Emancipez-vous… par la culture… et par les murs!

Le 24 janvier dernier, les élèves de terminale suivant l’enseignement facultatif ont parcouru les salles du CHRD de Lyon où une exposition intitulée « La chute des murs. Street Art & Happening » en lien avec le 30ème anniversaire de la Chute du Mur de Berlin. Cette exposition entrait en résonance avec le thème du programme consacré aux relations entre Art et émancipations.

Emma G.nous livre ses impressions.

La visite a eu lieu au CHRD de Lyon le 24 Janvier 2020. Il faut peut-être de prime abord rappeler que ce bâtiment a été le centre de torture et d’interrogatoire de la Gestapo, ainsi que son siège au cours de la Seconde Guerre mondiale. Jean Moulin a eu son dernier interrogatoire en ce lieu.

L’équipe du CHRD a voulu rappeler l’origine de ce bâtiment tout en fêtant l’anniversaire de la chute du mur de Berlin et quoi de mieux que 6 street-artistes engagés pour cela ? 8-9 artistes locaux ont été appelés pour faire des propositions soumises à jury en vue d’une possible présentation. Au final 5 hommes et 1 femme ont été sélectionnés et chacun a dû présenter sa version du mur (thème choisi pour cette exposition). Lors de la visite nous pouvions voir qu’aucune des œuvres n’avait de cartel pour que l’interprétation soit propre à chacun. De ce fait, les visites guidées ont été fortement plébiscitées par le public afin de mieux entrer dans les oeuvres. L’équipe du CHRD a également eu recours à la réalité virtuelle pour « compléter » les œuvres. Lorsque nous nous mettions face à une œuvre en activant l’application du CHRD sur smartphone, une animation apparaissait. Toutes les œuvres ont été réalisées sur d’anciens panneaux d’autres expositions afin de les recycler.

Ici, voici l’oeuvre de l’artiste Big Ben. Le rat représente la vermine, on ne veut pas de lui. Le rat avec le marqueur peut représenter Banksy, il avait utilisé cette représentation du rat pour parler des paparazzis. Nous voyons en bas à gauche Big Ben, c’est la signature de l’artiste.

Le rat de Big Ben

L’artiste « droit dans le mur » a l’un des meilleurs pseudonymes pour cette exposition temporaire. Il réalise le plus souvent des jambes sortant d’un mur.
L’expression « aller droit dans le mur » veut dire qu’on va se tromper, rater ce que l’on entreprend et tomber.

Droit dans le mur

Ici nous voyons un homme avec un jean et des bottes donc un homme d’une société développée qui est droit dans le mur mais en plus porté par un indigène amazonien. Cela pourrait donc avoir un rapport avec la déforestation.

Cette œuvre a été réalisée par l’artiste Oak Oak, le pro de l’illusion. Le Mickey représenté sur cette œuvre est en fait la copie du Mickey sur le côté ouest du mur de Berlin qui illustrait la transition vers un système unifié de Berlin. Sur l’oeuvre de Oak Oak on dirait que Mickey nous invite à venir voir de l’autre coté. Lorsque nous activions la réalité virtuelle sur cette œuvre, des notes de musique sortaient de la porte.

L’oeuvre ci-contre est celle dont Oak Oak s’est inspiré.

Cette œuvre d’Agrume est frappante. Agrume a pour habitude d’incorporer des marguerites et des oiseaux sur ses œuvres. Ici, les tiges des marguerites sont remplacées par du fils barbelé. L’enfant est d’ailleurs lui aussi assis pied nu derrière du barbelé. Un faisceau de lumière l’éblouit et il se cache le visage derrière ses fleurs. On pourrait penser qu’il va se faire juger et que c’est un enfant juif. Les marguerites sont censées représenter l’espoir mais le fait que leurs tiges soient en barbelé pourrait signifier que tout espoir est « piquant », difficile.

Dans cette salle, nous pouvons voir l’oeuvre de Petite Poissone, une artiste qui est surtout maître des citations.
Dans cette salle, elle laisse les visiteurs s’exprimer. Nous pouvions écrire à la machine à écrire. Toutes les citations étaient alors accrochées au mur. Il y avait aussi des origamis en forme de grues qui, au Japon, sont symbole de chance, bonheur, prospérité.

Dans cette œuvre de By Dav, nous pouvons voir une interprétation de la célèbre œuvre « le radeau de la méduse » de Théodore GERICAULT. On pourrait imaginer des migrants se dirigeant vers New-York pour une vie meilleure mais malheureusement pour eux il y a encore un mur avec du barbelé. Les messages sur le mur comme « welcome » marqué en rouge pourrait être marqué avec du sang. La flamme de la statue de la liberté est un carreau blanc mais lorsque que l’on se recule et qu’on va sur la droite de l’oeuvre ce carreau pourrait en fait représenter un écran de téléphone. Cette œuvre pourrait donc dire que « l’herbe n’est pas plus verte ailleurs ».

Cette œuvre de Big Ben représente Hitler mélangé au Joker, incarnation du mal. C’est l’une des œuvres qui m’a le plus marquée.
Cette œuvre a ouvert nombre de débats durant les différentes visites. Un visiteur aurait dit que si le Joker est devenu méchant c’est à cause de l’environnement dans lequel il a grandi, avant d’enchainer sur Hitler et ses actes. Mais ces actes ne sont tout de même ni excusables ni pardonnables.

Ce trompe-l’œil de Oak Oak n’est pas laissé par hasard. A l’époque, les prisonniers avaient l’habitude de cacher des objets précieux pour eux dans les murs.

Le design du coeur pourrait nous faire penser au célèbre jeu video Zelda, où les coeurs servent à donner une autre vie pour mourir moins vite. Ici, on pourrait donc penser qu’il a caché le coeur afin d’avoir une vie meilleure ou simplement ne pas mourir.

Oeuvre réalisée par Droit Dans Le Mur.


Le mannequin rayé avec un gilet de sauvetage pourrait représenter un migrant et les rayures font penser aux tenues des prisonniers, donc un migrant prisonnier de son pays ou de son histoire. L’oeil ouvert au-dessus pourrait vouloir dire que tout le monde le voit mais que personne ne fait rien. La personne qui va droit dans le mur serait donc la société actuelle dans laquelle nous vivons mais l’oeil fermé au-dessus peut laisser penser que nous faisons ceux qui savent mais ne voient rien.

Pour conclure, cette exposition temporaire (du 08/11/2019 au 26/01/2020) était très percutante. Les artistes ont su nous transmettre beaucoup d’émotions à travers leurs œuvres. Certaines des œuvres seront d’ailleurs peut-être vendues. Je pense que c’est une expositions qui aurait pu plaire à tous les âges.

Je vous invite à cliquer sur ce lien pour lire le petit livre du CHRD concernant cette expositions : https://fr.calameo.com/read/0043822210e1c98667f1c?page=1.

L’art en (pleine!) forme(s) et… (haut en) couleur(s) au MBA!

Dans le cadre du programme de 1ère spé, les élèves ont pu découvrir ce jeudi 12 décembre l’exposition temporaire co-organisée par le MBA et le MAC Lyon et intitulée « Penser en formes et en couleurs ». Elle est à découvrir jusqu’au 5 janvier! Courez-y!!

« Penser en formes et en couleurs »

Au fil des salles, accompagnés par un médiateur en pleine forme et… haut en couleur (!), les élèves sont entrés dans les oeuvres et les ont analysées avec minutie et précision. De Robert Delaunay à Pierre Soulages en passant par Etienne Martin et Alan Charlton. Un voyage dans l’art du XXème siècle! Un voyage quasi initiatique sur les traces des artistes créateurs qui ont fait l’histoire de l’art!

Petit florilège… en attendant quelques analyses d’élèves!!

Steven Parrino (1958-2005), Turning Blue (détail), 1988, acrylique sur toile, MAC Lyon

Les élèves autour de l’oeuvre d’Etienne Martin (1913-1995), Hommage à Brown, vers 1988-1989, bois de frêne peint, MBA de Lyon.

Fernand Léger (1881-1955), La Botte de navets, 1951, huile sur toile, MBA de Lyon

Bernard Aubertin, (1934-2015), Monochrome rouge A5 (bois sculpté), 1962-1977, plaque d’aggloméré, pigment rouge, MAC Lyon.

Etienne Martin (1913-1995), La nuit d’Oppède (détail), 1942, bois de châtaignier, MBA de Lyon

Pierre Soulages (1919- ), Peinture 181 x 244 cm, 25 février 2009 (détail), 2009, acrylique sur toile en triptyque, MBA de Lyon

Et soudain… Soulages!!

 

Bienvenue au MAMC+

Billet de blog rédigé à six mains par Flora B. (Termainale Hida spé), Océane M. et Amel T.(1ère Hida spé).

[Amel] Dans le cadre de la spécialité HIDA et des Journées Européennes du Patrimoine, je me suis rendue à deux reprises (cadre scolaire et privé) au musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne. Nous avons pu observer l’exposition : «24 heures de la vie d’une femme» ,dont il faut rappeler que le titre est d’ailleurs repris du célèbre livre de Stefan Zweig.

Cette exposition se déroule sous une forme narrative, comme si on racontait la journée d’une femme heure par heure. De la vie de cette femme imaginaire ou réelle, nous voyons toutes les étapes, de l’éveil à la nuit en passant par la journée harassante de travail et les tâches d’un quotidien surchargé de femme au foyer. L’exposition dévoile la proximité étonnante des artistes d’un siècle à l’autre dans leur approche formelle et sensible. Chaque thématique rapproche des œuvres très différentes, jouant sur la mise en perspective d’attitudes ou d’effet de matières. Le spectateur est invité à imaginer, sentir, voir, vivre les instants du jour ou de la nuit, dans la peau d’une autre.

La narration comme cheminement, plutôt que l’histoire de l’art dans sa stricte chronologie. Il s’agit de d’examiner et de montrer les œuvres autrement, dans un élan plus proche du quotidien de chacun, en reconnectant l’art au présent .

[Océane] Lors de la journée du 16 septembre, nous avons visité deux expositions du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne dont on peut rappeler qu’il a ouvert ses portes en 1987. Avec ses 3 000 m2 et ses 20 000 œuvres (dont 1500 pièces de design), le MAMC+ est le deuxième musée d’art moderne et contemporain de France après Beaubourg (Centre Pompidou) à Paris. A tout seigneur tout honneur!

La première exposition que nous avons découverte s’intitule donc «24 heures de la vie d’une femme».

[Flora] Le titre de cette exposition, comme l’a souligné Amel, est un clin d’œil à un roman de Stefan Zweig ; elle permet de présenter la journée d’une femme fictive à travers de multiples œuvres d’époques et de genres différents. Il s’agit de montrer des œuvres très proches du quotidien de tout un chacun. Les oeuvres sont une sélection opérée parmi les 20 000 acquises par le musée entre 1833 et 2018.

[Océane] La scénographie de l’exposition permet de diviser la journée de cette femme (imaginaire) en 10 moments : l’éveil ; le bain ; dehors ; le monde ; le travail ; le déjeuner ; le repos ; la promenade ; la rencontre ; la fête ; la nuit ; les rêves.

Certaines œuvres ont un lien plus ou moins évident avec le titre mais permettent aux visiteurs de découvrir les oeuvres d’une autre manière. Il en est ainsi de Tas de bûches et de briques de Bernard Pagès ou encore de Trames alternées de Julio Le Parc. Certaines de ces œuvres font partie du mouvement artistique Supports – Surfaces qui est un des piliers de l’art contemporain français dans le domaine de la sculpture ainsi que dans la peinture.

Bernard PAGÈS, Tas de bûches et de briques, 1969,
80 x 300 x 300 cm, Bûches teintes et briques creuses, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint Etienne Métropole

L’œuvre ci-dessus est une sculpture formée de briques creuses et de bûches teintes (en bleu et en jaune) d’où son nom. Imaginé en 1969 par Bernard PAGES (né le 21 septembre 1940 à Cahors), ce Tas de bûches et de briques mesure 80cm de hauteur et 3m de largeur sur 3m de longueur. Cette oeuvre est censée illustrer le chapitre consacré à la promenade.

Trames Alternées a quant à elle été réalisée vers 1970 par Julio Le PARC né le 23 septembre 1928 à Mendoza en Argentine. Cette oeuvre mesure 30 cm de hauteur et 30 cm de large sur 30 cm de longueur. Elle forme un cube qui est composé de métal martelé, de peinture et d’un moteur électrique ; le moteur fait tourner la sphère au centre du cube qui permet d’une certaine façon de créer une illusion d’optique. Elle s’intègre à la partie dédiée à la fête… le côté boule à facettes ?!

Julio LE PARC, vers 1970, 30 x 30 x 30 cm,
Métal martelé, peinture, moteur Musée d’art Moderne et Contemporain de Saint-Étienne Métropole

La deuxième exposition est une exposition monographique en hommage à Pierre Buraglio. Elle rassemble près de 200 œuvres de cet immense artiste contemporain. Cette rétrospective permet de retracer la carrière de Pierre Buraglio depuis les débuts de sa carrière artistiques en 1960 et d’aborder son travail à travers des formes, des techniques et des matériaux variés.

Pierre Buraglio est né le 4 mars 1939 à Charenton-le-Pont. L’année de ses 20 ans il rentre à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris. Puis, en 1961, l’artiste participe au Salon de la Jeune Peinture où il rencontre Gilles Aillaud. En 1963, Pierre Buraglio part à New York où il rencontre d’autres artistes qui le nourrissent et lui permettent de se construire comme artiste. En 1966, il crée ses premiers Agrafages et participe à une exposition à la galerie Jean FOURNIER intitulée «Pour une exposition en forme de triptyque»… Tout un programme!

Vue de l’exposition / rétrospective « Pierre Buraglio au MAMC+

Les premiers Camouflages sont imaginés en 1968-1969, puis, en 1974-1975, Buraglio travaille sur les premiers Châssis et Cadres avant de sa lancer dans ses fameuses Fenêtres… Bref, il explore les matériaux et les techniques et rencontre un certain succès.

Sa première exposition solo se déroule ainsi au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, ce qui vaut consécration! Il enchaîne les expositions : Musée de Grenoble (1979), Musée National d’Art Moderne (1982), Won Gallery à Séoul (1989), Musée d’Art Contemporain de Bordeaux (1999), Musée des Beaux- Arts de Lyon (2002-2004), Musée Fabre de Montpellier (2009) et Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint-Etienne (2019).

[Flora] Cette exposition nous permet donc de contempler près de ses 200 œuvres et de poser un regard sur plus de 40 ans de carrière. Tout ce que l’artiste a croisé dans sa vie a pu être mis au service de son œuvre (des paquets de cigarette bleus – les Gauloises! – collés les uns aux autres par exemple). Buraglio semble vouloir utiliser le moins possible la peinture comme s’il voulait déconstruire la peinture elle-même. Il essaye d’utiliser le maximum de matériaux de récupération. Dans chacune de ses œuvres on trouve généralement une chose (matière, couleur) qui devient l’élément essentiel de cette œuvre (par exemple des épingles, du plastique)….

Pierre Buraglio, Le pull-over de Jacques, 2007-2017, peinture à l’huile sur contreplaqué, 115 x 89 cm, Musée d’Art Moderne et Contemporain de Saint Etienne

[Océane] L’œuvre qui a le plus attiré mon attention est Le pull-over de Jacques ; c’est une peinture sur contreplaqué datant de 2007-2008. A première vue nous pouvons penser que Pierre Buraglio s’est inspiré du vêtement qu’il portait et nous interroger sur l’intérêt de représenter un objet du quotidien. Jacques était un ami de son père et à travers le tableau l’artiste souligne l’absence de cette personne… autant que sa présence car l’objet le représente (dans les deux sens du terme) et le rend, de fait, présent à nos yeux. Et ce d’autant plus que ce pull-over mesure 115cm de hauteur et 89cm de largeur, soit une dimension qui entretient l’illusion de la réalité. Le Pull over de Jacques ou comment rendre l’absent présent… Une belle méditation!

Pour moi le bémol de cette sortie tient au temps : nous n’avons pas pu découvrir toutes les œuvres! Une frustration d’autant plus grande que le musée ferme pour plusieurs semaines et que les expositions sont appelées à être changées…