La demi-corrida

Madrid, 1787

Sur cette affiche madrilène du 3 septembre 1787 on voit que Pepe Hillo et Costillares se chargeront de tuer 14 des 18 toros de la journée, 6 le matin et 12 l’après-midi, et que les quatre derniers seront occis par Francisco Garcés, El Curro, José Jiménez et El Maligno même si les noms des picadors apparaissent avant ceux des « lidiadors » à pied. Ceci dit, le seul nom qui apparaît en gros caractères est celui du président de la course, don José Antonio de Armona.

En effet, la composition d’une corrida n’a pas toujours été la même, celle que nous connaissons actuellement est seulement en vigueur depuis le dernier tiers du XIXe siècle.

Au XVIIIe on tuait des toros presque toute la journée. Au début du XIXe siècle il n’était pas rare d’avoir 10 toros le matin et 6 l’après-midi et à partir de 1814 on commence à célébrer à Madrid et à Séville des demi-corridas, seulement l’après-midi (de 6 à 10 toros mais le plus souvent 8 comme cela apparaît dans le règlement madrilène de 1852) . D’après Francisco de Cossío c’est “le prolongement des faenas de cape et de muleta qui a imposé la célébration de ce que l’on a appelé les “demi-corridas”, à la place des corridas complètes” .

Le nombre de toreros et de toros était cependant très variable dans les temps anciens. Il y avait souvent deux matadors principaux qui affrontaient une quantité variable d’animaux.

Par exemple à Séville, 10 ans plus tôt on voit que se célèbre un mano a mano de 4 toros entre Jaqueta et Cirineo (plus un toro « emboulé » pour le public). On voit aussi que les corridas ne se sont pas toujours données aux proverbiales cinq heures solaires puisqu’en ce 25 novembre la course était prévue à trois heures moins le quart.

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En fait, le nombre de toros était moins important du temps des rites et spectacles sans mise à mort avec un exemplaire unique pour la pratique du toro nuptial et deux dans « la première corrida formelle » d’après André Viard (avec mise à mort à caractère exceptionnel, en 1385 à Pampelune, voir opus 54). Dans les courses aristocratiques le nombre d’animaux était plus important.

On peut se demander d’ailleurs si le nombre de toros par corrida n’est pas amené à évoluer. Dans certains cas sont organisées des corridas de 4 ou 5 novillos qui permettent un coût moins élevé. Pourquoi ne pas imaginer une corrida économique de 4 toros plus un novillo en guise d’entracte, annoncée à grand renfort de publicité (et pourquoi pas avec quelques explications et ralentis sur grand-écran et même une vachette pour le public à sa conclusion) pour faire venir à la corrida un public différent ?


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