« Barsakh » de Simon Stranger

barsakhEmilie passe des vacances en famille aux Canaries. Alors qu’elle fait du jogging le long de la côte, elle aperçoit une barque au large. Parmi ses passagers, un garçon la hèle… Samuel a quitté sa famille au Ghana dans l’espoir de trouver du travail en Europe. Il vient de passer vingt-quatre jours en mer avec d’autres Africains… Emilie décide d’aider Samuel. Une rencontre qui bouleversera sa vie à tout jamais…

Rencontre entre une jeune fille de 15 ans, Norvégienne, anorexique et d’un jeune homme de 17 ans, Ghanéen, migrant fuyant la misère pour un Eldorado qui les rejette.

Un livre qui dit tout : les affres de la traversée, fatale pour certains, le rejet des nantis et qui interpelle le lecteur sur un scandale mondial.

Mariannick, doc.

« Toute la lumière que nous ne pouvons voir » d’Anthony Doerr

doerr toute la lumiere Destins croisés de deux personnages : Marie-Laure, une jeune aveugle, réfugiée avec son père à Saint-Malo, et Werner, un orphelin, véritable génie des transmissions électromagnétiques, dont les talents sont exploités par la Wehrmacht pour briser la Résistance.

Bien plus qu’un roman sur la guerre, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est une réflexion profonde sur le destin et la condition humaine. La preuve que même les heures les plus sombres ne pourront parvenir à détruire la beauté du monde.

Les expériences croisées des deux jeunes enfants grandissant dans un monde de furie et de pertes personnelles nous sont relatées avec une intelligence de structure romanesque, une distanciation qui évite le pathos dans la dramaturgie. Il y a comme un filtre qui nous fait vivre ces années de guerre par procuration, par les yeux, les sentiments et l’extrême maturité de l’enfance envolée trop vite.

Un livre si fort qu’il poursuit le lecteur bien après sa lecture.

Mariannick, doc.

« J’ai eu vingt ans à Ravensbrück » de Béatrice de Toulouse Lautrec

20 ans ravensbruckBéatrix de Toulouse-Lautrec et sa mère ont été arrêtées par la Gestapo de Lyon en juin 1944, internées au fort de Montluc, puis déportées à Ravensbrück en août et libérées en avril 1945.  L’auteur, qui avait vingt ans en 1944 et était alors Mlle de Gontaut-Biron, a raconté son épreuve dès 1946, sans intention de publication, pour se libérer de ce qu’elle venait de vivre. Mais le manuscrit a circulé anonymement, signé « matricule 75 537 »; dès 1948, trente-trois ans avant sa première édition en 1981. On ne saurait mieux définir ce document très différent des ouvrages postérieurs sur la déportation que par ce jugement de Martin du Gard : « Peu de ces rescapés ont su rendre si fidèlement, si humblement, avec une telle absence de cabotinage et de tricherie, ce qu’a été leur vie de tous les jours, ses grandes angoisses, ses dangers, ses petites peines, ses petites joies. » Et par celui d’Albert Camus qui le reçut lui aussi sans nom d’auteur: « On ne peut pas ne pas être profondément touché par le ton même du récit. Garder l’amour de la vie, la confiance, l’humour quelquefois, la tendresse toujours au milieu des charniers, c’est un tour de force ou une grâce, je ne sais pas. »

Procédant par une succession de scènes et de dialogues qui forment un tableau riche de spontanéité, d’émotion, d’amour et de simplicité, Béatrix de Toulouse-Lautrec fait surgir, sans chercher à philosopher, les mille misères de la vie carcérale, l’angoisse de la mort, mais aussi l’espoir et les petites joies qu’un rien suffisait à faire jaillir dans le malheur.

Ce que je retiens de ce livre : de vrais fous rires lancés à la barbe des tortionnaires !

A lire aussi un livre fort : « Kinderzimmer » de Valentine Goby

Mariannick, doc.

« Kinderzimmer » de Valentine Goby

kinderzimmerAu printemps 1944, Mila entre au camp de concentration de Ravensbrück. Elle est plongée alors dans un monde infernal où l’horreur prend toutes les formes : le froid, la maladie, les expériences médicales, la faim, les poux, les coups. Et cette horreur pénètre par tous les sens : les yeux, les oreilles, le nez,… Mais, dans cette horreur absolue, il reste encore la vie, l’amitié, l’amour, l’attention quotidienne aux autres. Comme Mila ou Teresa, chacun décide de vivre ou non.  Pour Mila, enceinte, le risque de vivre est encore plus grand, mais plus miraculeux encore, le risque d’aimer un enfant qui est voué à la mort, le risque d’aimer l’enfant d’une autre. Jusqu’au bout, l’on se demande si cette opiniâtreté à défier la mort sera gagnante.

C’est un livre grave, bouleversant qui rappelle l’existence, souvent ignorée, d’une « kinderzimmer » , une pièce dévolue aux nourrissons dans un camp de la mort.

En rappel, le très beau livre de Béatrice de Toulouse-Lautrec « J’ai eu vingt ans à Ravensbrück » où elle témoigne de son internement dans ce camp.

Deux livres à lire absolument !

Mariannick, doc.