Chefs d’oeuvre!!

Une partie des élèves de la section Histoire des Arts du lycée est partie passer trois jours à Paris. A l’issue de ce voyage, Maelys M, élève de 1ère HIDA spé, partage avec nous son coup de coeur : la visite du Louvre!

« Le mercredi 15 janvier 2020, les élèves de seconde, première et terminale du lycée suivant l’enseignement d’Histoire des Arts, accompagnés de deux de leurs professeurs, ont suivi une visite thématique au Louvre. Cette visite s’est construite autour des chefs-d ’œuvre du Louvre.

Dans la salle Saint Louis du Louvre, vestige du Louvre médiéval

Avant tout, il paraît essentiel de présenter l’histoire du palais du Louvre qui connait de forts changements durant huit siècles, changements qui ont fait l’objet d’une présentation lors d’une visite spécifique organisée le matin et préalable à celle consacrée aux chefs-d’oeuvre proprement dits.

Le Louvre de Charles V tel que représenté dans les Très Riches heures du Duc de Berry des frères Limbourg (détail), 1411-1416 – Musée Condé de Chantilly

La première ébauche du Louvre que nous connaissons aujourd’hui voit le jour au XIIIème siècle. À l’origine, le Louvre est bâti par Philippe Auguste pour avoir un rôle militaire. Il est conçu comme une forteresse à l’extérieur de la ville de Paris pour protéger celle-ci des Anglais. Le château du Louvre est entouré de grands fossés remplis d’eau pompée directement dans la Seine par une machine. Le Louvre représente donc à cette époque un instrument de la puissance militaire des rois de France.

Salle des Cariatides du Louvre, témoignage de la Renaissance

Mais le château va peu à peu se transformer sous le règne de Charles V : il en fait une demeure royale et apporte ainsi des améliorations qui se poursuivent, plus tard, au XVIème siècle, avec François Ier qui fait détruire le donjon du Louvre et donne au palais de nouveaux décors inspirés de la Renaissance italienne. L’aile Lescot témoigne de ce foisonnement. Va ensuite venir la construction de la première galerie au bord de la Seine. Henri II, Henri IV et Louis XIV vont à leur tour modifier l’aspect du palais. Ce dernier, avant de quitter Paris pour Versailles en 1682, fait construire la Colonnade de la façade orientale qui lui donne une majesté particulière.

La colonnade du Louvre commandée par Louis XIV à Claude Perrault, 1667-1670

Sous Louis XIV cependant le Louvre perd en partie sa fonction politique puisque, parti à Versailles, le roi offre le Louvre aux Académies et aux artistes, ce qui préfigure, d’une certaine manière sa fonction ultérieure, celle de musée, acquise à la fin du XVIIIème siècle, sous la Révolution. De nombreux travaux auront encore lieu par la suite, notamment sous le règne de Napoléon Ier et de Napoléon III. Le XXème siècle marque aussi le Louvre de son empreinte avec la construction de la Pyramide de  Leoh Ming Pei en 1989, sous la présidence de François Mitterrand.

La grande Galerie du Louvre, le coeur du Musée construit sous Henri IV et réaménagé au début du XIXème siècle

La Pyramide de Pei dans la cour Napoléon du Louvre, acier et verre, 1989

Au cours de la visite suivie l’après-midi, nous avons pu voir des œuvres que nous avions pu observer dans les manuels scolaires!  Ces oeuvres renommées sont ce qu’on appelle des chefs d’oeuvre. Parmi ceux-ci je souhaiterais parler de la Venus de Milo et de la Victoire de Samothrace.

La venus de Milo au Louvre, sculpture en marbre, ronde bosse, 150-130 av JC, découverte en 1820, 202 cm de hauteur.

La Vénus de Milo tout d’abord. Cette sculpture réalisée en marbre représente une femme, une femme à demi-nue en posture de contrapposto typique des statues de la Grèce antique. Cette statue a nécessité beaucoup de recherches afin de déterminer son époque de création et d’identifier la déesse représentée. En effet, les circonstances de découverte ne permettaient pas de la situer dans un environnement comme on pourrait le faire lors de fouilles archéologiques organisées, « professionnelles », puisque c’est le hasard qui a fait qu’un homme a découvert la statue dans son jardin… Cependant, la date a pu être approximativement déterminée grâce à la technique utilisée pour réaliser la statue. En effet, on distingue clairement deux blocs de marbre différents emboités l’un dans l’autre. La forme de la structure est hélicoïdale du fait du mouvement des hanches et les lignes des drapés. Finalement, ces indices laissent à penser qu’il s’agit d’une oeuvre du premier siècle avant J.C. Quant à la figure féminine représentée, il a été difficile de conclure que l’on était face à une Vénus puisqu’aucun des attributs n’est représenté ; encore aujourd’hui le doute peut donc persister…

La Victoire de Samothrace dans l’escalier Daru du Louvre, sculpture en marbre, ronde bosse, 200/185 av JC, 512 cm de hauteur, découverte en 1863

La Victoire de Samothrace maintenant, la reine de l’escalier Daru! Cette sculpture est réalisée en marbre mais on distingue deux marbres différents : l’un, gris, pour le navire sur lequel repose la Victoire et l’autre, plus clair, pour le corps féminin. Cette statue est plus ancienne que la Venus de Milo et présente la même difficulté de datation puisque la sculpture est en fait un assemblage de morceaux retrouvés de manière un peu éparse. Il n’y a donc aucune certitude quant à la forme originelle. Il manque par ailleurs encore à la statue sa tête, ses bras ; et une aile a été reconstituée au XIXème siècle.

Les ailes justement! Elles sont importantes puis elles sont l’attribut de la Victoire, c’est grâce à celles-ci qu’on la reconnait. Les ailes sont aussi le symbole du voyage qui la porte de pays en pays, témoignant de victoires remportées dans plusieurs pays. Elle est le symbole de la puissance politique et militaire du commanditaire. Ici, on remarque grâce au navire (nommé galère) sur lequel elle se trouve que la victoire a dû être remportée lors d’une bataille navale.

Outre ces deux chefs d’oeuvre de l’art antique, nous pourrions évoquer la fameuse Joconde ou le non moins célèbre Sacre de Napoléon que nous avons pu voir lors de cette visite mais cela est encore une autre histoire! »

Dans la Salle des Etats où se trouve la Joconde de Léonard de Vinci

Saint Jean-Baptiste de Lyon : une architecture au service du sacré

Billet de blog rédigé par Maelys M, élève de 1ère HIDA spé, à l’issue de la journée passée à Lyon autour du thème « Art et sacré » (Couvent Sainte-Marie de la Tourette, exposition Anselm Kiefer et visite du Vieux Lyon).

Saint-Jean-Baptiste de Lyon, vue de la façade occidentale

La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Lyon est située dans ce qu’il est convenu d’appeler le « Vieux Lyon », dans le 5ème arrondissement de la ville. Elle a aujourd’hui des proportions imposantes avec ses 80m de long, ses 26m de large et ses 32.5m de haut. La construction du monument a débuté en 1165 par l’élévation du mur du cloître. Malheureusement à cause de moyens financiers insuffisants la construction va durer près de 300 ans. C’est cet espacement dans le temps qui explique que la cathédrale ait un style éclectique qui se distingue particulièrement bien.

Vue d’un mur extérieur du bâtiment, on remarque ici des voutes en plein cintre caractéristiques de l’architecture romane

En effet, la cathédrale est dans un premier temps bâti selon les canons de l’architecture romane.Cependant, l’aspect général de la construction relève de l’architecture gothique. En effet en observant l’intérieur de l’église on remarque au plafond les voutes typiquement du style gothique par ses techniques architecturales, notamment la croisée d’ogives.

Vue intérieure de la nef de Saint-Jean-Baptiste de Lyon ; on distingue les croisées d’ogives.

On aperçoit ici les voutes type gothique avec les éléments centraux à la jointure des courbes. Ces éléments centraux sont appelés « clefs de voutes » et sont les éléments majeurs de l’architecture puisque toute l’architecture repose sur eux. Sans ces éléments, l’ensemble de la structure ne manquerait pas de s’effondrer.

La cathédrale est construite selon un plan en croix latine. Elle est orientée vers l’est, là on le soleil se lève.

Plan en croix latine de la cathédrale de Lyon.

Quant aux vitraux, nous pouvons observer dans la cathédrale de nombreux vitraux parfois très imposants. Notamment, les deux grandes rosaces au sud et au nord de la cathédrale respectivement au-dessus du grand orgue et au-dessus de l’horloge astronomique. Ces rosaces décrivent différentes scènes de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament telles que les histoires de Jean-Baptiste ou de Saint-Etienne.

Rosace du transept de Saint-Jean-Baptiste de Lyon.

L’histoire de Jean-Baptiste est souvent représentée dans les constructions religieuses. Plus précisément c’est régulièrement sa mort qui est régulièrement dépeinte puisque Jean est, selon la tradition, condamné à mourir sans jugement pour avoir critiqué le mariage du roi Hérode. C’est la fille de celui-ci et d’Hérodiade, Salomé, qui est chargée de rapporter la tête de Jean Baptiste. Nous pouvons noter que devant la cathédrale il y a une fontaine représentant également cet épisode. Mais Jean-Baptiste est aussi connu pour avoir baptisé Jésus et avoir annoncé son rôle messianique.

Enfin, les vitraux de cette cathédrale présentent des couleurs plus froides au sud et plus chaudes au nord pour compenser la chaleur du soleil.

Tympan de la façade ouest dont nombre de statues ont disparu, notamment au moment des guerres de religion du XVIème siècle.

Nous pouvons terminer par un retour sur la façade principale (à l’Ouest) et particulièrement autour des portes. A cet emplacement nous pouvons d’abord remarquer une série d’anges qui entourent les trois grands portails de l’église. Ceux-ci on la tête coupée à cause des détériorations durant les guerres de religion qui frappèrent la ville dans la seconde moitié du XVIème siècle. Les autres statues seront décapitées durant la Révolution française.

Le groupe d’HIDA sur le parvis de la primatiale Saint-Jean à Lyon

De plus, nous pouvons remarquer également prés de ces portails environs 280 médaillons en bas-reliefs. Ceux-ci, à l’image d’une bande dessinée, racontent des passages importants de la Bible, tels que l’histoire d’Adam et Eve, celle d’Abel et Caïn, la vie de Saint-Jean-Baptiste ou encore le cycle des saisons.

Bas-relief de la façade occidentale de la cathédrale.

 

On va kiffer Kiefer!!

Billet de blog rédigé par Yasmine K, élève de Terminale HIDA spé à l’issue de la visite de l’exposition consacrée à Anselm Kiefer au Couvent de la Tourette.

Dans le cadre du programme d’Histoire des Arts de terminale L spé, nous sommes allés au couvent de la Tourette à Eveux près de Lyon afin de voir l’exposition d’Anselm Kiefer. Dans ce lieu marqué par la sacralité, l’oeuvre de Kiefer résonne tout particulièrement.

Affiche de l’exposition « Anselm Kiefer à la Tourette », organisée en partenariat avec la Biennale d’Art Contemporain de Lyon du 24 septembre au 22 décembre 2019

Vous avez dit Kiefer ?!

Anselm Kiefer est un peintre, sculpteur contemporain allemand né en 1945 dans le Bade-Wurtemberg.  Il étudie d’abord le droit, les langues et les littératures romanes. En 1963, il il entreprend un voyage en France et séjourne à Paris, Lyon et Arles avant de poser ses valises pour trois semaines, en 1966, au couvent de la Tourette. Il dira par la suite y avoir découvert la « spiritualité du béton », matériau qui aura de l’importance dans son œuvre. C’est au cours de ce séjour/retraite qu’il décide de s’orienter vers l’art et de s’inscrire aux Beaux-Arts, d’abord à Fribourg-en-Brisgau puis à Karlsruhe. Actuellement, il vit et travaille en France ; depuis 1992, son atelier se situe en effet à Barjac, dans le Sud de la France.

Anselm Kiefer, Danae, 2019, plomb, résine, métal, graines de tournesol et feuille d’or, 335 x 240 x 190 cm

Dans le cadre de a Biennale d’Art Contemporain de Lyon, les frères dominicains ont décidé de l’inviter à exposer en leurs murs 52 ans après son séjour au couvent. Il a accepté l’invitation et a sélectionné des oeuvres qui permettent un dialogue fécond avec l’architecture de Le Corbusier, une architecture qui l’a tant marqué.

Sa démarche artistique….

Son art est au service de la mémoire, ses œuvres abordent les désastres de l’histoire et affrontent les démons de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Il utilise beaucoup dans ses productions les matériaux tels que le plomb, le béton, les cendres, la peinture.

Anselm Kiefer, Pourquoi y-a-til quelque chose plutôt que rien ?, (détail) 2010-2016, émulsion, acrylique, huile, gomme-laque, métal, résidu d’électrolyse et livre de plomb sur toile, 190 x 560 x 32 cm.

Quelques œuvres de l’exposition…

Chacune des œuvres exposées est reliée, d’une manière ou d’une autre, à la thématique de la religion, à tout le moins exprime une certaine spiritualité. Les références à la religions chrétienne peuvent être plus ou moins explicites mais ne manquent pas de faire sens dans un lieu comme le Couvent de la Tourette.

Maât-Ani, 2018, Verre, métal, cendre, argile, et plume, 202 x 150 x 120 cm

Cette œuvre évoque de manière très transparente la pesée de l’âme. C’est un épisode important de la vie après la mort dans la mythologie égyptienne. Ainsi, si le cœur est plus léger que la plume, l’accès au paradis est permis. Cela renvoie aussi, naturellement, au thème chrétien du Jugement dernier très présent sur les tympans des églises romanes.

Résurrection, 2019, Béton, sable, résine, plâtre et acrylique, 430 x 730 x 610 cm

Cette œuvre aborde la ruine… et la renaissance! La résurrection, en somme!. Ainsi sur les gravas s’élèvent des tournesols dont il est peu de dire qu’ils revêtent, pour Kiefer, une importance particulière tant son oeuvre y revient régulièrement. Placée dans l’église du couvent, cette oeuvre fait sens et impressionne par ses résonances avec le dogme chrétien.

Heiliges Jerusalem, Jérusalem céleste, 2007-2019Ciment, sable, plomb, plâtre et métal, 205 x 550 x 280 cm

Jérusalem céleste aborde aussi la thématique de la ruine. Les livres en plomb servent à porter les blocs de béton. Ici, il fait référence à l’histoire et au savoir. Il y a un parallèle évident entre le béton des blocs qui composent l’oeuvre et les colonnes de Le Corbusier.

Anselm Kiefer, Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?, (détail) 2010-2016, émulsion, acrylique, huile, gomme-laque, métal, résidu d’électrolyse et livre de plomb sur toile, 190 x 560 x 32 cm.

Anselm Kiefer, Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ?, (détail) 2010-2016, émulsion, acrylique, huile, gomme-laque, métal, résidu d’électrolyse et livre de plomb sur toile, 190 x 560 x 32 cm.