« Histoire du garçon qui courait après son chien qui courait après sa balle » de Hervé Giraud

histoire du garçonLe garçon du titre, c’est le narrateur. Nous ne connaîtrons pas son prénom. Le chien c’est Rubens, le dalmatien qui a à peu près le même âge que le garçon. Le garçon a une soeur jumelle, Cali. Unis « comme les trois doigts de la main (de la tortue Ninja) », ils ont la vie et la joie devant eux. Jusqu’au malaise de Cali au collège, jusqu’à l’annonce d’une tumeur incurable et à la disparition simultanée de Rubens…Ne reste qu’au garçon abandonné des parents dévastés. Commence alors une quête vers le chien perdu afin d’échapper à la « tristesse éternelle »…

Magnifique ! Loin d’une littérature jeunesse stéréotypée, des mots justes et émouvants pour dire l’indicible de la perte et de la maladie. 

« La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux » de Sabine Panet et Pauline Penot

teteAprès le « Le coeur n’est pas un genou que l’on peut plier »,  nous retrouvons les femmes de la famille Bocoum.

De retour du Sénégal à Villepinte en banlieue parisienne, les filles de la famille Bocoum poursuivent leur chemin entre traditions et émancipation, entre préjugés et liberté. Dado, l’aînée, scientifique reconnue, est amoureuse mais elle devra affronter de potentiels beaux-parents racistes; Awa, la cadette découvre lors d’un examen médical qu’elle est excisée. Pourquoi une telle pratique ? Pourquoi ne s’en souvient-elle pas ? Pourquoi n’en a-t-elle jamais parlé avec sa mère, Aminata ? Comment protéger ses petites soeurs ? Ernestine se lance dans les castings et en découvrent bien vite les limites…mais sans compter sur sa détermination et la fraîcheur de son humour. Enfin, du chaos à l’apaisement, la visite de la grand-mère Nawdé ne passera pas inaperçue…

Ni jugement ni voyeurisme ni fatalisme mais de l’intelligence, de l’humour sur fond de réconciliation. Une lecture épanouissante qui rend heureux. 

« En attendant Bojangles » de Olivier Bourdeaut

bojanglesOù comment l’amour fou peut conduire à partager la folie en famille.

Le récit à deux voix, du père, d’un côté,  du fils, de l’autre, évoque l’excentricité puis le basculement vers la folie de la femme, de la mère, de la femme-enfant que chacun aime sans conditions. Le drame est à fleur de texte autant que la chanson « Bojangles » de Nina Simone.

Un premier roman déjà largement salué par la critique, un coup de coeur de vos documentalistes. 

Citation

« Et c’est sur ce « peut-être » que  tous les jours nous dansions et faisions la fête ».

Autour de l’amour fou et de la folie

« L’Ecume des jours » de Boris Vian  LYCEE

« Le horla » de Guy de Maupassant COLLEGE

« Amok » de Stefan Zweig LYCEE

 « Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan LYCEE

Sur le blog autour de la musique

« Bluebird » de Tristan Koegel LYCEE

« Les petites reines » de Clémentine Beauvais

reinesOn les a élues «Boudins de l’année» sur Facebook. Mais Mireille Laplanche et ses «boudinettes». Hakima et Astrid, n’ont pas l’intention de se lamenter sur leur sort ! Elles ont des mollets, des vélos, et elles comptent bien rallier Bourg-en-Bresse à Paris… … pour s’incruster à l’Elysée ! Place aux Petites Reines !

Voilà pour une quatrième de couverture qui pourrait nous faire passer à côté de ce texte désopilant, truculent et optimiste ! Une leçon de résilience pour des sujets aussi douloureux que le harcèlement, la différence, l’absence du père…Un livre qui fait du bien, un livre qui rend heureux !

Des idées de lecture sur le thème des différences

 » 3 filles et 10 kilos en trop » de Jacqueline Wilson Bibliothèque 6°
« Wonder » de RJ Palacio COLLEGE
« La belle Adèle » de Marie Desplechin Bibliothèque 6°
« Ben X » de Nic Balthazar LYCEE
« La caravane » de Kochka Bibliothèque 6°
« La cicatrice » de Bruce Lowery COLLEGE
« Le clan des zéros contre-attaque » de Michaël Fry Bibliothèque 6°
« Le clan des inadaptés » de Martin Page COLLEGE
« Le monde de Charlie » de Stephen Chbosky LYCEE
« Olympe de Gouges : non à la discrimination des femmes » de Elsa Solal COLLEGE
« Les mots indispensables pour parler du sexisme » de Jessie Magana DOCUMENTAIRE
« Ces intolérances ordinaires » de Philippe Godard DOCUMENTAIRE
« La fabrique de filles : comment se reproduisent les stéréotypes et les discriminations sexuelles » de Laure Mistral DOCUMENTAIRE

« Refuges » de Annelise Heurtier

refuges Été 2006. Mila, une jeune italienne, revient avec ses parents sur l’île paradisiaque de son enfance, Lampedusa. Malgré un drame familial, va-t-elle réussir à renouer avec le cours de sa vie ? Depuis le continent africain, les voix de Amir, Saafiya, Amanuel, Meron, Pietros, Meloata, Gebriel, Awat se font entendre. Ils sont jeunes, Erythréens, fugitifs et en quête d’une terre où ils auront la vie sauve. Arriveront-ils tous à quitter l’enfer et rejoindre, vivants, le paradis ? Lampedusa sera-t-elle l’île de tous les refuges ?

Cette fiction donne un nom et une voix à ceux qui traversent au péril de leurs vies terres et mer. Donner une identité à ceux que l’actualité traite en masses anonymes, c’est rappeler qu’il s’agit d’êtres humains. Les destins croisés de Mila et des jeunes Africains mettent en perspective la vie de chaque côté de la Méditerranée. Ile de paradoxes, au carrefour des deux mondes, Lampedusa devient le territoire magnifié des refuges et de l’espoir.

C’est un livre émouvant, redonnant de l’humanité à un sujet traité quotidiennement par les informations.

Ailleurs sur le blog

« Barsakh » de Simon Stranger LYCEE

Expo CDI  « Les migrants »

Ailleurs au catalogue

« Moi, Félix, 10 ans sans papiers » de Marc Cantin COLLEGE
« Moi, Félix, 11 ans Français de papier » de Marc Cantin COLLEGE
« Anka » de Guillaume Guéraud LYCEE
« Clandestin » de Eliette Abecassis LYCEE
« Un clandestin aux paradis » de Vincent Carle COLLEGE
« Territoire interdit » de Emmanuelle Heidsieck COLLEGE

« On bosse ici, on reste ici ! La grève des sans-papiers, une aventure inédite » de Pierre Baron DOCUMENTAIRE
« Paroles clandestines » de Virginie Lydie DOCUMENTAIRE

Du même auteur 

« Sweet sixteen » COLLEGE LYCEE 

« Aussi loin que possible » d’Eric Pessan

pessanAntoine et Tony n’ont rien prémédité, rien comploté. Ce matin-là, ils ont fait la course sur le chemin du collège. Comme ça, pour s’amuser, pour savoir qui des deux courait le plus vite. Mais au bout du parking, ils n’ont pas ralenti, ni rebroussé chemin, ils ont continué à petites foulées, sans se concerter. La cité s’est éloignée et ils ont envoyé balader leurs soucis et leurs sombres pensées. Pour Tony, la hantise de se faire expulser vers l’Ukraine et d’avoir à quitter la France. Pour Antoine, la peur de prendre une nouvelle dérouillée parce que son père a envie de se passer les nerfs.  Ils se sentent capables de courir pendant des jours, tant qu’il leur restera une once de force.

C’est un roman « physique ». On ne sait si c’est la tête qui soutient les jambes ou les jambes qui conduisent les pensées bien plus loin qu’on ne l’aurait imaginé. C’est un roman où le souffle a beaucoup d’importance, le souffle de la vie, de l’amitié, de la solidarité et de la capacité à outrepasser ses propres limites. Pour les ados, un roman qui fait grandir…

Mariannick, doc.

« Les mots qu’on ne me dit pas » de Véronique Poulain

poulainSans tabou, avec un humour corrosif, elle raconte. Son père, sa mère et son oncle, tous sourds-muets. Leur quotidien. Leurs sorties. Les vacances. Des anecdotes cocasses qui font éclater de rire le lecteur. Et pourtant, la petite fille, la bilingue, celle qui fait le pont entre le monde « normal » et les siens, la seule qui saisisse les normes différentes qui régissent ces deux mondes, ne rit pas tous les jours. Elle se sent même très souvent orpheline…

Un livre qui nous mène à la découverte d’un autre monde d’une richesse insoupçonnée. Un outil pour mieux se comprendre, « s’entendre ».

Mariannick, doc.

« Un avion sans elle » de Michel Bussi

bussiLyse-Rose ou Emilie? Quelle est l’identité de l’unique rescapé d’un crash d’avion, un bébé de trois mois? Deux familles, l’une riche, l’autre pas, se déchirent pour que leur soit reconnue la paternité de celle que les médias ont baptisée Libellule. Dix-huit ans plus tard, un détective privé prétend avoir découvert le fin mot de l’affaire, avant d’être assassiné, laissant derrière lui un cahier contenant tous les détails de son enquête. Du quartier parisien de la Butte-aux-Cailles jusqu’à Dieppe, du Val-de-Marne aux pentes jurassiennes du mont Terrible, le lecteur est entraîné dans une course haletante jusqu’à ce que les masques tombent. 

Au départ, un thème accrocheur, sorte de jugement de Salomon : un enfant au centre des déchirements de deux familles et des drames. Qui a raison ? Le lecteur ne peut rester insensible à ce problème et prend parti pour les uns ou les autres. Cependant, il reste sur sa soif jusqu’à la fin car si l’on lui laisse des indices, ceux-ci sont peut-être pas fiables. De chapitre en chapitre, on élabore des solutions mais la vérité est trompeuse. Un livre au suspens remarquable qui tient en haleine jusqu’au bout.

Mariannick, doc.

« La femme de l’Allemand » de Marie Sizun

femme allemandFanny est une mère célibataire, Marion une petite fille aimante. Tout pourrait être normal mais une ombre rôde, une dissonance s’installe qui fausse leur relation. La petite fille est alertée, par instinct : la voix de sa mère un ton trop haut, ses emportements inexplicables, ses silences terribles, où plus rien ne semble la rattacher au réel. L’enfant sent le monde vaciller. Elle ne comprend pas pourquoi sa mère n’est pas comme celles de ses amies d’école, différente, si fragile, si fantasque. Si oublieuse lorsque Marion lui pose des questions sur son père qu’elle ne connaît pas, cet Allemand dont on sait bien peu de choses.

Puis Marion comprend : Fanny est « maniaco-dépressive ». Les rôles s’inversent alors. Adolescente, Marion endosse cette raison qui doucement quitte sa mère. Elle la protège, la couvre en taisant ses excès. Elle peut tout endurer. Tout plutôt que ces séjours à l’hôpital, qui les séparent. Mais il faut davantage que l’amour fou d’une petite fille pour terrasser la folie.

Ce n’est pas Marion qui raconte, c’est quelqu’un d’autre qui lui parle. Il la voit évoluer, de la petite fille au regard ébloui par sa mère à l’adolescente méfiante qui finit par rejeter sa mère pour mieux se protéger. Roman touchant qui n’accuse personne mais qui nous conduit à comprendre ce que la maniaco-dépression peut engendrer comme mal-être entre des gens d’une même famille, même s’ils s’aiment fort.

Mariannick, doc.

 

 



« Réparer les vivants » de Maylis de Kerangal

reparer vivantsRéparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.

A chaque chapitre, un  nouveau coeur bat, une tête pense. Chaque être est unique et joue sa partition dans une symphonie universelle, celle des vivants.

Malgré la tragédie qui ouvre le roman, ce livre est un appel à la vie. Mais sans oublier le difficile travail du choix des parents alors que le deuil n’est pas encore consumé.

Le lecteur est amené aussi à revenir sur les fondements de la vie. Autre argument pour désigner ce livre comme un livre à lire ABSOLUMENT !

Mariannick, doc.