Oct 3 2015

Alimentation

C’est un sujet qui est désormais pris au sérieux après qu’il y ait longtemps eu pas mal de laisser-faire de la part de certains éleveurs. L’alimentation a une influence sur tout, sur la production (fertilité et nombre de pertes), sur l’aspect physique (cornes, sabots, vue, poil, musculature…) et surtout sur le comportement (vivacité et puissance face à apathie et invalidité).
Historiquement, les élevages braves se trouvaient dans des zones de prairies riches comme par exemple les marais du Guadalquivir mais ils ont été déplacés, pour les besoins de l’agriculture moderne, vers des zones de montagne ou non-irriguées. C’est souvent des terres pauvres qui obligent à l’utilisation d’aliments composés. En été, ils sont toutefois indispensables un peu partout et il est important qu’ils soient de qualité, à base d’avoine, de soja et de tournesol en plus de l’apport en vitamines. Un étalon ou un toro en partance pour l’arène peut en manger une dizaine de kilos par jour (9 plus 2 kilos environ de paille).
L’alimentation d’un élevage moderne entraîne aussi l’apport de produits pharmaceutiques comme les compléments alimentaires et les traitements administrés par voie orale pour lutter contre certains parasites qui peuvent affecter l’intestin.
En dehors de ce qui est strictement nécessaire, depuis quelques années est apparue l’habitude d’arrondir excessivement le bétail les mois précédant leur envoi aux arènes, des toros à l’aspect de cochon sortant parfois en piste, ce qui participe au problème actuel du manque de force, ce dont il ne faudrait pas rendre responsables les goûts des aficionados comme on le fait trop souvent, dans la mesure où ils savent généralement différencier, de nos jours, un toro fin mais sérieux d’un cornu simplement obèse. A qui convient réellement le crime ?
L’apport d’aliments additionnels de mauvaise qualité ou en quantités peu appropriées a produit un toro faible, paresseux, qui ne fait pas l’effort d’aller chercher sa nourriture ou un point d’eau. L’agriculture moderne a également modifié la structure de la couche végétale des sols, ce qui peut avoir une influence dans les changements physiques et finalement psychiques qu’a souffert le toro de lidia ces dernières années. Cet aspect de l’alimentation peut aussi entraîner, parfois, des conséquences néfastes, au niveau du foie en particulier, et les analyses biologiques permettront sans doute de tirer des conclusions sur ce problème si tant est qu’elles soient réellement menées à bien.
Il y a deux saisons par exemple, Ricardo Gallardo a accusé les nouveaux aliments qu’il avait acheté du comportement des ses toros sans qu’on puisse vérifier dans quelle mesure ils étaient la cause d’une faiblesse anormale. Quand un animal a été considéré sain par les vétérinaires et qu’il n’appartient pas à un fer dont la sélection est basée sur une puissance prise avec des pincettes (ce qui est le plus commun, il suffit d’écouter les commentaires et les chroniques, quand bien même ils émanent de sources peu critiques, dans lesquels le manque de force est un cliché et la robustesse une exception), il est des plus probables qu’il s’agisse de problèmes de maladies causées par des ingestions régulières. Qu’un toro se casse un sabot parce que l’hiver a été arrosé, cela peut se comprendre, qu’une corrida entière s’écroule de manière fracassante, comme celle d’Adelaïda Rodríguez lors de la même saison ou celle de Peñajara l’an passé à Madrid, cela doit sans doute avoir des origines plus profondes.
Mais c’est un sujet complexe qui ne paraît pas avoir été étudié comme il conviendrait dans la mesure où le diagnostic n’est pas facile et la solution à trouver encore moins.