Le Tamtam bat le ralliement

Ou comment l’esthétique fonctionnelle des années 50 perdure dans les années 60-70

Un objet fonctionnel est pensé :

  1. pour être fabriqué industriellement
  2. pour répondre honnêtement à sa fonction d’usage
  3. il porte l’esprit de son époque

Qu’en est-il du tabouret TAM TAM de Henry Massonet en plastique moulé, datant de 1968 ?

1 Les nouvelles matières plastiques

Déjà dans les années 50 les designers travaillent les matériaux plastiques qui ont bénéficié des recherches faites pendant la guerre.

Charles Eames pour son fauteuil DAR utilise le polyester renforcé de fibre de verre. La forme est conçu rationnellement en fonction du procédé de fabrication : coque sans contre dépouille, et de son usage, forme enveloppante pour le confort d’assise.  Même si on peu trouver que les couleurs sont un peu ternes et la fibre de verre est visible, la matière tributaire de la technologie employée, s’expose honnêtement.


La fibre de verre est placé dans un moule, enduite de résine et compressé.

Dans les années 60-70, les propriétés des nouveaux polypropylènes et la technologie de l’injection dans un moule, permettent de réaliser des pièces plus colorées, et plus rapidement des pièces monoblocs.

 

Schéma de l’injection des polymères dans un moule

Le Tamtam de Henry Massonet a été conçu  rationnellement  par rapport à ce système de production : formes creuses et système d’emboitement sans contre dépouille, économie de moule : 1 moule pour les 2 pièces du piétement, et 1 moule pour la galette de l’assise.

Vue du système d’emboîtement et des différentes pièces du Tamtam d’Henry Massonnet

En cela il est une icône du design fonctionnel. Mais aussi parce qu’il répond simplement et honnêtement à sa fonction d’usage.

2 La fonction d’usage

A l’origine, le Tamtam est un tabouret pour pêcheur, léger, facilement transportable, peu encombrant lorsque les 2 pièces du piétement sont empilés, il a aussi la bonne hauteur d’assise.


Rapidement, il devient un meuble de salon, tabouret, table d’appoint, à la simplicité formelle sculpturale. Brigitte Bardot l’adopte.

Mais son coût peu élevé et son faible encombrement, en feront aussi le siège des jeunes générations désargentés, et des petits logements.

Car un tabouret, c’est l’assise minimale, qui même si son confort est minimum, n’entrave pas le corps.

Le tabouret Butterfly, porte d’ailleurs ce désir de mouvement dans son nom.

Il est conçu rationnellement, comme le Tamtam pour une technologie particulière de fabrication, celle du contreplaqué moulé.

Cette technologie explorée avant-guerre en particulier par Alvar Aalto pour le Paimio et pendant la guerre par Ray et Charles Eames pour des attelles en particulier, va tirer profit de la mise au point de colles de synthèse plus performantes, qui permettent une tenue des plaques cintrées sans rivetage.

La forme du Butterfly avec ses 2 pièces similaires aériennes, assemblés et maintenues par une entretoise en fait la démonstration.

Technique du moulage du contreplaqué

(Extrait d’un sujet de technologie 2020 – « Le bel objet, c’est quand il n’y a plus rien à retirer ni à ajouter » – citation de Constance Rubini)

3 Lorsque l’objet signe son époque

Le désir du design fonctionnel, d’atteindre  l’unité de la forme,  pour rationalisé la fabrication et avec pour objectif un idéal formelle, s’avèrera possible grâce aux nouveaux matériaux et aux nouvelles technologies.

Pour Jacques Vienot, dans les années 5O, pionnier du design industriel et créateur du bureau d’étude industriel Technès, les canons de l’esthétique industrielle, qu’il décrit  dans sa charte pour « la beauté utile »,  implique « une harmonie intime entre le caractère fonctionnel et l’apparence extérieure ».

« Il n’est de beauté industrielle que d’ouvrages parfaitement adaptés à leur fonction (et reconnus techniquement valables), l’esthétique industrielle implique honnêteté et sincérité dans le choix des matières ou matériaux employés. »

Le contreplaqué moulé des années 50, va bénéficié des qualité des résines mises au point et des expérimentation menées pendant la guerre, pour générer des formes alliant la chaleur du bois et la simplicité formelle issue du moulage, comme la Lounge Chair de Charles Eames dessiné en 1956

A la fin des années 60, Dieter Rams énoncera les 10 points pour un bon design qui vont dans le même sens et définissent le travail des designers à la recherche d’une définition du bon design.

Les nouvelles matières plastiques vont permettre de créer des objets utiles, ronds, colorées et peu couteux comme le Tamtam d’Henry Massonet,  dans une société qui bénéficiaient de la forte croissance économique de l’ après-guerre : reconstruction, plein emploi, croissance de la production industrielle, babyboom.

L’esthétique ludique des objets de cette époque, est caractéristique de l’hédonisme et du non-conformisme de l’époque comme le Cubo de Marco Zanuso et richard Saper… Légèreté, couleur, brillance et miniaturisation ont permis de répondre à l’aspiration des usagers à plus de liberté.

 

 

 

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