Histoire de design… histoires d’intérieurs

Le 13 décembre dernier, les élèves de 1ère et de terminale option facultative ont passé l’après-midi à la Cité du Design pour découvrir l’exposition temporaire « Histoires d’intérieurs »

Nous laissons la parole à Nawel, Maureen et Nina

Grille d’entrée de la MAS / Cité du Design

Ce mercredi 13 décembre 2023, les élèves d’option Histoire des Arts de première et terminale se sont rendus à la Cité du Design de Saint-Étienne dont la notoriété est incontestée chez les connaisseurs et qui, le temps des travaux qui ont contraint le MAMC+ de Saint-Étienne métropole à fermer pour quelques mois, accueille des expositions temporaires, notamment, « Histoires d’intérieurs » que nous avons eu le plaisir de découvrir avec Myette, notre médiatrice quasi-attitrée !

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet et afin de nous présenter le contexte, Myette a commencé par nous expliquer brièvement l’histoire du lieu sur lequel nous nous trouvions. Elle nous a incité à considérer le grand portail d’entrée qui date du XIXème siècle et qui a vu passer des milliers de travailleurs. Car, avant d’être un lieu d’exposition, de lecture, d’étude, la Cité était un site industriel dévolu aux armes. Car, chacun le sait, Saint-Étienne a longtemps vécu de la fabrication d’armes, que ce soit avec Manufrance ou avec la Manufacture Nationale d’Armes.

Dès le XIVème siècle, Saint-Etienne voit se développer la fabrique d’armes blanches en raison de la présence du Furan et des mines de charbon. « Armeville » (comme on l’appellera sous la Révolution) était née !

C’est en 1764 qu’est officiellement créée la « Manufacture Royale », qui tend à rassembler et à moderniser les ateliers jusqu’alors dispersés. La place Chavanelle est alors l’épicentre de la manufacture avant que le Second Empire ne crée, en 1864, la Manufacture impériale sur le site de la Cité actuelle.

C’est de cette époque que date la mécanisation de la fabrication de l’arme provocant des agrandissements successifs. Cette manufacture a vu sortir de ses « H » les fameux Lebel et les non moins fameux FAMASSE qui ont équipé les soldats français pendant longtemps.

C’est en 2001 que GIAT, l’entreprise qui exploitait alors le site, abandonna les derniers bâtiments utilisés. En 2005, un nouveau bâtiment fit son apparition à la demande du maire de la ville, Michel Thiollière. Certains anciens bâtiments furent démolis pour laisser place à un centre de Design. Les projets d’aménagement ne s’arrêtent pas là, puisqu’en 2025 la cité du Design aura l’honneur d’accueillir la Grande Galerie nationale du Design, qui présentera la plus grande collection de design de France. Ce projet suppose de transformer en profondeur le site et le quartier devrait s’en trouver métamorphosé.

L’exposition que Myette nous a fait visiter, orientée sur l’évolution de nos intérieurs, est intitulée « Histoires d’intérieurs » ; elle vise à nous présenter l’évolution du design au XXème siècle, au moment de l’émergence de la société industrielle marquée par ma consommation. Cette l’exposition a été scénographiée par le Muséophone, une entreprise spécialisée dans la scénographie d’exposition. Le choix a été fait d’évoquer une maison stylisée divisée en six espaces (la cuisine, le bureau, le salon avec la salle à manger, la salle de jeux, la chambre et la salle de bain) correspondant aux différentes pièces qu’on pourrait retrouver chez soi. Selon Myette, cette ossature en bois permet de mettre en exergue « la matérialité des objets » dans nos intérieurs.

Avant d’aller plus loin, revoyons la définition du mot design… Vous séchez ?! C’est simplement l’art et la manière de concevoir des objets, des espaces en tenant compte à la fois de l’esthétique, de la fonctionnalité et de l’ergonomie pour répondre aux besoins humains.

Lors de cette visite nous avons suivi un chemin nous faisant passer dans plusieurs pièces caractéristiques d’une maison occidentale de la seconde moitié du XXème siècle, à commenceer par la cuisine. Dans les années 1950 en France, la cuisine subit une rationalisation inspirée du taylorisme, elle devient alors un espace fonctionnel et élimine donc les meubles jugés superflus. Les publicités favorisent notamment la généralisation des équipements, mettant en avant le réfrigérateur comme symbole d’une société (américanisée !) prospère. Aujourd’hui, les cuisines contemporaines rétablissent la convivialité, privilégiant le stockage et des équipements adaptés, comme par exemple le tri des déchets. La cuisine équipée Système 20 de Bulthaup Design Intégré, basée sur les analyses d’Otl Aicher, propose des éléments modulaires pour répondre aux besoins individuels.

Le moindre recours au personnel de maison qui avait marqué le XIXème siècle, conduit les femmes à devenir des « ménagères », des femmes au foyer avant que leur intégration au monde du travail ne conduise à repenser la maison… et la cuisine en particulier ! En conséquence, de nouveaux objets ont vu le jour, tels que des appareils à tout faire comme le Robot-Charlotte inventé en 1960 par l’usine Moulinex en hommage au prénom de l’une des secrétaires de Jean Mantelet. Ce robot, conçu pour faciliter les tâches, remplacer l’effort ou encore réduire le temps passé dans la cuisine, a été mis en marché pour éviter d’acheter plusieurs robots faisant une seule tâche puisque dans cet outil, nous pouvons couper, mélanger, parfois cuire les ingrédients… Bref, « Moulinex libère la femme » comme le proclamaient les publicités de l’époque !

Tour d’observation de la Cité du Design

Comme dans toute maison, nous sommes passés dans le salon ou nous avons constaté la présence d’un canapé bien étrange. Dessiné par Pierre Charpin et fabriqué par Cinova, ce meuble de plusieurs couleurs peut être très pratique si nous recevons des invités. Il peut être modulé, désassemblé en fonction du nombre de personnes ou bien au contraire, nous pouvons ajouter à notre guise, le nombre de poufs pour ainsi construire notre propre canapé.

Nous avons vraiment apprécié cette visite car elle nous a permis d’éclairer notre regard sur des objets du quotidien, habituellement perçus sans forcément reconnaître leur aspect « design ». De ce fait, nous avons été confrontés à une forme d’art qui se distingue des œuvres artistiques conventionnelles telles que les peintures, les tableaux ou les sculptures. Ce qui est de plus captivant, c’est la capacité à répondre de manière ingénieuse et esthétique à nos besoins qui ne cessent d’évoluer. Nous nous sommes donc rendus compte de l’impact du design dans notre vie quotidienne de manière discrète mais significative.

De la scénographie d’exposition

Billet de blog rédigé par Alexia G, élève de terminale HIDA fac, à l’issue de la rencontre avec Pierre-Viencent Fortunier, scénographe, le 9 décembre dernier.

Le lundi 9 décembre 2019, nous avons eu la chance de rencontrer Monsieur Pierre-Vincent Fortunier. Ce muséographe/scénographe nous a été présenté dans le cadre de notre enseignement d’Histoire des Arts (HIDA pour les intimes!) dont l’une des missions est de nous faire découvrir les métiers des arts et de la culture.

Monsieur Fortunier s’est donc exprimé sur les enjeux de son métier de scénographe de manière tout à fait ouverte, s’aidant d’un support numérique afin de nous montrer des extraits filmés présentant l’exposition KATA qu’il a conçue pour le Musée de la Mine de Saint Etienne. Naturellement, il s’est aussi prêté au jeu des questions/réponses.

Affiche de l’exposition temporaire « KATA » au Musée de la Mine de Saint Etienne

Nous retenons ainsi que le métier de scénographe consiste en la conception et la réalisation d’expositions. Notre intervenant pratique la « muséographie interprétative » et la scénographie qui s’intègrent à des projets de « médiation culturelle ». Selon Monsieur Fortunier, l’objectif est « d’inventer une histoire », « d’en écrire les grandes lignes », et de réfléchir au meilleur moyen de la transmettre. L’objectif principal du scénographe est donc, pour résumer, de suivre le fil conducteur d’une thématique et de retranscrire celle-ci à travers une exposition construite avec cohérence en recourant à des dispositifs visuels et sonores.

Le travail du scénographe consiste donc, en amont, à s’emparer du sujet, à y réfléchir et à travailler sur la problématisation (eh! oui!) pour finalement arriver à une exposition qui interpellera le public, le questionnera et, si possible, le séduira. Pour ce faire, Monsieur Fortunier nous a confié qu’il aimait pratiquer la scénographie « immersive », c’est-à-dire une scénographie qui plonge le spectateur au cœur du sujet à travers une mise en scène et une approche directe des objets présentés dans l’exposition. C’est alors une « proposition spatiale totale ».

Vue de l’exposition KATA scénographiée par Pierre-Vinçent Fortunier

On peut souligner que la panoplie des thèmes d’expositions est TRES large ; elle comprend aussi bien des sujets artistiques que des sujets plus techniques, des sujets historiques que des sujets scientifiques… Bref, tout (ou presque!) peut faire l’objet d’une exposition! Le scénographe a ainsi le loisir et la chance de pouvoir faire de nombreuses découvertes car, avant de scénographier, il faut se documenter! Ce métier créatif est donc un métier intellectuellement stimulant qui nécessite un certain dynamisme.

Le scénographe doit cependant se plier à des règlementations : elles concernent aussi bien la sécurité (le public comme les oeuvres exposées ne doivent pas être mis en danger), que l’accessibilité (le public doit pouvoir circuler aisément). Afin de répondre aux exigences (au cahier des charges en somme), le scénographe doit faire appel à d’autres corps de métier, à savoir des graphistes, des spécialistes de l’audiovisuel, mais aussi des menuisiers, des électriciens et bien d’autres « hommes de l’art » encore.

Ceci explique que les projets sont parfois longs à réaliser, ils peuvent durer des mois.

Vue de l’exposition Kata scénographiée par Pierre-Vinçent Fortunier

Afin de donner corps à son propos, Monsieur Fortunier nous a fait découvrir son projet actuel, finalisé, qui se trouve au Musée de la Mine à Saint-Etienne : l’exposition KATA. Celle-ci se propose de traiter des catastrophes minières en présentant les effets mais aussi les causes multiples des explosions qui ont pu atteindre les mineurs sous diverses formes au cours de l’histoire : au fameux coup de grisou, il faut ajouter le coup de poussier, le feu de mine ou encore les inondations. Le scénographe a ici eu recours des dispositifs « classiques » : il a ainsi installé des panneaux et des vitrines qui permettent de saisir la réalité de ces catastrophes grâce à des frises chronologiques, des définitions, des explications techniques, des témoignages. Mais il a également eu recours à des supports vidéo qui facilitent l’immersion, notamment en permettant de vivre une catastrophe minière grâce à une reconstitution en 3D.  Cette exposition présente aussi l’écho de ces catastrophes minières dans les différents domaines artistiques : la littérature, la photographie, la vidéo, la peinture, etc. sont mobilisées pour évoquer ce sujet.Très clairement, Monsieur Fortunier a donc eu le souci de faire des choix pertinents afin de toucher son public.

Pour conclure, je peux dire qu’il était intéressant de découvrir ce métier en rencontrant directement un professionnel et en découvrant, par son intermédiaire, les enjeux de la scénographie. Il était également très pertinent d’évoquer l’exposition KATA qui permet d’aborder un cas concret, actuel et accessible (c’est à Saint-Etienne et c’est jusqu’au 25 mai!).

Vue de l’exposition KATA scénographiée par Pierre-Vinçent Fortunier

 

On va kiffer Kiefer!!

Billet de blog rédigé par Yasmine K, élève de Terminale HIDA spé à l’issue de la visite de l’exposition consacrée à Anselm Kiefer au Couvent de la Tourette.

Dans le cadre du programme d’Histoire des Arts de terminale L spé, nous sommes allés au couvent de la Tourette à Eveux près de Lyon afin de voir l’exposition d’Anselm Kiefer. Dans ce lieu marqué par la sacralité, l’oeuvre de Kiefer résonne tout particulièrement.

Affiche de l’exposition « Anselm Kiefer à la Tourette », organisée en partenariat avec la Biennale d’Art Contemporain de Lyon du 24 septembre au 22 décembre 2019

Vous avez dit Kiefer ?!

Anselm Kiefer est un peintre, sculpteur contemporain allemand né en 1945 dans le Bade-Wurtemberg.  Il étudie d’abord le droit, les langues et les littératures romanes. En 1963, il il entreprend un voyage en France et séjourne à Paris, Lyon et Arles avant de poser ses valises pour trois semaines, en 1966, au couvent de la Tourette. Il dira par la suite y avoir découvert la « spiritualité du béton », matériau qui aura de l’importance dans son œuvre. C’est au cours de ce séjour/retraite qu’il décide de s’orienter vers l’art et de s’inscrire aux Beaux-Arts, d’abord à Fribourg-en-Brisgau puis à Karlsruhe. Actuellement, il vit et travaille en France ; depuis 1992, son atelier se situe en effet à Barjac, dans le Sud de la France.

Anselm Kiefer, Danae, 2019, plomb, résine, métal, graines de tournesol et feuille d’or, 335 x 240 x 190 cm

Dans le cadre de a Biennale d’Art Contemporain de Lyon, les frères dominicains ont décidé de l’inviter à exposer en leurs murs 52 ans après son séjour au couvent. Il a accepté l’invitation et a sélectionné des oeuvres qui permettent un dialogue fécond avec l’architecture de Le Corbusier, une architecture qui l’a tant marqué.

Sa démarche artistique….

Son art est au service de la mémoire, ses œuvres abordent les désastres de l’histoire et affrontent les démons de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Il utilise beaucoup dans ses productions les matériaux tels que le plomb, le béton, les cendres, la peinture.

Anselm Kiefer, Pourquoi y-a-til quelque chose plutôt que rien ?, (détail) 2010-2016, émulsion, acrylique, huile, gomme-laque, métal, résidu d’électrolyse et livre de plomb sur toile, 190 x 560 x 32 cm.

Quelques œuvres de l’exposition…

Chacune des œuvres exposées est reliée, d’une manière ou d’une autre, à la thématique de la religion, à tout le moins exprime une certaine spiritualité. Les références à la religions chrétienne peuvent être plus ou moins explicites mais ne manquent pas de faire sens dans un lieu comme le Couvent de la Tourette.

Maât-Ani, 2018, Verre, métal, cendre, argile, et plume, 202 x 150 x 120 cm

Cette œuvre évoque de manière très transparente la pesée de l’âme. C’est un épisode important de la vie après la mort dans la mythologie égyptienne. Ainsi, si le cœur est plus léger que la plume, l’accès au paradis est permis. Cela renvoie aussi, naturellement, au thème chrétien du Jugement dernier très présent sur les tympans des églises romanes.

Résurrection, 2019, Béton, sable, résine, plâtre et acrylique, 430 x 730 x 610 cm

Cette œuvre aborde la ruine… et la renaissance! La résurrection, en somme!. Ainsi sur les gravas s’élèvent des tournesols dont il est peu de dire qu’ils revêtent, pour Kiefer, une importance particulière tant son oeuvre y revient régulièrement. Placée dans l’église du couvent, cette oeuvre fait sens et impressionne par ses résonances avec le dogme chrétien.

Heiliges Jerusalem, Jérusalem céleste, 2007-2019Ciment, sable, plomb, plâtre et métal, 205 x 550 x 280 cm

Jérusalem céleste aborde aussi la thématique de la ruine. Les livres en plomb servent à porter les blocs de béton. Ici, il fait référence à l’histoire et au savoir. Il y a un parallèle évident entre le béton des blocs qui composent l’oeuvre et les colonnes de Le Corbusier.

Anselm Kiefer, Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?, (détail) 2010-2016, émulsion, acrylique, huile, gomme-laque, métal, résidu d’électrolyse et livre de plomb sur toile, 190 x 560 x 32 cm.

Anselm Kiefer, Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?, (détail) 2010-2016, émulsion, acrylique, huile, gomme-laque, métal, résidu d’électrolyse et livre de plomb sur toile, 190 x 560 x 32 cm.