réaction d’Argan montre qu’il manque d’arguments pour répondre à Toinette et défendre son idée : sa fille devra se marier à celui qu’il a choisi ou entrer au couvent. Je ne la mettrai point dans un couvent ? Répétition des paroles de Toinette sous forme interrogative
La répétition du mot « non » par Toinette et Argan et leur échange rapide crée un comique de mots et encore une fois inverse les rôles : c’est Toinette qui ordonne et le maître qui doute. Toinette. Non.

Argan. Non ?

Toinette. Non.

 

Répétition de l’adverbe négatif ; stichomythies

 

Le « ouais » peut suggérer qu’Argan a du mal à se contrôler. Ses exclamations soulignent son énervement et l’expression « voilà qui est plaisant » est ironique car il n’apprécie pas du tout qu’on remette en cause son autorité. Cela apparait dans la phrase suivante « je ne mettrai pas … si je veux ? » Ouais ! Voici qui est plaisant ! Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si je veux ? Vocabulaire familier

Exclamation ironique

 

La réponse de Toinette, catégorique, crée encore le rire en imposant sa volonté à son maître Non, vous dis-je.

 

L’adverbe négatif est appuyé par la proposition incise
A travers sa question, il veut ramener la servante à la raison, en lui montrant qu’il est le maître dans sa maison et que personne ne pourra décider à sa place. Qui m’en empêchera ? Interrogation d’Argan
L’échange, rendu vif par les répliques très courtes, se poursuit. La réponse de Toinette « vous-même » peut paraitre inattendue, car elle suppose qu’Argan lui-même ne mettra pas à exécution sa menace.

L’étonnement contenu dans la réponse d’Argan « Moi ? » traduit aussi celui du spectateur.

Toinette. Vous-même.

Argan. Moi ?

 

Stichomythies
Toinette cherche à argumenter, apportant une explication à sa réponse précédente. Elle fait appel au caractère d’Argan. Toinette. Oui. Vous n’aurez pas ce cœur-là.
Argan reprend de l’assurance, tenant tête à sa servante, toujours par des répliques courtes qui donnent beaucoup de dynamisme à la scène. Argan. Je l’aurai.

Toinette. Vous vous moquez.

Argan. Je ne me moque point.

Phrases déclaratives
Toinette précise ce qu’elle a voulu dire et présente cela comme une affirmation qu’elle considère comme certaine. Toinette. La tendresse paternelle vous prendra. Phrase affirmative au futur simple de l’indicatif
Argan oppose son refus aux arguments de Toinette en répétant ses propos, ce qui crée du comique. Argan. Elle ne me prendra point. Phrase négative qui reprend les propos de Toinette
Toinette tente de le persuader, en faisant appel à ses sentiments. Elle dépeint ce que Angélique pourrait faire pour le convaincre d’abandonner son idée de mariage. C’est d’autant plus drôle qu’Angélique est présente sur scène, pétrifiée par l’annonce. On peut imaginer aussi Toinette mimant ou mettant le ton. Toinette. Une petite larme ou deux, des bras jetés au cou, un Mon petit papa mignon, prononcé tendrement, sera assez pour vous toucher. Vocabulaire des sentiments « larmes, bras jetés au cou, mignon, tendrement, toucher »
Contrairement au caractère supposé par les propos de Toinette, Argan reste sur sa position et semble reprendre le contrôle. Cette fois c’est lui qui est plein d’assurance dans ses refus répétés. Et c’est Toinette qui ne sait plus quoi dire, elle semble à bout d’arguments « oui, oui » puis « bagatelles » Argan. Tout cela ne fera rien.

Toinette. Oui, oui.

Argan. Je vous dis que je n’en démordrai point.

Toinette. Bagatelles.

Argan. Il ne faut point dire, Bagatelles.

 

Phrases négatives d’Argan

Réponses évasives de Toinette

Elle ne trouve pas d’autre solution que d’insister sur son idée de départ : il cédera pour sa fille qu’il aime. Sachant l’égoïsme dont fait preuve Argan, en voulant que sa fille épouse un médecin pour son bien à lui, on se doute que Toinette ne pense pas vraiment ce qu’elle dit. Toinette. Mon Dieu ! je vous connais, vous êtes bon naturellement. Ironie
Comique de mot, de geste et de caractère. Argan apparait comme une caricature d’un être égoïste, voire égocentriste, qui ne pense qu’à lui-même. La colère lui fait perdre le contrôle de lui-même. Argan, avec emportement. Je ne suis point bon, et je suis méchant quand je veux.

 

Didascalie

Parallélisme

Mots antithétiques

Toinette exhorte son maître à se calmer, lui rappelant son état. Cela rajoute au comique, car la colère lui a fait oublier qu’il est malade. Toinette. Doucement, monsieur. Vous ne songez pas que vous êtes malade.

 

Argan ne réagit pas à la remarque de Toinette et répond par un ordre marqué adressé à sa fille à la troisième personne alors qu’elle est présente. Angélique se retrouve totalement chosifiée. Et Argan confirme le caractère de quelqu’un qui veut que ses désirs soient aussitôt assouvis (comme un enfant qui tape du pied) Argan. Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.

 

Vocabulaire de l’ordre et de la volonté
Toinette reprend les mots d’Argan pour elle-aussi donner des ordres (ou plutôt une interdiction) à Angélique. Cela pourrait faire penser à une querelle de couple mais le comique vient de la situation : c’est une servante qui veut interdire quelque chose à sa maîtresse. Toinette. Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien. Comique de répétition et de situation
Argan semble enfin seulement prendre conscience de l’incongruité de la situation, évoquant les paroles déplacées de Toinette : « l’audace de parler de la sorte » et opposant leurs statuts pour lui de « maître » et pour elle de « coquine de servante ». Argan. Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maître ?

 

Interrogations

 

Toinette ne s’engage pas directement dans sa réponse, préférant répondre par une formule qui sonne comme un proverbe. Sa formule suggère cependant clairement que c’est elle qui a raison, opposant sa raison « une servante bien sensée » à la folie de son maître « un maitre ne songe pas à ce qu’il fait » Toinette. Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser. Pronoms indéfinis + présents de vérité générale
La scène tourne à la farce, avec un comique de gestes où Argan cherche à battre Toinette. Argan, courant après Toinette. Ah ! insolente, il faut que je t’assomme.

 

Didascalie

Interjection

 

Cette scène, qui aborde pourtant le sujet grave d’un père qui veut imposer un mariage à sa fille et ne veut entendre raison, tient de la comédie aussi bien grâce au comique de mots lié à l’échange vif entre Argan et Toinette, qu’au comique de gestes des protagonistes. Le caractère poussé à l’extrême du père égoïste et malade imaginaire sert aussi la comédie, tout comme la situation qui oppose une servante à son maître.

Le Malade imaginaire : texte de l’acte I scène 5

Objet d’étude : le théâtre du XVII° au XXI° siècle

Parcours : Spectacle et comédie

 

Toinette. Vous ne la mettrez point dans un couvent.

Argan. Je ne la mettrai point dans un couvent ?

Toinette. Non.

Argan. Non ?

Toinette. Non.

Argan. Ouais ! Voici qui est plaisant ! Je ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si je veux ?

Toinette. Non, vous dis-je.

Argan. Qui m’en empêchera ?

Toinette. Vous-même.

Argan. Moi ?

Toinette. Oui. Vous n’aurez pas ce cœur-là.

Argan. Je l’aurai.

Toinette. Vous vous moquez.

Argan. Je ne me moque point.

Toinette. La tendresse paternelle vous prendra.

Argan. Elle ne me prendra point.

Toinette. Une petite larme ou deux, des bras jetés au cou, un Mon petit papa mignon, prononcé tendrement, sera assez pour vous toucher.

Argan. Tout cela ne fera rien.

Toinette. Oui, oui.

Argan. Je vous dis que je n’en démordrai point.

Toinette. Bagatelles.

Argan. Il ne faut point dire, Bagatelles.

Toinette. Mon Dieu ! je vous connais, vous êtes bon naturellement.

Argan, avec emportement. Je ne suis point bon, et je suis méchant quand je veux.

Toinette. Doucement, monsieur. Vous ne songez pas que vous êtes malade.

Argan. Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.

Toinette. Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien.

Argan. Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maître ?

Toinette. Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

Argan, courant après Toinette. Ah ! insolente, il faut que je t’assomme.

 

Extrait de l’acte I, scène 5, Le Malade imaginaire, lignes 343 à 383 dans l’édition Classiques & Cie, Hatier

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