« La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux » de Sabine Panet et Pauline Penot

teteAprès le « Le coeur n’est pas un genou que l’on peut plier »,  nous retrouvons les femmes de la famille Bocoum.

De retour du Sénégal à Villepinte en banlieue parisienne, les filles de la famille Bocoum poursuivent leur chemin entre traditions et émancipation, entre préjugés et liberté. Dado, l’aînée, scientifique reconnue, est amoureuse mais elle devra affronter de potentiels beaux-parents racistes; Awa, la cadette découvre lors d’un examen médical qu’elle est excisée. Pourquoi une telle pratique ? Pourquoi ne s’en souvient-elle pas ? Pourquoi n’en a-t-elle jamais parlé avec sa mère, Aminata ? Comment protéger ses petites soeurs ? Ernestine se lance dans les castings et en découvrent bien vite les limites…mais sans compter sur sa détermination et la fraîcheur de son humour. Enfin, du chaos à l’apaisement, la visite de la grand-mère Nawdé ne passera pas inaperçue…

Ni jugement ni voyeurisme ni fatalisme mais de l’intelligence, de l’humour sur fond de réconciliation. Une lecture épanouissante qui rend heureux. 

« Je suis CharLiberté ! » de Arthur Ténor

charlibertéExtrait de la quatrième de couverture

Choqué par les attentats du 7 janvier 2015, et particulièrement par le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, un collégien de 15 ans prend brutalement conscience que les valeurs de la République, ses valeurs sont en danger. Sa réaction est de créer un journal satirique, avec trois camarades de sa classe de 3ème, dont un dessinateur talentueux. Pourtant, très vite ils doivent faire face à des réactions qui visent à réduire, voire anéantir leur libre expression…

 La liberté d’expression est quelque chose de fragile et c’est en risquant de la perdre qu’on ressent un vide immense : démonstration et transposition dans un  collège au lendemain des attentats de janvier 2015. Un texte percutant, drôle, tragique, émouvant. La clarté du propos est une nouvelle fois la signature de l’auteur. Un titre à part, qu’on se le dise…

Du même auteur 

« L’enfer au collège » BIBLIOTHEQUE 6°

« Il s’appelait …le soldat inconnu » COLLEGE

 « A mort l’innocent! » COLLEGE

« Né maudit » COLLEGE

« Aussi loin que possible » d’Eric Pessan

pessanAntoine et Tony n’ont rien prémédité, rien comploté. Ce matin-là, ils ont fait la course sur le chemin du collège. Comme ça, pour s’amuser, pour savoir qui des deux courait le plus vite. Mais au bout du parking, ils n’ont pas ralenti, ni rebroussé chemin, ils ont continué à petites foulées, sans se concerter. La cité s’est éloignée et ils ont envoyé balader leurs soucis et leurs sombres pensées. Pour Tony, la hantise de se faire expulser vers l’Ukraine et d’avoir à quitter la France. Pour Antoine, la peur de prendre une nouvelle dérouillée parce que son père a envie de se passer les nerfs.  Ils se sentent capables de courir pendant des jours, tant qu’il leur restera une once de force.

C’est un roman « physique ». On ne sait si c’est la tête qui soutient les jambes ou les jambes qui conduisent les pensées bien plus loin qu’on ne l’aurait imaginé. C’est un roman où le souffle a beaucoup d’importance, le souffle de la vie, de l’amitié, de la solidarité et de la capacité à outrepasser ses propres limites. Pour les ados, un roman qui fait grandir…

Mariannick, doc.

« Barsakh » de Simon Stranger

barsakhEmilie passe des vacances en famille aux Canaries. Alors qu’elle fait du jogging le long de la côte, elle aperçoit une barque au large. Parmi ses passagers, un garçon la hèle… Samuel a quitté sa famille au Ghana dans l’espoir de trouver du travail en Europe. Il vient de passer vingt-quatre jours en mer avec d’autres Africains… Emilie décide d’aider Samuel. Une rencontre qui bouleversera sa vie à tout jamais…

Rencontre entre une jeune fille de 15 ans, Norvégienne, anorexique et d’un jeune homme de 17 ans, Ghanéen, migrant fuyant la misère pour un Eldorado qui les rejette.

Un livre qui dit tout : les affres de la traversée, fatale pour certains, le rejet des nantis et qui interpelle le lecteur sur un scandale mondial.

Mariannick, doc.

« Toute la lumière que nous ne pouvons voir » d’Anthony Doerr

doerr toute la lumiere Destins croisés de deux personnages : Marie-Laure, une jeune aveugle, réfugiée avec son père à Saint-Malo, et Werner, un orphelin, véritable génie des transmissions électromagnétiques, dont les talents sont exploités par la Wehrmacht pour briser la Résistance.

Bien plus qu’un roman sur la guerre, Toute la lumière que nous ne pouvons voir est une réflexion profonde sur le destin et la condition humaine. La preuve que même les heures les plus sombres ne pourront parvenir à détruire la beauté du monde.

Les expériences croisées des deux jeunes enfants grandissant dans un monde de furie et de pertes personnelles nous sont relatées avec une intelligence de structure romanesque, une distanciation qui évite le pathos dans la dramaturgie. Il y a comme un filtre qui nous fait vivre ces années de guerre par procuration, par les yeux, les sentiments et l’extrême maturité de l’enfance envolée trop vite.

Un livre si fort qu’il poursuit le lecteur bien après sa lecture.

Mariannick, doc.