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Dissertation « soi comme un autre », cette expression s’applique-t-elle uniquement à l’auteur d’une autobiographie ?

« Soi-même comme un autre » : cette expression s’applique-t-elle uniquement à l’auteur d’une autobiographie ?

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Exemple de plan, très détaillé, en partie rédigé pour être le plus clair possible

I] « Soi-même comme un autre » s’applique à l’auteur d’une autobiographie.

  • Auteur et personnage : le même mais pas tout à fait

L’auteur d’une autobiographie décide à un âge avancé de sa vie, de la raconter. Il revient donc sur son passé. Il observe ce qu’il était, quand il était plus jeune. Le soi-écrivant se perçoit donc comme un autre (lui plus jeune).

Exemple : Dans Les Mots, Sartre l’écrivain porte un regard un peu ironique et moqueur envers lui-même enfant.

 

  • L’auteur d’une autobiographie en sait plus que l’enfant personnage

L’auteur d’une autobiographie fait revivre une réalité originelle, fait remonter une vérité qui n’a pas été vue enfant.

Exemple : Dans Enfance, Sarraute propose une autobiographie originale en faisant dialoguer deux personnages représentant deux parts d’elle-même. Dans un extrait où elle évoque la manière dont sa mère l’a doucement écartée d’un jeu, son double l’aide à exprimer ce que l’enfant n’a fait que ressentir à peine consciemment.

Autre exemple : W ou le souvenir d’enfance de Georges Pérec : un double récit mêle fiction et autobiographie. Le personnage de fiction permet de symboliser Pérec adulte qui part sur les traces de l’enfant qu’il était, profondément marqué par la guerre et la perte de ses parents. C’est grâce à la fiction que Pérec réussit à exprimer et raconter son vécu. > C’est par l’autre que l’auteur se découvre soi-même.

 

  • L’auteur se découvre en s’interrogeant sur soi

Certains récits à caractère autobiographique sont un tribunal, un miroir qui permet d’examiner l’homme que l’on est. On se dédouble : celui qui observe ; celui qui est.

Exemple : dans ses Essais, Montaigne n’essaie pas de se décrire (portrait, actes…) mais cherche plutôt à découvrir qui il est vraiment, en s’interrogeant sur des sujets variés. Dans le chapitre des Cannibales, il évoque les Amérindiens et le sort qui leur est réservé par les Européens. Il réfléchit par lui-même, en s’appuyant sur ses connaissances (comparaison à la culture antique) et sur ses expériences (rencontre de trois Amérindiens à Rouen, avec le roi). Il découvre ainsi des points communs entre lui et les peuples du Nouveau Monde (curiosité, goût pour la nature…) Ainsi c’est en s’interrogeant sur l’autre qu’il se comprend mieux lui-même.

 

Transition : cette expression « soi-même comme un autre » s’applique donc bien à l’auteur d’une autobiographie, car le soi-écrivain est comme un autre, personnage jeune, ou narrateur fictif, qui va parfois jusqu’à se mettre à la place d’un autre pour mieux se connaitre.

Mais cette expression ne se limite pas à l’autobiographie. En effet elle peut s’appliquer aussi à l’auteur de fictions.

 

II] Cette expression s’applique aussi à l’auteur de fictions

 

  • L’auteur s’identifie à son personnage pour mieux l’inventer

L’auteur qui écrit une fiction à la première personne invente un personnage mais doit en plus écrire comme si c’était ce personnage qui parlait. De ce fait l’auteur doit penser comme un autre.

Exemple : Dans Cheval de guerre, Morpurgo propose une œuvre très originale puisque c’est un récit à la première personne dont le narrateur est … un cheval ! L’auteur a donc dû modifier totalement son point de vue, être comme un autre, non plus un homme mais un cheval, afin de pouvoir exprimer son vécu mais aussi son ressenti et ses pensées.

 

  • L’auteur s’identifie au personnage pour respecter les faits

L’auteur d’un roman historique s’identifie lui-aussi au personnage mais en s’appuyant sur une documentation lui permettant de respecter les faits.

Exemple : pour écrire Mémoires d’Hadrien, Yourcenar a cherché à respecter les faits. Pendant 25 ans, elle a accumulé les voyages, les rencontres, les lectures, les découvertes d’objets (comme des pièces de monnaie…) afin de cerner au mieux qui était Hadrien. Ensuite elle a pu écrire son roman, à la première personne, comme si c’était Hadrien qui se racontait, qui écrivait sa propre autobiographie sous la forme d’une lettre adressée à Marc-Aurèle. L’écrivaine (soi) doit donc penser comme un autre (Hadrien). Et il ne faut surtout pas dire « Hadrien c’est vous », c’est-à-dire inverser les rôles et croire que Yourcenar a mis en Hadrien ce qu’elle est. Non. Elle reconnait que passer 25 ans à s’intéresser à lui a fait partie de sa formation, mais elle explique dans ses Carnets de notes, que pour écrire, elle a besoin de se détacher de soi pour faire venir le personnage à soi. Elle doit donc être comme un autre. C’est cette part de magie qui selon elle permet la création, en plus de l’érudition. La magie pour elle, « c’est se transporter en pensée à l’intérieur de quelqu’un », un beau moyen de définir ce que peut être « soi-même comme un autre ».

 

Transition : Cette expression peut donc s’appliquer à tous les auteurs, autobiographes ou romanciers. Mais elle peut s’appliquer aussi à d’autres personnes que les auteurs. En effet les personnages eux-aussi peuvent se sentir « soi comme un autre » tout comme les lecteurs.

III] Cela s’applique à d’autres personnes que les auteurs

 

  • Le personnage lui-même peut se voir comme un autre

Le personnage, qu’il soit réel ou fictif, peut se voir, se vivre comme un autre.

Exemple : Dans Les Mots, Sartre enfant se considère comme un être double : à la fois réel, un enfant chétif, timide et à la fois imaginaire, un enfant athlétique.

Exemple : Dans Mémoires d’Hadrien de Yourcenar, Hadrien se voit souvent autre que lui-même. Adolescent, il aime « devenir » les grands orateurs qu’on lui demande d’imiter en classe. Empereur, il se sent divin, se comparant à Zeus ou Mars.

 

  • Même le lecteur est concerné par cette expression

Le temps d’une lecture, le lecteur s’évade de lui-même, pas seulement du lieu où il vit, mais aussi de ce qu’il est.

Exemple : Il s’identifie au héros et devient pour un temps Hadrien lui-même, ou Jacques Cœur le temps de lire Le Grand Cœur de Ruffin, revivant par l’esprit leurs aventures mais surtout leurs émotions. L’écriture à la première personne permet d’autant mieux cette identification. Le « je » du narrateur-personnage se mélange au « je » lecteur.


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