Une dure emprise

Source : https://www.ccn-orleans.com/ fonds-doc/tag:culpabilit%C3%A9

Le Consentement est un roman de Vanessa Springora, élu Grand prix des lectrices Elles 2020 dans la catégorie Document et Prix Jean Jacques Rousseau la même année. J’ai découvert ce livre grâce au Prix littéraire Carnot 2023. Le Consentement m’a plu et tout d’abord attirée par son titre annonçant immédiatement le thème principal de l’œuvre.

Le Consentement nous conte l’emprise malsaine qu’a eu un auteur pédophile, un certain G…  (qui n’est autre que Gabiel Matzneff) sur l’autrice dans sa jeunesse ainsi que les répercussions de cette « relation » sur sa vie adulte. Ce récit est une vengeance car Vanessa Springora fige l’image de ce pédophile tout comme lui a figé la sienne dans ses romans. En effet Springora nous explique que Matzneff a écrit plusieurs ouvrages donnant avec précision des détails sur toutes ses relations, notamment sexuelles, avec des mineurs. N’est-ce pas là la véritable illustration de « l’arroseur arrosé » ? Dans son récit Springora remet en question le contexte transigeant de l’époque et la vie précocement adulte qu’elle menée avec sa mère.

Un récit poignant

J’ai énormément apprécié la lecture de cette œuvre dont l’intrigue m’a paru très « simple » à cerner : un pédophile manipulateur qui joue de son charisme sur une adolescente – elle n’a que 14 ans – orpheline de son repère paternel. Mais la simplicité à comprendre l’intrigue n’en fait pas pour autant un livre facile à lire : les personnalités, les relations et les comportements des personnages sont très difficiles à comprendre et la description de ces horreurs vécues par la petite Vanessa font de ce livre un récit très difficile à lire sur le plan émotionnel ; cela peut heurter facilement la sensibilité de certaines personnes fragiles. Personnellement ce récit ne m’a pas choqué le moins du monde, il m’a plutôt ouvert les yeux sur ce que fait réellement un pédophile : la plupart du temps il use de ruse et de manipulation et non pas de violence comme je le pensais.

Le récit de la jeunesse de Vanessa nous donne l’impression de revenir avec elle dans un passé difficile et traumatisant. De plus, elle porte sur son enfance un regard d’adulte ainsi que des réflexions plus mûres. 

L’autobiographie d’une jeunesse volée

Vanessa Springora Source : http://despatin.gobeli.free.fr/ chaine2/031-vanessa.springora.html

Cette œuvre est donc une autobiographie de l’enfance et de l’adolescence de Vanessa Springora. Elle comprend bien, désormais adulte, qu’elle s’est éprise d’admiration pour un homme plus âgé, elle qui a été abandonnée par son père. De plus cet homme dont elle tombe amoureuse est un célèbre écrivain, ce qui ne peut qu’augmenter son admiration. Le Consentement pose question. En effet les définitions de consentement , viol et de victime sont-elles tout à fait exactes ? En effet le consentement est défini comme un acquiescement donné à un projet ; décision de ne pas s’y opposer : mais, comment une adolescente de quatorze ans peut-elle faire face à un homme de plus de quarante ans dont elle est amoureuse. Là encore revient la notion de manipulation, Matzneff lui « monte la tête ». Pour ce qui est du viol, il est défini comme l’acte par lequel une personne en force une autre à avoir des relations sexuelles avec elle, par violence. Mais encore une fois, Matzneff utilise la manipulation pour tromper la jeune fille. Enfin pour le mot « victime », voilà une définition concrète : « personne qui subit les injustices de quelqu’un, ou qui souffre ». Mais Springora est tout de même une victime, victime d’un manipulateur pédophile, mais elle ne s’en est rendue compte que trop tard !

Ce livre nous fait réfléchir en opposant des réflexions d’une enfant à celles d’une adulte. De plus, il décrit à la perfection, selon-moi, les étapes de reconstruction par lesquelles les enfants victimes d’atteintes sexuelles passent et les émotions qui les assaillent : l’angoisse, la honte, la haine, la peur… Cette œuvre permet à Springora de questionner son entourage est plus particulièrement les circonstances de son histoire, revenant sur une époque qui fermait les yeux sur certains faites de pédophilie. Sa mère est également fautive, elle qui ne se rendit pas compte de la manipulation que vivait sa fille.

Pour toutes ces raisons j’attribue cinq étoiles à ce roman, véritable coup de cœur, qui nous fait part d’une jeunesse difficile et d’une reconstruction qui l’est tout autant !

Bonne lecture à vous !!!

Springora, Vanessa. Le consentement. Librairie Générale Française, 01/2021. 210 p. Le Livre de poche, 35992. ISBN 978-2-253-10156-7

Clélya RINGOT, 1ère2

Un parcours semé d’embûches

Source : https://www.livredepoche.com / livre/nickel-boys-9782253935025

Nickel Boys est un roman écrit par Colson Whitehead en 2019, traduit de l’anglais par Charles Recoursé. C’est en 2017 que l’auteur remporte son premier prix Pulitzer pour The Underground Railroad, puis son second en 2020 pour Nickel Boys. Il est important de souligner qu’il est l’un des rares écrivains à détenir deux prix Pulitzer, en plus du National Book Award et du prix Arthur C.Clarke. De plus, The Underground Railroad a bénéficié d’une adaptation télévisuelle par Barry Jenkins, qui a contribué à faire connaître l’auteur. Pour avoir déjà lu Harlem Shuffle, un roman écrit par ce même auteur qui m’avait beaucoup plu, mon choix s’est naturellement porté sur Nickel Boys. Une fois de plus, je n’ai pas été déçue par son écriture qui contribue à faire vivre une histoire basée sur des faits aussi réels que révoltants.

Nous sommes en pleine Amérique ségrégationniste dans les années 1960. Plus précisément dans la communauté afro-américaine de la Floride où le jeune Elwood Curtis vit en compagnie de sa grand-mère, Harriet. Abandonné dès le plus jeune âge par ses parents, notamment son père qui était trop ambitieux à son retour de l’armée et pour qui Tallahassee n’était plus à la hauteur de ses attentes. Elwood est un garçon très intelligent, poussé par Harriet qui pense que le travail est une valeur essentielle. Ainsi, elle espère que l’assiduité ne lui laissera pas le temps de participer à des manifestations qui pourraient le mettre en danger en raison de sa couleur de peau. Cependant, le jeune garçon est totalement absorbé par les discours de Martin Luther King qui lui ont ouvert les yeux. Sa fascination pour les discours de ce dernier en faveur de la lutte des droits civiques le pousse à vouloir partager via l’écriture son combat sur la question raciale. Il fait plusieurs tentatives dans ce sens, mais aucun journal n’accepte de partager ses lettres. Lorsque son professeur d’Histoire lui suggère de rejoindre Melvin Griggs, une université réservée aux élèves méritants, Elwood comprend que son avenir est tout tracé. Jusqu’au jour où ses rêves sont brutalement interrompus. Envoyé, suite à une erreur judiciaire, à la Nickel Academy, un établissement de correction pour mineurs, sa vie prend un tournant brutal. Rien n’est simple à Nickel ! Entre les pires sévices perpétrés dans l’ombre et la terreur qui y règne, tout est une question de survie quand le destin vous joue des tours. Elwood devra surmonter toutes ces épreuves pour espérer, un jour, quitter Nickel et regagner sa liberté…

Un roman puissant de vérité

En s’inspirant d’une histoire vraie de la Dozier School for Boys, Colson Whitehead nous relate la réalité la plus juste de la ségrégation aux États-Unis des années 60. Dès le début nous sommes plongés au cœur du sujet : un cimetière clandestin est découvert au sommet de la grande colline du campus de Nickel. Une enquête est ouverte après la découverte de plusieurs corps d’élèves noirs. La parole se libère et les anciens élèves de Nickel parlent des visites nocturnes dans les dortoirs, des cris camouflés par un ventilateur industriel provenant d’une pièce que les élèves noirs surnomment la Maison-Blanche. Nickel aurait dû offrir une nouvelle chance à ces garçons, dont la plupart n’avaient pas une vie facile avant de rejoindre l’école. Au lieu de cela, si ils en ressortent, ce n’est jamais sans séquelles. Depuis son arrestation, Elwood pleure la nuit quand il pense à ce que lui réserve Nickel. C’est au bout du deuxième jour qu’il fait la connaissance de Turner, l’un de ses semblables. Ces deux-là se lient d’amitié. Cette amitié est ce qui permet à l’adolescent de rester fidèle à ses convictions. La violence est au cœur du roman, reflétant la cruauté de la ségrégation. «Vous êtes des Noirs dans un monde de Blancs », voilà ce que leur apprend Nickel ! Dès lors nous avons très vite ce sentiment de rage qui grandit en nous à mesure que l’on avance dans le roman. On lit avec appréhension, angoissé par une menace grandissante, ce qui maintient le suspense. Mais lorsqu’elle frappe, elle est déchirante. C’est tout le brio de l’écriture de l’auteur, une écriture qui a la capacité de nous saisir au bon moment ! Nous suivons la vie brisée d’Elwood, et celle de beaucoup d’autres noirs avant lui. C’est un rappel d’une face les plus sombres de l’Amérique, d’autant plus lorsque l’on sait que la Dozier School for Boys n’a été fermée qu’en… 2011 ! Oui, vous avez bien lu, 2011. Cela montre le racisme persistant dans certains États, encore aujourd’hui malheureusement. Et que le simple fait d’être noir et d’être au mauvais endroit, au mauvais moment, suffit pour que votre vie bascule du tout au tout.

Colson Whitehead Source : https://buechermenschen.de/ lesenswert/10-fragen-an/colson-whitehead/

Deux façons de voir le monde

L’amitié entre Elwood et Turner oppose deux visions différentes. De l’une, Elwood est conscient qu’il est coincé à Nickel, mais il veut en tirer son parti et tout faire pour que ça dure le moins longtemps possible, motivé par les discours de paix du révérend Martin Luther King. De l’autre, Turner semble s’être résigné à son sort. On ne peut pas s’empêcher d’éprouver de la compassion pour Elwood auquel on s’attache immédiatement. En revanche, j’avais un doute quant aux intentions de Turner, du moins au début. Il m’a donné l’impression d’être absent et à l’écart, un être en marge où qu’il soit. Mais rapidement leur relation se concrétise. Elle est un pilier dans leur reconstruction mais aussi dans le schéma narratif du roman. En effet, tout au long du récit les bonds dans le temps – on passe des années 60 aux années 80 – agissent comme une coupure à la violence. Une situation paisible, qui va à l’encontre de ce que nous venons de lire et atténue l’horreur de Nickel. Cependant une tension semble persister. Ces passages m’ont un peu troublée mais ce n’est qu’une fois le roman terminé que nous nous rendons compte de tout l’intérêt de ces allées et venues dans le temps et du génie de l’auteur ! L’épilogue est un revirement de situation insoupçonnable ! Quel talent ! C’est d’ailleurs cette fin qui m’a beaucoup plu et marquée. J’ai également beaucoup aimé la façon d’écrire de Colson Whitehead qui dépeint tant les jours ordinaires que la violence la plus abjecte, suggérant des scènes trop violentes plutôt que de les décrire dans le menu détail ce qui rend ce roman accessible à un large public mais n’en atténue pas la portée. Un roman toutefois dur à lire pour ses scènes puissantes et marquantes qui vous laisseront le cœur plein d’émotions.

J’attribue cinq étoiles à ce roman qui a été un véritable coup de cœur pour moi !

Je vous souhaite une très bonne lecture !

Whitehead, Colson. Nickel Boys. Librairie Générale Française, 05/2022. 264p. Le Livre de Poche, ISBN-9782226449788

 

 

Lucie LEGAY,  1ERE2

Une fugue pour se retrouver

Un roman intemporel

JD Salinger pose pour un portrait alors qu’il lit son roman américain classique « The Catcher in the Rye » en 1952 à New York. source: https://www.today.com/ books/biography-j-d-salinger -didnt-want-public-see-auction -2D11632738

          L’attrape-cœurs (The Catcher in the Rye) est un roman étasunien publié en 1951. Son auteur, J.D Salinger, commence à écrire dès son plus jeune âge. Plus tard, alors que ses œuvres commencent à avoir du succès, il supporte mal la célébrité et s’isole. Emmuré dans un profond silence, il suscite la curiosité des lecteurs du monde entier ! Son roman L’attrape-cœurs est devenu un livre culte sur la jeunesse et a connu un succès immédiat. Témoignage poignant et réaliste des années cinquante, le récit des aventures d’Holden Caulfield explore des thèmes universels qui questionnent toujours aujourd’hui. Il n’est donc pas étonnant que ce roman eu un énorme succès qui est,  selon moi, amplement mérité ! En effet, en abordant la difficile période de l’adolescence et la dépression, ce livre me semble avoir une portée intemporelle. Je peux vous assurer que, même soixante-douze ans après sa publication, cette œuvre new-yorkaise n’a pas pris une ride ! Si vous ne me croyez pas je vous invite à le lire. 

          Holden Caulfield, adolescent perturbé de 17 ans, étudie à Pencey. Il est renvoyé de cette université peu de temps avant Noël. Jeune homme à l’esprit  troublé,  il erre durant trois jours dans les rues de New-York. Effrayé par la réaction de ses parents à l’annonce de son renvoi, il décide en effet de ne pas rentrer chez lui. Même le froid glacial de décembre,  dans lequel il est plongé, ne le décide pas à réintégrer son foyer. Ne sachant jamais où aller, il laisse le destin le guider dans un monde où il ne trouve pas sa place. Une errance qui symbolise bien la période de l’adolescence pendant laquelle nous nous « cherchons ».  Aucun de ses déplacement dans la Big Apple n’est réfléchi, il ne maîtrise rien. « Tellement seul et mal foutu », le jeune homme entame alors une profonde réflexion sur lui-même. Il nous dépeint une critique de la société avec le regard perspicace d’un ado coincé entre deux âges.

Intriguant et original au premier regard

Soure : https://www.abebooks.fr/ rechercher-livre/titre/ attrape-coeurs/auteur/ salinger/

          Je voudrais maintenant vous poser une question essentielle : quelle est la première chose que vous faites lorsque vous choisissez un livre ? Naturellement, il me semble que vous me répondrez que vous retournez le roman et que vous lisez le résumé de la quatrième de couverture. Ou encore, que vous cherchez une inspiration en scrutant l’illustration. Ici, rien de cela. C’est bien ce qui m’a intriguée au premier abord. Cette couverture rouge vive m’a tapé dans l’œil parmi les autres œuvres proposées dans le cadre du Prix littéraire Carnot. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle pouvait représenter. Puis j’ai retourné le livre pour avoir des réponses à mes questions. Mais il n’y avait rien, absolument rien, même pas l’ombre d’une phrase ou d’un mot ! Original non ? En ce qui me concerne, c’est cette accumulation de questionnements qui m’a incitée à lire ce roman. Je trouve cette stratégie de l’éditeur très bien trouvée et innovante, mais sans nul doute qu’elle puisse en laisser quelques-uns perplexes…

Un surplus de sous-entendus

          La  seule chose qui m’a déplu dans L’attrape-cœurs,  c’est l’impression de nécessité de relecture pour comprendre chaque sous-entendu. En effet, j’ai pu remarquer que derrière de nombreuses phrases se cachaient des réflexions plus profondes. Un exemple précis me vient à l’esprit. Je peux citer le métier d’attrape-cœurs que voudrait exercer Holden, qui est décrit ainsi par ses soins : «Et moi je suis planté au bord d’une saleté de falaise. Ce que j’ai à faire c’est d’attraper les mômes s’ils approchent trop près du bord. […] moi je réplique et je les attrape. C’est ce que je ferais toute la journée. Je serai juste l’attrape-cœurs et tout.» La vocation du personnage principal serait de remettre dans le droit chemin tous les ados qui, comme lui, ont des difficultés à entrer dans le monde des adultes. Mais cela reste mon interprétation, chacun peut en avoir une autre.

Une identification et un attachement profond au personnage

          Je ne suis pas une grande lectrice, je vous l’avoue. Mais s’il y a bien une chose qui m’a fait aimer ce livre, c’est ce sentiment de proximité avec le personnage. Le fait que la narration soit à la première personne du singulier et qu’elle soit omnisciente (on a accès aux pensées et réflexions du personnage) nous donne l’impression d’être dans la tête d’Holden, voire parfois de prendre sa place. De plus, l’auteur utilise un style oral et  familier comme le souligne des expressions telles que « et tout, et tout » et des accumulations de tics de langage. Ce sont de telles expressions que nous utilisons dans notre quotidien et à mon sens ces procédés nous aident à nous identifier au protagoniste. Si je devais comparer ce roman à une attraction – je sais, cela peut paraître absurde – je l’associerais aux montagnes russes. Plus précisément à des montagnes russes émotionnelles. Au cours de ma lecture, j’ai constaté que ce récit pouvait faire mal. Tour à tour, je ressentais de la mélancolie, un sentiment de solitude lorsque l’adolescent Caulfield recherche désespérément sa place. Ne vous êtes-vous jamais retrouvé comme lui pris entre deux mondes ? Vous trouvant exclu du groupe des enfants à cause d’une maturité plus développée que la leur et rejeté par les adultes qui peinent à vous considérer ? C’est vrai qu’il est difficile, alors  assis à la table des  » mômes » lors d’un anniversaire, d’écouter la conversation voisine des adultes !

        Et puis dans ce fleuve d’ondes négatives, arrive tout à coup une note de légèreté. L’insouciance d’Holden tombe à pic et apporte une pointe d’humour ! Il en devient touchant. L’adolescent n’est pas conscient de l’importance de ses actions sur son futur. En effet, il répond au père Spencer, soucieux de l’avenir de son élève : « Oh si bien sûr. Bien sûr que je me fais du souci pour mon avenir. J’ai réfléchi une minute. Mais pas trop quand même. Non pas trop quand même ». Je me suis donc particulièrement attachée à ce personnage ayant trouvé une petite part de moi-même en lui.

          Finalement, si je devais donner trois adjectifs pour caractériser ce roman ils seraient : intemporel, original et touchant !

       Bonne lecture à tous, j’espère que ma critique vous aura permis de découvrir L’attrape-cœurs, ou même pour certains de le redécouvrir !

Selon moi ce roman mérite bien 4 étoiles !

4 Étoiles Sur 5

Salinger, J.D. L’attrape-cœurs. Pocket, 06/1994. 252 p

Clara SENCE, 1ere2 

Celle qui n’était pas Rosa Parks

Source: https://images-e.esidoc.fr/-1553/334/978224 6785286.jpg

En 2015, Tania de Montaigne, écrivaine française, écrit Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin, un roman biographique. Dans son récit, l’autrice décide de raconter l’histoire d’une jeune fille que peu de gens connaissent malgré son acte héroïque. Cette écrivaine noire, née à Paris, met en scène en 2019 son propre roman avec l’écrivain Stéphane Foenkinos dans un spectacle où elle accepte de se présenter devant le public pour s’emparer de son propre texte et faire davantage connaître son héroïne.  (Teaser du spectacle)

Jeune fille de 15 ans originaire de l’Alabama et oubliée de l’Histoire, c’est le passé de Claudette Colvin que cherche à nous faire découvrir Tania de Montaigne à travers son récit. Cette adolescente de 15 ans est victime, elle, ainsi que tous les noirs des années 1950 à Montgomery, des loi Jim Crow, lois qui imposent la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Une de ces lois consiste à ce que les premiers sièges d’un bus soient réservés aux blancs et ceux de l’arrière aux noirs ! Qui plus est, un blanc ne peut rester debout, dès lors le noir assis se doit de donner sa place et les autres noirs de la rangée doivent se lever afin de ne pas se mélanger aux blancs. Cette loi sera respectée par tous, de manière quotidienne, comme une routine, une habitude, comme si cela était normal… jusqu’en 1955, date à laquelle une femme refusera de céder sa place ! Cela ne vous rappelle pas une figure emblématique de la ségrégation raciale aux Etats-Unis ? En effet, Rosa Parks est devenue une icône dans le monde en refusant de céder sa place à un homme blanc alors que, 9 mois auparavant, Claudette Colvin, cette jeune fille de 15 ans, avait fait la même action, dans le même bus, au même arrêt ! Mais son histoire est restée dans l’ombre et est tombée dans l’oubli… Ce roman vous invite à découvrir son histoire. 

« Séparés depuis le berceau jusqu’au cimetière »

Captivant dès le début, ce roman s’adresse directement à nous, lecteurs et lectrices, avec le pronom « vous ». On se retrouve alors dans la peau d’un noir de l’Alabama des années 1950, ce qui m’a facilité l’entrée dans l’histoire. En effet, j’ai été emmenée loin de ce que je connais en tant que personne qui n’est pas touchée par le racisme. De plus, la compréhension de ce récit est très simple puisque chaque chapitre correspond à un moment-clé de la vie de Claudette. L’histoire de cette jeune fille originaire de Montgomery est très prenante puisque c’est une histoire vraie. A mes yeux, le geste de Claudette Colvin est héroïque et j’admire son courage : elle est la toute première, en tant que femme noire, à défier ces lois indignes ! Bien que ce roman soit éponyme, il n’est pas uniquement centré sur la biographie de la jeune fille. On y découvre aussi l’histoire de célèbres personnages comme Rosa Parks et Martin Luther King, ce que j’ai particulièrement aimé. Ainsi, Tania de Montaigne resitue le destin de Claudette dans l’Histoire et plus précisément celle de la lutte pour les droits civiques. Lors de ma lecture, je suis passée par différentes émotions, tout d’abord la colère et l’incompréhension face aux conditions de vie des noirs à cette époque. J’avais conscience que, pendant les années 1950, ils n’étaient pas considérés comme égaux aux blancs, toutefois je n’imaginais pas que ces inégalités et injustices paraissaient aussi banales pendant cette période et s’appliquaient dès la naissance jusqu’à la mort !

Malheureusement, le courage de Claudette ne sera pas retenu contrairement à celui de Rosa Parks, à cause de son jeune âge, de sa couleur de peau plus foncée et de sa grossesse. Claudette n’avait pas comme destin d’être connue de tous mais d’être l’inspiration de Rosa Parks. 

 

Pourquoi « noire » et pas « personne de couleur » ?

Tania de Montaigne au festival Atlantide au Lieu unique à Nantes en mars 2017.
Source: https://upload.wikimedia.org/wiki pedia/commons/thumb/a/a3/ Tania_de_Montaigne_-_Atlantide_2017.jpg/1200px-Tania_de_Montaigne_-_Atlantide_2017.jpg

En écrivant ce roman, Tania de Montaigne ne nous fait pas seulement découvrir l’histoire d’une courageuse adolescente de quinze ans, pour moi elle mène aussi un combat derrière son roman en tant que personne noire. En effet, je pense qu’en nous rappelant la ségrégation que subissaient ces personnes elle nous rappelle aussi que, presque soixante-dix ans après, les noirs subissent encore des injustices à cause de leur couleur de peau ! Et cela commence dès le nom que nous leur donnons. Effectivement, dans son roman et même dans ses interviews, l’autrice nous explique que pour désigner une personne noire nous voulons toujours passer par quatre chemins en utilisant les termes « personne de couleur » ; « black » ; « africain » comme si le mot « noir » était péjoratif alors que au contraire ce sont les noms que nous leur donnons qui le sont.

Soulignons qu’en 2015 Tania de Montaigne remporte le prix Simone Veil grâce à son ouvrage qui nous fait découvrir la vie d’une femme marquante de l’Histoire, qui a osé se dresser face à l’injustice. Selon moi ce prix est amplement mérité ! Par ailleurs, ce qui m’a particulièrement marquée pendant ma lecture est le fait que l’autrice nous raconte avec franchise les événements, sans aucun filtre, pour nous faire comprendre la vie que menaient ces milliers de noirs de l’Alabama. Néanmoins, ce roman n’évoque pas uniquement l’événement du bus, il se focalise aussi sur le procès de la jeune fille et c’est cet événement, lors de ma lecture, qui m’a interpellée. Pour moi, l’injustice remplace la justice étant donné qu’elle finit par perdre son procès alors que toutes les chances étaient de son côté ! Malheureusement – ne l’oublions pas – Claudette Colvin est une jeune fille noire de l’Alabama dans les années 1950, c’est-à-dire qu’elle était destinée à perdre ce procès puisque noire, au mauvais endroit et au mauvais moment. 

Pour toutes ces raisons, j’attribue la note de quatre étoiles. Même si ce roman n’est pas un coup de cœur à proprement parler, il reste tout de même enrichissant en nous faisant découvrir ou redécouvrir l’histoire de cette héroïne grâce à l’autrice Tania de Montaigne. 

Bonne lecture à vous !

Montaigne, Tania de. Noire : la vie méconnue de Claudette Colvin. Grasset, 03/2015. 171p

Vanessa SANAT, 1ère2

Et vous, seriez-vous capable d’endormir les célibataires ?

Première de couverture Source: https://www.livredepoche.com/

Mademoiselle Bonsoir suivi de La Reine des Garces sont des textes sous forme de comédie musicale écrits par Boris Vian en 1952-1953 mais parus le 28 octobre 2009 ! Cette œuvre n’est donc pas la plus connue de l’auteur. Dans cette édition, nous pouvons y retrouver une préface d’Ursula Vian Kübler, la deuxième femme de Boris Vian, qu’il a rencontrée en 1952. Elle est suivie d’une préface de Monsieur d’Dée, l’un des cofondateurs de la fondation Boris Vian. Pour finir, Nicole Bertolt, que j’ai eu la chance de rencontrer le 29 novembre 2022 dans le cadre d’un déplacement à Paris, chez Boris Vian, avec le lycée, a également écrit un avant-propos sur ces deux comédies musicales le 14 juin 2009 où elle explique le contexte de leur écriture.

Trouver LA demoiselle

Robert et Janine travaillent pour le magazine Cœur Maître. Robert est directeur de la rubrique dédiée au courrier du cœur et Janine est sa secrétaire. Ensemble, ils s’occupent d’un casting plutôt original : trouver une femme capable d’endormir les célibataires ! Ils reçoivent beaucoup de courriers auxquels ils doivent répondre. Il faut savoir que dans un premier temps la Dame de Cœur s’appelle Judith, mais en réalité c’est Robert qui joue ce rôle ! En fait il tient ce rôle le temps de trouver la demoiselle idéale. Un jour André, un client, se présente à la rédaction. Il n’a pas envoyé de courrier mais se présente directement au bureau. Il se rend au siège du magazine pour décrire la demoiselle parfaite avant le casting ne débute. Il demande à Robert si une fille peut venir dans sa chambre tous les soirs pour l’embrasser ou lui chanter une chanson. Le journaliste et sa secrétaire ont alors l’idée d’en faire une entreprise commerciale ! Pourquoi ne pas proposer cela à tous les célibataires ! André fait donc une description de la fille idéale qu’il aimerait. Par la suit, Robert, alias Judith, est viré car il ne correspond pas à la description de cet homme. Janine, sa secrétaire démissionne aussi. Il faut donc trouver une autre demoiselle pour endormir les célibataires. André dit à Robert qu’il n’ont même pas la femme capable d’embrasser et d’endormir les célibataires… bien qu’ils l’avaient promis aux lecteurs. Ils doivent donc la trouver ! Un client arrive au bureau et Robert lui propose une liste de berceuses, avec harmonisation adaptable, voix célestes et harpes, modèles catholiques ou protestants… et comme à son habitude Boris Vian fait preuve d’un humour absurde. L’auteur montre aussi que tout peut s’acheter, même l’amour ! Plusieurs clients comme Aurélie et Pédé viennent demander des renseignements à Robert. Si le terme Pédé est une insulte aujourd’hui, en 1952 les mœurs sont bien différentes et il apporte ici un côté loufoque à l’écriture de l’auteur. Après de nombreuses demandes, Robert et Janine passent au casting pour trouver la demoiselle qui deviendra Mademoiselle Bonsoir. C’est au bout du quatrième passage que Robert choisit la lauréate. Elle s’appelle Clémentine et devient vite célèbre ! Elle va vivre une histoire avec André. Mais comment va-t-elle devenir la reine des garces ? A vous de découvrir en lisant cette œuvre…

                                                       Une histoire originale

J’ai plutôt aimée ce récit. L’histoire est originale car le fait qu’une femme doive embrasser des célibataires pour les endormir en passant un casting est plutôt atypique ! Boris Vian est en avance sur son temps et dénonce, en quelque sorte, la téléréalité avant l’heure où  beaucoup de personnes passent un casting pour obtenir un rôle. Boris Vian fait preuve de modernité, on dirait qu’il anticipe les inventions médiatiques ! Pour la structure de l’œuvre, il y a beaucoup de personnages, donc beaucoup de dialogues. La prise de paroles pour les personnages est souvent courte, ce qui dynamise l’histoire. N’oublions pas que les scènes devaient être jouées et chantées puisqu’il s’agit d’une comédie musicale. J’aurai aimé voir cette comédie musicale jouée sur scène ! Pour en finir avec la structure de l’œuvre, on parle ici de tableaux alors qu’habituellement ce sont des actes et des scènes. Cela peut montrer à nouveau le côté un peu décalé de Boris Vian. Cependant, malgré un rythme rapide, le casting est long à arriver car il y a les différentes demandes des clients, puis la distribution des courriers. En même temps cela créer du suspens.

J’attribue la note de trois étoiles à cette œuvre car au début j’ai eu un peu de mal à me mettre dans le contexte. Le fait que Robert joue le rôle de la Dame de Cœur, puis démissionne avec Janine pour ensuite revenir faire le casing m’a un peu désorientée. A la base je n’aime pas trop les comédies musicales, ce n’est pas mon genre préféré en terme de lecture. Cependant l’originalité de l’histoire m’a plu ainsi que l’humour de Boris Vian qui est absurde. Maintenant à vous de vous faire votre propre avis. 

En vous souhaitant une bonne lecture !

Vian, Boris. Mademoiselle bonsoir suivi de la reine des garces. Librairie Générale Française, 03/2020. 401 p. Le Livre de poche, 31611. ISBN 978-2-253-12897-7

PS : Je vous laisse avec une vidéo dans laquelle vous découvrirez ce qu’en disent les personnes qui ont travaillé pour rendre finalement possible la publication de ce texte. Vous retrouverez Nicole Bertolt qui s’exprime sur ce sujet !

 

Ketty SECEMBER, 1ST2S1

Sous le signe du harcèlement

Description de cette image, également commentée ci-après

Clémentine Beauvais Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/2/2e/2018.06.24._Clementine_Beauvais_Fot_Mariusz_Kubik.JPG/800px-2018.06.24._Clementine_Beauvais_Fot_Mariusz_Kubik.JPG

Clémentine Beauvais est une écrivaine et traductrice française qui écrit essentiellement des ouvrages pour la jeunesse. La Pouilleuse a été publié en 2012. Elle a  écrit ce récit pour nous parler du racisme et le dénoncer. C’est un roman pour sensibiliser les adolescents à ce problème de société. En lisant cette histoire vous ressentirez de la pitié, de la tristesse, du dégoût envers certaines personnes et leurs actes. C’est une histoire assez cruelle qui fait même froid dans le dos !

L’Atrocité de notre monde

La Pouilleuse présente un groupe d’amis, tous lycéens : David, Elise, Anne Laure, Florian et Gonzague, qui se rejoignent comme tous les matins devant le café où ils fument une cigarette. Ce lieu est sale et montre un Paris pollué. Ce jour là, les cinq amis décident de sécher les cours en allant dans le studio de Anne Laure. Sur le chemin ils passent devant la piscine municipale et croisent une classe avec des élèves, leur professeur et une accompagnatrice. C’est que le récit prend un tout autre tournant et dévient cruel, avec beaucoup de violence verbale. En croisant une petite fille de six ans qui se nomme Elikya, ils la traite de « Sale pouilleuse ! » Le cauchemar commence alors pour elle. Le groupe l’insulte, l’humilie et l’intimide. Puis ils l’amènent dans le studio et lui font subir les pires choses. Par exemple ils prennent du vinaigre, lui en éclaboussent sur le visage puis prennent un bol de vinaigre rempli de poux et de riz mélangés et la force à manger avec les doigts, comme une esclave… Elikya va-t-elle réussis à s’échapper ?

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Ce récit dénonce la discrimination et le harcèlement que les personnes peuvent subir aujourd’hui à cause de leur physique. Ce harcèlement se manifeste par des paroles, des mots, des actions affreuses, autant de choses interdites et punies par la loi mais qui continuent malheureusement !

J’ai beaucoup aimé lire ce roman car il est très facile à lire et à comprendre. Le style de l’auteure est fluide et nous donne envie de savoir comment l’histoire se termine. Ce récit nous sensibilise et nous fait réaliser que le harcèlement envers une personne différente de nous peut avoir de lourdes conséquences. Il montre aussi qu’un jour ou l’autre chacun de nous peut être harcelé ou devenir harceleur. Ce récit nous permet de comprendre que le harcèlement peut être la pire chose que l’on peut vivre dans sa vie et qu’il peut avoir un impact énorme sur notre vie. 

Pour moi ce roman nous montre que s’en prendre à une personne plus faible que soit ou même simplement différente ne devrait pas exister, que cela est très malsain. Malheureusement, aujourd’hui, dans notre société, nous pouvons constater que ce problème reste très présent. C’est un récit qui nous fait beaucoup réfléchir, nous transmet beaucoup d’émotions pour nous faire comprendre l’enfer du harcèlement.

Bonne lecture a vous !

Beauvais, Clémentine. La pouilleuse. Sarbacane, 2012. 106p.

Yléna MAHAUT, 1ère st2s1

Je l’aime à mourir

Livre Le Fantôme de l'Opéra | Gallimard BD

Tome 1 Source : https://www.gallimard-bd.fr/9782070631704/le-fantome-de-l-opera-1.html

Le fantôme de l’Opéra est à l’origine une œuvre de Gaston Leroux. Elle a été reprise par Christophe Gaultier qui en a fait une bande dessinée en 2013. Ce dernier était initialement dans l’animation et a collaboré au long-métrage Les Triplettes de Belleville puis a finalement décidé de se consacrer entièrement à la bande dessinée. Il nous offre ici une histoire remplie de sombres mystères.

Cette bande dessinée en deux tomes nous présente l’Opéra Garnier qui se situe à Paris. Nous sommes en 1869, l’année du changement de propriétaire : Monsieur De Poligny cède sa place à Monsieur Moncharmin. Celui-ci est mis dans la confidence de l’existence d’un fantôme au sein de l’Opéra et à qui il faut réserver la loge numéro 5 et verser la somme de 20 000 francs chaque mois ! Trouvant cela absurde il refuse d’y croire. Le soir même, durant la représentation, un soit disant suicide va venir confronter le nouveau directeur à la réalité : Il y a bien un fantôme dans l’Opéra ! En  poursuivant la lecture, on apprend que le spectre occupe les lieux depuis un moment et qu’il est tombé amoureux d’une cantatrice nommée Ingrid. Amour que partage également Pierre, un  spectateur qui vient plusieurs fois dans la semaine revoir son amour de jeunesse sur scène. Par le biais de multiples ruses, le fantôme manipule Ingrid, notamment en se faisant passer pour l’ange de la musique dont lui parlait souvent son défunt père. Etant sous son emprise, la jeune artiste est maintenant forcée de devenir son épouse, mais par amour, Pierre est prêt à tout pour la défendre. Parviendra-t-il à la sauver de cette situation absurde ? 

Livre Le Fantôme de l'Opéra | Gallimard BD

Tome 2 Source : https://www.gallimard-bd.fr/9782070639373/le-fantome-de-l-opera-2.html

J’ai aimée cette bande dessinée car, malgré les couleurs sombres et lugubres utilisées par la coloriste Marie Galopin, malgré les vignettes présentant des visages fermés et effrayés, elle met en avant deux histoires d’amour. Celles de deux hommes prêts à donner leur vie pour celle qu’ils aiment… Pour moi cette bande dessinée montre la sincérité qu’il faut avoir envers les gens avant qu’il ne soit trop tard et prouve également jusqu’où une personne peut aller par amour. En plus de faire passer une morale à l’intérieure d’un récit très mystérieux, Le fantôme de l’Opéra est basé sur des « faits réels » puisqu’à la fin du 19ème siècle des accidents inexpliqués ont eu lieu à l’Opéra Garnier ! J’ai aussi adorée le message de fin qui, finalement, reprend une phrase emblématique qu’on peut être amené à se dire dans la vie : « Quand on aime, on doit laisser partir »

Pour ces raisons je mets la note de 4 étoiles à cette bande dessinée !

 

Gaultier, Christophe. Le fantôme de l’Opéra, T1. Gallimard, 03/2011. 55 p. Fétiche. ISBN 978-2-07-063170-4                              

Gaultier, Christophe. Le fantôme de l’Opéra, T2. Gallimard, 09/2013. 56 p. Fétiche. ISBN 978-2-07-063937-3

Rachel TOURSEL, 1ST2S1

Les secrets de la Petite Bijou : une histoire de silence et de mémoire

Source : https://harpers.org/archive/2017/01/the-notes-of-patrick-modiano/

La Petite Bijou de Patrick Modiano est un roman subtil et mélancolique qui explore les thèmes de l’identité, de la mémoire et de la recherche de soi. Dans ce livre, l’écrivain dépeint le Paris des années 1950 à travers les yeux de Thérèse, une adolescente qui n’a jamais connu son père et que sa mère a abandonnée vers 10 ans pour des raisons jamais clairement expliquées mais que l’on peut percevoir au fil de l’histoire puisque c’est une mère déséquilibrée, incapable de s’occuper de sa fille. Modiano utilise une écriture poétique et épurée que l’on retrouve par exemple dans des phrases telles que : « Le vent soufflait doucement, comme s’il avait peur de briser le silence qui enveloppait la ville endormie. » pour décrire les rues sombres et les cafés enfumés de la ville, créant ainsi une atmosphère nostalgique et envoutante. J’ai trouvé le personnage de Thérèse fascinant car elle est à la fois distante et solitaire mais parvient à nous transmettre de profondes émotions telles que la pitié, notamment avec les évènements traumatismes vécus durant son enfance.

Thérèse, surnommée « La Petite Bijou » à l’âge de 7 ans, a maintenant 19 ans. Un soir de novembre, à la station de métro Chatelet, elle pense avoir aperçu sa mère dans la silhouette d’une inconnue vêtue d’un manteau jaune. Malgré son abandon durant son enfance, la jeune femme possède quelques souvenirs tels que des photos, un agenda et un carnet d’adresses laissé part cette dernière. Depuis sa rencontre avec cette inconnue qu’elle n’ose pas approcher, Thérèse est hantée par des souvenirs douloureux de son enfance et ne parvient pas à vivre sa vie. S’entremêlent alors sa vie actuelle, faite de petits boulots et cette « sorte » d’enquêtes. Cherchant des réponses à ses multiples questions elle décide de suivre « sa mère » pour l’espionner et analyser chaque endroit, chaque moment de vie à travers divers indices. C’est alors toute cette enfance délaissée qui revient de manière obsédante. Parallèlement Thérèse trouve du réconfort chez un homme, Moreau-Badmaev, un traducteur de langues rares et auprès d’une pharmacienne parisienne.

Source : https://www.babelio.com/livres/Modiano-La-petite-Bijou/26915

À travers le personnage de Thérèse, Modiano crée une figure énigmatique et attachante qui est en quête de vérité sur la disparition de sa mère. Le roman se déroule à une période de bouleversements sociaux et politiques en France. Modiano y évoque les changements culturels mais aussi la guerre d’Algérie. Selon moi ce contexte apporte et renforce le sentiment de solitude et d’isolement du personnage principal, seule dans Paris, face à une incertitude généralisée. Modiano recrée habilement cette atmosphère turbulente dans son récit en décrivant les rues et les quartiers de Paris avec un souci du détail qui transporte le lecteur et apporte beaucoup de réalisme.
Le thème central de La Petite Bijou est l’héritage familial et la façon dont les secrets et les mensonges du passé peuvent influencer le présent. Thérèse est confrontée à la difficulté de comprendre l’histoire de sa famille et de son identité en raison des mensonges qui ont été racontés et des informations qui ont été cachées. Cela crée une tension dramatique qui maintient le lecteur engagé dans l’histoire jusqu’à la fin, ce qui fut d’ailleurs mon cas.

J’ai énormément apprécié La Petite Bijou. Ce roman m’a transporté dans un Paris mystérieux et fascinant qui a su me captiver dès les premières pages. Ce roman m’a fait découvrir le Paris des années 50 quand la ville était encore en train de se reconstruire, où beaucoup de quartiers étaient encore délabrés et malfamés. Cela m’a bouleversée car je suis allée en novembre dernier à Paris avec le lycée et j’ai découvert une capitale moderne, plus agréable et plus confortable. J’ai également été profondément touchée par l’histoire de Thérèse, cette jeune femme déterminée à trouver des réponses sur la disparition de sa mère. La détermination dont elle fait preuve tout au long du roman est certainement celle que de nombreuses personnes en quête de réponses partagent. 

La Petite Bijou est donc un roman magnifique et touchant qui m’a émue par son histoire bouleversante et son dénouement que vous découvrirez en le lisant. Je recommande vivement ce livre à tous les amateurs de littérature car il est tout simplement impossible de ne pas être touché par l’histoire de Thérèse et de sa quête pour découvrir la vérité.

Bonne lecture !

 Patrick Modiano, « La petite bijou » ; 2002 ;176p

Ambre MASSON, 1er ST2S 2

Un homme mystérieux

L’homme invisible !

Portrait de Marcel Aymé
source: https://www.babelio.com/users/ AVT_ Marcel-Ayme_3789.jpg

Marcel Aymé est un grand écrivain du 20ème siècle. Il a notamment écrit plusieurs romans et pièces de théâtre comme par exemple Le Chemin des écoliers en 1946, Uranus en 1948 Clérambard en 1950… Ses recueils de nouvelles Les Contes du chat perché en 1939 et Le Passe-muraille en 1943 ont connu un succès auprès d’un large public ! Marcel Aymé a également remporté le prix Théophraste-Renaudot pour La Table aux Crevés qui le fait connaître au grand publics en 1929. Pour lui rendre hommage, une statue et une plaque ont été élevées en sa mémoire place Marcel-Aymé dans le quartier de Montmartre à Paris. Lors d’une sortie scolaire avec le lycée, nous avons visité Paris, découvert son côté artistique avec ses statues et ses monuments incontournables qui font de la capitale un endroit touristique. Lors de cette visite, nous sommes passés devant Le Passe-muraille, la statue qui se situe au 75 bis rue d’Orchampt, là où habitait l’auteur. Elle a été réalisée en 1989 par l’acteur et sculpteur Jean Marais et évoque le personnage de la nouvelle du même nom. Cette statue a par contre le visage de Marcel Aymé !

Le Sacré-Coeur à Montmartre. 
source https://www.viator.com/fr-FR/tours/Paris/Montmartre-Walking-Tour-Paris-Best-Art-Culture-and-Food/d479-47475P6

L’intrigue du passe-muraille a lieu à Montmartre, au troisième étage du 75bis de la rue d’Orchampt. Dutilleul est employé de troisième classe au ministère de l’Enregistrement. En hiver, il se rend à son bureau par l’autobus, et, à la belle saison, il fait le trajet à pied, sous son chapeau melon. Cependant, un beau jour il  se rend compte qu’il a un pouvoir : celui de traverser les murs. Il va alors commettre des vols. Il dérobera par exemple le diamant de Burdigala et signera son méfait sous le nom de « Garou-Garou ». La police n’arrive pas à le démasquer jusqu’à ce qu’un homme se déclare coupable de ces cambriolages ! Mais qui est cet homme ?

J’ai adoré Le Passe-muraille parce que le suspense y est très présent, notamment lorsqu’il commet ses méfaits dans Paris. Il fait alors la une de la presse et la police n’arrive pas à élucider ces vols. On éprouve cependant une sensation d’angoisse en se mettant à la place des policiers qui vont et viennent sans jamais parvenir à trouver le coupable. De plus Dutilleul écrit son pseudonyme  » garou garou  » sur les lieux des cambriolages qu’il commet. Selon moi, le personnage principal apprécie tellement son pouvoir qu’il en profite pour narguer la police ! Ses cambriolages sont médiatisés et provoquent un véritable intérêt dans l’opinion comme le montre l’extrait suivant l’ « enthousiasme de la foule atteignit au délire ».

Ce récit est simple à lire, ce qui est une qualité. Je trouve que le personnage est attachant car j’aurais bien aimé, moi aussi, passer à travers les murs. C’est pour cela que j’ai adoré lire cette  nouvelle et, de manière générale, ce recueil à l’ imagination débordante.

On est emporté par cet ouvrage surprenant et étrange !

Le passe-muraille (75bis de la rue d’Orchampt)
source:https://www.parisladouce.com/ 2020/09/passe-muraille-sculpture-place-marcel.html

Ce recueil propose plusieurs nouvelles, notamment  Les sabines, l’histoire d’une femme qui se multiplie autant de fois qu’elle le souhaite et qui peut avoir autant d’amants que de multiplications d’elle-même. Il y a aussi Le décret qui m’a énormément plu. Ce  récit aborde le voyage dans le temps, sujet que j’aime particulièrement. 

Un pouvoir sortie tout droit de l’imagination !

J’ai aimé lire ce recueil de nouvelles qui nous montre un Paris qui peut paraître parfois terrifiant. Les styles d’écriture varient d’un texte à l’autre. On a par moments l’impression de lire une sorte de journal et à d’autres un roman. On peut penser que Marcel Aymé a voulu jouer sur le style d’écriture pour faire parler son recueil et donner davantage vie à ses personnages, ce qui favorise notre attention de lecteur. Ce recueil met en scène des personnages aux pouvoirs irréels qui nous montrent à quel point l’imagination de Marcel Aymé est débordante ! Si les nouvelles sont courtes, elles ont un point commun car chaque histoire présente un personnage qui a un don. Dans l’ensemble ce recueil offre de fabuleuses nouvelles qui vont vous permettre de plonger dans l’univers étrange et fantastique de Marcel Aymé !

Si vous voulez connaître la suite de ces nouvelles sortie tout droit d’une imagination délirante  et étrang j’ invite toutes celles et ceux qui aiment les aventures remplies de mystère à lire avec enthousiasme ce fameux recueil,  étrange et surréaliste !

Bonne lecture à vous !

Aymé, Marcel. Le passe-muraille. Gallimard, 2000. 222p. Folio, 961.
ISBN 2070369617

Evan PLAYOULT, 1ST2S2

Le judoka timide

Le loup garou et autres nouvelles est un recueil écrit en 1945 par Boris Vian mais publié onze ans après sa mort, en 1970. Ce recueil nous offre toute l’imagination de l’auteur à travers plusieurs genres comme la romance, la science fiction, l’épouvante… le tout teinté de beaucoup de fantaisie !

Le loup-garou et autres nouvelles

Sources : https://images-e.esidoc.fr/1646/555/9782253148531.jpg

Parmi les treize nouvelles écrites par Vian, l’une d’elles m’a beaucoup plu. Celle-ci a pour titre Une surprise partie chez Leobille et raconte l’histoire d’un garçon nommé Follubert. Ce jeune homme souffre d’un complexe de timidité qui le rend souvent très mélancolique. Mais Follubert se console toujours auprès d’une jolie petite blonde en robe de crêpe mousse bleu lavande qu’il aperçoit souvent dans son sommeil. Un dimanche, le jeune homme est invité à l’anniversaire de son meilleur ami, un certain Leobile. Un prénom bien original qui prouve la grande imagination de l’auteur ! Il se rend donc à la fête et l’aperçoit en train de discuter avec deux jolies filles. Leobille le remarque, lui tend la main et lui présente la première fille qui se nomme Anzyme et la seconde dont le prénom est Jennifer. Follubert s’incline alors devant ces deux jeunes femmes et tend sa main vers Jennifer. Etrangement cette dernière ressemble beaucoup à la fille de son rêve. Il l’invite donc à discuter. Elle lui demande ce qu’il fait dans sa vie et Follubert lui répond qu’il pratique le judo. Surprise par son apparence timide, elle lui demande immédiatement s’il utilise le judo pour se défendre. Celui-ci déclare, embarrassé, qu’il se bat très rarement. Elle lui répond alors ironiquement « tu as donc peur ! » Désespéré, Follubert se décompose sur le canapé quand, tout à coup, un major entre par effraction dans la maison de Leobille et menace Jennifer … Le garçon timide se servira-t-il de ses talents de judoka pour défendre la vie de Jennifer ? Pour le découvrir courrez lire cette nouvelle !

sources: https://cdn1.booknode.com/author_picture/73/boris-vian-72586-330-540.jpg

Je trouve que la manière dont Boris Vian a écrit ce recueil est très fantaisiste car chacune de ces nouvelles à une part de folie, notamment Le loup-garou et Une surprise partie chez Leobille qui sont deux nouvelles que j’ai beaucoup appréciées. Pourquoi ? Parce qu’elles sont pleines de rebondissements, d’actions qui dynamisent notre lecture. Cependant chaque nouvelle a un style particulier et les thèmes sont variés. Vian aborde l’amour, la vengeance, la violence, l’horreur, ce qui peut plaire à des lecteurs aux profils différents. Ainsi Boris Vian montre toute son imagination dans chacune de ces histoires. Bien sûr je n’ai pas forcément tout aimé, certaines nouvelles sont selon moi très glauques comme L’amour est aveugle qui raconte l’histoire d’une scène érotique dans une rue. Cependant certaines scènes font beaucoup rire car l’humour est toujours présent chez Vian. Pour toutes ces raisons, j’attribue trois étoiles à ce recueil.  

Bonne lecture à vous !

Trois étoiles D'or Sur Fond Blanc Banque D'Images Et Photos Libres De  Droits. Image 70401059.

Léa LHERBIER, 1ST2S1