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Baudelaire Spleen « Quand le ciel bas et lourd » explication linéaire

Idées de problématiques

Comment Baudelaire évoque-t-il son spleen ?

Comment Baudelaire fait-il de son spleen une source de création poétique ?

Comment Baudelaire transforme-t-il la boue du spleen en or ?

Poème composé de 5 quatrains en alexandrins aux rimes croisées (abab).

Les 4 premières strophes contiennent une seule longue phrase, composée d’une succession de subordonnées circonstancielles de temps (« quand » v1 « et que » v3 « quand » v5 et 9) et d’une proposition principale construite autour de deux verbes conjugués coordonnés « sautent et lancent ». Cela rend la lecture du poème extrêmement longue et lente.

Interprétation Citation Analyse
Le poème commence par une description météorologique d’un ciel bas qui va avoir une incidence sur les hommes. L’adj « lourd » accompagné du verbe « pèse » et de la comparaison du ciel à un couvercle suggèrent que le ciel exerce un poids physique sur les hommes, notamment ceux dont l’esprit est déjà souffrant.

Les longs ennuis renvoient à ce que Baudelaire appelle le spleen.

 

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
CCT

Adj + V + Comparaison

Expansions du nom « esprit » évoquant la souffrance « gémissant, en proie, longs ennuis »

 

L’expression « embrassant tout le cercle » suggère une bulle dans laquelle le poète est enfermé.

L’oxymore et le comparatif rendent la vision particulièrement sombre et sinistre.

L’emploi de l’adj « triste » désignant un sentiment montre que la noirceur du ciel a un effet sur l’âme du poète. En effet l’emploi du « nous » au vers 4 suggère que le poète s’englobe parmi ceux qui subissent ce ciel pesant.

Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Oxymore

comparatif

Après une évocation du ciel, vient ici une évocation de la terre qui subit une transformation, qui n’est autre que la vision du poète. Le « cachot humide » insiste sur l’impression d’enfermement imposé dans des conditions désagréables. Quand la terre est changée en un cachot humide, Autre CCT

V passif

L’espérance est personnifiée par l’emploi de la majuscule. Elle devient un symbole de l’espoir enfermé. La comparaison à un animal de nuit suggère déjà que l’espérance Où l’Espérance, comme une chauve-souris, Allégorie

Comparaison

 

On entend l’espérance chauve-souris se cogner aux murs grâce aux consonnes « t et d » répétées. Ces deux vers augmentent encore l’impression d’enfermement : par les expressions « battant les murs » et « se cognant la tête ». l’adj « timide » suggère le manque de force de l’espérance qui n’a aucune chance d’échapper au spleen. S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
Allitérations en « b, t, d, k »

Métaphore filée

Après le ciel et la terre, c’est la pluie qui s’associe aux éléments pour enfermer le poète dans des idées noires. On retrouve le thème filé de l’enfermement avec les termes « prison », et « barreaux »

Les nombreuses sonorités en « on, an, ou, o » rajoutent encore à l’aspect plaintif et lancinant du poème.

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Nouveau CCT

Oppositions entre « immenses, vaste » et « prison, barreaux »

Cette fois la vision devient hallucination puisque le « peuple d’araignées » évoqué n’existe que dans la tête des hommes « au fond de nos cerveaux ». Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Voc péjoratif « infâmes »

Déterminant possessif de 1ère personne du pl

Le CCT « tout à coup » annonce un événement soudain, qui s’oppose à tous les autres CCT précédents, qui eux faisaient référence à une situation dont le début était indéterminé (on ne sait combien de temps le ciel est bas, la terre un cachot, la pluie les barreaux d’une prison…) Le poète a subi les éléments qui n’ont fait qu’augmenter son spleen.

L’esprit se sent si mal qu’il est envahi d’une vision bruyante et cauchemardesque : les cloches sont personnifiées. Le complément de manière « avec furie » et l’épithète « affreux » soulignent l’aspect horrible de l’évocation.

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Proposition principale

« tout à coup » CCT

personnification

Les cloches sont comparées à des fantômes gémissants. Les sonorités des vers suggèrent ces gémissements. Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
Comparaison

Allitération en « p, t »

Assonance en « an et in »

La mort jusqu’ici était seulement suggérée dans les strophes précédentes par le champ lexical de l’obscurité et l’allusion aux « esprits errants » de la strophe 4.

Ici elle est évoquée à travers la référence aux « longs corbillards ». On voit aussi que le spleen présenté jusqu’ici comme un mal qui touchait les esprits, s’attaque au poète narrateur lui-même « dans mon âme ».

– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme
Sonorités en « an »

Déterminant possessif 1ère pers du sg

CC de manière

La lecture hachée du vers 19, en raison de sa composition (virgules, nbx mots de une ou deux syllabes) souligne la défaite du poète et la victoire du spleen. l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Contre-rejet de « l’Espoir »

Mise en valeur de l’Angoisse à la césure

Allégories

Adjectifs qui annoncent la victoire du spleen

Le poète s’avoue vaincu en inclinant la tête. C’est l’Angoisse qui agit en plantant le drapeau noir. Le poème se termine sur cette image qui symbolise la prise de possession de l’esprit par le spleen Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Déterminant possessif 1ère pers du sg

Verbe d’action dont l’Angoisse est sujet

image

 

Conclusion

On peut conclure qu’en effet Baudelaire par moments se laisse submerger par le spleen qu’il ne contrôle plus. C’est cette lutte et cette défaite qu’il évoque ici. Pourtant Baudelaire a transformé ses souffrances en création poétique. C’est le spleen qui lui permet d’écrire ce poème incroyablement évocateur.

Baudelaire Spleen « quand le ciel bas et lourd » texte

Objet d’étude : La poésie du XIX° au XXI° siècle

Parcours : Alchimie poétique : la boue et l’or

 

Spleen

 Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

– Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857, Section Spleen et Idéal, poème LXII « Spleen », dans Biblio lycée, Hachette

Baudelaire Le Soleil correction de l’explication linéaire

Lisez le poème Le Soleil

Puis en vous aidant éventuellement des analyses proposées dans les deux liens suivants, préparez-en l’explication linéaire (à présenter sous forme de tableau ou de carte mentale ou d’une liste de points expliqués)

https://litteratureportesouvertes.wordpress.com/2020/02/09/le-soleil-baudelairien/

https://commentairecompose.fr/le-soleil-baudelaire/

Idées de problématiques :

Que représente le soleil pour Baudelaire ?

En quoi le soleil et le poète sont-ils des alchimistes ?

A travers cette évocation du soleil, quelle vision Baudelaire donne-t-il du poète ?

Poème en alexandrins (12 syllabes par vers) aux rimes plates (ou suivies) (aabb), divisé en trois strophes : deux huitains (de 8 vers) et un quatrain (de 4 vers)

Interprétation Citation Analyse
Baudelaire pose d’abord le cadre (où, quand) avant d’évoquer son activité de poète. Première strophe Une seule phrase, avec un CCL vers 1 et 2

Un CCT vers 3 et4

Sujet + verbe + compl essentiels au vers 5

3 CC de manière v6 à 8

L’aspect misérable du quartier est évoqué par le choix du vocabulaire.

C’est aussi un lieu de débauches, mais qui restent cachées à l’intérieur des maisons

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures

Les persiennes, abri des secrètes luxures,

Vocabulaire dévalorisant
Le soleil personnifié est présenté comme violent et tout puissant puisqu’il frappe partout (ce que souligne le parallélisme) Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés

Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,

Personnification du soleil grâce à l’adj « cruel »

Voc de la violence « frappe, traits »

Répétition de « sur » / parallélisme

Le poète parle de lui-même « je ». Ce pronom est mis en valeur au début du vers, tout comme l’adj « seul » au milieu du vers. Il ne doit pas être seul au milieu de la ville, mais plutôt solitaire.

« ma fantasque escrime » est une périphrase originale pour désigner l’activité du poète qui cherche la rime (d’ailleurs « escrime » rime avec « rime » du vers 6). Comparer cette activité à de l’escrime fait de la création poétique un combat difficile.

Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime, Pronom 1ère pers

Adj « seul » avant la césure

Périphrase « ma fantasque escrime »

On retrouve cette idée dans les vers suivants avec les participes présents : le poète trébuche au sens propre et au sens figuré. Il doit beaucoup chercher « dans tous les coins » avant de trouver « parfois » un vers réussi. Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,

Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,

Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

3 part présents en début de vers

Opposition complément de lieu « dans tous les coins » « sur les mots comme sur les pavés » au pluriel et complément de temps « parfois »

Cette première strophe évoque donc surtout la difficulté du poète à créer des vers. La création poétique ne vient pas en restant assis à une table, mais dehors, errant dans les rues. Cette création apparait comme un combat (« escrime »), où il faut subir les assauts du soleil et les difficultés « trébuchant, heurtant ».

Le soleil semble seulement un élément du décor.

Première strophe  
Contrairement à la 1ère strophe, le soleil est ici présenté méliorativement grâce au GN développé : en tant que « père » il fait naitre, « nourricier », il fait croître, « ennemi des chloroses », il soigne, aussi bien la nature que les hommes.

La polysémie du mot « vers » fait penser que le soleil nourrit la nature, mais nourrit aussi la création poétique.

V 9 Ce père nourricier, ennemi des chloroses,

Eveille dans les champs les vers comme les roses ;

V9 GN désignant le soleil avec nom « père »+ adj « nourricier » + apposition « ennemi des chloroses »

Le soleil devient sujet du verbe « éveille »

Le poète insiste sur les bienfaits du soleil. Celui-ci est créateur des roses, du miel, mais il aide les hommes aussi à créer des vers, à éloigner leurs soucis. V 11 Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,

Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.

Verbes mélioratifs « s’évaporer, remplit »

Deux champs lexicaux entrecroisés de la nature « ciel, ruche, miel » et de l’humain « soucis, cerveaux »

Le poète multiplie les exemples des bienfaits du soleil. Ici on retrouve le thème de la maladie « porteurs de béquilles » // « chlorose » et surtout l’idée de transformation grâce à la comparaison « comme des jeunes filles » et le verbe « les rend » Le soleil transforme la boue en or. V13 C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles

Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,

Forme emphatique

GV mélioratifs « rajeunit, rend gais »

comparaison

Le poète va plus loin ici, puisque le soleil ordonne à la nature, celui-ci a donc un pouvoir sur elle et sur le cœur des hommes.

Le vers 15 semble évoquer la nature, mais le vers suivant fait référence à l’humain.

V 15 Et commande aux moissons de croître et de mûrir

Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !

Verbe désignant un ordre

Voc de la nature « moissons, croître, mûrir, fleurir »

 

Baudelaire compare ici le soleil à un poète. Pour lui, le poète a donc le même rôle que le soleil : il est source de création (père), nourrit l’esprit et le cœur des hommes (nourricier), soigne (en remplissant les cerveaux et en faisant s’évaporer les soucis Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes, comparaison
Il transforme la boue en or (par un regard différent sur le monde) Il ennoblit le sort des choses les plus viles, Opposition « ennoblit » / « viles »
Le soleil, comme le poète, a une position supérieure, mais reste discret « sans bruits » et solitaire « sans valets ». Il ne profite pas de sa position. Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets, V 19 « roi » à associer au mot « ennoblit » v18

 

Le soleil brille pour tous, riches (palais) ou pauvres (hôpitaux) Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais. Parallélisme

Opposition sémantique « hôpitaux / palais »

 

Conclusion

Le thème du soleil permet à Baudelaire d’évoquer la création poétique. Pour lui, le poète, tout comme le soleil, doit toucher les hommes, tous les hommes qu’ils soient riches ou pauvres, nourrir leur esprit et leur apporter du baume au cœur. Le poète erre au monde pour y chercher l’inspiration et porte un regard neuf sur les choses, transformant ainsi la boue en or. C’est l’Idéal que cherche en effet Baudelaire dans sa création poétique.

Baudelaire Le Soleil texte

Objet d’étude : La poésie du XIX° au XXI° siècle

Parcours : Alchimie poétique : la boue et l’or

Le soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures

Les persiennes, abri des secrètes luxures,

Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés

Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,

Je vais m’exercer seul à ma fantasque escrime,

Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,

Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,

Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.

 

Ce père nourricier, ennemi des chloroses,

Eveille dans les champs les vers comme les roses ;

Il fait s’évaporer les soucis vers le ciel,

Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.

C’est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles

Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,

Et commande aux moissons de croître et de mûrir

Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !

 

Quand, ainsi qu’un poète, il descend dans les villes,

Il ennoblit le sort des choses les plus viles,

Et s’introduit en roi, sans bruit et sans valets,

Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

 

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1857, Section Spleen et Idéal, dans Biblio lycée, Hachette

Présentation de Baudelaire, des Fleurs du mal et du parcours

Découvrez l’ensemble du diaporama de présentation sur Baudelaire, Les Fleurs du mal et  le parcours, en cliquant sur l’image ci-dessus

 

Shelley : explication linéaire

Texte de Mary Shelley, Frankenstein (1818)

En quoi cette description de la créature rend-elle compte de l’échec scientifique ?

Citation Analyse Interprétation
La naissance du monstre (lignes 1 à 15)
Ce fut par une nuit lugubre de novembre que je contemplai l’accomplissement de (mon œuvre terminée). Récit à la première personne

Indication temporelle

Adjectif dévalorisant

(Périphrase méliorative)

Le lecteur est plongé dans le point de vue du personnage. Le docteur a enfin fini son invention mais le cadre installe une ambiance angoissante.
Dans [une anxiété proche de l’agonie], je rassemblai autour de moi les instruments qui devaient me permettre de faire passer l’étincelle de la vie dans la créature inerte étendue à mes pieds. [hyperbole]

antiphrase

L’exagération annonce un mauvais pressentiment

Au moment de donner naissance à la créature, Victor Frankenstein a peur. Grâce à la science, il s’est doté d’un pouvoir divin : celui d’insuffler la vie

Il était déjà une heure du matin ; une pluie funèbre martelait les vitres et ma bougie était presque consumée, lorsque à la lueur de cette lumière à demi éteinte, champ lexical de la noirceur L’obscurité qui domine cet extrait annonce l’horreur à venir. C’est dans les ténèbres que la créature voit le jour.
je vis ouvrir l’œil jaune et terne de cet être : sa respiration pénible commença, et un mouvement convulsif agita ses membres. Adjectifs dévalorisants qui renvoient aussi à l’idée de souffrance La symbolique de cette naissance est très forte puisqu’elle annonce le désespoir qui va l’envahir, les meurtres qu’il va commettre, son suicide mais également l’assassinat de son créateur : Victor Frankenstein.
Comment décrire mes émotions en présence de cette catastrophe, ou dessiner le malheureux qu’avec un labeur et des soins si infinis je m’étais forcé de former ? Questions partielles

Périphrases pour désigner sa créature

Ces questions trahissent l’incompréhension qui s’empare du docteur. Il est face à un véritable désastre scientifique.
Ses membres étaient bien proportionnés et j’avais choisi ses traits pour leur beauté. Pour leur beauté ! Grand Dieu ! exclamations Les exclamations révèlent l’effarement du docteur qui prend conscience qu’il a créé un monstre.
Sa peau jaune couvrait à peine le tissu des muscles et des artères ; ses cheveux étaient d’un noir brillant et abondants ; ses dents d’une blancheur de nacre ; mais ces merveilles ne produisaient qu’un contraste plus horrible avec les yeux transparents qui semblaient presque de la même couleur que les orbites d’un blanc terne qui les encadraient, que son teint parcheminé et ses lèvres droites et noires. Termes mélioratifs

Termes péjoratifs

Certains traits de son visage sont présentés comme réussis mais paradoxalement ils rendent plus effroyables les autres éléments décrits Le docteur comprend, à cet instant, qu’il a donné le jour à un monstre.
L’échec du docteur Frankenstein (lignes 15 à fin)
Les accidents variés de la vie ne sont pas aussi sujets au changement que les sentiments humains. Présent de vérité générale L’écrivaine intervient et cherche à expliquer le brusque revirement du savant : Frankenstein est bouleversé par le résultat de sa création. Sa joie se métamorphose en immense déception.
Depuis près de deux ans, j’avais travaillé (sans relâche) dans le seul but de communiquer la vie à un corps inanimé. Je m’étais privé de repos et d’hygiène. CC temps

(CC de manière)

CC de but

Il semble avoir mis son existence entre parenthèses pour faire progresser la science. Il insiste sur l’intensité de son travail. Son expérience était devenue une obsession.
Mon désir avait été d’une ardeur immodérée et maintenant qu’il se trouvait réalisé, la beauté du rêve s’évanouissait, une horreur et un dégoût sans bornes m’emplissaient l’âme. Hyperbole

Métaphore

Rythme binaire

L’adverbe : « maintenant » marque une rupture dans le texte. La fureur créatrice de Victor Frankenstein disparaît au profit du désespoir. En effet, le décalage entre l’aspiration, le projet scientifique et la réalité est mis en exergue par la métaphore : « la beauté du rêve s’évanouissait » et par le rythme binaire : « une horreur et un dégoût sans bornes m’emplissaient l’âme »
Incapable de supporter la vue de l’être que j’avais créé, je me précipitai hors de la pièce et restai longtemps dans le même état d’esprit dans ma chambre sans pouvoir goûter de sommeil. Adjectif négatif

Verbe de mouvement

Le docteur ne peut supporter son échec et refuse d’affronter sa créature. Ladjectif : « incapable » indique que sa déception est si grande qu’il ne peut l’accepter. Finalement, il s’agit d’une double défaite : scientifique et personnelle. Le docteur est touché dans son orgueil. Il pensait faire progresser la science et a échoué. Le verbe de mouvement : « je me précipitai hors de la pièce » révèle qu’il abandonne l’être créé. Il fuit devant l’atrocité qu’il a façonnée et c’est cette fuite qui va faire naître, chez la créature, un profond sentiment de rejet et d’abandon.

 

Shelley : texte d’explication linéaire

Ce fut par une nuit lugubre de novembre que je contemplai l’accomplissement de mon œuvre terminée. Dans une anxiété proche de l’agonie, je rassemblai autour de moi les instruments qui devaient me permettre de faire passer l’étincelle de la vie dans la créature inerte étendue à mes pieds. Il était déjà une heure du matin ; une pluie funèbre martelait les vitres et ma bougie était presque consumée, lorsque à la lueur de cette lumière à demi éteinte, je vis ouvrir l’œil jaune et terne de cet être : sa respiration pénible commença, et un mouvement convulsif agita ses membres.

Comment décrire mes émotions en présence de cette catastrophe, ou dessiner le malheureux qu’avec un labeur et des soins si infinis je m’étais forcé de former ? Ses membres étaient bien proportionnés et j’avais choisi ses traits pour leur beauté. Pour leur beauté ! Grand Dieu ! Sa peau jaune couvrait à peine le tissu des muscles et des artères ; ses cheveux étaient d’un noir brillant et abondants ; ses dents d’une blancheur de nacre ; mais ces merveilles ne produisaient qu’un contraste plus horrible avec les yeux transparents qui semblaient presque de la même couleur que les orbites d’un blanc terne qui les encadraient, que son teint parcheminé et ses lèvres droites et noires.

Les accidents variés de la vie ne sont pas aussi sujets au changement que les sentiments humains. Depuis près de deux ans, j’avais travaillé sans relâche dans le seul but de communiquer la vie à un corps inanimé. Je m’étais privé de repos et d’hygiène. Mon désir avait été d’une ardeur immodérée et maintenant qu’il se trouvait réalisé, la beauté du rêve s’évanouissait, une horreur et un dégoût sans bornes m’emplissaient l’âme. Incapable de supporter la vue de l’être que j’avais créé, je me précipitai hors de la pièce et restai longtemps dans le même état d’esprit dans ma chambre sans pouvoir goûter de sommeil.

Frankenstein, Mary Shelley (1818)

Verne : explication linéaire chapitre 30 (la forêt de champignons)

Citation Analyse Interprétation
Mais en ce moment mon attention fut attirée par un spectacle inattendu. Marque d’opposition + CCT + formule passive Les 3 aventuriers au début du chapitre ont découvert une mer souterraine. Puis en longeant la côte, ils admirent des cascades. Cette première phrase montre que le narrateur passe d’une merveille à une autre, sans cesse impressionné et étonné par ses découvertes successives.
À cinq cents pas, au détour d’un haut promontoire, une forêt haute, touffue, épaisse, apparut à nos yeux. 2 CCL

Adj qualificatifs

Passé simple

Le narrateur a le souci de la précision. Il aide ainsi le lecteur à s’imaginer ce lieu qui n’a été vu par personne d’autre que lui et ses compagnons.

L’emploi du passé simple de l’indicatif présente les faits comme passés et certains. Le lecteur ne remet pas en question la description précise du narrateur.

Elle était faite d’arbres de moyenne grandeur 1, taillés en parasols réguliers 2, à contours nets et géométriques 3 Phrase descriptive avec un rythme ternaire dans l’emploi des expansions du nom. La description, particulièrement précise, semble indiscutable. Le narrateur présente la taille et la forme des arbres.
les courants de l’atmosphère ne semblaient pas avoir prise sur leur feuillage, et, au milieu des souffles, ils demeuraient immobiles comme un massif de cèdres pétrifiés. Opposition mouvement/immobilité grâce aux champs lexicaux entremêlés : « courants, souffles » / « pas avoir prise, immobiles, pétrifiés » Un élément étonnant apparait : les arbres ne bougent pas malgré le vent. Le narrateur le remarque et le décrit mais sans évoquer son étonnement. Les mots précédents « forêt et arbres » et la comparaison à « un massif de cèdres » assoient la certitude du lecteur que les aventuriers s’approchent d’une forêt souterraine.
Je hâtais le pas.   Cette expression suggère qu’Axel est impatient de voir de plus près ces arbres souterrains.
 

 

   
Je ne pouvais mettre un nom à ces essences singulières. Phrase négative

Démonstratif + synonyme d’espèces d’arbres+ adjectif évoquant l’étrangeté

Cette phrase explique son impatience. Il est étonné par cette forêt dont il ne reconnait pas les arbres. L’adjectif « singulières » suppose que cette forêt a quelque chose d’étrange.
Ne faisaient-elles point partie des deux cent mille espèces végétales connues jusqu’alors, et fallait-il leur accorder une place spéciale dans la flore des végétations lacustres ? Non. Phrase interro-négative puis interrogative

Réponse laconique en un mot

Le narrateur exprime ses propres interrogations. Il cherche une explication à l’étrangeté des arbres. Est-ce une espèce connue qu’il ne reconnait pas ou une espèce inconnue jusqu’ici et qui pousse dans ce milieu particulier ?

Le « non » répond aux deux questions : ce n’est pas une espèce connue et on ne pourra pas la classer dans la « flore » lacustre. Le lecteur se demande pourquoi.

Quand nous arrivâmes sous leur ombrage, ma surprise ne fut plus que de l’admiration. Vocabulaire des sentiments Axel évoque l’évolution de ses sentiments. En s’approchant, il comprend qu’il s’est trompé.
En effet, je me trouvais en présence de produits de la terre, mais taillés sur un patron gigantesque. Périphrase « produits de la terre » pour évoquer les champignons L’auteur retarde le moment d’annoncer ce que sont en réalité ces arbres. C’est un bon moyen de maintenir le suspense.
Mon oncle les appela immédiatement de leur nom.

« Ce n’est qu’une forêt de champignons », dit-il.

Et il ne se trompait pas.

Adverbe exprimant la rapidité

Restriction

Phrase négative

Autant Axel se laisse émerveiller et surprendre par les lieux, au point de se laisser tromper par ses sens, autant son oncle le professeur porte un regard neutre, froid, scientifique ? sur ce qu’il voit. L’adverbe suggère que l’oncle a tout de suite compris, ce qui est confirmé par « il ne se trompait pas ». Et la restriction suppose que le professeur n’est nullement admiratif.
 

 

 

 

 

   
Que l’on juge du développement acquis par ces plantes chères aux milieux chauds et humides. Pronom indéfini

Verbe au présent

Axel semble faire appel à un regard extérieur, au jugement du lecteur savant, comme s’il cherchait une reconnaissance. Il propose une explication à la taille exceptionnelle des champignons : ce serait dû au milieu propice à leur croissance.
Je savais que le « lycoperdon giganteum » atteint, suivant Bulliard, huit à neuf pieds de circonférence ; mais il s’agissait ici de champignons blancs, hauts de trente à quarante pieds, avec une calotte d’un diamètre égal. Argument d’autorité : référence à un botaniste

Exemple de champignon avec son nom latin

Champ lexical des champignons

Axel s’appuie sur un argument d’autorité ; il s’appuie sur ses connaissances pour tenter de comprendre comment une telle taille de champignons est possible. Cela confère plus de réalisme à la scène.
Ils étaient là par milliers ;   Après avoir insisté sur leur taille, le jeune aventurier en rappelle leur nombre, qui explique son erreur : vus de loin, ils ressemblaient à une forêt.
la lumière ne parvenait pas à percer leur épais ombrage, et une obscurité complète régnait sous ces dômes juxtaposés comme les toits ronds d’une cité africaine. Champ lexical de l’obscurité : le mot « lumière » associé à une forme négative ; « épais, ombrage, obscurité »

Comparaison

 

J Verne joue sur les espaces : les personnages sont dans un lieu clos (sous terre) mais tellement immense que la voûte n’est plus visible. Et dans ce lieu apparait un lieu encore plus clos. Cet aspect est suggéré par la comparaison à des maisons. Les personnages vont « entrer » dans un lieu fermé. Ce lieu est aussi très sombre. Cela symbolise l’inconnu, le méconnu, par opposition à la lumière des connaissances.

Axel et son oncle s’enfoncent toujours plus loin dans la nuit souterraine pour augmenter leurs connaissances du monde.

 

Verne : texte d’explication linéaire chapitre 30 (une forêt de champignons)

Parcours : science et fiction

 

Mais en ce moment mon attention fut attirée par un spectacle inattendu. À cinq cents pas, au détour d’un haut promontoire[1], une forêt haute, touffue, épaisse, apparut à nos yeux. Elle était faite d’arbres de moyenne grandeur, taillés en parasols réguliers, à contours nets et géométriques ; les courants de l’atmosphère ne semblaient pas avoir prise sur leur feuillage, et, au milieu des souffles, ils demeuraient immobiles comme un massif de cèdres pétrifiés[2].

Je hâtais le pas. Je ne pouvais mettre un nom à ces essences[3] singulières. Ne faisaient-elles point partie des deux cent mille espèces végétales connues jusqu’alors, et fallait-il leur accorder une place spéciale dans la flore des végétations lacustres[4] ? Non. Quand nous arrivâmes sous leur ombrage, ma surprise ne fut plus que de l’admiration.

En effet, je me trouvais en présence de produits de la terre, mais taillés sur un patron[5] gigantesque. Mon oncle les appela immédiatement de leur nom.

« Ce n’est qu’une forêt de champignons », dit-il.

Et il ne se trompait pas. Que l’on juge du développement acquis par ces plantes chères aux milieux chauds et humides. Je savais que le « lycoperdon giganteum »[6] atteint, suivant Bulliard[7], huit à neuf pieds[8] de circonférence ; mais il s’agissait ici de champignons blancs, hauts de trente à quarante pieds[9], avec une calotte[10] d’un diamètre égal. Ils étaient là par milliers ; la lumière ne parvenait pas à percer leur épais ombrage, et une obscurité complète régnait sous ces dômes juxtaposés comme les toits ronds d’une cité africaine.

Jules Verne, Voyage au centre de la Terre, chapitre XXX, 1864

 

[1] Un promontoire est une masse de terre et de rochers élevée qui domine une autre étendue terrestre ou une étendue d’eau.

[2] Le cèdre est un grand arbre dont les branches, horizontales sur plusieurs niveaux, rappellent l’aspect d’un parasol. Pétrifiés = changés en pierre

[3] Essences : espèces d’arbres

[4] Lacustres : qui vivent sur les bords ou dans les eaux d’un lac

[5] Patron : modèle en tissu ou en papier d’après lequel les couturiers taillent un vêtement.

[6] « lycoperdon giganteum » : nom latin de la vesse-de-loup, champignon pouvant atteindre 1m de haut.

[7] Pierre Bulliard (1752-1793) botaniste français

[8] Huit à neuf pieds : environ 2m50

[9] Trente à quarante pieds : environ 10m

[10] Calotte : chapeau

Verne : explication linéaire (la descente chapitre 18)

 

Citations Analyse Interprétation
« Au moment de m’engouffrer dans ce couloir obscur, je relevai la tête, et j’aperçus une dernière fois, par le champ de l’immense tube, ce ciel de l’Islande » (lignes 1 et 2)

 

Narration interne

GN descriptifs

 

Le narrateur interne (Axel) raconte et témoigne de ses ressentis personnels. En effet, Axel semble beaucoup plus conscient du danger que ne l’est le professeur. Il exprime des réticences et certaines appréhensions. Les marques de la première personne montrent qu’il s’agit bien de ses impressions personnelles. Les expressions « couloir obscur » et « immense tube » décrivent un lieu inquiétant qui s’oppose au « ciel de l’Islande » lumineux. Axel semble parfois vivre cette expédition à contrecœur (en contradiction avec l’expérience passionnée du professeur).

 

ce ciel de l’Islande « que je ne devais plus revoir ». l2 et 3 Prolepse (ou anticipation) L’expression « que je ne devais plus revoir » laisse le lecteur perplexe : récit 1ère personne > le narrateur vit l’aventure > pour quelle raison ne reverra-t-il pas ce ciel d’Islande ?
« La lave, à la dernière éruption de 1229, s’était frayé un passage à travers ce tunnel. Elle tapissait l’intérieur d’un enduit épais et brillant ; la lumière électrique s’y réfléchissait en centuplant son intensité. » (l 4 à 6)

 

Champ lexical de la lumière

 

Métaphore « tapissait »

 

Jules Verne transmet des savoirs au fil de son roman ; on le remarque à travers l’événement historique mentionné. L’éruption de 1229 permet aussi de justifier la réflexion de la lumière provenant des appareils de Ruhmkorff sur les parois du tunnel (les personnages continuent donc à voir, et à savoir).

Le champ lexical de la lumière est particulièrement prégnant. Les lumières de la science s’emparent d’un lieu encore inconnu.

Toute la difficulté de la route consistait à ne pas glisser trop rapidement sur une pente inclinée à quarante-cinq degrés environ ; heureusement certaines érosions, quelques boursouflures tenaient lieu de marches, et nous n’avions qu’à descendre en laissant filer nos bagages retenus par une longue corde.

L7 à 10

Association du mot « difficulté » avec expression négative « ne pas trop »

+ adv « heureusement »

+ restriction « ne … que »

Le narrateur souligne la facilité de ce début de voyage au centre de la terre. La nature semble disposée à faciliter la tâche des explorateurs « qq boursouflures tenaient lieu de marches ».
« Mais ce qui se faisait marche sous nos pieds devenait stalactites sur les autres parois. La lave, poreuse en de certains endroits, présentait de petites ampoules arrondies ; des cristaux de quartz opaque, ornés de limpides gouttes de verre et suspendus à la voûte comme des lustres, semblaient s’allumer à notre passage. On eût dit que les génies du gouffre illuminaient leur palais pour recevoir les hôtes de la terre. » (lignes 11 à 16)

 

Passage descriptif : nombreuses expansions du nom

 

Champ lexical de la lumière

 

Modalisateur « semblaient »

 

Comparaisons

 

La lumière réunit la science et la fiction : elle représente la science et le savoir, mais elle apporte aussi une dimension artistique et poétique au texte. En effet, à travers les lumières déployées dans le tunnel (par la science), Axel perçoit la galerie comme un lieu merveilleux. Le narrateur-personnage compare les cristaux de quartz à des sources de lumière magnifiques et féériques : « comme des lustres, [qui] semblaient s’allumer à notre passage » (ligne 26). L’emploi du verbe « sembler » montre qu’il s’agit d’une impression, d’une perception imaginaire et merveilleuse : par magie, les lumières illuminent leur chemin. Axel imagine que des êtres surnaturels, « les génies du gouffre » les accueillent avec ce spectacle magique et lumineux. La descente vers le centre de la Terre prend une dimension merveilleuse, dans laquelle l’imagination rencontre la poésie.
« C’est magnifique ! m’écriai-je involontairement. Quel spectacle, mon oncle ! Admirez-vous ces nuances de la lave qui vont du rouge brun au jaune éclatant par dégradations insensibles ? Et ces cristaux qui nous apparaissent comme des globes lumineux ? Discours direct

Exclamations et interrogations

 

Le retour du discours direct brise en partie cette descente merveilleuse, comme si le cri poussé par le narrateur (« m’écriai-je involontairement ») venait troubler le silence de la galerie et arracher Axel à sa propre contemplation. C’est un jeune homme enthousiaste qui assomme son oncle de questions oratoires comme pour mieux le rallier à son émerveillement.
— Ah ! tu y viens, Axel ! répondit mon oncle. Ah ! tu trouves cela splendide, mon garçon ! Tu en verras bien d’autres, je l’espère. Marchons ! marchons ! » Exclamations

Emplois du futur simple et de l’impératif

L’oncle semble modérément impressionné par le spectacle de la galerie. Il est plus intéressé par les réactions de son neveu et annonce la promesse de nouvelles découvertes ainsi qu’un nouvel appel à l’aventure.

 

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