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Verne : texte d’explication linéaire (la descente dans le volcan)

Parcours : science et fiction

 Au moment de m’engouffrer dans ce couloir obscur, je relevai la tête, et j’aperçus une dernière fois, par le champ de l’immense tube, ce ciel de l’Islande « que je ne devais plus revoir ».

La lave, à la dernière éruption de 1229, s’était frayé un passage à travers ce tunnel. Elle tapissait l’intérieur d’un enduit épais et brillant ; la lumière électrique s’y réfléchissait en centuplant son intensité.

Toute la difficulté de la route consistait à ne pas glisser trop rapidement sur une pente inclinée à quarante-cinq degrés environ ; heureusement certaines érosions, quelques boursouflures tenaient lieu de marches, et nous n’avions qu’à descendre en laissant filer nos bagages retenus par une longue corde.

Mais ce qui se faisait marche sous nos pieds devenait stalactites sur les autres parois. La lave, poreuse en de certains endroits, présentait de petites ampoules arrondies ; des cristaux de quartz opaque, ornés de limpides gouttes de verre et suspendus à la voûte comme des lustres, semblaient s’allumer à notre passage. On eût dit que les génies du gouffre illuminaient leur palais pour recevoir les hôtes de la terre.

« C’est magnifique ! m’écriai-je involontairement. Quel spectacle, mon oncle ! Admirez-vous ces nuances de la lave qui vont du rouge brun au jaune éclatant par dégradations insensibles ? Et ces cristaux qui nous apparaissent comme des globes lumineux ?

— Ah ! tu y viens, Axel ! répondit mon oncle. Ah ! tu trouves cela splendide, mon garçon ! Tu en verras bien d’autres, je l’espère. Marchons ! marchons ! »

Jules Verne, Voyage au centre de la Terre, chapitre XVIII, 1864

Contraction de texte

Exemple de contraction du texte de Dortier, proposé dans le livre :

Les Caractères, Livre XI, de Jean de La bruyère, Classicolycée, chez Belin-Gallimard.

La contraction consiste à résumer un texte au quart en le reformulant.

Méthode :

  • Lire une première fois le texte complet pour en comprendre les enjeux et les idées principales.
  • Relire le texte paragraphe par paragraphe. Chercher à résumer chaque paragraphe au brouillon.
  • Une fois qu’on a fait un premier résumé, on compte son nombre de mots. Si on en a trop, il faut résumer davantage, trouver des tournures de phrases plus synthétiques. Si on n’en a pas assez, on complète, on rajoute …

Informations importantes :

  • On respecte la forme du texte de départ : respect des temps, de la personne…
  • On s’aide du contexte pour comprendre certains mots du texte. Exemple ici avec « flagellation »

 

Texte à contracter Contraction Nbre de mots
Tous les ans, à San Vicente de la Sonsierra, dans le nord de l’Espagne, on se livre à un étonnant cérémonial. Pendant la procession religieuse qui mène de l’église à la place centrale, les hommes du village vont nu-pieds, le visage caché par une cagoule, en se flagellant à l’aide de lanières de lin. Les femmes, qui n’ont pas le droit de participer à cette flagellation, suivent la procession également nu-pieds, avec des chaînes aux chevilles. Chaque année en Espagne a lieu une étrange cérémonie de flagellation.

 

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Patrick Vandermeersch, professeur de psychologie de la religion aux Pays-Bas, a eu l’occasion d’assister fortuitement à cette cérémonie d’autoflagellation qu’il croyait disparue depuis longtemps. Intrigué sur les raisons qui pouvaient pousser ces bons pères de famille à perpétuer des traditions aussi anciennes, il décida de mener l’enquête. Un professeur a cherché à comprendre les raisons de cette cérémonie.

 

11
Le plus étonnant, lorsqu’il interrogeait les gens sur le sens de leur cérémonie, est qu’ils ne savaient pas expliquer pourquoi ils s’infligeaient cette punition. On invoquait vaguement les traditions : « Ici, on a toujours fait comme cela. » Devant l’insistance des questions du chercheur, le maître de cérémonie, conscient de l’absurdité qu’il y avait à s’autoflageller en place publique sans trop savoir pourquoi, répondit, avec un geste d’impuissance : « El hombre es un animal curioso. » (« L’homme est un étrange animal. ») Les participants n’ont su expliquer leur geste que par la tradition et le fait que l’homme est un étrange animal.

 

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Le fait de s’autoflageller en place publique n’est que l’une des nombreuses excentricités de l’« étrange animal ». Il en possède d’autres : lui seul parle, fabrique des outils, crée des œuvres d’art, obéit à des lois, fait la cuisine et s’adonne à des sports collectifs. De nombreuses actions de l’homme font de lui un animal étrange.

 

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Voilà plus de deux millions d’années, quelque part dans la savane africaine, est apparu cet étrange animal. Ce primate ne ressemblait à aucun autre. Alors que les mammifères sont quadrupèdes, lui se tenait debout et marchait sur ses deux jambes ; alors que tous les primates ont le corps couvert de poils, lui était un « singe nu ». Mais c’est surtout par ses comportements que cet étrange animal allait se distinguer. Dès sa naissance, l’espèce humaine s’est distinguée par sa bipédie et son aspect glabre.

 

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Il s’était d’abord mis à fabriquer des objets de toutes sortes. Cela avait commencé par des galets cassés, puis des outils de pierre ou de bois aux formes plus affinées. Il se lança ensuite dans la construction d’armes et de huttes, et apprit à domestiquer le feu. Plus tard, il inventa l’agriculture et la métallurgie, et plus tard encore, l’écriture, les bateaux, des édifices, les machines à vapeur, l’électricité, l’ordinateur… Puis il s’est mis à fabriquer des objets, par utilité

 

 

Puis il s’est mis à fabriquer des objets, tous utiles pour se nourrir, se protéger, communiquer, se réchauffer….

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+8

Créateur d’armes et d’outils, l’animal humain semblait également doué pour la création artistique : il s’est mis à chanter, à danser, à se peindre le corps, se parer de bracelets et de colliers de perles, puis un jour à peindre sur les parois rocheuses et au fond des grottes. mais aussi par pur esthétisme.

 

Mais il a créé aussi par pur esthétisme, c’est la naissance de l’art.

5

 

+10

Une autre capacité extraordinaire le distinguait des autres animaux : le langage. Les mots combinés entre eux d’une certaine façon lui ont servi à transmettre des messages, donner des ordres, nouer des alliances, raconter des histoires et des fictions de toutes sortes. L’homme se distingue aussi des autres animaux par sa capacité à parler,

 

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Au fil du temps, alors que son langage se complexifiait et son imagination se débridait, l’étrange animal s’est mis à enterrer ses morts. Il se livrait aussi à d’étonnants rituels. On le voyait danser en groupe en invoquant des personnages invisibles : divinités, esprits protecteurs, anges et démons, forces des ténèbres et ancêtres mythiques, etc. Ces esprits, il s’est mis à les vénérer, à leur demander aide et protection, et même à leur offrir des sacrifices en signe de soumission. ainsi que par ses croyances en des divinités. 8
Comment en est-on arrivé là ? D’où proviennent toutes ces singularités qui font de l’homme à la fois un Homo faber, producteur d’outils, un Homo loquens, doté de langage, un Homo religiosus, adorateur de dieux, un Homo fabulator, inventeur de mythes et de contes, un « animal social » obéissant à des lois et des valeurs, un artiste, un savant ? Comment peut-on expliquer toutes ces évolutions de l’homme, qui ont fait de lui un animal créant, parlant, priant, inventant ?

 

qui crée, qui parle, qui prie ou invente ?

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+4

Les solutions à cette énigme ne manquent pas. On a invoqué tour à tour la faculté d’apprentissage, la raison, la conscience, l’intelligence, le langage, la culture, la morale, la liberté… pour rendre compte du « progrès de l’homme ». Aucune de ces solutions n’est plus satisfaisante. Elles s’avèrent trop vagues et ne correspondent plus à l’état actuel de nos connaissances. Toutes les réponses données jusqu’ici sont incomplètes et erronées.

 

10
Dans ce livre, j’ai entrepris de mener une enquête sur de nombreuses recherches qui touchent aux origines de l’esprit humain. Ces champs de recherche ont connu une expansion considérable ces trois dernières décennies. Le premier objet de ce livre est de proposer un bilan de l’évolution des théories et des recherches menées à propos des origines de la pensée humaine. Car celles-ci ont changé en profondeur nos représentations du monde animal, des origines des cultures, du langage, de l’art et du fonctionnement de l’esprit humain. […] Dans ce livre, j’ai voulu synthétiser les dernières découvertes de toutes les sciences qui se sont penchées sur les origines de l’homme.

 

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Chaque espèce a développé des formes d’intelligence spécifiques. Les fourmis sont dotées d’une intelligence collective qui leur permet de résoudre des problèmes complexes (construire des fourmilières, cultiver des champignons, élever des pucerons, reconstruire des galeries endommagées, etc.). Certains oiseaux parviennent à se souvenir de centaines de cachettes où ils ont dissimulé des aliments. Les dauphins ou les primates ont développé des formes de communication et d’interaction très élaborées. Peut-être même existe-t-il des formes de cognition qui nous seront toujours étrangères. L’évolution a donc donné naissance à des formes d’intelligence différentes. Chaque espèce s’approprie le monde d’une façon qui lui est propre. Chaque espèce a développé une intelligence particulière qui lui a permis d’évoluer.

 

 

Qu’on prenne l’exemple de fourmis, d’oiseaux ou de dauphins

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+ 12

A partir de ce constat, on doit repenser « le propre de l’homme » dans une perspective nouvelle. Il ne s’agit plus de tracer une ligne de démarcation entre « l’homme » et « l’animal », mais de rechercher les traits communs et les différences cognitives avec d’autres espèces cousines. L’homme est un animal : et comme chaque espèce animale, l’espèce humaine a développé ses caractéristiques propres. L’homme est un animal parmi d’autres, qui lui aussi a développé des techniques singulières.

 

L’homme est un animal parmi d’autres. Ce qui le caractérise vient des techniques singulières qu’il a développées.

 

16

 

 

 

+4

[…] La psychologie évolutionniste, héritière de la sulfureuse sociobiologie, a connu un fort développement. Elle nous rappelle que l’être humain n’est pas un îlot séparé du reste du monde animal et que le cerveau est un organe comme les autres ; il a été façonné par des millions d’années d’évolution pour répondre à des fonctions précises.

Jean-François Dortier, L’Homme, cet étrange animal aux origines du langage, de la culture et de la pensée, extrait de l’introduction, Editions Sciences humaines, 2012

L’homme est le résultat d’une très lente et longue évolution.

 

L’évolution de l’être humain a été longue, lente et parallèle à celle des autres animaux.

 

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+5

Premier jet : 205 mots

Deuxième jet : + 43 mots

Total : 248 mots

Fin de la méthode :

Une fois qu’on a le bon nombre de mots et que l’on est satisfait de sa contraction, on la recopie sur la copie, en soignant l’orthographe, la ponctuation et la mise en page.

Voici une proposition de contraction du texte de Dortier :

Chaque année en Espagne a lieu une étrange cérémonie de flagellation. Un professeur a cherché à comprendre les raisons de cette cérémonie. Les participants n’ont su expliquer leur geste que par la tradition et le fait que l’homme est un étrange animal.

De nombreuses actions de l’homme font de lui un animal étrange. Dès sa naissance, l’espèce humaine s’est distinguée par sa bipédie et son aspect glabre. Puis il s’est mis à fabriquer des objets, tous utiles pour se nourrir, se protéger, communiquer, se réchauffer. Mais il a créé aussi par pur esthétisme, c’est la naissance de l’art.

L’homme se distingue aussi des autres animaux par sa capacité à parler, ainsi que par ses croyances en des divinités. Comment peut-on expliquer toutes ces évolutions de l’homme, qui ont fait de lui un animal qui crée, qui parle, qui prie ou invente ?

Toutes les réponses données jusqu’ici sont incomplètes et erronées. Dans ce livre, j’ai voulu synthétiser les dernières découvertes de toutes les sciences qui se sont penchées sur les origines de l’homme. Chaque espèce a développé une intelligence particulière qui lui a permis d’évoluer. Qu’on prenne l’exemple de fourmis, d’oiseaux ou de dauphins. L’homme est un animal parmi d’autres. Ce qui le caractérise vient des techniques singulières qu’il a développées. L’évolution de l’être humain a été longue, lente et parallèle à celle des autres animaux.

 

 

Correction de la lecture cursive des nouvelles de Maupassant

Pour relire les nouvelles et les consignes, vous pouvez cliquer ici.

1 Le père Milon :  Pendant la guerre de 1870, le père Milon accueille des Prussiens dans sa ferme, avec gentillesse semble-t-il. Mais après plusieurs semaines on découvre que c’est lui qui la nuit tue les Prussiens qui font leur ronde sur les routes et dans les champs. Pierre Milon meurt fusillé devant sa maison, là où désormais pousse une vigne.

L’aventure de Walter Snaffs : Walter Shnaffs est un soldat prussien particulièrement peureux et glouton. Se retrouvant seul en plein territoire ennemi, affamé, il choisit de se présenter au château pour être fait prisonnier. Il profite de la fuite du personnel pour s’empiffrer et finit effectivement prisonnier des FrançaisIl en danse de joie pendant que les Français se glorifient d’un haut fait d’armes.

Les deux amis : Deux amis pêcheurs se rencontrent et décident d’aller pêcher dans leur coin favori malgré la guerre qui fait rage. Ils sont arrêtés par des Prussiens qui les prennent pour des espions. Ils meurent pour avoir refusé de donner le mot d’ordre permettant d’entrer dans la ville.

 

2 Le père Milon est un personnage fier, haineux envers les Prussiens, assoiffé de vengeance pour la mort de son père et de son fils.

Walter Schnaffs est un bon père de famille, bon vivant, qui se préoccupe des siens. Il déteste la guerre ce qui le rend peureux et lâche.

Les deux amis sont des pêcheurs du dimanche, calmes, doux, tranquilles. Ils cherchent à retrouver le plaisir d’avant-guerre d’une partie de pêche. Ils font preuve de courage en refusant de donner le mot d’ordre qui permettrait aux Prussiens d’envahir la ville.

L’officier prussien fait preuve de sang-froid et de cynisme. Impassible, il ordonne l’exécution des deux amis et se réjouit de manger leurs poissons.

 

4 Maupassant décrit des personnages hauts en couleur, qui font penser à des personnages-types comme ceux des portraits de La Bruyère. Maupassant aime utiliser le discours direct pour rendre plus vivant et dynamique son récit, et on retrouve le même procédé chez La Bruyère.

 

5 Maupassant dépeint la nature humaine surtout à travers un récit, en racontant une histoire, un fait divers précis. La Bruyère lui s’attache à décrire seulement un personnage et ne raconte pas une histoire.

Devoir 1STMG2 sur La Besace de La Fontaine et le portrait d’Irène de La Bruyère

Réponds en faisant des phrases et en soignant l’écriture.

La Besace de La Fontaine

1 « Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire

S’en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur. »

Quand se situe l’histoire ? Comment le sais-tu ?                                                                                                                                         1

Comment Jupiter se considère-t-il ? Relève ce qui le montre dans ce passage.                                                                                      1

2 « Si dans son composé quelqu’un trouve à redire,

Il peut le déclarer sans peur :

Je mettrai remède à la chose. »

Que propose Jupiter aux animaux ?                                                                                                                                                             1

3 « Venez Singe, parlez le premier, et pour cause.

Voyez ces animaux : faites comparaison

De leurs beautés avec les vôtres.

Êtes-vous satisfait ? »

Propose deux éléments d’analyse qui prouvent que dans ce passage Jupiter incite le singe à prendre la parole.                             2

4 « Moi, dit-il, pourquoi non ?

N’ai-je pas quatre pieds aussi-bien que les autres ?

Mon portrait jusqu’ici ne m’a rien reproché.

Mais pour mon frère l’Ours, on ne l’a qu’ébauché.

Jamais, s’il me veut croire, il ne se fera peindre. »

Explique la réponse du singe en t’appuyant sur trois éléments analysés.                                                                                               3

5 « Le Fabricateur souverain

Nous créa Besaciers tous de même manière,

Tant ceux du temps passé que du temps d’aujourd’hui.

Il fit pour nos défauts la poche de derrière,

Et celle de devant pour les défauts d’autrui.                                                                                                                                                     2

Que contient cette fin de fable ?

Que veut dire La Fontaine ?

Quelle image utilise-t-il pour faire passer son idée ?

Pourquoi évoque-t-il à la fois le « temps passé » et le « temps d’aujourd’hui » ?

 

 

Le portrait d’Irène de La Bruyère

 

1 « Irène se transporte à grands frais en Épidaure1, voit Esculape2 dans son temple, et le consulte sur tous ses maux. »

Propose une explication précise de ce passage en t’appuyant sur l’analyse de certains procédés d’écriture.                                   3

 

2 « D’abord elle se plaint qu’elle est lasse et recrue de fatigue ; et le dieu prononce que cela lui arrive par la longueur du chemin qu’elle vient de faire ; elle dit qu’elle est le soir sans appétit ; l’oracle3 lui ordonne de dîner peu ; elle ajoute qu’elle est sujette à des insomnies ; et il lui prescrit de n’être au lit que pendant la nuit. »

Comment les paroles sont-elles rapportées dans ce passage ? Justifie en citant et en analysant.                                                       2

Quel est l’effet produit par cette énumération de questions et de réponses ?                                                                                         1

3 « « Ma vue s’affaiblit, dit Irène ; – Prenez des lunettes, dit Esculape ; – je m’affaiblis moi-même, continue-t-elle, et je ne suis ni si forte ni si saine que j’ai été ; – C’est, dit le dieu, que vous vieillissez ; – mais quel moyen de guérir de cette langueur5 ? – Le plus court, Irène, c’est de mourir, comme ont fait votre mère et votre aïeule. »

Comment les paroles sont-elles rapportées dans ce passage ?                                                                                                                1

Relève le champ lexical de la vieillesse. Que veut Irène ? Que veut faire comprendre Esculape à Irène avec sa dernière réponse ?                                                                                                                                                                                                                           2

 4 « ne savais-je pas tous ces remèdes que vous m’enseignez ? – Que n’en usiez-vous donc, répond le dieu, sans venir me chercher de si loin, et abréger vos jours par un long voyage ? »

Quelle idée La Bruyère fait-il passer, à travers la réponse d’Esculape à Irène ?                                                                                      1

1Épidaure : sanctuaire de la Grèce antique où se rendaient les pèlerins soucieux de leur santé.

2Esculape : dieu romain de la médecine (Asclépios chez les Grecs), fils d’Apollon.

3L’oracle : prophète par la voix duquel s’exprime le dieu.

5Langueur : affaiblissement, épuisement.

Découverte du roman : Voyage au centre de la terre

 

Que propose le roman de Jules Verne ? De quel type de voyage s’agit-il ?

Jules Verne propose de voyager au centre de la terre : c’est un voyage qui entraine le lecteur vers une exploration du monde, une aventure scientifique vers des endroits inexplorés et « inconnus ».

 

Dans quelle collection s’inscrit l’édition originale ?

Quelle est donc la visée du roman ? A quel public s’adresse ce roman ?

L’édition originale s’inscrit dans la collection « Bibliothèque d’éducation et de récréation ». La visée du roman est donc de réunir instruction et divertissement. Il s’agit d’apprendre en s’amusant. L’œuvre de Jules Verne est destinée à la jeunesse.

 

  1. a) Observer les gravures du roman
  2. b) Donner un titre à chaque gravure en fonction de l’endroit qui est représenté, en le qualifiant éventuellement.

*Il y a des torches lumineuses dans la première gravure donc il s’agit d’un endroit sombre et obscur.

*Dans la mythologie grecque, Protée est une divinité marine, fils de Poséidon : il est le berger des troupeaux de formes variées.

1/ la grotte précieuse ; 2/ la forêt de champignons géants ; 3/ le géant berger

 

Qu’est-ce qu’il y a de remarquable dans ces différentes gravures, tant dans ce qui est représenté que dans la manière dont ces éléments sont représentés ?

Dans chacune des gravures, la taille des hommes est extrêmement réduite par rapport à l’univers dans lequel ils se trouvent ; la représentation est donc assez fantaisiste (elle suit l’imagination de l’illustrateur) voire fantastique (il y a des éléments surnaturels qui se fondent dans un décor réaliste). Par exemple, les champignons existent dans la réalité ; mais leur taille est démesurée et irréelle. Ces gravures sont des représentations suspendues entre le réel et l’imaginaire.

A travers les couvertures et les gravures découvertes, quelle est l’histoire qui va nous être racontée dans ce livre ?

Voyage au centre de la Terre est un roman scientifique : il va nous transmettre des savoirs scientifiques à travers une fiction. La science apparaît comme un moyen de connaissance et d’exploration du monde ; elle devient aussi une source fictionnelle.

Le portrait de Gnathon explication linéaire

Vous pouvez cliquer ici pour découvrir l’étude du texte sous forme de carte mentale.

Ci-dessous vous retrouve l’explication linéaire sous la forme plus classique du tableau :

Citations Procédés Interprétation
Étape 1 : Idée générale, évocation du caractère (l. 1 – 2)
Gnathon

 

 

 

ne vit que pour soi,

et tous les hommes ensemble sont à son égard comme s’ils n’étaient point :

– nom propre ; en « gnathos » signifie « mâchoire » (synecdoque) ? dimension métaphorique.

– restriction « ne… que » + pronom personnel « soi »

– antithèse Gnathon (singulier) / « tous les hommes ensemble » (pluriel ; entourage anonyme) + négation totale

– Recours au présent de l’indicatif.

– Le personnage est réduit à sa fonction masticatoire ce qui le place sous le signe de la gloutonnerie (ce qui se vérifiera par la suite).

– L’égocentrisme, l’amour-propre excessif du personnage apparaissent dès la première phrase.

– Nouveaux indices de l’égocentrisme de Gnathon. Les autres sont niés dans leur existence même. = Manière de penser de Gnathon.

– Portrait, non d’un individu en particulier, mais d’une facette peu glorieuse de la nature humaine ? valeur exemplaire (caractère, type).

? Tous ces éléments permettent de développer une figure caricaturale et représentative d’un vice.

Étape 2 : Illustration du trait de personnalité : à table (l. 2 à 14)
non content de remplir à une table la première place, il occupe à lui seul celle de deux autres ; il oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie, il se rend maître du plat, et fait son propre de chaque service ; il ne s’attache à aucun des mets, qu’il n’ait achevé d’essayer de tous, il voudrait pouvoir les savourer tous tout à la fois :

il ne se sert à table que de ses mains, il manie les viandes, les remanie, démembre, déchire, et en use de manière qu’il faut que

les conviés, s’ils veulent manger, mangent ses restes : il ne leur épargne aucune de ces malpropretés dégoûtantes, capables d’ôter l’appétit aux plus affamés ;

le jus et les sauces lui dégouttent du menton et de la barbe ; s’il enlève un ragoût de dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre plat et sur la nappe, on le suit à la trace ;

[il mange haut et avec grand bruit, il roule les yeux en mangeant, la table est pour lui un râtelier ; il écure ses dents, et il continue à manger.]

– « Non content de » (expression)

Champ lexical du repas (répétition insistante de certains mots)

– antithèse « lui seul » (pronom et adjectif) / « deux autres »

champ lexical militaire

– répétition hyperbolique de « tous »

– recours au présent de l’indicatif, répétition de « il » et juxtaposition + énumération de verbes + mots de la famille de « mains »

– « les conviés » (GN : désignation générale) # « il »

pléonasme « malpropretés dégoûtantes » + redondances volontaires « tous tout à la fois », « manger, mangent » + antithèse « ôter l’appétit » / « plus affamés »

paronymes : « dégoûtantes » et « dégouttent » (pluriel)

– présent de narration + rythme rapide (phrases juxtaposées, énoncés brefs)

 

– polyptote du verbe « manger » (ce dernier apparaît presque sous toutes ses formes grammaticales : infinitif, gérondif, formes conjuguées).

– Ne se borne pas à ce qu’il a.

– Il vient illustrer la gloutonnerie grotesque, la voracité.

– Pour Gnathon, lui seul compte.

– Caricature : Gnathon part en campagne.

– Idée de gloutonnerie.

– Il répète toujours les mêmes actions. Égoïsme ancré en lui. Caractère mécanique et excessif. La répétition du pronom donne l’impression que Gnathon est partout. Et la voracité est toujours présente grâce aux mains.

– Les autres apparaissent à nouveau comme secondaires.

– Insistance sur la dimension répugnante du personnage.

– Emploi ironique, nouvelle insistance sur la dimension répugnante.

– Peinture d’une scène prise sur le vif.

– Gnathon est réductible à cette action primaire de manger.

Gnathon est animalisé

Étape 3 : Illustration du trait de personnalité : en société, dans les lieux publics (l. 14 à 21)
Il se fait quelque part où il se trouve, une manière d’établissement, et ne souffre pas d’être plus pressé au sermon ou au théâtre que dans sa chambre ; il n’y a dans un carrosse que les places du fond qui lui conviennent, dans toute autre,

si on veut l’en croire, il pâlit et tombe en faiblesse ;

s’il fait un voyage avec plusieurs, il les prévient dans les hôtelleries, et il sait toujours se conserver dans la meilleure chambre le meilleur lit ; il tourne tout à son usage, ses valets, ceux d’autrui courent dans le même temps pour son service ; tout ce qu’il trouve sous sa main lui est propre, hardes, équipage.

– « quelque part où il se trouve »

– Formes pronominales, réflexives des verbes (« se ») + tournures négatives

– répétition de la restriction « ne… que »

– hypothétique « si… » + champ lexical du malaise.

– « plusieurs » (désignation générale).

– adverbe « toujours » à dimension hyperbolique + répétition du superlatif : « meilleure » et « meilleur ».

– répétition du sujet « il ».

+ Importance des pronoms et déterminants possessifs + répétition du pronom indéfini « tout » (dimension hyperbolique).

– Il se croit partout chez lui.

– Cela fait disparaître le reste de l’humanité. Négation des autres. L’égocentrique n’est tourné que vers lui-même.

– Étroitesse d’esprit de Gnathon. Son monde se réduit à certaines choses. Il est exigeant.

– Gnathon est un personnage artificiel et théâtral.

– Indétermination. Cela traduit le mépris pour les autres.

– Constance du portrait : tout reste centré sur sa propre personne.

– Il se fait maître et possesseur de tout ce qui l’entoure. Gnathon est obsédé par l’avoir au détriment de l’être. Il souhaite tout posséder et tout garder pour lui. Personnage égoïste et excessif. Il transgresse tous les codes de la politesse et de la civilité.

? Gnathon ne s’attache qu’au matériel (# spirituel). Il est réduit à des actions primaires (manger, dormir). Par le biais de l’accumulation de situations, le lecteur fait le tour du personnage qui est véritablement odieux.

? Gnathon est mis en scène dans des situations propres à la vie mondaine du XVIIème siècle, dont il transgresse impunément les codes. La Bruyère dresse donc l’anti-portrait de l’honnête homme, figure idéale du XVIIème siècle. Celui-ci se montre humble, courtois et cultivé mais sans excès. Il s’adapte à son entourage à qui il se rend agréable et fait preuve de discrétion (tout le contraire de Gnathon). Il est le repère à partir duquel on mesure les écarts que ridiculisent les moralistes dans leurs satires.

Étape 4 : Un grand mépris pour autrui (l. 21 à 25)
 il embarrasse tout le monde, ne se contraint pour personne, ne plaint personne,

ne connaît de maux que les siens, que sa réplétion et sa bile ;

ne pleure point la mort des autres, n’appréhende que la sienne,

qu’il rachèterait volontiers de l’extinction du genre humain.

– antithèse « il » (singulier) / « tout le monde » + pronom indéfini « personne ».

– restriction associée au pronom possessif « les siens ».

– écho avec la première phrase du texte : pronom possessif + nouvelle antithèse : « la mort des autres » (pluriel) / « que la sienne » (singulier).

– gradation dans la dernière phrase : jusqu’à la mort.

GN « genre humain » qui entre en opposition avec « Gnathon » au début du texte.

– Les autres sont relégués au second plan.

– Ces formulations soulignent clairement son égoïsme.

– Personnage inquiétant, il serait prêt à sacrifier tous les autres pour se sauver ? summum de l’égoïsme.

Conclusion : Ce passage est un portrait en action et le personnage se ridiculise. Gnathon est le type même de l’égoïste. La caricature est destinée à frapper le lecteur.

Mais il ne s’agit pas uniquement de la peinture d’un goinfre et d’un malotru. Comme tout auteur classique, La Bruyère se fixe comme objectif de dépeindre pour corriger. Le moraliste dresse en effet le portrait d’un anti-honnête homme, qui ne respecte aucunement les règles sociales. Le fond est comique mais Gnathon est un personnage dangereux, en témoigne la dernière phrase.

Merci à Clotilde Blanche-Dudicourt pour son analyse.

Le portrait de Gnathon

Jean de La Bruyère, Les Caractères, « De l’Homme », 121, 1688.

Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine

Gnathon ne vit que pour soi, et tous les hommes ensemble sont à son égard comme s’ils n’étaient point : non content de remplir à une table la première place, il occupe à lui seul celle de deux autres ; il oublie que le repas est pour lui et pour toute la compagnie, il se rend maître du plat, et fait son propre[1] de chaque service ; il ne s’attache à aucun des mets, qu’il n’ait achevé d’essayer de tous, il voudrait pouvoir les savourer tous tout à la fois : il ne se sert à table que de ses mains, il manie les viandes, les remanie, démembre, déchire, et en use de manière qu’il faut que les conviés, s’ils veulent manger, mangent ses restes : il ne leur épargne aucune de ces malpropretés dégoûtantes, capables d’ôter l’appétit aux plus affamés ; le jus et les sauces lui dégouttent[2] du menton et de la barbe ; s’il enlève un ragoût de dessus un plat, il le répand en chemin dans un autre plat et sur la nappe, on le suit à la trace ; il mange haut et avec grand bruit, il roule les yeux en mangeant, la table est pour lui un râtelier[3] ; il écure[4] ses dents, et il continue à manger. Il se fait quelque part où il se trouve, une manière d’établissement[5], et ne souffre pas d’être plus pressé au sermon[6] ou au théâtre que dans sa chambre ; il n’y a dans un carrosse que les places du fond[7] qui lui conviennent, dans toute autre, si on veut l’en croire, il pâlit et tombe en faiblesse ; s’il fait un voyage avec plusieurs, il les prévient[8] dans les hôtelleries, et il sait toujours se conserver dans la meilleure chambre le meilleur lit ; il tourne tout à son usage, ses valets, ceux d’autrui courent dans le même temps pour son service ; tout ce qu’il trouve sous sa main lui est propre, hardes[9], équipage ; il embarrasse tout le monde, ne se contraint pour personne, ne plaint personne, ne connaît de maux que les siens, que sa réplétion[10] et sa bile[11] ; ne pleure point la mort des autres, n’appréhende que la sienne, qu’il rachèterait volontiers de l’extinction du genre humain.

[1] Sa propriété personnelle.

[2] Dégoulinent

[3] Mangeoire pour le bétail

[4] Curer complètement

[5] Installation définitive

[6] Messe

[7] Les meilleures

[8] Les devance, leur passe devant

[9] Vêtements

[10] État d’un organe rempli, plein (ici, l’estomac)

[11] Liquide sécrété par le foie et responsable, d’après la théorie des humeurs, de la morosité.

Le portrait d’Irène : étude linéaire

Le livre XI des Caractères, intitulé « De l’Homme », brosse un portrait « d’après nature » de l’être humain, ainsi que La Bruyère le formule dans sa préface. S’appuyant sur ses propres observations de la vie de cour, le moraliste rédige des maximes et des portraits de types sociaux incarnant des défauts et des vices communément répandus.

Le portrait d’Irène se distingue pourtant des autres à bien des égards. En effet, le fragment 35 prend la forme d’un dialogue plein de vivacité, qui joue du décalage burlesque entre le ton familier d’une banale consultation médicale et la noblesse du sujet puisque Irène, dans le sanctuaire d’Épidaure, converse avec un dieu.

 

Mouvements du texte :

  • étape 1 : Présentation des personnages, du cadre et du sujet (l. 1 et 2) ;
  • étape 2 : Une consultation médicale burlesque (l. 2 à 9) ;
  • étape 3 : De l’humour au sérieux (l. 9 à 12) ;
  • étape 4 : Une satire de la faiblesse humaine (l. 12 à 17).

 

Problématique : Comment La Bruyère amène-t-il le lecteur à une réflexion sur la nature humaine, à travers le portrait d’Irène ?

 

Interprétation Citations Analyse
Étape 1 : Présentation des personnages, du cadre et du sujet (l. 1 et 2)
– Dimension ironique : le personnage est très anxieux, tourmenté.

 

Dynamisme.

On campe le décor (la Grèce), présente brièvement les deux personnages (fantaisie : une femme et un dieu) et précise le sujet (une consultation).

 

Volonté d’exagérer et de souligner le caractère hypocondriaque de certains contemporains

Irène se transporte

 

 

à grands frais en Épidaure, voit Esculape dans son temple, et le consulte

 

 

 

sur tous ses maux (l. 1 et 2).

 

– Nom propre « Irène » issu du grec eirênê qui signifie « la paix ». Il s’agit d’une antiphrase.

 

Recours au présent de narration.

 

Noms propres grecs « Épidaure » et « Esculape » + terme « temple »

 

– Termes renvoyant à la maladie (« consulte », « maux »).

Hyperboles (adjectifs « grands » et « tous »)

La Bruyère, auteur classique, multiplie les références à l’Antiquité :

– Épidaure : Sanctuaire dédié à Asclépios (Grèce).

– Esculape (en latin) ou Asclépios (en grec) : fils d’Apollon, il est le dieu gréco-romain de la médecine. Son principal lieu de culte est situé à Épidaure.

 

 

Étape 2 : Une consultation médicale burlesque (l. 2 à 10)
Interprétation Citations Analyse
L’Homme se complaît dans la plainte sur son sort.

Les erreurs de raisonnement d’Irène sont plaisamment soulignées.

Invitation à la mesure.

Simplicité des réponses. Rapidité et enchaînement (jeu de questions / réponses et prescriptions).

Comique de répétition ? dimension burlesque. Les plaintes ne portent que sur des maux courants, de la vie quotidienne. Les réponses d’Esculape font appel à la logique et au bon sens (= truismes). Elles sont brèves et ne répondent pas du tout aux espérances d’Irène (celle-ci espère un miracle).

? À travers Irène, La Bruyère fait la peinture du mode de vie des courtisans, avec son intempérance (excès), ses nuits sans sommeil, ses fêtes et sa paresse. Le portrait tourne alors à la satire de la cour et des dames « à vapeurs », gourmandes, paresseuses. C’est là le contraire de l’idéal classique de la juste mesure (l’honnête homme).

D’abord elle se plaint [qu’elle est lasse et recrue de fatigue] ; et le dieu prononce [que cela lui arrive par la longueur du chemin qu’elle vient de faire] ; elle dit [qu’elle est le soir sans appétit] ; l’oracle lui ordonne de dîner peu ; elle ajoute [qu’elle est sujette à des insomnies] ; et il lui prescrit de n’être au lit que pendant la nuit. Elle lui demande [pourquoi elle devient pesante, et quel remède] ; l’oracle répond [qu’elle doit se lever avant midi, et quelquefois se servir de ses jambes pour marcher]. Elle lui déclare [que le vin lui est nuisible] ; l’oracle lui dit de boire de l’eau ; [qu’elle a des indigestions], et il ajoute

[qu’elle fasse diète] (l. 2 à 10).

– redondance : « lasse et recrue de fatigue » + champ lexical des maux : termes négatifs et péjoratifs comme « sans appétit », « ni ni », « maux », « lasse »

répétition : 11 questions / réponses

Adverbe « peu », tournure restrictive « n’…que », expression « f[aire] diète »

Discours indirect (cf. verbes de parole). Phrases juxtaposées et coordonnées (répétition de « et ») : plainte d’Irène et réponse d’Esculape (répétition des termes « elle » / « l’oracle » qui entrent systématiquement en opposition).

 

 

 Absence de maux véritables. Irène est hypocondriaque (d’où les nombreuses doléances du personnage), ce qui entraîne l’exaspération de l’oracle. La conduite des hommes est paradoxale : ils veulent vivre longtemps, mais négligent leur santé.

Pour le lecteur de l’époque, derrière Irène se profile Mme de Montespan, l’autoritaire maîtresse de Louis XIV, qui vivait « à grands frais », se disait toujours « recrue de fatigue », et avait une crainte maladive de la mort.

Le long voyage d’Irène pour consulter un médecin rappelait aux contemporains les fréquentes cures thermales de Mme de Montespan pour guérir « tous ses maux ». Un médecin lui aurait répondu comme Esculape. Enfin, le prénom « Irène », ancienne impératrice de Byzance et conspiratrice ambitieuse, pouvait également faire penser à la favorite officielle du roi.

Le fragment 35 prend la forme d’un dialogue plein de vivacité, qui joue du décalage burlesque entre le ton familier d’une banale consultation médicale et la noblesse du sujet puisque Irène, dans un temple de la Grèce antique, converse avec un dieu.

 

 

Étape 3 : De l’humour au sérieux (l. 10 à 15)
Interprétation Citations Analyse
– Dimension encore plus vivante et dynamique de l’échange entre les deux personnages ? véritable vivacité théâtrale : saynète.

– Les malaises évoqués sont plus sérieux et existentiels (la vieillesse et la mort).

– Ces éléments renvoient à une scène du XVIIème siècle, et non à l’antiquité.

– Condamnation de l’amour-propre : l’obsession de la santé constitue aux yeux des moralistes une préoccupation égoïste et pécheresse. + rappel de la finitude humaine :  l’homme ne peut échapper à sa condition de mortel, comme ses ancêtres.

« Ma vue s’affaiblit, dit Irène ; – Prenez des lunettes, dit Esculape ; – Je m’affaiblis moi-même, continue-t-elle, et je ne suis ni si forte ni si saine que j’ai été ; – C’est, dit le dieu, que vous vieillissez ; – mais quel moyen de guérir de cette langueur ?

– Le plus court, Irène, c’est de mourir, comme ont fait votre mère et votre aïeule (l. 10 à 15)

 

Recours au discours direct.

– Répétition du verbe pronominal « s’affaiblir » + négations : « ne », « ni…ni »

– terme connoté « langueur » (XVIIème siècle) + anachronisme des « lunettes ».

– hyperbole moqueuse (lapalissade) + comparaison « comme… »

 Irène est une femme d’âge mûr. Elle n’a pas de maladies aiguës, mais uniquement des maux chroniques, dus à la sénescence, à la dégénérescence naturelle.

Après avoir opposé les faux remèdes dont rêve Irène aux vrais remèdes naturels, La Bruyère critique, en passant au style direct, les sottes illusions des hommes qui croient qu’on peut guérir les maux incurables, qu’il existe un remède contre la fatalité du temps.

 

 

Étape 4 : Une satire de la faiblesse humaine (l. 15 à 20)
Interprétation Citations Analyse
– Elle rappelle le statut de l’interlocuteur d’Irène : elle s’adresse au dieu de la médecine lui-même.

– Ces questions soulignent l’agacement, la colère d’Irène. Elle fait preuve d’irrespect (ton méprisant) et met en doute la « science » du dieu. Elle espérait une guérison merveilleuse.

Pour finir, Irène prétend être son égale (elle est présomptueuse).

– Reproche d’Esculape.

– C’est en quelque sorte la morale. Tout homme doit être son propre médecin et pour cela pratiquer une hygiène naturelle.La médecine n’est pas une science mystérieuse capable de faire des miracles. Il n’existe pas d’élixir de jouvence, de potion rajeunissante. Les seuls vrais remèdes sont donnés par la nature (natura medicatrix) et chaque homme peut les utiliser sans avoir recours à des cures au terme de longs voyages qui ne sont que « divertissement » au sens pascalien du terme.

 

– Fils d’Apollon, s’écrie Irène, quel conseil me donnez-vous ? Est-ce là toute cette science que les hommes publient, et qui vous fait révérer de toute la terre ? que m’apprenez-vous de rare et de mystérieux,

 

et ne savais-je pas tous ces remèdes que vous m’enseignez ?

 

– Que n’en usiez-vous donc, répond le dieu, sans venir me chercher de si loin, et abréger vos jours par un long voyage ? » (l. 15 à 20)

 

 

 

 

– Périphrase désignant Esculape.

– Énumération de questions rhétoriques. Adjectifs indéfinis et déterminants démonstratifs : « toute », « cette » + verbe “s’écrier”

– Question rhétorique sous forme d’interro-négative (association du verbe « savoir » et du GN « tous ces remèdes » : adjectif indéfini hyperbolique « tous »).

 

La tournure « Que ne » sert dans la langue littéraire à exprimer le regret, le reproche (pronom interrogatif « que » + adverbe de négation « ne »).

? Pointe, chute.

 Concrètement, à travers le dieu, le moraliste donne des conseils élémentaires de vie : la médecine ne peut tout soigner ; mais, pour garder la santé, il faut être tempérant, ne pas hésiter devant l’effort et se fier à son bon sens – Irène avait trouvé elle-même les «remèdes».

D’un point de vue plus existentiel, La Bruyère indique les erreurs à éviter : il faut se résoudre à ne pas rester toujours jeune, ne pas aller contre la condition humaine – au fond, ne pas commettre la faute de Prométhée qui voulait égaler les dieux (immortels, eux).

Implicitement, et plus positivement, dans la dernière phrase, c’est une leçon de lucidité mais aussi d’épicurisme que délivre le dieu : plutôt que de se plaindre et courir après la fontaine de jouvence, l’homme doit profiter du temps qui lui est concédé, sans le perdre dans d’inutiles « longs voyages ». En somme, La Bruyère incite au bonheur simple et reprend le « carpe diem » des Anciens.

 En liant références antiques et universalité, La Bruyère apparaît bien comme un auteur classique (voir le point sur le classicisme dans la séance 2).

 

 

Conclusion : Critiquant à la fois les illusions des malades et les erreurs des médecins, La Bruyère reprend certains thèmes de Sénèque que traiteront après lui Fénelon, Rousseau et Voltaire. Le moraliste oppose les drogues, la vaine science des hommes qui ne donnent que des résultats illusoires, à l’hygiène naturelle qui est une vertu du sage. Soutenu par sa foi chrétienne, il prêche la résignation devant l’inévitable.

 

 

Merci à ma collègue Clotilde Blanche-Dudicourt pour l’étude linéaire de ce texte et pour le travail partagé sur cette séquence.

Le portrait d’Irène

 Parcours : peindre les Hommes, examiner la nature humaine

Irène se transporte à grands frais en Épidaure1, voit Esculape2 dans son temple, et le consulte sur tous ses maux. D’abord elle se plaint qu’elle est lasse et recrue de fatigue ; et le dieu prononce que cela lui arrive par la longueur du chemin qu’elle vient de faire ; elle dit qu’elle est le soir sans appétit ; l’oracle3 lui ordonne de dîner peu ; elle ajoute qu’elle est sujette à des insomnies ; et il lui prescrit de n’être au lit que pendant la nuit. Elle lui demande pourquoi elle devient pesante4, et quel remède ; l’oracle répond qu’elle doit se lever avant midi, et quelquefois se servir de ses jambes pour marcher. Elle lui déclare que le vin lui est nuisible ; l’oracle lui dit de boire de l’eau ; qu’elle a des indigestions, et il ajoute qu’elle fasse diète. « Ma vue s’affaiblit, dit Irène ; – Prenez des lunettes, dit Esculape ; – je m’affaiblis moi-même, continue-t-elle, et je ne suis ni si forte ni si saine que j’ai été ; – C’est, dit le dieu, que vous vieillissez ; – mais quel moyen de guérir de cette langueur5 ? – Le plus court, Irène, c’est de mourir, comme ont fait votre mère et votre aïeule. – Fils d’Apollon, s’écrie Irène, quel conseil me donnez-vous ? Est-ce là toute cette science que les hommes publient6, et qui vous fait révérer7 de toute la terre ? que m’apprenez-vous de rare et de mystérieux, et ne savais-je pas tous ces remèdes que vous m’enseignez ? – Que n’en usiez-vous donc, répond le dieu, sans venir me chercher de si loin, et abréger vos jours par un long voyage ? »

Jean de La Bruyère, Les Caractères, « De l’Homme », 35, 1688.

1Épidaure : sanctuaire de la Grèce antique où se rendaient les pèlerins soucieux de leur santé.

2Esculape : dieu romain de la médecine (Asclépios chez les Grecs), fils d’Apollon.

3L’oracle : prophète par la voix duquel s’exprime le dieu.

4Pesante : corpulente.

5Langueur : affaiblissement, épuisement.

6Publient : vantent.

7Révérer : vénérer.

Lecture du début du chapitre XI des Caractères

Je vous propose ci-dessous une reformulation des idées principales contenues dans les premiers passages lus ensemble en classe. Vous allez vous habituer au style de l’auteur et au vocabulaire qu’il emploie.

1 C’est dans la nature des hommes d’avoir des défauts.

2 Les hommes savent changer, mais seulement sur de petites choses. Au contraire ils sont constants dans leurs défauts.

3 La Bruyère critique les stoïciens qui ont voulu faire croire qu’on pouvait rester indifférent à tout, à la souffrance, à la mort. Selon lui, ils n’ont pas choisi la bonne méthode. Pour La Bruyère, il faut faire des peintures affreuses des défauts des hommes pour les corriger. Les stoïciens, eux, ont poussé les hommes à être héroïques, à faire l’impossible (à savoir rester insensible).

La Bruyère oppose le sage idéalisé des stoïciens à la réalité des hommes (qui sont emplis d’émotions et de sentiments).

4 Il donne des exemples de vices (de défauts) et précise que tous les hommes n’ont pas tous les vices.

5 L’irrésolution = le fait d’être incapable de prendre des décisions

La Bruyère s’interroge : que vaut-il mieux ? Ne rien décider ou mal décider ?

6 Certains hommes ont une humeur tellement changeante que ce sont des personnes différentes d’un jour à l’autre. Il prend l’exemple de quelqu’un qui un jour vous accueille comme son meilleur ami et le lendemain vous adresse à peine la parole.

7 Ménalque = portrait du distrait

8 L’incivilité vient selon La Bruyère de l’accumulation de plusieurs défauts. C’est un défaut détestable car toujours visible mais plus ou moins offensant.

9 Ce n’est pas une excuse de dire qu’une personne est colérique ou capricieuse. Mais cela sous-entend que l’on ne peut rien contre ces défauts (= irrémédiable).

10 C’est souvent la colère qui amène les hommes à injurier. Certains, rares, injurient puis se fâchent. Cela étonne.

11 La Bruyère pense qu’on a du mal à faire plaisir, et qu’il est plus facile de refuser que d’accepter.

12 Il faut savoir ce qu’on peut attendre des autres avant de se lancer dans la vie en société.

13 Ce qui amène au crime : la pauvreté et le manque d’esprit.

14 Les malhonnêtes manquent d’esprit. C’est pour cela qu’on ne réussit pas à les corriger.

15 Selon La Bruyère, certains défauts sont innés, d’autres acquis. Mais l’environnement social joue un rôle sur notre tempérament.

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