L’excès-L’usine de Leslie Kaplan est un livre qui, à la première page déjà trouble et interroge. Il est écrit d’une manière si différente qu’on pourrait presque apparenter ces textes à de la poésie et pas à de la prose narrative. Avec des mots simples et des phrases courtes, il nous emporte dans son univers qui est l’usine. En lisant, nous entrons dans l’usine, nous sommes dans l’usine, même pour quelqu’un comme moi qui possède une vision abstraite et extérieure de ce qu’est une usine, je la trouvais presque réelle, et familière.
« On longe la chaîne, en marchant. On a les pieds sur le sol.
On regarde les couleurs.
On est dans l’usine, on va.
On se déploie, on avance.
On bouge un peu la pensée.
Tout cet espace, autour, recourbé. L’usine est très vaste.
Il n’y a pas d’image. On descend dans l’endroit vide, les cabinets. »
-L’excès-L’usine, Leslie Kaplan, éditions P.O.L, Page 25.
C’est pour cela que j’ai trouvé ce livre remarquable, avec une méthode d’écriture qui était tout à fait nouvelle et inédite, ce livre a su me montrer l’usine, celle qui est infinie, intemporelle, immense et à la fois étouffante, un monde dont au final, on ne sort jamais. Quand on va à l’extérieur de l’usine il n’y a quand même pas de joie ou de plaisir, même les passages où on a « Those were the days » (la seule musique présente dans le livre, qui marque un moment de pause, de respiration pour le travailleur) finissent par rentrer dans la routine.