La passe de liaison

Dans les différents traités de tauromachie en ma possession il est un aspect pourtant fondamental du toreo, auquel je confère le statut de suerte à part entière tant son importance est grande, qui est passé sous silence. Il s’agit de ce que j’appelle la passe de liaison, soit ce qui permet le passage du toreo naturel au toreo changé, donc du derechazo ou natural au pecho.

 – la manière la plus naturelle est sans doute une passe par le haut, come celle que pratique Manzanares avec un certain style. Le problème est qu’elle ne peut s’exécuter qu’avec un toro ayant un minimum de fijeza car dans le cas contraire cela faciliterait sa fuite.

 – la manière probablement la plus ancienne consiste à effectuer un déplacement avec plus ou moins de torería, savoir se déplacer devant les toros étant, rappelons-le, un élément fondamental du savoir-être torero.

 – la manière sans doute la plus classique, dans l’idéal du toreo pausé, s’exécute en écourtant la passe naturelle et en ramenant le leurre sur le côté opposé. Suivant les cas, elle pourra se donner immobile ou en avançant d’un pas.

Manzanares continue à toréer dans cette passe de liaison, à mi-chemin entre les deux manières précédentes, donnant à la série une unité

 – la manière la plus contemporaine est l’enchaînement « ojediste », le torero ramenant à lui la muleta à la fin de la passe naturelle, absolument immobile, obligeant le toro à le contourner pour donner la passe de poitrine (photo ci-dessous).

El Juli dans un toreo « moderne » mais pas moins engagé. Photo Arjona.

– un dérivé de cette dernière serait une passe interrompue enchaînée sans bouger mais dans un terrain moins difficile (la passe naturelle n’étant pas conduite à son extrême) que dans la passe « ojediste » où le toro doit contourner le torero pour suivre la muleta.

– la manière la plus spectaculaire est le martinete, souvent exécuté comme un recours face à un animal un tant soit peu tardo. Le torero y effectue un tour sur lui-même.

– le changement de main dans le dos est certainement, lorsqu’il est bien exécuté, la façon la plus esthétique de pratiquer le passage évoqué.

– il est également possible de faire un changement de main simple en laissant la muleta où elle se trouve à la fin de la passe en rond. Du côté gauche ce changement de main peut s’enchaîner à une passe aidée à la fin de la quelle la muleta et l’épée sont tenues par la main droite.

Bien sûr le passage du toreo naturel à la passe de poitrine peut se faire par le truchement d’une suerte du toreo accessoire : passe du mépris, afarolado, molinete


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