Les chiens du jardinier

Il y a un dicton espagnol (auquel fait référence une pièce de Lope de Vega) qui parle de ces chiens là qui ne mangent pas et ne laissent pas non plus les autres manger. C’est un peu ce que font les aficionados soi-disant puristes du tendido 7 madrilène sous prétexte qu’il y aurait une manière unique de toréer. Que Manzanares ait « cité » au fil de la corne, qu’il n’ait pas placé la muleta d’une manière absolument plane, qu’il n’ait pas toujours positionné la jambe de sortie en avant, d’accord. Mais il a  toréé, à sa manière, unique. Doit-on lui demander de faire du Fandiño ? Et quand bien même, il y aura toujours un abruti pour éructer un « se va sin torear » comme l’autre jour juste avant que le torero basque se fasse prendre. Que ceux qui ne veulent pas voir le toreo de Manzanares ne le regardent pas mais qu’il aient au moins l’amabilité d’éviter de nous les casser. Nous sommes un certain nombre à prendre un vrai plaisir à voir ses passes prendre naissance bien devant et être conduite derrière avec temple et enchaînées avec cadence, surtout à partir de la troisième passe quand le placement est idéal. La quiétude et la parcimonie de gestes du torero d’Alicante ne sont pas à mettre en doute, son temple non plus. Et ce toreo de ceinture qui conduit l’animal là où le veut le torero ne serait qu’une posture ? Il y a tant de façons pour mandar. Il est vrai que je n’y connais pas grand chose, je ne suis qu’un jeunot qui n’a qu’une vingtaine d’années d’afición dans les pattes. Mais j’espère garder longtemps la passion qui m’anime et ne jamais faire l’entendido grincheux revenu de tout.


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