Home » HLP Spé Terminale (Page 2)

Category Archives: HLP Spé Terminale

HLP correction de l’interprétation « un robot plus qu’humain »

Interprétation : En quoi ce dialogue fait-il la démonstration du dépassement de l’homme par la machine ?

Vous pouvez relire le texte en cliquant ici.

la notion de démonstration : le robot suit la méthode de Descartes dans son Discours de la méthode. Il part d’une question ligne 2, s’appuie sur sa raison (ligne 8). Il s’appuie sur l’observation et la comparaison (deux derniers paragraphes) pour en déduire une conclusion. Il utilise le postulat qu’a utilisé Descartes pour prouver l’existence de Dieu ? Il s’en sert pour déduire que les humains ne peuvent l’avoir créé. Même si son postulat et sa conclusion sont fausses, sa démonstration, elle, montre bien que la machine est sur de nbx points supérieure à l’humain.

 

les faits montrent que la machine est plus performante que l’humain. Cf. les 2 derniers § avec le vocabulaire dépréciatif pour décrire l’humain « mous et flasques, inefficace, pis-aller… » et l’insistance sur la faiblesse humaine grâce aux verbes comme « manquent » l17, « dépendent » l18 ou « diminue » l20. Et au contraire une description très valorisante de la machine par elle-même (répétition systématique du « je » suivi de propos mélioratifs insistant sur la résistance l25, et l’efficacité l24.

 

sa description est fondée sur la supériorité de la machine face à l’humain : emploi au début du § de « moi, par contre, je » (formule emphatique insistante) ; exemple avec les matériaux et la source d’énergie. Les expressions négatives « sans éclipses, sans mal » l 25 soulignent sa supériorité par rapport à l’homme qui doit dormir et ne peut s’adapter que très difficilement à des situations extrêmes.

 

les réactions des deux humains les font paraitre inférieurs à la machine. L3 « la mâchoire de Powell s’affaissa » : il semble ébahi au point d’en rester bête. L11 « le poing soudain noué de Donovan » il semble ne pouvoir exprimer sa colère que par son corps. Ils parlent peu et leur paroles ne les montrent pas très intelligents l5 Donovan semble ne pouvoir s’expliquer que par la violence « te réduira en pièces détachées ». Par la suite, ils ne réagissent pas, n’interrompent pas la machine et ne proposent aucun contre-argument.

 

La machine, elle, se considère comme bien supérieure à l’homme. De ce fait, elle ne peut imaginer qu’ils soient son créateur (voir l9 et 27) / l 16 « je m’en voudrais de vous dénigrer » : elle ne se gêne pourtant pas pour le faire ! / le « doigt réprobateur » pour désigner le sandwich montre qu’elle porte un jugement négatif sur l’humain. / l 12 à 15 la machine rit, c’est un rire moqueur envers les humains qui « se croient » son créateur.

HLP : texte d’Asimov, un robot plus qu’humain

Interprétation : En quoi ce dialogue fait-il la démonstration du dépassement de l’homme par la machine ?

Cutie le robot, s’adressant à deux humains Powell et Donovan, expose les résultats de son « introspection concentrée » : il a d’abord découvert « je pense donc je suis ». Powell et Donovan sont incrédules.

– Et une question, poursuivit Cutie imperturbable, s’est aussitôt présentée à mon esprit : quelle est la cause exacte de mon existence ?

La mâchoire de Powell s’affaissa. « Ne sois pas idiot. Je te l’ai déjà dit, c’est nous qui t’avons fabriqué.

– Et si tu ne veux pas nous croire, c’est avec le plus grand plaisir qu’on te réduira en pièces détachées ! »

Le robot écarta ses mains robustes en un geste de protestation. « Je n’accepte rien sur votre seule autorité. Une hypothèse est étayée par la raison ou n’a aucune valeur … et c’est aller à l’encontre de toute logique que de supposer que vous m’ayez fait. »

Powell posa la main sur le poing soudain noué de Donovan. « Et pourquoi donc ? » Cutie se mit à rire, d’un rire étrangement inhumain – le son le plus mécanique qu’il ait fait entendre jusqu’à présent, une succession de brèves plosives[1] qui s’égrenaient avec une régularité de métronome et la même absence de nuances.

« Regardez-vous, dit-il enfin. Je m’en voudrais de vous dénigrer, mais regardez-vous. Les matériaux mous et flasques qui vous constituent manquent de force, d’endurance, et ils dépendent pour leur énergie de l’oxydation inefficace de tissus organiques tel ceci. » Il pointa un doigt désapprobateur sur ce qui restait du sandwich de Donovan. « Vous tombez périodiquement dans le coma, et la moindre variation de température, de pression, d’humidité ou d’intensité de radiations diminue votre efficacité. Bref, vous n’êtes que des pis-aller.

« Moi par contre, je suis un produit fini. J’absorbe directement l’énergie électrique que j’utilise avec un rendement proche de cent pour cent. Je me compose de métal résistant, je jouis d’une conscience sans éclipses, et je supporte sans mal des conditions climatiques extrêmes. Tels sont les faits qui, avec le postulat évident qu’aucun être ne peut créer un autre être supérieur à lui-même, réduisent à néant votre stupide hypothèse. »

Isaac Asimov, Les robots, 1950, trad. P.Billon, P.P.Durastani, J’ai lu, 2002

Texte proposé dans le manuel HLP Tle, Hachette éducation

 

 

 

[1] Plosive : son que l’on émet quand on prononce des lettres comme « p » ou « b » (la boucher, fermée au début, projette ensuite un souffle)

HLP Vivre avec les robots : texte et recherches documentaires

 L’étude de Luisa Damanio et Paul Dumouchel porte sur les robots sociaux et sur la possibilité d’une interaction d’ordre affectif entre les humains et les robots.

Les robots, contrairement aux ouvriers, ne se fatiguent pas (ils tombent cependant en panne) ; ils ne se plaignent pas ; ils ne sont jamais distraits dans leur travail ; ils ne font pas la grève ; ils n’ont pas la gueule de bois le lundi matin. Ce sont là certaines des raisons pour lesquelles nous voulons des robots et avons recours à eux dans de nombreuses circonstances. Ce ne sont pas les seules. Les robots coûtent moins cher. Ils sont souvent plus efficaces et précis que les travailleurs humains. Ils n’ont ni retraite, ni assurance santé, ni droits légaux. Nous voulons que les robots aient toutes les qualités que les maîtres recherchent dans leurs esclaves, les patrons dans leurs employés, les commandants dans leurs soldats, et nous voulons qu’ils n’aient ni leurs faiblesses, ni leurs manques, ni surtout cette tendance irrépressible à l’insubordination, à l’indépendance, et à n’en faire qu’à leur tête qui caractérise les travailleurs humains.

C’est dire qu’il est plusieurs dimensions de l’autonomie humaine que nous ne voulons pas que les robots aient. Nous voulons à la fois que les robots soient autonomes et qu’ils ne le soient pas. Cette contradiction est au cœur de la fable de Karel Capek. Ses robots sont comme nous, capables de faire tout ce que nous pouvons faire, mais ils sont néanmoins différents. Ils ne connaissent ni l’amour, ni la peur. Ils sont sans émotions. L’un d’entre eux fabriqué spécialement, et en secret, pour qu’il soit un peu plus humain, deviendra un des chefs de la révolte. Lorsque les robots se révèlent être trop comme nous, ils déclarent la guerre à leurs maîtres. Nous voulons que les robots soient autonomes, mais nous ne voulons pas qu’ils soient entièrement autonomes et surtout nous voulons que leur manière d’être autonome soit différente de celle dont nous le sommes. Ce projet contradictoire est aussi ce qui explique la permanence du thème de la révolte des robots.

Luisa Damanio, Paul Dumouchel, Vivre avec les robots, Le seuil, 2016 Texte proposé dans le manuel HLP Tle, Hachette éducation

Réponds aux questions suivantes :

– quels avantages les robots présentent-ils pour les humains ?

– Quels écueils concernant les robots les humains veulent-ils éviter ?

– En quoi les attentes et les craintes des humains se contredisent-elles ?

 

Lis l’article en suivant le lien suivant : https://www.lexpress.fr/culture/livre/robots-tueurs-ces-oeuvres-de-science-fiction-que-les-militaires-devraient-lire_1703063.html

 

Renseigne-toi sur les œuvres littéraires suivantes :

Ghost in the shell, Masamune Shirow

Le robot qui rêvait, Les cavernes d’acier, L’homme bicentenaire, Asimov

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Philip K. Dick

C.H.A.R.L.Ex, Danielle Martinigol

Les limites de l’humain

Un humain c’est un être vivant qui fait partie de l’espèce humaine. Tous les humains ont les mêmes gènes, ce qui amène des caractéristiques morphologiques Il se différencie des autres espèces par son mode de déplacement bipède, son langage articulé, ses mains préhensiles et son intelligence développée.

(Pour compléter, regardez la Vidéo de Dirty biology : Sommes-nous humains ? Plus précisément, nous nous nommons humains.)

 

L’homme augmenté, c’est un homme qui par la technologie et les nouvelles découvertes scientifiques, va avoir des capacités qui dépassent l’humain ordinaire. Par exemple, un homme voit ce que les autres ne peuvent voir grâce à un implant.

(Pour compléter, écoutez l’émission de RFI sur l’homme augmenté :

https://www.rfi.fr/fr/emission/20110614-1-est-homme-augmente )

Il faut distinguer l’homme réparé de l’homme augmenté. Des lunettes, lentilles, implants … réparent s’ils permettent de corriger la vue. S’ils améliorent la vue, comme pour remplacer des jumelles, alors ils augmentent. On parle d’homme « augmenté » quand on permet à celui-ci d’avoir des capacités supérieures à un homme normal.

 

L’eugénisme, c’est une théorie cherchant à opérer une sélection sur les collectivités humaines à partir des lois de la génétique.

 

  (Pour compléter, regardez un extrait de Bienvenue à Gattaca :

Les transhumanistes jugent nécessaire d’améliorer la condition humaine grâce aux progrès de la science et de la technologie, et réaffirment leurs quatre principaux objectifs (améliorer l’être humain grâce aux nouvelles technologies ; soutenir les recherches dans la lutte contre les maladies, sur la réparation du corps humain, sur l’amélioration des capacités physiques et mentales ; lutter contre le vieillissement considéré comme une maladie ; améliorer l’espèce humaine en prenant le contrôle aussi vite que possible de l’évolution de la vie).

(Pour compléter, lisez le cours de Jean-François Mattéi sur l’homme augmenté : https://academiesciencesmoralesetpolitiques.fr/2020/11/16/jean-francois-mattei-lhomme-augmente/ et feuilletez au CDI le livre de F Pinaud et E Perrotin Qui sont ? les Transhumanistes aux éditions du Ricochet)

Vous pouvez aussi lire une autre page du blog sur les limites de l’humain et les transhumanistes :

https://lewebpedagogique.com/lacledeslivres/2021/03/11/hlp-lhumain-et-ses-limites/

HLP Histoire et violence 3 : un sujet d’essai

La littérature doit-elle traiter de tous les sujets, y compris les plus révoltants ?

(Texte et question proposés dans le manuel HLP Tle de Nathan. La correction ci-dessous n’engage que moi)

A partir de l’extrait du livre de Boubacar Boris Diop (disponible ici en PDF), où il donne la parole aux bourreaux.

(rappel les fonctions de la littérature : – militante, engagée – lyrique expression de sentiments personnels – esthétique – didactique éduquer, instruire, dimension sociale – ludique, évasion, échappatoire au réel – thérapeutique libération par l’écriture)

 

Si on veut répondre : Non, elle ne doit pas traiter de tous les sujets

– évoquer des choses ou des actes horribles, c’est faire perdre à la littérature sa fonction première, esthétique, avec la recherche du beau. Cf les Parnassiens (remarque : argument facilement rejetable Baudelaire a créé du beau à partir du mal « la vampire », Rimbaud crée une œuvre d’art littéraire en décrivant une Vénus horrible « Vénus anadyomène »)

– La littérature influence son lecteur, elle peut exercer une mauvaise influence, en l’engageant dans des idéologies répréhensibles Ex Mein Kempf de Hitler ou texte de Diop

(argument démontable : peut-on considérer le livre d’Hitler comme de la littérature ? livre de Diop mauvais exemple car récits pluriels avec aussi ceux de victimes et pas seulement des bourreaux ; enfin cela suppose un lecteur sans esprit critique)

Si on veut répondre : Oui elle doit traiter de tous les sujets

– Dimension didactique

témoignage d’un bourreau > révoltant pour lecteur, qui ne peut se reconnaitre dans ce personnage

Car il ne suffit pas de compatir, pense BB Diop, il faut connaître, à défaut de comprendre, les enjeux d’une catastrophe ”aux dimensions cosmiques”.

Dire l’indicible pour empêcher l’oubli et faire connaitre l’horreur : Remarque, Primo Levi…

– Dimension militante : faire reconnaitre le génocide pas forcément reconnu à l’époque (François Mitterrand)

– liberté d’expression

On peut nuancer le oui :

Ce type de lecture à ne pas mettre entre toutes les mains ? lecteurs trop jeunes ? > de l’intérêt d’éduquer à l’esprit critique

Nécessité d’expliquer ses intentions ? Nécessité d’accompagner la lecture, préface + rencontre pour expliquer sa démarche Cf. le Tchadien Koulsy Lamko, resté quatre ans au Rwanda après son propre livre, et ami de Diop : « Oui, on peut écrire un roman sur le génocide des Tutsis, à condition de ne pas s’en tenir à cela. »

Le problème ne serait pas sur les sujets que la littérature traite, mais sur ce que le lecteur fait de ses lectures.

HLP Histoire et violence 2 : question d’interprétation sur un texte de Grossmann

Interprétation : Comment Grossman procède-t-il pour donner de l’authenticité à ce récit de l’extermination des juifs ?

1 Une lettre

– La narratrice raconte à la première personne « je me suis soumise » l2 et s’adresse directement à son fils ou sa fille avec le tutoiement « figure-toi » l21

– la forme d’une lettre, même si elle est fictive (puisque c’est un roman), rend plus vraisemblable le discours.

– le lecteur s’identifie plus facilement par l’emploi du « je », se sent davantage touché par le récit.

– A cela s’ajoute l’écriture au présent de l’indicatif : les événements semblent exister au moment où le lecteur les lit, et se dérouler sous ses propres yeux.

2 un récit de l’intérieur

– La narratrice, juive, vit dans un ghetto et y décrit ce qu’est sa vie Cf. la fin du texte « je continue à soigner » l22 et « je donne des leçons » l25

– Son récit devient un témoignage CF. dernier § « des Allemands font irruption et se livrent au pillage, des sentinelles tirent sur des enfants »

– écrire une lettre lui donne l’occasion de prendre du recul Cf. « et quand j’ai réfléchi à tout cela » l17/18 ; et surtout d’observer la situation : tous ont conscience d’être en sursis Voir 1ère phrase avec comparatif hypothétique exprimant un fait non réalisé « comme s’ils avaient de longues années devant eux » puis la double comparaison l19/20 « comme des aurochs dans une réserve naturelle, mais comme du bétail à l’abattoir » et la dernière expression, qui reprend celle de la ligne 21 en plus dramatique puisqu’il est désormais question de jours et non plus de semaines. La narratrice est en danger de mort imminent.

3 Il multiplie les témoignages

– 1er § > deux femmes et son ami ont le même récit > infos croisées, ce qui rend plus vrai + 2° §  l13 à 16 : récit d’une jeune polonaise vérifiable par les « tertres juifs » qui surgissent autour des villes

– répétition du verbe « raconter » l3 et 14 suivi de discours indirect libre dans le 1er § et de discours indirect dans le 2° > rejoint l’idée finale de l28 « des témoignages toujours plus nombreux » > d’autant plus crédibles

4 Une description précise du système exterminatoire

– des termes précis de lieu ou de personnes : « Allemands, politsaï, guettos, Varsovie, Lodz, Radom »

– une succession d’actions « arrivent, réquisitionnent, mènent, fusillent » dont les Allemands sont sujets tandis que les Juifs en sont les victimes en tant qu’objet des verbes « les fusillent tous jusqu’au dernier »

– insistance sur l’aspect systématique avec l’emploi de pluriel « les enfants et les vieillards » l5, « les meurtres des Juifs » l14 et l’emploi répétitif de « tous », déterminant « toute la pop juive, tous les Juifs » ou pronom « tous jusqu’au dernier »

HLP Histoire et violence 1 Corrigé de l’interprétation du texte d’Hemingway

Question d’interprétation littéraire :

En quoi ce texte rend-il compte du dilemme auquel tout soldat est confronté ?

Dilemme = choix difficile ; Pour le soldat, se pose le problème de tuer ou non.

Dans ce texte, le personnage hésite entre cesser de tuer, parce qu’on n’en a pas le droit, et continuer à tuer, parce que cela permet de défendre une cause juste (la liberté du peuple contre la tyrannie franquiste).

 

Ce dilemme apparait à travers la structure même du texte, constitué des nombreuses interrogations intérieures que se pose le personnage Robert Jordan. Les nombreuses phrases interrogatives (treize en vingt lignes), à la forme directe, soulignent l’état de doute du protagoniste. Les verbes introducteurs à la forme pronominale, comme « se demanda-t-il à lui-même » ligne 1, « se dit-il » répété aux lignes 7, 9 et 19, et « il se répondit » ligne 20 rappellent régulièrement au lecteur que ces questions correspondent aux réflexions intérieures du personnage. C’est un véritable discours intérieur auquel se livre Robert Jordan, que la magie de l’écriture donne à lire au lecteur.

 

C’est le jeu de questions – réponses qui permet de poser les termes du dilemme dès le premier paragraphe. On trouve à la fois l’idée que tuer est interdit, à travers le vocabulaire exprimant un jugement de valeur comme « tu as le droit de tuer » ligne 2 ou « c’est mal de tuer » ligne 5, et l’idée que tuer est une nécessité (« mais il faut bien ») pour défendre une cause. Ces deux idées sont bien présentées comme antithétiques, grâce aux réponses opposées « non » ligne 2 et « oui » aux lignes 5 et 6, ainsi qu’à la répétition de la conjonction « mais » qui martèle l’opposition aux lignes 2, 3 et 5. Le dilemme est donc clair : faut-il défendre une cause juste mais devoir tuer ? Ou faut-il ne pas tuer, mais laisser s’installer le fascisme ?

 

C’est l’opposition entre la nécessité et le droit qui rend compte du dilemme dans le deuxième paragraphe. Le personnage voit le fait de tuer comme une obligation « il faut tuer parce que c’est nécessaire » ligne 9. L’emploi d’un complément de cause montre bien que Robert Jordan cherche à expliquer ses actes criminels. Il les voit comme le seul moyen de défendre une cause qu’il croit juste. Mais il considère aussi que l’on n’a pas le droit de tuer, ce qui transparait dans les formules d’interdiction « on ne doit pas croire » ligne 8 et « il ne faut pas croire » ligne 10. L’alternance des phrases affirmatives et négatives souligne le dilemme du soldat : défendre « le droit [du peuple] de se gouverner à son gré » ligne 8 donne-t-il « le droit de tuer » ligne 9 ?

 

Ce dilemme prend toute sa dimension avec la focalisation de Robert Jordan sur une question particulière : combien de personnes a-t-il tuées ? Si la question apparait dès la première ligne « combien en as-tu tués ? », c’est dans le troisième paragraphe que cette question devient obsessionnelle, répétée aux lignes 11, 12 et 15. C’est une question dérangeante car elle met le soldat face à ses actes, ce qui explique ses premières réponses : « je ne sais pas » ligne 1 et « je ne tiens pas à m’en souvenir » ligne 11. Le lecteur perçoit clairement les incohérences des réponses que le personnage se fait à lui-même. A la question « tu le sais [combien tu en as tués] ? ligne 12, il répond « oui », ce qui exprime une certitude, mais cela s’oppose à la réponse suivante, incertaine : « on ne peut pas être sûr du nombre ». Ces réponses contradictoires, associées au champ lexical du meurtre (neuf occurrences du verbe « tuer » en vingt lignes, ainsi que l’emploi du terme fort « abattre » ligne 16 et de l’euphémisme « retirer la vie à un autre » ligne 25), souligne le dilemme du soldat, à travers cette question qui le tourmente du nombre de personnes qu’il a tuées.

 

De la même manière, l’insistance sur l’importance du nombre de victimes lors de l’attaque d’un train, avec la répétition de l’adverbe « beaucoup » ligne 13 (« en faisant sauter un train, on en tue beaucoup. Vraiment beaucoup. ») fait que l’on s’étonne du chiffre annoncé ensuite « plus de vingt » ligne 14. Si ce chiffre est déjà conséquent, il semble faible par rapport à ce à quoi l’on pouvait s’attendre. On peut alors se demander si une part de lui-même ne cherche pas à se mentir, ce qui est confirmé dans le paragraphe suivant, qui se termine sur cette injonction « tâche de bien piger et ne te mens pas à toi-même. » Cette insistance sur le nombre de victimes souligne la question du droit de tuer.

 

Et Robert Jordan finit par ne plus vouloir se poser la question, question qui pourtant le poursuit. C’est l’idée que l’on retrouve dans le dernier paragraphe, où deux faces du personnage se confrontent. Alors qu’une part de lui-même souhaite agir sans se poser de questions, l’autre part veut être sûre de son droit. Cette confrontation apparait avec la répétition de l’impératif « écoute » aux lignes 19 et 20, employé tour à tour par une part de sa conscience. Une partie de lui-même essaie de taire ses doutes « tu ferais mieux de ne pas penser à ça ». Mais l’autre partie l’oblige à y faire face, « écoute-moi, toi ! » ligne 20. Tout le dernier paragraphe est une incitation à la réflexion, avec l’emploi du tutoiement dans des phrases affirmatives et négatives qui deviennent ainsi des ordres et des interdictions : « Tu es en train de faire quelque chose d’important » ligne 21, « tu n’as pas le droit de faire les choses que tu fais » ligne 23. Il pose dans une même phrase la condition « si ce n’est pas clair dans ton esprit » ligne 23, la cause « puisque toutes sont criminelles » ligne 24, et la concession ligne 25 « à moins que ce ne soit pour empêcher que quelque chose de pire n’arrive à d’autres gens », s’obligeant ainsi à réfléchir à ses actes en pesant toutes les circonstances du problème.

 

Ce texte rend donc bien compte du dilemme auquel est confronté tout soldat en plaçant le lecteur au cœur du discours intérieur d’un personnage engagé dans un combat. Le jeu de questions-réponses et les contradictions qui traversent le protagoniste mettent en valeur l’écartèlement de celui-ci entre le désir de défendre une cause qui lui semble juste et la douleur de faire une action criminelle en tuant des gens, pour certains innocents.

HLP Histoire et violence 1 : interprétation littéraire, texte d’Hemingway

Question d’interprétation littéraire : En quoi ce texte rend-il compte du dilemme auquel tout soldat est confronté ?

Le récit décrit la guerre d’Espagne. Robert Jordan, un Américain, s’est engagé dans l’armée républicaine afin d’aider le peuple espagnol à lutter contre le Franquisme. Il vient d’abattre un cavalier ennemi, sur lequel il a trouvé des papiers qui lui ont permis d’identifier la victime.

Combien en as-tu tués ? se demanda-t-il à lui-même. Je ne sais pas. Tu trouves que tu as le droit de tuer ? Non. Mais il faut bien. Combien de ceux que tu as tués étaient de vrais fascistes ? Très peu. Mais ce sont tous des ennemis, contre la force de qui nous dressons notre force. […] Tu ne sais pas que c’est mal de tuer ? Si. Mais tu le fais ? Oui. Et tu continues à croire absolument que ta cause est juste ? Oui.

Elle est juste, se dit-il, non pour se rassurer, mais avec orgueil. J’ai foi dans le peuple et je crois qu’il a le droit de se gouverner à son gré. Mais on ne doit pas croire au droit de tuer, se dit-il. Il faut tuer parce que c’est nécessaire, mais il ne faut pas croire que c’est un droit. Si on le croit, tout se corrompt.

Mais combien penses-tu en avoir tués ? Je ne tiens pas à m’en souvenir. Mais tu le sais ? Oui. Combien ? On ne peut pas être sûr du nombre. En faisant sauter un train, on en tue beaucoup. Vraiment beaucoup. Mais on ne peut p   as savoir exactement combien. Mais ceux que tu sais ? Plus de vingt. Et parmi ceux-ci combien de vrais fascistes ? Deux dont je suis sûr. Parce que j’ai été obligé de les abattre quand nous les avons faits prisonniers à Usera. Et ça ne t’a rien fait ? Non. Pas plaisir non plus ? J’ai décidé de ne jamais recommencer. J’ai évité de tuer ceux qui étaient désarmés.

Ecoute, se dit-il à lui-même. Tu ferais mieux de ne pas penser à ça. C’est très mauvais pour toi et pour ton travail. Puis il se répondit : Ecoute-moi, toi ! Tu es en train de faire quelque chose de très important, et il faut que je sois sûr que tu comprends. Il faut que je te fasse comprendre cela clairement. Parce que, si ce n’est pas clair dans ton esprit, tu n’as pas le droit de faire les choses que tu fais, puisque toutes sont criminelles, et qu’aucun homme n’a le droit de retirer la vie à un autre, à moins que ce ne soit pour empêcher que quelque chose de pire n’arrive à d’autres gens. Alors, tâche de bien piger et ne te mens pas à toi-même.

Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas (1940), Trad. D. van Moppès, Gallimard, 1967

Question d’interprétation littéraire : En quoi ce texte rend-il compte du dilemme auquel tout soldat est confronté ?

 

HLP le « moi » essai : Quel intérêt un lecteur peut-il trouver au récit de la vie d’une autre personne ?

Quel intérêt un lecteur peut-il trouver au récit de la vie d’une autre personne ?

Eléments de réponse proposés en classe

– Le lecteur s’identifie au personnage et vit une aventure par personne interposée (Exemples : BD sur la vie de Alexandra David Néel ou Deux ans de vacances de Jules Verne

– Cela permet de surmonter certains obstacles de sa propre vie, en découvrant comment le personnage a fait face

– cela aide à comprendre le monde (Exemples : Ulysse from Bagdad de E.E.Schmitt sur la vie d’un migrant ou La Guerre des tranchées de Tardi)

– Cela répond à la curiosité intellectuelle du lecteur qui veut en savoir plus sur une personnalité (Mémoires de De Gaulle, Confessions de Rousseau…)

– Cela répond à la sensibilité ou aux sentiments du lecteur (Proust ou Chateaubriand et l’âme romantique)

– c’est une source d’évasion, une vie totalement différente de celle du lecteur, soit dans l’espace, soit dans le temps, soit socialement…

– on peut distinguer les récits fictifs (romans, nouvelles) des récits réels (autobiographies ou biographies)

 

HLP : le « moi » recherches sur l’autobiographie

Recherches documentaires :

– définir l’autobiographie, et nommer différents types d’écrits autobiographiques

– qu’appelle-t-on le pacte autobiographique ?

– quels obstacles ce pacte peut-il rencontrer ?

– cherchez quelques informations sur Rousseau, Sartre, Sarraute en lien avec la notion d’autobiographie

Un petit plus rapide pour les anciens 1G2 :

Rappelez-vous le thème « soi-même comme un autre ». Quelles idées et œuvres évoquées sur ce sujet sont réutilisables dans la séquence sur les métamorphoses du moi ? On présentera vos découvertes aux anciens 1G1.

Recherche d’idées et d’exemples sur un sujet d’essai :

Voici un sujet d’essai sur les métamorphoses du moi : Quel intérêt un lecteur peut-il trouver au récit de la vie d’une autre personne ?

buy windows 11 pro test ediyorum