« N’aie pas peur si je t’enlace » de Fulvio Ervas

autisme ervasUn voyage de trente-huit mille kilomètres, qui commencera par la traversée des Etats-Unis en Harley Davidson. C’est cela que Franco Antonello souhaite pour le dix-huitième anniversaire de son fils, diagnostiqué autiste à l’âge de trois ans. Andrea est un ouragan imprévisible. Lorsqu’il marche, c’est sur la pointe des pieds. Les objets, il les aime rangés dans un ordre méticuleux. Quand il veut savoir qui il a en face de lui, il l’enlace afin de sentir ce que l’autre a dans le ventre et pour cette raison ses parents ont inscrit sur ses T-shirts : N’aie pas peur si je t’enlace. Pourtant ce voyage se fera, à travers les Etats-Unis et jusqu’en Amérique latine, mille fois plus inattendu que prévu.

Un road movie à travers des Amériques très différentes, auréolé par cet amour partagé entre père et fils. Découverte de nouveaux décors mais aussi découverte de soi-même. Franco va au contact de la souffrance de son fils Antonello mais loin de plomber l’ambiance, il choisit toujours de laisser son fils décider pour eux deux, de laisser sa part au hasard avec un optimisme invincible. A lire pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur l’autisme, les autistes et leur capacité à déplacer des montagnes…

Mariannick, doc.

« J’ai eu vingt ans à Ravensbrück » de Béatrice de Toulouse Lautrec

20 ans ravensbruckBéatrix de Toulouse-Lautrec et sa mère ont été arrêtées par la Gestapo de Lyon en juin 1944, internées au fort de Montluc, puis déportées à Ravensbrück en août et libérées en avril 1945.  L’auteur, qui avait vingt ans en 1944 et était alors Mlle de Gontaut-Biron, a raconté son épreuve dès 1946, sans intention de publication, pour se libérer de ce qu’elle venait de vivre. Mais le manuscrit a circulé anonymement, signé « matricule 75 537 »; dès 1948, trente-trois ans avant sa première édition en 1981. On ne saurait mieux définir ce document très différent des ouvrages postérieurs sur la déportation que par ce jugement de Martin du Gard : « Peu de ces rescapés ont su rendre si fidèlement, si humblement, avec une telle absence de cabotinage et de tricherie, ce qu’a été leur vie de tous les jours, ses grandes angoisses, ses dangers, ses petites peines, ses petites joies. » Et par celui d’Albert Camus qui le reçut lui aussi sans nom d’auteur: « On ne peut pas ne pas être profondément touché par le ton même du récit. Garder l’amour de la vie, la confiance, l’humour quelquefois, la tendresse toujours au milieu des charniers, c’est un tour de force ou une grâce, je ne sais pas. »

Procédant par une succession de scènes et de dialogues qui forment un tableau riche de spontanéité, d’émotion, d’amour et de simplicité, Béatrix de Toulouse-Lautrec fait surgir, sans chercher à philosopher, les mille misères de la vie carcérale, l’angoisse de la mort, mais aussi l’espoir et les petites joies qu’un rien suffisait à faire jaillir dans le malheur.

Ce que je retiens de ce livre : de vrais fous rires lancés à la barbe des tortionnaires !

A lire aussi un livre fort : « Kinderzimmer » de Valentine Goby

Mariannick, doc.

« Cher cousin caché… » de Dominique Brisson

cher cousinAlors qu’il est en vacances dans le chalet familial, Emile Hadrien trouve, dans sa doudoune de ski, le forfait d’une certaine Mathilde Hadrien, née la même année que lui, « une cousine cachée ». Fâchés de longue date, les parents des deux enfants viennent en effet à tour de rôle dans le chalet familial en prenant soin de s’éviter. Mais Emile ne veut pas en rester là et décide de contacter sa cousine en glissant dans sa doudoune un pli « confidentiel-secret ». C’est le début d’un véritable jeu de piste à l’intérieur du chalet…

 

Roman épistolaire qui l’on parcourt avec plaisir. Emile et Mathilde nous font aller de surprise en surprise jusqu’au bon tour qu’ils s’apprêtent à jouer à leurs parents respectifs.

Mariannick, doc.

« La fille qui n’aimait pas les fins » de Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac

Maya est une adolescence comme les autres à la différence qu’elle est plutôt solitaire et qu’elle a une passion effrénée pour les livres. Autre papetite fille finrticularité : elle ne lit jamais les livres jusqu’à la fin.

Sa rencontre à la médiathèque avec un vieil  homme va tout changer : sa vision de ceux qui l’entourent, son regard sur son père décédé brutalement, ses aspirations pour l’avenir…

Peu à peu, ce vieil homme va la mettre sur le chemin de la compréhension. Lettres et courriels vont les rapprocher l’un de l’autre naturellement, leur permettant d’accepter le passé et d’entrevoir un avenir plus serein et, pour Maya spécialement, d’oser aller jusqu’au bout de l’histoire…

Roman épistolaire qui se lit avec plaisir. On suit tranquillement le cheminement de Maya jusqu’au dénouement. A conseiller à tous ceux qui, un jour, ont eu maille à partir avec leur propre histoire…

Mariannick, doc.

« Web-dreamer » d’Anne Mulpas

Mathis a un vrai problème avec la communication. Au lycée, les autres le terrifient, il n’ose pas leur parler : on le surnomme  » Oui-Non « . Un jour, pour voir, il surfe sur Internet, et c’est alors que l’interface devient., vivante. Elle l’appelle ! Il la suit, et passe de l’autre côté de la Toile, pour un périple onirique au pays des merveilles virtuelles. De niveau en niveau, de porte en porte, Mathis explore des mondes, rencontre personnages inquiétants ou merveilleux et voit se dessiner des réponses aux questions qu’il n’a jamais osé (se) poser… « 

C’est un roman très actuel : Mathis est un jeune d’aujourd’hui comme tant d’autres,  seul devant son ordinateur. Mathis surnommé « oui-non » s’engage dans un voyage à l’intérieur de la matrice de l’ordinateur pour une sorte de renaissance ou plutôt de naissance. Qui est-il ? Pourquoi est-il si fermé au monde qui l’entoure ? Ouvrir les portes pour réussir à sortir du mutisme. En trouvant les mots, se trouver lui-même et Exister.

Mariannick, doc.

« Il n’y a pas d’ange » d’Anne Mulpas

Du haut d’une tour, la jeune L. s’apprête à commettre l’irréparable, elle qui aurait voulu une vie « un peu pailletée et plus légère » . Un ange descend vers elle, et, aidé d’une étrange régie qui fonctionne plus ou moins bien, lui propose à sa demande un kaléidoscope de souvenirs joyeux ou non, des moments volés de scènes que la jeune fille n’a pu voir, des entrées dans la tête de ses proches… Soit l’ange montre, soit l’héroïne raconte. De fil en aiguille, la vie de L. se déroule , et l’ange espère la sauver…

Un roman poignant  car il touche jusqu’au plus profond de l’âme de cette ado meurtrie par la vie, désespérée par l’abandon des adultes qui l’entourent. Le dialogue s’instaure entre elle, réaliste, lucide et l’ange qui s’exprime avec le langage du coeur et incarne l’espoir. Un roman très actuel par les thèmes qu’il aborde : il est difficile aujourd’hui d’être un  jeune dans un monde sans pitié. Mais un thème aussi récurrent : ce personnage à la révolte pure fait penser à « La Sauvage » de Jean Anouilh : « Tout au bout du désespoir, il y a une blanche clairière où l’on est presque heureux » .

Mariannick, doc.

« La fille du papillon » d’Anne Mulpas

Solveig commence un journal intime lorsqu’elle rencontre un garçon, surnommé par ses soins « le Monde ». Elle raconte la douleur depuis la mort de sa mère, le quotidien avec son père coureur de jupons (le papillon du titre), la relation très forte avec Manon sa meilleure amie, l’attente des venues du Monde qui habite une ville plus loin. Qu’elle le provoque ou non, tout est conflit pour Solveig. Encore enfant un peu capricieuse, elle teste les limites de ses proches, y compris le petit ami qu’elle malmène au gré de ses humeurs. Elle va jusqu’à fuguer, se saouler, puis retrouve un semblant d’équilibre offert par sa grand-mère à la neutralité bienveillante, et surtout par une deuxième chance du Monde.

 

Plongée dans le monde d’une adolescente. C’est à travers ses yeux, sa peau, son coeur que l’on pressent le monde, un monde qui inquiète parce qu’il change, parce que l’on ne domine pas le contexte, qui réjouit autant qu’il irrite ou blesse. Et l’écriture d’Anne Mulpas suit le rythme des impulsions de Solveig : tantôt rêveuse et poétique, tantôt rebelle, parfois même écoeurée, mitraillant la page de mots forts pour dire son malaise.

Mariannick, doc.