Une double vie.

 

Reprise d’un des texte de Yves Pages dans son recueil « Portraits crachés »

 « Miraculée chronique, Charlotte […] »


Miraculée sans prendre aucun risque,
Trévor s’est noyé à trois reprises dans la même journée,
est tombé de l’empire state building huit fois en
huit mois. Mort dix-sept fois sur la route, brûlé
dans ses jets privés, s’est fait arrêté cinq fois
par la police. Déjà plus de soixante résurrections
aujourd’hui, et autant de paquets de chips et
autre gourmandise ouvert.

Simple héro de jeux vidéo, Trévor est
le pantin de Max 19 ans, seul face à sa console
qui elle au moins ne le juge pas. Plus tard on
apprendra que max n’était même pas recensé.

Florian DESCUNS

 

Une liberté sellée

Pistache, Carambar, Stitch ou encore Mikado, (appelez le comme vous le souhaitez) est un pur-sang arabe âgé de 14 ans. En plus de porter de vulgaires prénoms de friandises ou de héros de dessins-animés, Haribo a travaillé gratuitement dès son plus jeune âge de poulain dans une écurie nommée “L’écurie à tout fer“, on voit déjà, de par son nom, sa médiocrité. Cacahuète devait être monté par des dizaines de dizaines de mômes qui vous tuent avec leurs énormes coups de talon sur vos reins, il devait aussi trotter gentiment et péniblement plus de 5 km comme si il était un véhicule au réservoir intarissable ne ressentant pas la fatigue. Le soir, ils déchargeaient le pauvre Asterix de ses 15 kg hors-cavalier et le conduisaient dans sa “ chambre “ tapissé de foin. Ses voisins de cellule Diabolo et Calipso avaient tout de même de meilleurs prénoms que lui. Ici bas, Granola vivait un véritable enfer, une routine insupportable au pain dur et eau, les jours se ressemblaient, l’affreuse vision de ces enfants qui courent vers vous pour vous caresser sans aucune raison valable. Approchant la retraite, c’est à l’âge de 14 ans que Granola s’est vu en liberté, articulations usées, genoux à changer, crinière en mauvais état et sabot à restaurer.
Amine Moussaïf

 

 

Inspiré de Barouf la bête de sexe, Portraits crachés

Simon, ancien poilu

Simon , ancien « poilu » adepte de l’artillerie lourde a longtemps sillonné la forêt ardennaise accompagné d’amis rescapés comme lui du « Chemin des Dames » , de chiens courants et de fusils à chiens . Depuis ses 90 ans , il ouvre les portes bénévolement au musée d’Histoire Naturelle de Sedan , distribuant sous le manteau sa recette secrète,  un plat de gibier , qu’il tient de sa grand-mère défunte et les adresses des meilleurs taxidermistes de la région à de jeunes écologistes végétariens médusés . Et ainsi se perpétue la tradition des amoureux des animaux à l’ancienne .
en imitant Portraits Crachés
Charlène Estaffin

Gégé est licencié

Gérard,alias Gégé immigré argentin,ancien nouveau chômeur non sportif s’inscrit à Pôle Emploi pour se faire un salaire.Le club de l’Olympique de Marseille ,  intéressé par la langue argentine pour traduire ce que dit l’entraîneur du club, propose à Gégé un travail d’ interprète occasionnel. Travesti d’un équipement moulant bleu et blanc, il est sur le bord du terrain et s’efforce de traduire les ordres de l’entraîneur. Mais Gégé ne connait pas le sport et ne se rend pas compte qu’il doit traduire « Gianelli, donne le ballon » ou « Reviens vers l’arrière » ou « Dimitri tire la pénalité » ou » attention à la surface de réparation et au hors-jeu ». Faute de connaissance, il est licencié. Puis recalé dans une agence de tourisme. Il ne touchera pas les 12 000 euros escomptés!

Paul At

Avocate déchue

Annabelle soit-disant future avocate dans le 15ème arrondissement de Paris, habitant au dernier étage dans un appartement ridiculement vide comme si elle venait de l’acheter, est en collocation avec un futur apprenti chômeur. En effet, le père d’Annabelle, alcoolique, chômeur et flemmard de base et sa mère absente à l’appel, ne lui ont pas laissé le choix, ils ne lui ont apporté  aucune aide dans son insertion dans la vie active. Pourtant on pourrait croire que maintenant que ses études sont finies, elle va pouvoir trouver un travail glorifiant comme avocate ou juge, mais elle se retrouve caissière de super marché dans un quartier paumé en banlieue. Après avoir obtenu son bac+7, et fait des études une des écoles les plus prestigieuses de Paris, elle finit par se trouver beaucoup de points communs avec son père puisque, à la fin de son service, un jour on l’a retrouvée dans l’arrière de la boutique en train de vider plusieurs bouteilles,  assise parterre comme son père le faisait sur leur canapé. Elle tombe peu à peu dans une dépression, se coupe du reste du monde. Plus d’espoir de devenir, avocate, juge. Elle tombe dans une routine, construite de bouteilles, de Malboros aux bouts fumants et de journées sur son canapé dont elle ne sortira jamais. 

inspiré de Portraits Crachés
Emma Robert

 

Rayer ce qui n’ose pas être dit

J’ai voulu écrire à la manière de » lettres de rupture » d’Yves Pagès, qui, barre et reformule ce qu’il veut dire. Les mots barrés sont comme les pensées d’Yves Pagès, les pensées qui ne conviennent pas d’être écrites mais Yves Pages les écrit quand même, c’est, d’après moi, une façon ironique de faire une satire de la façon dont les gens sont polis entre eux alors qu’ils ne le désirent pas forcèment. Une satire de l’hypocrisie.

Je vous écris ce brouillon message pour vous raconter expliquer les raisons de mon exil départ hâté anticipé. Tout d’abord, je ne me sentais pas à l’aise dans cet prison de la parole établissement. Le travail contraint au à l’interdiction de dénoncer secret professionnel n’est pas pour moi, j’ai la conscience trop lourde en quittant le supplice travail. Vos abus pratiques ne me conviennent en aucun cas, je  déteste n’aime pas savoir ce que je sais, je ne peux plus continuer à travailler sous ce secret. Je démissionne.

En espérant que vous comprendrez, je m’assure de votre réponse par accusé dès réception. -Yves Pagès

Amel Mesbah