Professionnalisme et modernité
Le milieu de la tauromachie est fait d’ombres et de lumières, de choses surannées et d’autres plus en accord avec les temps actuels.
Pour parler des points à revoir concernant une meilleure professionnalisation, l’alternative catastrophique de Mathieu Guillon à Mont de Marsan en 2012 prouve les manques concernant la formation et l’accès au doctorat taurin. Par ailleurs, les encastes minoritaires ont du mal à trouver acquéreur, en partie, comme le suggère André Viard dans son dernier opus, parce que certains novilleros se refusent à les affronter. Si on prend en compte ces différents facteurs ou peut arriver à la conclusion que les 25 novilladas exigées pour prendre l’alternative sont insuffisantes et surtout qu’il faudrait exiger d’avoir toréé un certain nombre de souches différentes comme condition indispensable au bon apprentissage du métier. D’autres ont proposé la création d’une Académie qui déciderait de qui peut prendre ou non l’alternative. Mon ami Dominique Valmary avait quant à lui proposé l’obligation de banderiller pour les novilleros sans picadors.
En tous cas en matière de reconnaissance de la tauromachie les choses avancent. Deux ans et demi après la France, l’Espagne vient d’adopter un projet de loi pour inscrire officiellement la tauromachie à son Patrimoine Culturel. Rappelons que les signatures (plus de 600 000) recueillies pour une ILP (Initiative Législative Populaire) sont à l’origine de cette déclaration. L’objectif premier était d’obtenir une déclaration de Bien d’Intérêt Culturel qui aurait supposé une obligation de protection et non une simple reconnaissance morale. Le 6 novembre 2013 est malgré tout une date historique pour la Corrida mais pour un retour de la « Fête nationale » en Catalogne il faudra attendre la décision du Tribunal constitutionnel, en sachant que la tauromachie fait partie des compétences autonomiques.
Par ailleurs, le ministre de la culture, José Ignacio Wert, a annoncé que l’Espagne allait demander officiellement l’inclusion de la Fiesta nacional au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
De plus, le PENTAURO (plan stratégique national pour le développement et la protection de la tauromachie mis en place à la fin de l’année 2013) a pour ambition de réfléchir pour faire avancer la tauromachie. Il se décompose en 5 axes : qualité, compétitivité, connaissance, communication et coopération et il est constitué de 46 groupes de travail dans lesquels les associations d’aficionados sont sous représentées. Les propositions ne pourront pas compter sur un quelconque financement étatique. Il reste à espérer que les dissensions apparues dans la Mesa del toro, qui était censée donner au secteur une seule voix, s’estomperont.
On sait déjà que certaines mesures vont être prises :
– l’inclusion des arènes dans la loi qui oblige les collectivités à investir 1.5% de leur budget dans la conservation du Patrimoine Historique
Celles déjà en places devraient être généralisées :
– par exemple l’attribution de prix au meilleur picador qui est l’une de bases de la revalorisation du tercio de piques
D’autres ont d’autres propositions :
– réduction importante des tarifs pour les jeunes (mesure appliquée mais insuffisante) et baisse des billets les moins chers
– baisse de 20% plus gros contrats en France pour 2012 (on n’en a pas entendu reparler)
– augmentation des contrats des éleveurs (instauration d’un minimum ?)
– diminution de la base salariale des quadrilles
– réduction de la TVA pour les novilladas
– baisse de la location des arènes de la part des pouvoirs publics
– amélioration de l’image de la tauromachie et efforts de communications (certains toreros comme El Juli, Manzanares ou Talavante sont apparus dans les médias télévisuels nationaux)
– tentaderos publics avec des scolaires (Perera ou Padilla récemment) et efforts de pédagogie
– meilleure formation de tous les intervenants, notamment les présidents et harmonisation des critères pour l’attribution d’une vuelta ou d’un indulto
– engagement direct des subalternes par les empresas
– obligation généralisée de deux piques et interdiction d’appuyer à la première si le toro ne pousse pas (fin de la monopique) + obligation pour le matador de mettre le toro en suerte
Si d’aucuns ont d’autres idées bienvenu(e)s soint-ils et soient-elles.