Vous avez dit Auguste?! Un atelier d’écriture divin!

A l’issue du cours sur la statuaire romaine qui nous a amenés à analyser l‘Auguste de la Prima Porta, les élèves de 2nde HIDA ont été invités à produire quelques textes mettant en scène cette si emblématique ronde-bosse! Exercices de Style de Queneau a pu être une base de réflexion pour certains. Voici, quelques productions, publiées au fur et à mesure de leurs envois!

Auguste de la Prima Porta, statue en ronde bosse, marbre, 204 cm, Musée du Vatican, Rome

Proposition d’Elsa T.

Cher journal,

Je souhaite aujourd’hui te raconter la journée peu ordinaire que j’ai vécue. Une sculpture célèbre a été installée ce jour au musée de ma ville : l’Auguste de la Prima Porta! Rien de moins! Avec mon amie, Manon, nous avons donc décidé de nous y rendre pour l’observer de plus près. Ce n’est pas tous les jours qu’on a une exclusivité comme celle-là ! Nous sommes donc arrivées au musée et nous nous sommes précipitées sur la statue pour la prendre en photo. Nous avons sorti nos téléphones et au moment où j’allais appuyer sur le bouton, je me suis sentie tomber. Littéralement tomber! J’ai fini par ouvrir les yeux après quelques secondes de vertige et devant moi, je l’ai vu! L’homme, celui de la statue! Auguste ! J’ai eu énormément de mal à le croire. Son plastron ouvragé, décoré de figurines, était juste devant moi ! Je pouvais apercevoir les sphinges sur ses épaules, les allégories des nations de chaque côté et bien sûr la remise des enseignes par les Parthes ! Même le petit Cupidon était là! Soudain, Auguste se mit à bouger et à me parler ; il prit exactement la même position que sur la sculpture : il haranguait ses troupes dans un contrapposto à couper le souffle. Après ce long moment d’observation, j’essayai de trouver une contenance et je m’apprêtai à lui serrer la main. Après tout, pourquoi pas?! Ave Cesar, ceux qui… tu connais! Au moment même où je m’apprêtais à le toucher, rebelote! J’étais de nouveau précipitée dans un autre espace-temps! Et je me réveillais à côté de ma copine qui paraissait inquiète. Selon elle, j’étais « tombée dans les pommes » ! Dans les pommes! Si elle savait… Dans les bras d’Auguste, oui! Voilà, mon journal, j’ai encore du mal à croire à cette journée de folie ! A demain !

Proposition d’Oriane G.

Des gens, et encore des gens, pourquoi il y a toujours des gens qui nous regardent, nous scrutent, nous prennent en photo, … Bah! quoi, ça fait 2000 ans qu’on existe et il y a toujours des gens qui nous regardent, qui s’arrêtent devant nous, l’air béat! C’est vrai que depuis tout ce temps, c’est presque un miracle que nous soyons toujours là! Nous avons été déplacés, abandonnés, saccagés et pillés. Au tout début, sur ma gauche se trouvait une longue lance enfin, je ne voyais pas le haut donc je n’en suis pas sûr. Et puis, on n’était pas aussi délavés! La polychromie, ça en jetait quand même! Mais bon, je devrais être content, moi, le Soleil ; après tout, je suis encore sur une ronde-bosse presque complète! Ce n’est pas le cas de tout le monde!  On peut encore m’admirer 2000 après ma création! N’empêche que je suis fait en tout petit sur cette statue d’un certain Auguste, premier empereur de Rome que je vois de plus en plus dans ces appareils que les humains appellent téléphones quand ils font des … selfies je crois. Mais je me sens un peu seul… Difficile de causer avec mes compères situés en-dessous de mon superbe quadrige. Passe encore pour le barbare, venant de l’empire Parthe à ce qu’il paraît, qui rend les enseignes de la sublime Rome, encadré par les nations soumises. Mais, plus bas, se trouve la corne d’abondance (elle me fait bien envie!) arrachée à l’un des nôtres, pauvre Achéloos! Les divins Apollon et Diane l’encadrent surmontant chacun leur animal-attribut, un griffon pour Apollon et un cerf pour sa sœur Diane. Ils ont l’air malin tiens! Mais bon, je taperais bien la discute tout de même! Ca me soulagerait de mes crampes aux bras! Oh! Mais qui j’aperçois s’accrochant à la jambe de notre Auguste ?  Mon cher demi-neveux, mon petit Cupidon! Mais qu’est ce que tu fais là bon sang ? Ah! Je vois… Si ce misérable petit mortel qui se dit « Auguste » croit qu’il est béni de nous autres, les dieux, il se trompe ! En tout cas, je ne me souviens pas de l’avoir béni, moi. C’est Alzheimer ?! Déjà? Je n’ai que 2000 ans! Et pourquoi a-t-il été fait si grand avec ses 2 mètres et moi aussi petit alors que dans la vraie vie, il était beaucoup plus petit et moi je pouvais être géant si je le voulais. Pendant encore combien de temps va-t-il falloir que je regarde les gens passer. Ah, que c’est long l’éternité.

Proposition de Maëlle R s’inspirant directement de Queneau et des Exercices de Style.

C’ets une stueta ne roden bsose en mraber du vgintiemme av J.C, mochronome qui rpredn l’igmarie ofelleci d’ Augustue, nu hmome biné dse deuxi.

Hallibé d’neu tego et d ‘une caruisse. Dusses il y a dse sècnes psasés te smynbloe. C’est nu ricet de popragande. Agustue se teint dbeout d’un ari élécan et d’un ari atuoutiraire, comem une pesronne tannent un dicousr . C’ets un imperamtor.

Proposition de Chloé F.

Genre ce matin y a l’autre gars qui a parlé, il a tapé son meilleur discours, il était sapé de sa jupe et genre son vieux drap tout froissé, il nous a sorti son petit Marcel avec ses dessins dessus ; on devinait des sortes de chevaux et des gens avec leurs robes. Il ressemble vraiment à rien. Faut qu’il aille se faire relooker le vieux. Genre pendant son discours il bégayait de fou, c’était genre mais vraiment trop insupportable. Genre là il faut vraiment qu’il fasse un truc à ses cheveux, la coupe au bol c’est plus d’actu !!

Proposition de Lisa K.

Moi, je ne suis pas un bas relief ni un haut relief, moi je suis une ronde bosse!
Moi, je ne suis ni de pierre, ni de bronze, moi je suis en marbre blanc de Paros.
Moi, je ne me trouve ni au musée du Louvre, ni au musée des Beaux-Arts, moi je me trouve au musée du Vatican à Rome.
Moi, je ne suis pas polychrome ; moi, je suis monochrome.
Moi, je ne suis pas le fils adoptif d’Apollon ni celui de Dionysos ; moi, je suis le fils adoptif de César.

Pléiades! Quand St T se met aux arts numériques!

Oyez! Oyez braves gens!

Saint-Etienne, « ville créative design » comme chacun sait, s’apprête à accueillir la 2ème édition de son Festival des Arts numériques! Ce sera du 9 a 14 novembre prochain!

Parmi la foultitude (!) d’événements (programme complet ici), il faut signaler la demi-journée de rencontres du mercredi 10 novembre (14h-16h15) à laquelle nous vous invitons à participer! C’est gratuit! Et c’est dans le salon urbain de la Comète, rue Emile Loubet à Saint-Etienne. Le thème ? « Art et numérique : une pléiade de possibles » De quoi vous allécher, n’est-ce pas ?!

Vous pourrez y rencontrer des artistes internationaux de renom, comme le Belge Alain Wergifosse, les stéphanois Grégory Lasserre et Anaïs Met Den Ancxt, fondateurs de de scenocosme ou des enseignants-chercheurs.

Vous partirez visiter les expositions présentées à la Comète, ce qui vous donnera une petite idée de la production ultra-contemporaine!

Alors, courez-y! On a hâte de lire vos carnets de bord!! :)

Quand créer, c’est s’émanciper!

D’après la proposition de Lou F-D et Mélissa D, élèves de 1ère HIDA fac.

Ce mercredi 6 octobre, nous avons visité le musée des Beaux-Arts de Lyon dont on peut rappeler ici le prestige et la réputation! A l’origine, le bâtiment était un couvent ; il fut transformé en musée d’art seulement après la Révolution. Depuis lors, il offre à ses visiteurs une immersion dans le monde des arts et offre sa magnifique architecture à la contemplation.

Entrée du Musée des Beaux Art de Lyon, place des Terreaux

Lors de cette visite, notre médiatrice, Marie-Eve Durand, s’est attachée à nous montrer comment, au cours du temps, les artistes ont tenté de s’émanciper des canons et de la tradition artistiques.

Nous avons ainsi pu observer bon nombre de sculptures, d’objets et de tableaux issus des différents départements du musée : nous avons pu faire dialoguer des oeuvres d’art moderne et contemporain avec des oeuvres venues de l’Antiquité ou de la Renaissance.

S’émanciper au MBA

Pour illustrer son propos, notre médiatrice a pris l’exemple d’un artiste de la Renaissance, Lorenzo Costa, grand peintre de l’Ecole de Ferrare, dont elle nous a proposé l’analyse d’une peinture sur bois de 1490 intitulée Nativité. Cette peinture est une oeuvre de commande à destination d’un particulier car les dimensions de ce tableau sont plutôt réduites et sont donc plus adaptées à un intérieur domestique. Son style est typique de la peinture italienne du XVème siècle.

Torse de Vénus anadyomède (fin de l’époque hellénistique – début de l’époque impériale, Ier s av / Ier siècle ap JC, marbre, Musée des Baux Arts de Lyon

Nou pouvons observer trois personnages : Saint-Joseph et la Vierge Marie les mains jointes pour prier d’une part et, d’autre part, au centre, Jésus, reposant sur un linge blanc déployé sur un lit de branchages tressés. Du très classique!

Le tableau s’affranchit cependant des codes habituels… Il revêt ainsi un caractère anachronique dans la mesure où il présente un paysage à l’arrière-plan qui montre un port… et une caravelle! Or la scène principale est censée se passer bien avant l’invention de ce genre de navires. Surtout l’artiste a renoncé au fond d’or qui caractérisait les peintures religieuses de l’époque précédente. En ce sens déjà, il s’émancipe!

Lorenzo Costa, La Nativité, vers 1490, huile sur bois, 65 x 85 cm, Musée des Beaux Arts de Lyon

Par ailleurs, ce choix est une référence aux « Grandes Découvertes » de la fin du XVème siècle et invite le regardeur à embrasser d’autres horizons, à s’ouvrir au monde, à aller de l’avant ; bref, en captant le regard et en lui ouvrant une porte, « une fenêtre sur le monde », l’artiste invite le visiteur à larguer les amarres, à s’émanciper en somme. Encore une fois! De même que Jésus s’est émancipé du carcan du judaïsme de son époque ?

C’est donc une œuvre raffinée et subtile qui se fait aussi remarquer par son dessin précis, par l’harmonie qui émane de cette composition équilibrée.

La visite de ce musée a été très agréable et enrichissante!

Cette vision de l’émancipation des artistes à travers les siècles a permis de nous informer sur le fait que, souvent, l’artiste s’émancipe des contraintes imposées par son appartenance à un courant artistique, à une époque, à un milieu culturel… pour s’enfermer dans d’autres contraintes, différentes mais tout aussi contraignantes pour sa créativité. Et en même temps, créer sans contrainte, n’est-ce pas se condamner à l’inanité ?!

 

Le choix opéré par notre médiatrice de nous montrer des « échantillons » nous a beaucoup plu. En butinant dans les salles du musée, en sautant de siècle en siècle et de courant artistique en courant artistique, nous avons pu apprécier le fil directeur et la qualité de la démonstration : montrer que les canons esthétiques définis au cours du temps ne cessent d’être interrogés et remis en cause par des artistes en quête perpétuelle de liberté…créatrice!