Les nouvelles aventures de maître Renart (suite)

Voici une autre « ruse de Renart », rédigée par l’un de mes élèves de cinquième. Cette fois, l’action se passe dans une usine de steaks hachés :

Un chômeur glouton

Un matin d’hiver, alors que Renart avait très faim, comme tous les matins, il décida de se mettre  à chercher de quoi se remplir l’estomac. Il réfléchissait à une ruse quand il eut une idée lumineuse. Il avait entendu parler d’une recherche d’emploi dans une usine de steaks hachés, pour les mettre dans des boîtes. Tout de suite, il s’installa sur son ordinateur et répondit à la demande.

Le lendemain, déjà, il avait reçu un mail du directeur de l’usine disant qu’il était embauché. Renart sauta de joie un moment puis il prit son manteau, enfourcha son vélo et se mit en route à folle allure vers l’usine où il fut accueilli à bras ouverts par le directeur qui lui montra son poste. Aussitôt, Renart se mit au travail et dès que le directeur fut parti, il commença à remplir les poches de sa veste de steaks hachés surgelés. 

Quand il rentra le soir chez lui, il en fit cuire deux, un pour lui et un autre pour sa femme, puis il écrivit un mail au directeur pour dire que son usine était nulle et qu’il démissionnait. En effet, il avait assez de viande pour un mois !

(Guillaume D.)

Les nouvelles aventures de maître Renart

Mes élèves de cinquième étudient le Roman de Renart. Je leur ai demandé d’inventer « une nouvelle ruse de Renart », en la situant dans notre époque, ce qu’a fait Wes Anderson, en 2009, dans un film d’animation qui est l’adaptation du roman écrit par Roald Dahl en 1970, Fantastique maître Renard. Nous avons vu le film au cinéma avant les vacances de février. Il a certainement inspiré l »auteur de ce récit car Wes Anderson a fait construire un supermarché miniature pour les besoins de son tournage ! Mais le plus important reste la ruse employée par le roi de la fourberie, Maître Renart en personne…

Maître Renart

Maître Renart avait faim, très faim. Il n’avait pas mangé depuis deux jours. Il devait absolument trouver un moyen [de] se procurer de la nourriture.Il se posa la question : « Où y aurait-il un endroit peu surveillé et où il y aurait beaucoup de nourriture ? » Il réfléchit et choisit un supermarché. Puis il se reposa la question de savoir comment il allait s’y prendre.

Au bout de quelques minutes, il se leva et partit chez son cousin Ysengrin le loup. Il lui dit : « Tu vois, cousin, nous avons faim, et puis tu as du mal à nourrir ta famille. » Maître Renart lui raconta son plan et ils parlèrent durant vingt minutes. Ils se donnèrent rendez-vous devant le supermarché « Leclar », car ils savaient que le surveillant était incompétent et dormait tout le temps. Ils se placèrent dans un rayon n’ayant point de personnes et Ysengrin cria : « Les mains en l’air. »Maître Renard répondit en se lamentant : « Non, ne tirez pas, j’ai une famille ! »

La foule, prise de panique, sortit du supermarché en courant et en criant. Alors les deux cousins remplirent leur chariot, heureux de leur exploit, et sortirent par la porte de derrière pour ne pas être vus. Ils se quittèrent et rentrèrent chez eux. Maître Renart mangea à sa fin et nourrit sa famille pendant plusieurs mois.

(Axel K.)

Ecrire « renart » avec un « t » n’est pas une faute de frappe ou d’orthographe, mais une référence. Cette graphie est celle utilisée au Moyen-âge, à l’époque où « Renart » était un prénom. Les renards, à cette époque, s’appelaient les « goupils », mais les aventures de maître Renart connurent un tel succès que le mot « renart » devient un nom commun qui remplaça « goupil » et fut orthographié, un peu plus tard, avec un « d »…

Au temps des chevaliers

Un petit retour en arrière ! Avec la classe de cinquième, nous avons commencé l’année par une unité sur les chevaliers. J’avais demandé à mes élèves de présenter un chevalier en insistant sur ses qualités physiques et morales et en insérant des comparaisons dans la description. L’une de mes élèves a rédigé ce petit texte en vers, sur le modèle des romans de chevalerie du Moyen-âge, qui étaient rédigés en octosyllabes à rimes plates, le plus souvent :

A l’orée de la forêt, rentrant de la chasse

Le chevalier Valentant de Carelegant

Descend majestueusement et avec grâce

De son magnifique et vaillant destrier blanc.

Il est vêtu d’une armure resplendissante,

Il est rusé, audacieux et persévérant, 

Tel un renard tapi parmi les chênes lièges, 

Près à combattre pour la dame de Pépin. 

Après de nombreux exploits, il tient même un siège,

Il sauve sa dame et suit un autre destin. 

(Ambre A.)

Pour introduire cet exercice, j’avais donné deux textes aux élèves : le premier en Ancien français et l’autre en français moderne.

Un jor de Pasque, au tens novel ,

A Caradigant son chastel

Ot li rois Artus cort tenue.

Onc si riche ne fut veüe,

Car mout i ot boens chevaliers,

Hardiz et corageus et fiers,

Et riches dames et puceles,

Filles de rois, gentes et beles.

(Chrétien de Troyes, Erec et Enide.)

Tens = saison ; ot tenue = eut tenu ; li = le ; cort = court ; onc = jamais ; mout = beaucoup; i ot = il y eut ; boens = valeureux ; puceles = demoiselles ; gentes = gracieuses.

Il faisait partie de la Table Ronde

et jouissait d’une très grande faveur à la cour.

Depuis qu’il y séjournait,

il n’y eut chevalier plus aimé

et il était d’une beauté en nulle terre

on ne pouvait espérer trouver plus beau que lui.

Plein de beauté, de prouesse et de noblesse,

 Il n’avait pourtant pas vingt-cinq ans. 

Jamais homme de son âge

Ne fut de plus grande bravoure.

Que dirais-je de ses qualités ?

Il était monté sur un destrier

Et vêtu d’un manteau d’hermine ;

Il suit au galop le chemin,

Portant une cotte en brocart somptueux, tissé à Constantinople,

Des chausses en tissu de soie,

Parfaitement confectionnées et taillées.

Il était campé sur ses étriers

Et avait mis une paire d’éperons en or.

(Chrétien de Troyes, Erec et Enide.)

Un peu plus tard dans l’unité, j’ai donné un sujet d’écriture plus complexe :

« Rédigez un récit d’une quinzaine de lignes au présent dans lequel vous raconterez le combat de votre chevalier avec une créature imaginaire comme une licorne, un dragon, un serpent… Insistez sur la vaillance du chevalier. »

La même élève a mis en scène, de nouveau, le chevalier de Calogrenant !

Le chevalier Valentant de Calogrenant se promène avec son cheval dans la forêt de Brocéliande en quête de nouvelles aventures car les paysans de la Seigneurie voisine lui ont fait remarquer qu’une créature vile crachant du feu piétine et brûle les champs et les potagers, depuis peu de temps.

« La Grande-Bretagne est pleine d’aventures fantastiques », se dit le chevalier, avec enthousiasme. Tout à coup, il entend un bruit sourd résonant dans la belle forêt. Résultat, les oiseaux s’envolent, les biches courent à l’abri, les lapins rentrent dans leurs terriers et les poissons [vont] à la recherche d’un refuge dans les profondeurs du lac. La forêt grouille de peur comme une belette face à un ours.

Le chevalier Valentant de Calogrenant se dresse sur son cheval. Il accourt vers une grotte car c’est de là que vient le bruit. Quand il y arrive, il voit un spectacle extraordinaire : un dragon d’or se bat contre un dragon noir, plein de malignité. Le chevalier Valentant de Calogrenant ne s’attarde pas point à se faire supplier pour venir en aide au dragon d’or plein de noblesse.

Le combat prend place : le chevalier plein de vaillance s’interpose entre les deux dragons; il se protège des flammes avec son bouclier qui fait partie de ses armes vermeilles; il esquive les coups de pieds que le dragon noir lui donne; il tranche sa queue et met en pièces sa tête. Le chevalier, victorieux, se fait désormais appeler le chevalier au dragon d’or.