Ma lettre à M.BOURGOGNE

Cher M.BOURGOGNE

A mon tour de vous écrire comme j’ai demandé de le faire à mes élèves.

D’abord, vos lettres toutes plus loufoques les unes que les autres m’ont beaucoup amusé et c’est avec une certaine surprise d’abord puis une belle impatience et enfin un immense vide que je m’empressais de donner à chaque classe, chaque jour, son enveloppe.

Les enfants ont aimé vous écouter et moi aussi et je ne me suis pas privé de lire chacune de vos lettres à ma classe en fin de semaine ou à d’autres classes quand j’étais coincé dans le bureau, bercé par la poésie des tracasseries administratives et des paperasses.

Nous en avons profité pour associer d’innombrables mots ensemble avec des combinaisons et des assemblages improbables et j’ai tenté de faire écrire aux élèves ce qu’ils pouvaient ressentir et de leur faire tordre la langue au lieu de la rentrer dans les cases comme il leur est appris à l’école.Grâce à vous, je me suis dit que ce serait quand même bien que des grands élèves puissent produire une lettre quotidienne et la lire ou la faire lire aux autres comme entrain de la journée…C’est un réveil sain et une bonne mise en condition.

Donc, oui, moi aussi, je peux témoigner : votre voiture a fait un bruit d’enfer, la nuit, quand elle a poussé ces meuglements pour pouvoir voyager.Oui, cela m’a réveillé et j’ai été ébahi quand, en pleine nuit, elle a volé en ne s’occupant ni des feux, ni des priorités de ronds points, ni des limitations de vitesse .D’ailleurs qui les respecte ? Et c’est vrai qu’en levant la tête, j’ai pu me régaler de tous ces pieds de nez qu’elle faisait en laissant dans le ciel et les airs les traces indélébiles de son passage. La nuit, je l’entends encore et je vous vois même avec une chaussette de chaque couleur et un tee shirt bariolé.Moi, aussi, je me nourris avec vous de mots qu’on entend toujours dans le triste contexte médiatique quotidien pour les peindre de couleurs chaudes et douces et avec eux , clamer mon amour pour l’Humanité entière.

A bientôt, car je sais que vous allez revenir cet été. Ne vous épuisez pas trop : nous avons besoin de vous.

Bonjour à Margaux et à votre chien.

Jacky, enseignant et directeur de l’école élémentaire de la Sensive.