Sep 12 2015

Réflexions à partir des connaissances sur l’éthologie

Dans des situations semblables, certains toros grattent le sol et d’autres non, certains toros finissent pas abandonner le combat, certains s’arrêtent et d’autres non, certains se défendent et d’autres non. Mais semblable ne signifie pas pareil.

Qu’est-ce qui dépend d’un comportement hérité (recherché par les éleveurs) et qu’est-ce qui dépend des circonstances de la lidia, en commençant par le travail des « lidiadors » ?

Par exemple, un toro paraîtra plus sauvage et plus « encasté » si le torero ne s’est imposé à lui et si, au lieu de pacifier sa sauvagerie il l’a développé en manquant de temple notamment, étant donné que le toreo c’est avant tout transformer la violence en caresse. De plus, la peur du torero, par la sudation, occasionne des odeurs qui peuvent déclencher l’agressivité de l’animal dont l’odorat est très développé1. Mais ces toros de devront jamais être considérés braves (de la catégorie des celosos) pour cette seule raison.

Evaluer l’amélioration ou éventuellement le délitement d’un comportement pendant la lidia est d’une grande importance au moment de juger les qualités du toro et du torero. On ne doit pas valoriser outre mesure un animal choyé par le torero (toréer pour le toro, sans l’obliger) pour qu’il dure même s’il est vrai que la plupart des grâces sont obtenues par les toreros après avoir réussi à mettre en valeur les qualités de leur opposant tout en ayant masqué ses défauts. Mais d’un autre côté il n’est pas moins vrai que certains animaux méritent les honneurs même s’ils n’ont pas pu développer la totalité de leurs facultés.

D’après le modèle psycho-hydraulique de la motivation de Konrad Lorenz (p.30)2, suivant que le réservoir d’énergie du toro soit plus ou moins plein il faut plus le stimuler ou au contraire le laisser tranquille un moment si les stimuli ne fonctionnent plus : « Quand on présente de manière répétée et insistante la muleta à un toro pour qu’il charge comme vous aurez observé, parfois, le toro réagit et d’autres non, il reste à l’arrêt et le ne répond pas, pourquoi ? Eh bien parce que son réflexe d’attaque, de lutte, de combativité est saturé et il ne répond plus au stimulus »3.

Il ne faut pas non plus se laisser tromper par ce qu’on appelle un arreón de manso qui n’est rien d’autre qu’une forme de panique dans la fuite ou une manière de se dépêcher d’aller vers sa querencia, en direction des planches : « le toro qui prend la fuite peut renverser, sans répondre à aucun stimulus, tout ce qui barre sa route. »4

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1. Cf. El toro bravo. Etología, aprendizaje y comportamiento., de Miguel Padilla Suárez, p.63

2. Idem p.30.

3. Idem p.29.

4. Idem p. 40.