Etude comparative entre le RTM et ses homologues espagnols (III.1.)

III. DIFFERENCES avec le REGLEMENT ESPAGNOL

FONCTIONNEMENT et ORGANISATION
La Commission Taurine Extra Municipale (C.T.E.M.), qui comprend une représentation d’usagers (Titre 2), est l’une des particularités les plus singulières du système taurin français. Deux ou trois délégués de celle-ci, au mandat d’un an (art. 7), sont présents aux examens (art. 9 et art. 48-54). Pour les examens préliminaires il pourra y avoir (ce n’est donc pas obligatoire; art. 50) un vétérinaire de ladite commission. Ils occupent aussi dans de nombreux cas le rôle qui correspond dans le règlement espagnol au délégué du gouvernement : contrôle du matériel (banderilles, piques et chevaux) ou des lignes par exemple, ainsi que celui de l’infirmerie. En théorie (art. 9.f) ils peuvent solliciter auprès du maire l’analyse des cornes et même les analyses biologiques.
L’absence du délégué du gouvernement ou équivalent suppose que ses fonctions soient partagées entre la direction des forces de l’ordre et les alguacilillos (en plus de celles auxquelles nous faisions référence pour les délégués de la C.T.E.M.) bien que leurs attributions ne soient pas clairement définies (art. 19). Ils sont nommés par le maire et il leur est demandé de connaître aussi bien le règlement que la langue de Cervantès.
Les exigences envers les novilleros sont différentes : seulement 20 novilladas piquées pour prendre l’alternative (5 de moins par rapport au règlement de 1996) mais 15 sans picadors pour avoir accès à la catégorie supérieure (5 de plus). Que se passe-t-il lorsqu’un matador qui vient de prendre l’alternative en France avec 20 novilladas à peine dans sa besace est engagé en Espagne ou lorsqu’un novillero qui vient de faire sa présentation avec 10 novilladas sans picadors à son actif est engagé en France ?
L’article 73 sur la confirmation d’alternative dans n’importe quelle arène de première catégorie ne se réalise pas dans la pratique, sauf dans la ville de Nîmes qui a décidé unilatéralement de célébrer cette cérémonie (fait qui a provoqué le rajout correspondant qui ressemble à celui de la première version du règlement basque qui ouvrait cette possibilité aux trois chefs-lieux de province de cette région).
Pour les corridas à cheval, le RTM est plus précis, étant donné qu’il est écrit que les cavaliers « pourront poser à chaque toro quatre banderilles longues, la dernière pouvant être posée à deux mains, et trois banderilles courtes ou trois roses » (art. 88.5.). Le règlement espagnol ne mentionne pas les banderilles courtes et ne stipule que trois paires. De plus, le nombre de subalternes est fixé à trois quand le rejoneador combat deux toros («un banderillero de plus qu’il n’y aura d’animaux à combattre »; art.88.4.).
Une différence fondamentale qui explique en partie la revalorisation du tercio de piques est l’imposition, pour n’importe quelle arène, d’un minimum de deux rencontres avec le cheval du picador, seule manière d’apprécier la bravoure de l’animal (art. 73.6).

BETAIL
L’arrivée aux arènes doit avoir lieu avec 30 d’heures d’avance, comparées aux 24 du règlement référent.
Le poids maximum des novillos est inférieur de 40 kg par rapport au règlement espagnol (comme dans tous les règlements régionaux excepté l’Aragon).

GARANTIES et OBLIGATIONS des TOREROS
Il doit y avoir au moins 4 personnes dans l’équipe médicale française (art. 15) contre 5 (4 médecins en incluant l’anesthésiste), plus un nombre indéterminé de personnel auxiliaire, dans le cas espagnol.
Il y a dans l’article 67 une mention assez curieuse qui indique que les toreros « ne pourront exiger de l’organisateur que les toros soient achetés à tel élevage » et la même réserve apparaît envers les possibles exigences concernant l’achat du matériel à des fabricants de leur choix.

MATERIEL
Dans les arènes françaises, différents modèles de piques sont employés, en contradiction avec le règlement, dépendant, pour une bonne part, du niveau d’exigence des C.T.E.M. Dans la pratique, l’écurie qui fournit les chevaux arrive à imposer ses choix et même son propre matériel, en particulier les piques Heyral (sans cordes, depuis 2012) et surtout Bonijol, depuis 2011 (elles sont en métal, en téflon pour plus de précisions, et elles facilitent la pénétration même si les lésions seraient plus franches et moins larges), mais la pique andalouse est aussi parfois utilisée (en plus de la pique de tienta au bout d’un certain nombre de rencontres).

DROITS du SPECTATEUR
Dans l’article 21, le RTM fait référence à la présence obligatoire (« il y a aura », est-il écrit) des placeurs dont la fonction s’étend à solliciter l’aide des forces de l’ordre dans le cas où certains spectateurs auraient un comportement indésirable.
La précision indiquant que les lettres des affiches devront être de la même taille pour chaque matador en suivant l’ordre d’ancienneté est une autre précision singulière.
Au dos des billets, un avis au public est écrit de manière contractuelle (art. 37).
Il n’y a pas de représentation d’associations indépendantes d’aficionados pour les examens et, de ce point de vue, on est en droit de considérer que celui des spectateurs est mis à mal.
Le remboursement du prix du billet n’est pas possible si un matador est remplacé par un autre de la même catégorie ou de catégorie inférieure (art. 30.3), mais, dans les cas où cela se produirait, le spectateur peut faire usage de ce droit jusqu’à l’heure du paseo. Les horaires pour le remboursement doivent être annoncés dans un délai de 48 heures (art. 37), le texte renvoyant aux normes en vigueur. Par ailleurs (art. 30), le concept de préférence nationale apparaît pour le remplacement d’un professionnel ou pour compléter le nombre d’animaux, ce qui est en totale contradiction avec la règlementation européenne, mais il semble que ce soit seulement une recommandation.
La revente n’est pas autorisée (la notion de revente officielle n’existe pas; loi du 27 juin 1919) mais il n’y a pas non plus d’obligation de garder un pourcentage des entrées pour le jour du spectacle.


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