Mozart était-il myope ?

Mozart était-il myope ?

J’enlève
mes lunettes
je monte
le volume
du concerto
numéro 9
la lumière
est debout
les ombres
sont des gouttes
les oiseaux
des éclats
les angles
n’ont plus
de contour
le monde
change
de sourire
je ne suis plus
qu’une mouche
fragile
et invincible
qui se baigne
dans de l’or

extrait de Juste après la pluie

Un petit lambeau

Un petit lambeau

Il arrive au fil du temps
et des événements
qui nous submergent
que certains de nos actes
fassent de nous un peu moins
que ce que nous étions
c’est comme arracher soi-même
un petit lambeau de son cœur
Il arrive au fil du temps
qu’on nous pardonne
qu’on se pardonne
qu’on vive avec
qu’on vive sans
mais jamais
que la chair
ne revienne

extrait de Juste après la pluie

Complices

 

Complices 

nous sommes les complices
d’une grande et belle évasion
il y a celui qui aime
celui qui lit
celui qui écrit
celui qui rêve
celui qui refuse
celui qui plante
celui qui marche
celui qui joue
celui qui nie
celui qui apprend
celui qui doute
celui qui se moque
celui qui se saoûle
celui qui dit non
nous sommes tous les complices
d’une grande et belle évasion
nous creusons des tunnels
nous tressons des cordages
nous prenons des notes
nous rusons nous savons
que les détours sont nécessaires
qu’il faut esquiver l’ordre des choses
demain
dedans

extrait de Juste après la pluie

Mais la plus grande violence de ce métier …

Chère Maylis de Kerangal,

     Je vous écris afin de vous parler de trois de vos livres : Corniche Kennedy, Réparer les vivants et Un chemin de table. J’apprécie vraiment votre façon d’écrire car je trouve que ça change des autres auteurs et de plus je trouve que votre façon d’écrire permet à nous, lecteurs, d’être instantanément dans l’histoire de vos romans. Pour ma part, vous êtes l’auteur que je préfère car étant adolescente, je me sens concernée et je me retrouve quelquefois dans vos personnages.

    Tout d’abord, j’aimerai vous parler de Réparer les vivants, c’est un roman que j’ai lu deux fois et chacune des deux fois j’ai apprécié le livre. Ce roman est mon favori car vous parlez de trois jeunes hommes qui ont pour passion le surf, on peut observer le lien très fort qu’il y a entre Simon, Christophe et Johan et la mer, on pourrait croire qu’il y a une force qui les attire vers cette grande étendue d’eau, le besoin de liberté, le besoin du large, l’adrénaline. De plus ce que j’ai aimé dans ce roman c’est le trajet du cœur ainsi que sa transplantation car j’ai pu remarquer dans votre roman que tout est mis en place pour cette transplantation, des grands moyens pour sauver la vie de Claire, j’ai trouvé ça beau car c’est des choses comme ceci qui nous font croire encore à l’être humain. J’ai trouvé que ce roman n’avait pas de points négatifs, tout était en cohésion pour que quand on le lise, on puisse avoir des émotions.

    De plus, j’aimerais vous faire part de mes impressions par rapport à votre livre qui est Un chemin de table. J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman car il parle des jeunes ( un jeune cuisinier) qui est plein d’ambitions mais j’ai par dessus tout préféré le fait que cette oeuvre parle de la cuisine, elle a une place majeure dans ce livre et contrairement à d’autres auteurs qui eux, ne parlent pas ou peu de cuisine, vous vous l’avez fait et je vous en suis très reconnaissante. Dans ce livre, la cuisine nous fait voyager avec différents plats. Pour moi le titre Un chemin de table s’inspire du parcours culinaire de Mauro, cela montre la montée en grade du jeune homme de 24 ans. Dans votre roman, j’ai relevé une phrase qui m’a beaucoup fait réfléchir : « mais la plus grande violence de ce métier, tu sais, la plus grande violence, je trouve, c’est que la cuisine exige qu’on lui sacrifie tout,  qu’on lui donne sa vie. « . En lisant cette phrase, j’ étais partagée car d’une partelle dénonce la dure réalité de ce qu’est la cuisine car de nos jours nous voyons que le bon côté de l’art culinaire alors qu’en réalité il y a les contraintes des horaires, la fatigue … et partagée du fait que quand on a une passion, on se moque du fait que cela empiète sur notre vie. Je dois vous dire que j’ai été déçue de la fin de ce roman, cela se termine trop vite, et c’est perturbant.

    Pour finir je souhaiterais vous parler de Corniche Kennedy. Ce roman m’a plu car il est question une fois de plus des jeunes. De plus j’ai aimé par dessus tout que vous parliez du Sud, de Marseille, Toulon, je me suis sentie en quelque sorte chez moi ! J’ai trouvé audacieux que vous parliez de la jeunesse  des quartiers Nord de Marseille, le fait de les mettre en valeur peut nous donner une meilleure image des quartiers défavorisés alors que la société actuelle nous montre le mauvais côté de ces quartiers. La bande de la Plate est attachante, on a l’impression de faire partie du groupe, j’ai  eu envie de sauter de la Corniche Kennedy avec eux, j’ai ressenti leurs sentiments, leur liberté, leurs différences tellement j’ai été dans ce livre.

     Je voulais vous remercier de parler des jeunes dans vos romans car pas tous les livres en parlent. J’admire beaucoup votre façon d’écrire et vos ouvrages. Je lirai vos prochains livres avec plaisir. Merci d’avoir pris le temps de lire ma lettre.

Cordialement,

                    Marylise

L’amertume lui pique la gorge

Chère Maylis de Kerangal,

Vous avez votre style d’écriture personnel. Sans savoir le titre et l’auteur du livre, on peut comprendre que vous êtes l’écrivain du roman. En effet, vos phrases sont très longues, parfois trop longues. Il n’y a pas beaucoup de points et vous mettez des tirets. De plus, vous utilisez la description. Grâce à cela, nous pouvons nous imaginer les décors dans lequel le personnage se trouve, son physique mais aussi sa pensée.
Je me suis intéressée à l’écriture de Ligne de fuite d’abord destinée à la radio puis transformé en roman sous le nom de Tangente vers l’Est. Vous avez eu seulement une quinzaine de jours pour écrire, c’est un temps réduit.
D’ailleurs, je me suis demandée pourquoi avoir choisi ce titre, Ligne de fuite puis Tangente vers l’Est ?

 « l’amertume lui pique la gorge, l’amertume ou le mauvais tabac il ne sait plus, se sent piégé dans un ressac de terreur et de rage froide ».

Tiphaine.

La Plate

J’ai choisi cette photo car elle me fait penser au livre Corniche Kennedy de Maylis de Kerangal quand la bande de jeunes de la Plate va sauter de la Corniche Kennedy. Cette photo m’a inspiré le même besoin de liberté que les jeunes Marseillais, le large.

« leur corps est propulsé en avant de la corniche, à l’avant de la ville, à l’avant du bourbier qu’ils laissent dans leur dos, le bourbier de l’enfance et des secrets pourris, et dans la chute ils hurlent, ça dure une, deux secondes, pas plus ».