La brume est tombée en nappe sur le bassin

A Maylis de Kerangal,
Je vous écris pour vous faire part de mes impressions suite à la lecture de vos romans tels que Corniche Kennedy, Réparer les vivants, Dans les rapides et Tangente vers l’Est.
J’ai d’abord remarqué dans vos romans de nombreuses caractéristiques communes. En effet, ils mettent souvent en avant des adolescents qui vivent en groupe,ce sont essentiellement des trios avec Simon, Christophe et Johan dans Réparer les vivants et Eddy, Suzanne et Mario dans Corniche Kennedy. Je vois qu’ils partagent des valeurs communes, et nous adolescents, on peut se reconnaître en eux, notamment par leur langage parfois familier.
J’aperçois aussi que vous accordez beaucoup d’importance aux lieux, ceux-ci permettent de souligner la personnalité des jeunes. Et, lorsque je lis vos textes, j’ai l’impression de voyager ; au bord de l’eau, au Havre, à Marseille ou encore dans le transsibérien.Ensuite, votre style d’écriture est propre à vous. Si l’on me donne l’un de vos écrits, je saurai certainement reconnaître que vous en êtes l’auteur. Vos longues phrases, peu ponctuées ainsi que vos minutieuses descriptions me le confirmeront. Cependant, il m’arrive parfois de me perdre dans ma lecture !
J’ai également beaucoup aimé le roman Réparer les vivants, que j’ai lu deux fois et dont j’ai vu l’adaptation cinématographique qui m’a d’ailleurs plu. Le fait que vous relatiez l’histoire de ce jeune surfeur qui va perdre la vie dans un accident de voiture, en axant tout ça sur la question délicate du don d’organes m’a extrêmement intéressé. Cela nous à aussi, à nous lecteurs, beaucoup appris sur la procédure du don d’organes. C’est d’ailleurs un roman qui peut susciter la réflexion par rapport à ce sujet.
J’ai également noté une diversité dans vos romans. Bien qu’ils mettent souvent en avant les jeunes et que vous ayez écrit pour des éditions jeunesse, les sujets racontés sont divers : l’histoire du conscrit Aliocha, le don d’organes …
Puis, j’ai aussi étudié votre roman Dans les rapides. J’ai trouvé le fait de donner à chaque chapitre le nom d’une chanson m’a paru  particulièrement original. Pour moi, le titre Dans les rapides, évoque peut être le fait que les trois filles mènent une vie en mouvement, à cent à l’heure. Mais vous avez peut être choisi ce titre en rapport avec la musique, un morceau dure entre quatre et cinq minutes, c’est assez court et rapide justement. Dans ce roman, le texte est tout à votre image, j’ai d’ailleurs extrait une phrase qui m’a plu:

« La brume est tombée en nappe sur le bassin et nos bouches vaporisent des nuages qui s’effilochent et s’y agrègent délicatement ».

Cette phrase fait référence au climat qui règne dans la ville du Havre, et le fait que vous rapprochiez l’air que vaporisent les filles à des nuages est très intéressant. L’évocation de la nature rend cette phrase poétique.

Pour finir, le fait que vous touchiez à d’autres domaines tels que la peinture,les nouvelles et que vous mettiez dans vos romans un type humain que l’on rencontre peu dans la littérature : l’adolescent, sont des choix très audacieux selon moi.

En espérant que le contenu de  ma lettre vous aura plus.

A bientôt !

Camille

Un Chemin de tables

Bonjour Maylis de Kérangal,

J’ai lu « Un chemin de tables », roman que j’ai bien aimé, mais dont la fin m’a un peu déçue parce que j’attendais quelque chose de plus surprenant, plus spectaculaire que l’ouverture d’un restaurant certes un peu différent des autres. Le titre J’ai bien aimé le titre car il y a un jeu de mots entre le chemin de table au singulier qui est un élément décoratif que l’on pose sur la table et  « Un chemin de tables » au pluriel qui renvoie au  parcours du jeune garçon dans l’apprentissage de la cuisine et de la gastronomie. Le mot « tables » est au pluriel car Mauro va fréquenter plusieurs restaurants et le mot « chemin » montre aussi le déplacement car effectivement en lisant le livre on peut se rendre compte que Mauro voyage (Berlin, l’Asie, Lisbonne, Paris…)
« calme qui, s’il se craquelle comme une carapace sèche, s’il casse, donne lieu à des scènes de violence inouïe ».
Cette phrase se situe au chapitre dix quand Mauro est en Asie et qu’il veut refuser le poste que son patron lui propose dans un nouveau restaurant. Le passage décrit le calme qui règne en cuisine et la bonne entente. Selon moi, cette phrase signifie que le restaurant où il travaille est un endroit tellement calme et serein que lorsqu’il y a une crise, des énervements ou des tensions cela peut être explosif…

Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ma lettre. Toutes mes sincères salutations.

 Lucie.

La nuit s’est creusée

                                   Mme Kérangal,

Dans  À ce stade de la nuit,  c’est une sorte de voyage. Chaque partie commence par le titre, c’est un peu comme si tous les événements du livre se passaient en une nuit.
 » La nuit s’est creusée  comme une vasque et l’espace de la cuisine se met à respirer derrière un voile fibreux ».
Cette cuisine devient vivante, elle respire  un peu comme un cœur, elle rend vivant car elle nous fait réfléchir et nous souvenir. C’est un peu le cœur de la Terre; C’est la faible respiration de la terre qui s’épuise à force de voir les malheurs .
Je voulais vous dire que ce livre est l’un des seuls sur lequel j’ai accroché et que vos oeuvres sont comme une autre façon de voir la vie. Je peux  rajouter que, à ce stade de la nuit n’est pas qu’une oeuvre qui parle de l’immigration , elle nous fait voir la vie sous des angles différentes et ça c’est génial et c’est cela qui m’a le plus plu dans votre roman. Merci d’avoir pris le temps de lire cette lettre.
Cordialement,

          Valentine

La nuit danse

Bonjour, madame Maylis de Kerangal.

Vous écrivez sur les jeunes. Selon moi vous écrivez sur des adolescents car les vies des jeunes, de cet âge là sont des vies non stables et que cela va vous  permettre d’imaginer tous les rebondissements possibles qui peuvent arriver quand on passe de l’âge enfant à l’âge adulte.
« Tangente vers l’Est » est un roman que j’ai lu personnellement , cette histoire personnellement je l’ai trouvée sublime
« Cette lueur de bal et alors la nuit danse, elle tourne encore une fois sur elle-même » 
Votre phrase était comme dans tous vos romans très longue je n’ai donc pris que la partie que j’aimais. Elle m’a plu car la personnification de la nuit est sublime ,on imagine un ciel étoilé qui brille avec la lueur braquée sur les personnages comme un moment romantique dans les films à l’eau de rose.
Nous  avons lu des romans écrits par vous très différents les uns des autres , par exemple « Un chemin de tables » où les phrases sont courtes et l’histoire en recettes de cuisine, une idée originale, qui donne faim! Vous avez vraiment beaucoup d’imagination pour avoir pu écrire autant d’histoires différentes en gardant le plus souvent des adolescents pour personnages

Je vous remercie tous de même de prendre du temps pour lire les lettres, en espérant que la mienne vous plaise, malgré quelques reproches sur votre manière d’écrire.

Mes sincères salutations.                                                          Eloïse

Pierre Feuille Ciseaux

Bonjour Maylis de Kerangal,

« les issues dans les jardins collectifs, mosaïque potagère ou fruitière tapie au revers des immeubles, ou clairières végétales »,
J’aime bien être dehors, dans la nature, dans des espaces verts ou forêts mais aussi , j’ai passé une partie de mon enfance dans le jardin de mes grands-parents.
D’après moi, vous avez choisi le titre Pierre Feuille Ciseaux car la pierre, la feuille et les ciseaux sont les trois éléments que la jeune fille  de la Cité-Jardin ne fait que voir durant ses journées. La pierre car elle habite dans une ville, les feuilles car elle se situe dans une Cité-Jardin qui est pleine de verdure et les ciseaux car elle en utilise pour fabriquer son « pantalon taille haute » et c’est comme le jeu « pierre feuille ciseau ».
Cordialement
Jérémy

La lecture n’est pas mon fort et pourtant…

Bonjour Maylis de Kerangal,

La lecture n’est pas mon fort. J’ai lu des livres de vous pour le bac de français que nous devons tous affronter à la fin de l’année,  hélas ce n’est pas ma tasse de thé comme pour certains. En tant que lectrice, j’ai dû m’approprier vos livres et m’adapter au style d’écriture, un style bien particulier avec des phrases longues et un vocabulaire parfois peu accessible . Nous avons étudié les livres un à un et sélectionner différents extraits afin de créer des analyses de texte pour le Bac.
Je vais maintenant faire part de mes impressions sur les livres que j’ai lus. Tout d’abord je tiens à vous dire qu’il est très difficile pour moi de rester concentrer sur un livre plus de dix minutes et pourtant j’y suis arrivée avec Réparer les vivants qui m’a procuré beaucoup d’émotion, il m’a vraiment plu par son coté touchant, je me suis identifiée au personnage de Simon, une vie plus ou moins parfaite pour lui et sa famille quand tout tourne au drame comme quoi vaut mieux rester réaliste ,un malheur arrive vite.
La lecture de Tangente vers l’est m’a  plu notamment parce que l’histoire est tirée d’un voyage en Russie, avec des coutumes et cultures différentes.  Il est intéressant de voir le monde d’un autre point de vue que le sien , et là en plus d’avoir le point de vue de l’auteur , on a   celui d’un personnage fictif. Moi aussi, j’aimerais pouvoir voyager pour voir quel genre d’histoire je pourrais m’inventer moi aussi.

Rares sont les livres que j’ai fini de lire mais ceux là en font partie , alors merci.
Cordialement,
Erika

Respect et merci

Chère Maylis de Kérangal,

Je voudrais vous témoigner mon admiration car vous avez su me donner envie de poursuivre  la lecture  de chacun de vos livres.  Et vous avez une façon particulière d’écrire et de raconter qui n’est pas facile ! J’ai bien aimé vos dialogues qui étaient systématiquement immergés dans la narration et cela est inhabituel.
Dans chacun de vos romans l’eau jouent un rôle très particulier, même dans Tangente vers l’est vous nous parlez du lac  Baïkal, qui est la plus grande réserve d’eau au monde et vous précisez quels sont les ressentit des personnages à la vue de celui-ci.

 » le lac demeure visible, et s’étire, velouté, lisse, miroir du ciel, pas une ride sur l’eau, seul barque solitaire quasi immobile dans le soir qui tombe. »

J’apprécie beaucoup votre façon de décrire la réserve d’eau par le biais de cette phrase  particulièrement poétique. A mon avis avec un langage courant, n’importe qui aurait décrit ce lac comme étant immense, fait d’eau très claire, très calme, sans agitation.
Le titre de Tangente vers l’est  m’a par contre déçu car je l’ai trouvé trop explicite. Rien qu’en lisant le titre , on imagine les grandes lignes de l’histoire:  un désir de fuite vers l’est. ça ne laisse pas assez de suspense.

« Après quoi les rails irréversibles qui déplient le pays, déballent, déballent, déballent la Russie, progressent entre les latitudes 50°N et 60°N. »
Pour finir j’aimerais vous remercier d’écrire sur nous , les adolescents; nous,   les jeunes  sommes souvent laissés pour compte dans cette littérature française, mais vous, vous avez réellement cherché à nous cerner , à comprendre nos habitudes, nos réactions et je pense que c’est comme cela, en lisant des ouvrages comme les vôtres que les jeunes seront de plus en plus attirés par la lecture .
Respectueusement,
Sophie

Coach me if you can

La vie des jeunes!
Un thème que l’on retrouve souvent dans vos livres, sous différentes histoires:De ce fait, nous rentrons plus dans l’histoire , nous nous imaginons à la place des personnages, cela rend la lecture plus passionnante ainsi que l’histoire. Je dis ça car dans votre livre Corniche Kennedy, je m’y suis retrouvée, des rochers, la mer, des amis, des sauts vertigineux, tout cela m’a rappelait mes étés… Même si on n’a pas connu cette situation , on s’y retrouve quand même:il y a ceux qui viennent des quartiers défavorisés comme à Marseille, le jeune Aliocha qui doit partir au service militaire, la vie quotidienne des trois copines du Havre, ou encore Simon Limbre qui a eu un accident, tout cela, à nous adolescents, et plus particulièrement à moi peut être, m’a fait apprécier vos livres. On s’imagine à leur place, on dit que cela pourrait nous arriver à nous, cela nous touche.Vos livres sont aussi passionnants que instructifs, je pense à votre oeuvre: Tangente vers l’Est, elle m’a permis d’en savoir plus sur un pays dont je ne connaissais quasiment rien, la politique du pays, la vie des jeunes…
J’ai lu Femmes et sport, et 2  athlètes m’ont intéressée grâce au sport qu’elles pratiquent : Laure Manaudou y est présentée, plusieurs fois d’ailleurs, mais j’ai bien aimé le titre :  » Coach me if you can  » . On y parle de ses premiers entraînements avec son coach, mauvais nageur,qui  arrête et se met à coacher les autres.   Il est très dur et  » gueule  » souvent, mais le fait qu’il soit nul,mais  toujours présent permet à  Laure le continuer et d’encaisser ses coups de gueules, elle se sait meilleure que lui,  d’où le titre « coach me if you can ».
Il y a aussi une grande championne d’athlétisme en Heptathlon: Carolina Kluft, je ne la connaissais pas beaucoup et cette partie m’a permis d’en savoir plus sur elle.
Son titre à elle est : « Caroline Kluft, modèle suédoise », un modèle qui est décrit physiquement comme idéal, mais aussi sportivement. Elle est comparée à « une tigresse des neiges », ce qui nous montre une certaine puissance chez l’athlète, elle est donc un modèle, un modèle suédoise, une athlète qui ne lâche rien. Par le sport, la femme montre qu’elle est aussi forte que les garçons et même meilleure.
 » Ce jour-là, couronne de lauriers sur la tête et bras en V comme victoire « 

« Ce sont des fières à bras les Suédoises, elles prouvent qu’elles peuvent faire aussi bien que les mecs »

Mon livre préféré reste Corniche Kennedy, est-ce mon préféré car c’est celui auquel je me suis le plus identifiée? peut-être.
Mathilde.

Écrire, c’est instaurer un paysage

Chère Maylis de Kerangal ,
Je fais partie de l’une de vos jeunes lectrices ,j’ai aimé suivre l’histoire d’une bande de copains à Marseille sur la Corniche , des jeunes insouciants, et l’histoire de Simon et de ses malheureux parents  amenés à la réflexion du don d’organe. Ces livres nous poussent à nous poser des questions, que l’on ne se pose pas forcement à notre âge . Quant au titre Réparer les vivants je l’ai trouvé intéressant;  ce titre qui vient d’une réplique de théâtre de Platonov de Tchékov:  » Enterrer les morts et réparer les vivants » qui montre qu’il faut aider les receveurs à vivre coûte que coûte, et aider les proches des morts à vivre leur deuil en donnant la vie.

Par contre, pour moi  A ce stade de la nuit était trop difficile fort compliqué, je n’ai pas forcement tout compris, je me suis perdu dans ma lecture lors des changements de chapitres ou d’évocations . Beaucoup de descriptions, trop d’analyse , trop de références à des choses que je ne connaissais pas. Surtout que ce texte contient en abondance des figures de style que j’ai pu aimer quand même , mais sans les comprendre vraiment:
« J’ai retrouvé le baroque délabré, les façades qui pèlent les murs qui tombent en lambeaux comme si le temps de la mue était venu et que la peau d’avant chutait au sol afin de faire voir la nouvelle. »
Cette comparaison est plutôt forte, elle nous fait penser à une nouvelle vie, comme une page qui se tourne. Elle nous amène à penser que le personnage va changer se transformer en quelqu’un de nouveau au cours de l’histoire, de la nuit.

En tout cas votre style d’écriture est différent des autres auteurs, d’ailleurs vous dites :
 » Je me dis parfois qu’écrire c’est instaurer un paysage » .
Que voulez-vous dire par là ?
Cordialement, une de vos lectrices, Laetitia