Toros et l’intransigeance

indexQuelques temps après mon retour dans le pays de mon enfance, après avoir passé sept années en terres andalouses, je me suis abonné à une revue qu’un certain nombre d’aficionados décrivaient comme une référence.

J’avoue avoir été déçu et je finis par me désabonner en expliquant dans une lettre mon désaccord avec la ligne éditoriale. Car je crois qu’il faut chercher là la raison première de sa déliquescence et non dans d’éventuelles têtes de turcs. La vérité c’est que trop souvent, dans cet exemple comme dans d’autres, la presse taurine, bien avant internet, avait perdu son rôle pédagogique, jugeant sans doute qu’elle ne devait s’adresser qu’à des aficionados confirmés et érudits. La mort d’un organe de presse, quelle que soit ses opinions n’est jamais une bonne nouvelle et je le dis avec d’autant plus de sincérité que je me targue de défendre la diversité mais je ne m’associe pas pour autant aux lamentations des bienpensants. On a cru la « vielle dame » morte et on se sait désormais si elle va véritablement ressusciter ou si, après un acharnement thérapeutique, elle va agoniser de sa belle mort. En tous cas, personne ne l’aura tuée.

 Je reconnais toutefois le rôle de cette revue ou d’une partie de sa rédaction, ne serait-ce que par effet d’aimantation, dans la voie d’une tauromachie plus équilibrée et surtout dans le renouveau du tercio de piques. Le radicalisme peut être un moteur pour susciter des changements mais l’extrémisme qui n’accepte pas les opinions contradictoires ne conduit à rien de bon. Et malheureusement une partie de l’afición est victime d’une certaine tendance qui lui fait perdre ses repères au lieu de lui inculquer des valeurs. Elle crée un trouble qui ne profite à personne en faisant douter certains de la valeur de ce qu’ils ont sous les yeux car, disons-le clairement, si on doit se battre contre les abus, le vrai mensonge serait de ne pas reconnaître la valeur des œuvres réalisées par des toreros aussi différents qu’El Juli, Ponce ou Fandiño lors de la dernière feria de Bilbao même face à du bétail d’origine Domecq. Idem pour les Fallas qui viennent de se terminer. Et dire cela ne va en rien contre la pureté de la Fiesta ! Ce n’est pas non plus défendre les puissants !


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