Le Corbusier, l’architecte de la Tourette.

Billet de blog rédigé par Erin V, élève de Terminale HIDA spé, à l’issue de la séance de travail en extérieur au couvent Sainte-Marie de la Tourette le 5 novembre dernier.

Le Corbusier, de son véritable nom Charles-Édouard Jeanneret, compte parmi les plus grands architectes de son temps. Né en 1887 en Suisse, puis naturalisé français en 1930, il est le précurseur du Mouvement moderne en architecture, un mouvement consistant plus particulièrement à bâtir des édifices fonctionnels. C’est cet artiste qui a par ailleurs inventé le principe de « l’unité d’habitation » dont on trouve des exemples à Firminy ou Marseille.

Charles-Edouard Jeanneret-Gris, dit Le Corbusier (1887-1965)

Après une formation de graveur-ciseleur puis de peintre suivie à l’École d’art de sa ville natale de La Chaux-de-Fonds, en Suisse, il s’oriente vers l’architecture et la décoration en 1904. S’il n’obtient jamais de diplôme dans cette discipline, il se forme sur le tas grâce à des architectes, comme Auguste Perret qu’il rencontre en 1908 et qui lui enseigne la technique de construction en béton armé, à laquelle il restera attaché durant toute sa carrière.

En mai 1911 il entame un grand voyage qui va être source d’inspiration pour lui : Prague, Vienne, Budapest, Istanbul, Athènes, mais aussi le Mont-Athos ; cette pérégrination dans l’Est de l’Europe va, en partie, inspirer sa philosophie. Il se rend également en Italie, notamment à Pise, pour y admirer les productions artistiques, et plus particulièrement celles de la Renaissance. Il emporte avec lui un carnet d’illustrations qu’il va remplir et qui lui servira de sources d’inspiration pour ses réalisations futures.

Sa première construction date de 1912. Dès son retour de voyage et en 1917 il ouvre son propre atelier d’architecture, prélude à une carrière de renommée internationale. Il ne tarde pas par ailleurs à se choisir un pseudonyme : ce sera « Le Corbusier »! Après-guerre, ce théoricien « avant-gardiste » est sollicité par les gouvernements français successifs de la IVème République afin de participer à la Reconstruction ; il réussit à convaincre les décideurs politiques du bien-fondé des grands ensembles verticaux qui ont le mérite de permettre de densifier l’habitat tout en ménageant des perspectives et des espaces verts.

Unité d’Habitation de Firminy Vert construire par Le Corbusier

Il obtient ainsi le soutien sans faille d’Eugène Claudius-Petit et, dans le droit fil de l’utopiste Charles Fourier et de ses phalanstères, il conçoit et construit les fameuses « unités d’habitation » pour 1600 personnes, les « Cités radieuses ». La première est érigée en 1947 à Marseille (c’est la « maison du fada »!). Quatre autres suivront, à Rezé, Berlin, Briey et Firminy

Le Modulor – unité de mesure inventée par Le Corbusier pour servir de mesure à ses constructions

Le Corbusier conçoit ses immeubles en réfléchissant d’abord et avant tout aux besoins de ceux qui les habiteront! Pour ce faire, il s’appuie sur le « Modulor », une unité de mesure qu’il invente à partir du nombre d’or et des suites de Fibonacci. Par ailleurs, il considère que les habitants de ses immeubles doivent pouvoir trouver tous les services indispensables à leur vie quotidienne : école, crèche, commerces… Le tout organisé autour d’une rue intérieure.

Par ailleurs, Le Corbusier entend oeuvrer contre l’humidité et l’insalubrité qui en découle avec son lot de maladies plus ou moins mortelles (tuberculose). Il faut rappeler qu’à cette époque-là la question des taudis et, plus généralement, celle de l’hygiène des villes étaient des questions primordiales. Il a alors commencé à imaginer des logements confortables et économiques en recourant aux techniques industrielles de construction afin de répondre à ces défis. Les 5 points d’architecture font partie de la « recette Le Corbusier » ; les voici :

Pilotis : le principe consiste à libérer le sol de l’emprise du rez-de-chaussée du bâtiment, afin de dégager plus de jardin en pleine terre et de ménager des perspectives paysagères.

Toit terrasse : grâce au béton armé dont il se sert, on n’aura plus besoin de réaliser des combles en pente et il s’avère donc possible d’exploiter le dernier niveau du bâtiment : à Firminy on y trouve la cour de l’école par exemple!  Il faut noter que ce parti pris permet de donner une identité visuel au bâtiment qui se détache dès lors nettement grâce à cette ligne horizontale pure, dépourvue de fioritures et d’ornements comme les corniches « classiques ».

Les pilotis du couvent de la Tourette – une caractéristique de l’architecture de Le Corbusier

Fenêtre bandeau : grâce au béton qui a « libéré » le plan et la façade, les ouvertures peuvent courir sans interruption d’un bout à l’autre de la construction.

Plan libre : le plan libre est un principe s’opposant au « plan paralysé » des constructions traditionnelles, où les cloisons entre les pièces sont des murs porteurs, superposés d’étage en étage. Chez Le Corbusier, seuls les piliers de béton sont porteurs, ce qui permet en effet de construire des cloisons où on souhaite, en fonction des besoins.

Façade libre : comme les poteaux peuvent être placés en retrait des façades à l’intérieur de l’édifice, la façade peut s’organiser à loisir : les ouvertures peuvent donc être larges et nombreuses…

Atrium du Couvent Sainte Marie de la Tourette à Eveux

Au couvent Sainte-Marie de la Tourette construit dans les années 1950, on retrouve l’essentiel des principes fondamentaux énoncés et mis en pratique par Le Corbusier. Il est à noter qu’avec l’église Saint-Pierre de Firminy et la Chapelle Notre-Dame du Haut de Ronchamp, c’est l’un des rares édifices à vocation religieuse que Le Corbusier, athée, ait construit tout au long de sa carrière.

Couvent Ste Marie de la Tourette, Le Corbusier, Eveux

 

Sur les traces du sacré…

Billet de blog rédigé par Siam R., élève de Terminale HIDA spé à l’issue de la visite de la Grande Mosquée de Saint-Étienne Mohammed VI.

Grande mosquée Mohammed VI de Saint Etienne

Dans le cadre du programme de spécialité d’Histoire des arts (terminale L), nous sommes allés visiter la Grande Mosquée du Soleil le lundi 23 septembre 2019 afin de pouvoir approfondir l’étude du thème intitulé « L’Art et le sacré ».

Le guide était le responsable des affaires culturelles à la Grande Mosquée. Ils sont environ 5 guides (hommes et femmes) à se relayer pour faire visiter la mosquée au public. Il y a de nombreuses visites.

Nous avons visité l’extérieur puis l’intérieur du lieu, ce qui nous a permis d’analyser l’architecture andalouse de la mosquée. En effet, les architectes se sont inspirés des édifices du sud de l’Espagne : on trouve ainsi des mosaïques (zelige), des arcades en fer à cheval sculptées ou encore des tuiles vernissées vertes.

Les plafonds en cèdre de l’Atlas

La mosquée a été inaugurée en juin 2012 par le roi du Maroc, Mohammed VI, à qui elle doit son nom. Il est à noter que l’édifice a été en grande parie financé par le royaume chérifien et que de nombreux éléments du bâtiment ont été fabriqués et montés à Fès, en vertu du savoir faire artisanal ; par ailleurs des artisans marocains sont venus sur place pour certaines finitions. En outre, le bois qui a servi à recouvrir le plafond est en cèdre de l’Atlas.

Une mosquée est un lieu de prière mais également de rencontres et de discutions qui permet de penser et de réfléchir ensemble…

Salle des ablutions, espace de transition entre le profane et le sacré

Outre le lieu, nous nous sommes aussi penchés sur la religion musulmane, (en parlant des 5 piliers de l’Islam et des 6 piliers de la foi par exemple). Nous avons emprunté le parcours d’un fidèle pour suivre notre visite, en débutant par la salle des ablutions, avant de gagner la grande salle de prière.

Nous avons donc suivi le parcours d’un fidèle en nous interrogeant sur ces pratiques cultuelles. Les ablutions sont une première étape nécessaire avant de faire la prière afin de se purifier corporellement, avant de le faire spirituellement par la prière. Les ablutions se font avec de l’eau, mais, si on ne dispose pas d’eau ou si certaines parties de notre corps ne peuvent être mouillées (par exemple un bandage, une maladie de peau), on peut le faire avec une pierre naturelle. Les ablutions doivent être faites selon un ordre bien précis : tout d’abord se laver les parties intimes, puis les mains, les différentes parties du visage, les avant bras et enfin les pieds. Le musulman « perd ses ablutions » en allant aux toilettes ou en dormant, dans ce cas il doit les refaire avant la prière suivante. Mais il n’est pas contraint de les refaire à chaque prière, s’il n’a pas « perdu ses ablutions ». 

Une fois le corps purifié, il s’agit de purifier l’âme par la prière, qui vient donc à la suite des ablutions. Il s’agit de se rapprocher d’Allah (Dieu en arabe) et de méditer. Il y a 5 prières par jour, à des heures différentes et selon des manières différentes (le nombre de prosternations peut varier de 2 à 4). 5 prières peuvent paraître beaucoup mais une prière ne dure en général pas plus de 5 min. C’est donc un rythme, une habitude, qui s’encre dans la vie quotidienne du croyant. 

La salle de prières de la Grande Mosquée de Saint-Etienne avec ses décorations en plâtre et en mosaïques.

Le musulman prie en direction de la Qibla, c’est-à-dire La Mecque, située en Arabie Saoudite et qui est la ville sainte par excellence des musulmans puisque c’est la ville du Prophète, celle où se trouve la Kaaba et vers laquelle on monte en pèlerinage. Le mur de la Quibla présente généralement des singularités par rapport aux autres : on y trouve le Mirhab (niche qui indique La Mecque) et le Minbar (chair de prédication). A Saint-Étienne la chair est amovible est n’est sortie que pour la prière du vendredi. C’est l’imam qui y prend place pour délivrer un message, une analyse, en lien avec l’actualité ; ce prêche permet de faire le lien entre les préceptes religieux et la vie quotidienne. Il se fait en arabe et en français.

Le mur de la Qibla avec le Mirhab au centre qui indique la direction de La Mecque

De plus, nous avons parler du rôle et de la place des femme en Islam, en abordant par exemple le débat actuel sur la femme Imam (nous avons vu que ce n’était pas possible), ou encore l’espace réservé pour elles dans la mosquée, qui n’est pas sans poser quelques problèmes pratiques et liturgiques.

Galerie supérieure réservée aux femmes dans la mosquée de Saint-Etienne – les femmes doivent prier derrières les hommes mais doivent pouvoir voir l’imam

J’ai adoré la visite car le guide à bien su nous présenter le lieu et ses enjeux. L’atmosphère qui s’en dégageait était également très forte.

Vue intérieure de la salle de prière de la Grande Mosquée de Saint Etienne

Et à la fin… c’est à Paris qu’on va!!

Billet de blog rédigé par Kim B, élève de terminale inscrite en option facultative à l’issue de la journée passée à Paris au cours de laquelle les élèves ont pu visiter le Musée d’Orsay et l’Opéra Garnier.

Le groupe l’entrée d’Orsay en compagnie de Julia Bihel, étudiante à l’Ecole du Louvre

Le 2 mai 2019, nous avons eu la chance de nous rendre à Paris pour découvrir la riche et belle exposition permanente du Musée d’Orsay.

Il est important de rappeler que le Musée d’Orsay est initialement une gare construite à partir de 1898 sur les plans de Victor Laloux. Ce dernier est mandaté par la Compagnie d’Orléans pour édifier sa « tête de ligne » en lieu et place de l’ancienne Cour des Comptes ravagée par un incendie durant la Commune de 1871 (soulèvement des Parisiens contre le gouvernement d’Adolphe Thiers qui se traduisit par de grands incendies dans Paris, notamment ceux de l’Hôtel de Ville et du Palais des Tuileries).

Laloux s’inscrit dans la jeune tradition de l’architecture ferroviaire en construisant un bâtiment dont la structure est en acier et en verre. Cependant, afin de respecter l’harmonie du quartier, dont les bâtiments sont construits en pierre calcaire, l’architecte a choisi de faire une façade en pierre de taille avec des murs non-porteurs ; c’est ce qu’on appelle en architecture une façade « rideau ».

La Gare d’Orsay

La gare n’étant desservie que par des locomotives électriques, il n’y a pas d’émanations de fumées ; aussi l’architecte peut-il imaginer un vaisseau fermé (ce qui diffère sensiblement des autres gares parisiennes dont les halls sont ouverts à tous les vents!) dont les voutes sont percées de verrières et décorées de caissons colorés. L’ambition de Victor Laloux est par ailleurs de créer des espaces les plus confortables et luxueux possibles, plus luxueux que ceux d’une gare traditionnelle, la salle de réception témoigne de cette ambition. Le peintre Edouard Détaille va même dire, avec un sens aigüe de la prémonition, que ce bâtiment a plus l’air d’un musée des Beaux-Arts que d’une gare! Quoi qu’il en soit, la gare d’Orsay et son hôtel sont inaugurés juste avant l’Exposition Universelle, le 14 juillet 1900. Les statues du rhinocéros et du cheval qui sont présentées devant le musée en témoignent : elles étaient à l’origine devant le Palais du Trocadéro (aujourd’hui détruit) construit, lui aussi, pour l’Exposition Universelle.

De 1900 à 1939, la gare est très active et sert de terminus aux trains qui viennent du Sud-Ouest de la France. Malgré sa modernité, elle est rapidement dépassée par l’évolution du chemin de fer, et, à partir de 1939, la longueur de ses quais n’est plus adaptée aux trains qui ont beaucoup évolué ; elle est donc obligée de fermer. Elle devient alors centre d’expédition puis accueille des réfugiés à la Libération avant de devenir un théâtre. Un projet de destruction est envisagé en 1971. Mais l’émoi et la colère suscités chez les Parisiens par la destruction des halles de Baltard (tout de verre et d’acier également) changent la donne et l’idée de transformer la gare en musée se fait jour. Et ce d’autant qu’à l’époque, on ne savait plus où mettre les oeuvres des peintres impressionnistes.

Il a ainsi fallu convaincre les politiciens, Jean Chatelain, qui été le directeur des musées de France, mais aussi Jacques Duhamel, ministre de la culture. La décision officielle de la construction du Musée d’Orsay est prise le 20 octobre 1977. En 1978 le bâtiment est classé monument historique, et c’est à partir de ce moment que commencent les travaux de transformation de la gare en musée. Ils durent de 1978 à 1986 et sont confiés à une équipe de trois jeunes architectes, Pierre Colboc, Renaud Bardon et Jean-Paul Philippon, de plus, l’italienne Gae Aulenti s’est occupée de l’aménagement intérieur. L’objectif était de conserver une oeuvre architecturale de 1900 en l’adaptant à une nouvelle fonction, celle d’être un musée à vocation internationale. En ce sens ce projet est précurseur puisque c’est la première fois qu’une architecture industrielle est adaptée pour accueillir un grand musée.

Le musée est inauguré en 1986 par le Président François Mitterrand (bien que le projet ait été initié par son prédécesseur, Valéry Giscard-d’Estaing) qui aurait voulu qu’une empreinte socio-historique apparaisse dans le musée avec l’installation d’une locomotive du Creusot mais les conservateurs ont été réticents et cette locomotive n’est jamais entrée en gare!

La collection se forme à partir de trois grands musées : le Louvre, le Musée du Jeu de Paume et le Musée d’Art Moderne sans compter certaines des oeuvres du Musée du Luxembourg qui font l’objet de dépôts dans le musée. L’originalité du Musée d’Orsay se trouve dans le fait qu’il est est un musée interdisciplinaire : nous pouvons y trouver de la peinture, des arts graphiques, de la sculpture, des arts décoratifs (ce qui est à la fois utilitaire et artistique comme le mobilier ou encore les objets d’art), de nombreuses maquettes, mais également de nombreuses expositions temporaires sur la littérature, la musique, le cinéma. C’est également le premier musée des Beaux-Arts où est présentée pour la première fois la photographie. Avant 1986, la photographie n’était en effet pas considérée comme un art à part entière.

Le thème de notre visite portait sur « L’art comme reflet de la société » et notamment durant la deuxième moitié du XIXème siècle. Parmi les artistes qui nous ont été présentés, il y a Jean-François Millet, avec son célèbre tableau Les Glaneuses réalisé en 1857.

Jean-François Millet (1814-1875)
Des glaneuses dit aussi Les glaneuses, 1857
Huile sur toile, H. 83,5 ; L. 110 cm
© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / Jean Schormans

Sur cette toile, il a su représenter la société paysanne de son époque. Rappelons d’ailleurs que Millet est surnommé le « peintre des paysans » car il a à coeur de représenter une société paysanne vivant dans des conditions difficiles et précaires. En effet, les terres appartenaient à de grands propriétaires et effectuaient ainsi pour eux les « travaux manuels » que les personnes aisées refusaient d’exécuter. Ainsi, à travers cette toile, il choisit de représenter des femmes en train de glaner, activité qui consistait à ramasser les restes d’épis de blé après la récolte pour améliorer leurs difficiles repas familiaux. Elles demandaient l’autorisation pour effectuer ces tâches, nous pouvons d’ailleurs observer au loin un homme haut placé (un régisseur) sur son cheval en train de surveiller chacun de leurs faits et gestes. Elles devaient en effet effectuer cette activité avant le couché du soleil. Millet a choisi de ne pas représenter de visages concrets à travers cette toile pour que chaque femme la voyant et travaillant dans les champs puisse s’y identifier. Nous pouvons cependant remarquer qu’elles sont toutes bronzées, à l’époque cette caractéristique était un marqueur social puisque les personnes travaillant en extérieur, dans les champs, étaient souvent bronzées tandis que les femmes de la ville avaient la peau blanchâtre, signe d’une vie aisée. De son vivant, les tableaux de Millet eurent peu de succès car les acheteurs potentiels était des bourgeois citadins qui ne manifestaient aucun intérêt pour ces scènes paysannes éloignées de leur quotidien et de leur préoccupations.