Le toreo de… José Tomás

On a souvent qualifié son toreo d’amanoletado, très vertical en début de faena (commençant souvent ses faenas presque systématiquement par des statuaires) et il est vrai que le torero de Galapar est un admirateur du Monstre. Mais ce qui est indubitable, c’est sa pureté dans le toreo fondamental, « citant » souvent de face mais toréant aussi souvent verticalement, les pieds joints. Son aguante est exceptionnel, mais son temple (malgré quelques accrochages en début de faena) et sa profondeur sont ses autres points forts. Son toreo n’est pas inspiré mais dépuré : les mains sont très basses dans les cites, il est généralement croisé, souvent de face et les cornes passent toujours très près. Parcimonie des gestes, attitude qui suinte la torería. Régularité unique dans la profondeur grâce à un courage froid qui permet le pari de l’immobilité et du temple à partir d’une position (le sitio) délicate, pour certains en dehors de la raison quand la tentative se renouvelle une fois et une autre, comme à Madrid en 2008. Mais si folie il y a, elle est bien au service du toreo, ce n’est nullement une mise en danger stérile et dénuée de sens. On a souvent à l’esprit des fins de faenas par manoletinas impassibles mais il n’est pas rare de le voir « fermer » un toro de manière classique à base d’ayudados, trincheras et autres recortes. Partisan de faenas courtes mais intenses, elles peuvent parfois donner l’impression de finir de manière abrupte. Son toreo a maintenant évolué vers plus de diversité, en particulier à la cape, sans perdre en profondeur. A Nîmes, pour son encerrona, on l’a vu pratiquer un grand nombre de suertes qu’il a rajoutées à son répertoire de base que sont les véroniques, les chicuelinas ou les gaoneras. A la muleta, ses naturelles et sa passe de poitrine à l’épaule opposée ainsi que ses trincheras sont assurément ses points forts. Il tue en règle générale avec décision et efficacité.

Pour résumer, à l’intérieur d’un concept castillan de la tauromachie, José Tomás est sans nul doute un grand artiste, autant à la cape qu’à la muleta. Son toreo cristallin prend appui sur un courage froid qui frôle parfois une témérité sans ostentation. Il a un style personnel mais aucune mise en scène. Il exécute toutes les suertes avec la même profondeur, élevant même les ornements à une catégorie qui leur est impropre. José Tomás est peut-être le seul torero à avoir véritablement pratiqué le toreo idéal (selon des principes théorique qui rassemblent toutes les vertus toreras), en point d’interrogation, avec un double changement de trajectoire, le premier pour contourner l’homme, le deuxième pour ramener le toro vers lui, et surtout à le lier en série. Il est sorti à 6 reprises par la Grande Porte madrilène et 2 par celle de la Maestranza où il a coupé un total de 8 oreilles.


Leave a Reply