Voyage absurde en Exopotamie

 

Boris Vian source:https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Boris_Vian.jpg

Vous connaissez sûrement Boris Vian, grand auteur, réputé pour ses romans noirs. L’Automne à Pékin est à la base l’un de ses romans paru en 1947. Celui-ci a été adapté en bande dessinée aux éditions Futuropolis en 2017 par les jumeaux Gaëtan et Paul Brizzi, réalisateurs de films d’animation et illustrateurs français. Cette histoire burlesque et absurde n’a pas connu le succès du vivant de l’auteur.

 

source:https://www.planetebd.com/bd/futuropolis/l-automne-a-pekin/-/33582.html

L’automne à Pékin nous raconte la construction d’une ligne de chemin de fer au beau milieu du désert d’Exopotamie, un endroit imaginaire. Plusieurs personnages de différents corps de métiers ont la charge de sa construction. Amadis Dudu, le directeur du chantier, prend le bus 975 et se retrouve en Exopotamie au milieu du désert. Anne et Angel, les ingénieurs, et Rochelle la secrétaire, se retrouvent au Tabou, dans le quartier de Saint Germain. En partant du Tabou, ils renversent Cornelius, un ingénieur de la Wacco. Ils l’emmènent à l’hôpital et Cornelius leur demande de le remplacer comme ingénieur pour construire la fameuse ligne de chemin de fer. Sur place, des fouilles archéologiques sont menées par un archéologue, Athanagore Porphryrogénète, Cuivre, son assistant et l’Abbé Petitjean. Ils se retrouvent tous dans un hôtel tenu par Joseph Barrizone. Amadis Dudu se rend alors compte que l’hôtel est en plein milieu du chemin de fer et en détruit donc la moitié alors qu’Angel aperçoit un tourbillon noir avec des personnages bizarres et croit que c’est une hallucination…

source:http://bdstock.fr/2017/09/lautomne-a-pekin-9782754823081-paul-brizzi-gaetan-brizzi-boris-vian/

Je n’ai pas vraiment aimé lire cette bande dessinée qui est selon moi trop absurde. J’ai eu du mal à comprendre ce livre. Les personnages sont loufoques et ça ne parle ni de Pékin ni de l’automne ! Le récit n’a pas de sens car ils veulent construire une ligne de chemin de fer en plein milieu du désert, laquelle passe au milieu d’un hôtel. D’un point de vue graphique les dessins de cette bandes dessinées sont au début très sombres pour devenir vifs et lumineux par la suite. Je trouve que ces dessins sont très réussis, c’est le point positif de cette BD. Je pense que si à l’origine le roman de Vian n’a pas eu de succès, c’est parce que l’histoire est difficile à comprendre. J’ai même dû aller regarder sur internet certains mots pour les comprendre. Pour ces raisons, je mets trois étoiles à cette BD.

Brizzi, Gaëtan / Brizzi, Paul. L’automne à pékin. Futuropolis, 09/2017. 115 p

Sarah VERIN, 1ST2S2

Une vengeance brutale qui fait froid dans le dos !

J’irai cracher sur vos tombes a été écrit par Boris Vian et publié en novembre 1946 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Il utilise ce pseudonyme lorsqu’il écrit des romans noirs dont les histoires sont souvent provocantes. En effet, ce roman a fait un véritable scandale à sa sortie à cause du caractère sexuel trop explicite de certaines scènes qui ont pu choquer à l’époque, et peuvent encore choquer actuellement …

Photographie de Boris Vian. Source : http://e-sushi.fr/actualites/boris-vian

J’irai cracher sur vos tombes raconte l’histoire de Lee Anderson, un métis à la peau blanche qui quitte sa ville natale pour se rendre à Buckton venger la mort de son frère noir, lynché car il était amoureux d’une femme blanche. Arrivé à Buckton où règne la ségrégation raciale, Lee se revendique blanc aux yeux de tous et obtient un poste d’employé dans une librairie. Le jeune homme s’intègre très rapidement et devient ami avec une bande de jeunes qui ne vivent que par le sexe, l’alcool et la violence. Par la suite, Lee se rapproche des sœurs Asquith, deux jeunes femmes blanches racistes qui vivent dans un milieu aisé. L’une s’appelle Lou et l’autre Jean. Lee a des rapports sexuels avec les deux sœurs et met enceinte Jean. Heureux événement, me diriez-vous ! Eh bien non ! N’oublions pas que Lee veut venger la mort de son frère et pour cela il va commencer par avouer aux deux sœurs qu’il n’est pas blanc ! Dès lors, que fera-t-il pour venger la mort de son frère ?

Le récit attractif et surprenant  d’un antihéros !

         J’ai apprécié ce récit de Boris Vian car il n’a pas peur de dire les choses telles qu’elles sont, il n’essaie pas d’atténuer les actes de Lee, lesquels peuvent être assez choquants, voire même très choquants. Prenons l’exemple du passage dans lequel Lee et Dexter, l’héritier d’une famille riche, violent deux jeunes filles effrayées qui crient au secours tellement elles souffrent. J’ai également beaucoup aimé le fait que, tout au long de son roman, Boris Vian crée une montée d’adrénaline en répétant à plusieurs reprises « je me rappelais tout de même le gosse » sans qu’on sache qu’il parle de la mort du frère de Lee. Le fait de toujours répéter cette phrase installe le suspense ce qui va créer chez le lecteur un sentiment d’attente et d’impatience pour découvrir de qui et de quoi il s’agit.

Source : https://www.decitre.fr/livres/j-irai-cracher-sur-vos-tombes-9782253141433.html

On peut utiliser le terme « d’antihéros » pour qualifier le personnage principal de Lee Anderson. En effet ce dernier ne présente pas les caractéristiques d’un héros traditionnel, ce qui rend ce récit, pour moi, encore plus intéressant. Au diable les bons sentiments ! Nous avons un personnage principal qui ne respecte pas les femmes et va même jusqu’à les violer pour venger son frère ce qui, à mon sens, n’est pas tout de même pas une excuse valable. Cependant, les femmes qui subissent ces actes sont elles-mêmes méprisables tant elles font preuve d’inhumanité quand s’exprime leur racisme. Personne n’est tout blanc ou tout noir en fin de compte !

Malgré cela ce n’est pas un récit que je recommande à tout le monde parce qu’il peut choquer les âmes sensibles et, après l’avoir lu, je comprends pourquoi il a fait scandale à sa parution. Si ce roman était publié à l’heure actuelle, il ne ferait sans doute pas autant scandale, voire pas du tout, car parler de rapports sexuels n’est plus un sujet tabou si ce n’est peut-être encore dans certains milieux. Notre société a évolué depuis l’époque de Boris Vian. Attention cependant, certaines personnes peuvent toujours être en désaccord avec ce récit car il dénigre beaucoup la femme qui passe avant tout pour un objet sexuel.  Prenons pour exemple cette phrase : « Tais toi, je te donnerai cinq dollars de plus«  lorsqu’une jeune fille d’environ 12 ans refuse d’avoir des rapports sexuels avec Lee qui ne lui laisse pas le choix et pense qu’en la payant plus elle va accepter.

J’irai cracher sur vos tombes est un roman très violent dans lequel certains protagonistes connaissent une mort brutale. Il ne faut pas oublier que ce roman a été écrit pour dénoncer le racisme envers les personnes de couleur aux Etats-Unis mais sous une forme peu conventionnelle. Habituellement pour défendre ce genre de cause les gens font des manifestations. Ici Boris Vian utilise le viol et le meurtre à travers le personnage de Lee  pour dénoncer le racisme et se faire entendre.

Pour moi la vengeance de Lee fait froid dans le dos mais est proportionnelle à l’acte qu’à subit son frère. C’est choquant mais au moins le message est bien passé, et peut-être que par ces actes Vian désirait interpeller ses lecteurs et faire en sorte que certaines choses concernant le racisme changent. Malheureusement aux Etats-Unis le racisme envers les personnes de couleur est toujours présent actuellement. Prenons un fait d’actualité qui s’est passé il y a  deux ans : George Floyd a été tué par un policier blanc car il était noir ce qui montre que, même de nos jours, le racisme est toujours bien présent. Faut-il écrire à nouveau un roman qui fasse scandale pour changer véritablement les choses ?

Bonne lecture à vous 🙂

Boris Vian. J’irai cracher sur vos tombes. Livre de poche. 220 p.

PRESSE Laly, 1ST2S2

Allez-vous y échapper ?

source : https://www.livredepoche.com/livre/ny-echappe-pas-9782253240518

On n’y échappe pas a été écrit par Boris Vian puis repris par l’OuLiPo. En fait, Boris Vian a écrit les quatre premiers chapitres puis, pour les cent ans qu’il aurait eu en 2020, ses héritiers ont demandé à l’OuLiPo d’imaginer la suite et donc de terminer cette œuvre ! Si vous ne le savez pas, l’OuLiPo signifie Ouvroir de littérature potentielle. C’est un groupe français de littérature inventive et innovante née au milieu du XXe siècle. Il a pour but de découvrir de nouvelles potentialités du langage et de moderniser l’expression à travers des jeux d’écriture. l’OuLiPo a introduit dans ce roman de l’actualité politique et militaire, en concordance avec les chapitres de Boris Vian. Ils ont inventé des toponymes comme des noms de rivières, de rues, de villes et de quartiers. D’après moi ils ont écrit ces inventions dans le but de rendre ce roman policier plus réaliste et, en même temps, pour « coller » au style de Boris Vian. De plus, ce qui caractérise le plus ce roman c’est son langage car il utilise de l’argot et un registre familier. 

Ce roman nous raconte différentes aventures horribles… mais intéressantes ! Boris Vian et L’OuLiPo ont écrit une fabuleuse histoire faite de doutes, de stress, de peur et de tristesse, le tout conclut par un rebondissement… affreux !

On n’y échappe pas raconte ainsi l’histoire de Frank Bolton, un jeune colonel de l’armée américaine qui rentre de la guerre de Corée avec une main en moins. À peine sa famille et sa ville natale retrouvées, il s’aperçoit que toutes les filles qu’il a aimées et rencontrées ne donnent aucune signe de vie.  Peu de temps après son retour, il se lance à la recherche d’Ellen Brewster, son premier amour. Hélas ! il apprendra qu’elle a été assassinée grâce à une page de journal déchirée chez son ami, le détective Narcissus Rose. Ce dernier décide alors de l’aider sur ces différentes affaires de meurtres. Ils se lancent dans une enquête terrifiante. Lorsque Franck s’aperçoit chez Narcissus que son deuxième amour, Beatrice Driscoll, a été également assassinée quelques mois auparavant, il comprend alors que ces meurtres sont liées. En effet, un mystérieux tueur en série assassine de façon atroce toutes ses anciennes conquêtes. Cela devient un réel problème pour Franck Bolton car certains pensent qu’il est l’auteur de ces crimes affreux. Il va donc tenter de démasquer le tueur et surtout prouver son innocence…

Un récit plein de suspense

Boris Vian à sa machine à écrire. Source : https://www.msn.com/fr-be/divertissement/actualite/le-livre-maudit-de-boris-vian/ar-AA149CLQ?li=BBqj0iX

J’ai adoré lire ce roman policier car on trouve du suspense à chaque chapitre. En effet Boris Vian nous oriente vers des fausses pistes. J’ai vraiment eu de la peine pour Franck quand il retrouve ses amies assassinées de façon atroce. De même, j’ai été surpris quand il découvre qui est l’auteur des meurtres dont je ne vous dévoilerai pas l’identité. Ce sera à vous de le découvrir en lisant ce roman ! Je pensais que Franck Bolton aurait la possibilité de retrouver ses amies vivantes. Malheureusement, rien ne s’est passé comme prévu à son retour de la guerre de Corée.

On est emporté par cet ouvrage au final surprenant et terrible !

Selon moi, le personnage principal et un peu perdu à son retour de Corée où il a été blessé et par le fait qu’il n’a plus aucune nouvelle de ses amies. «  j’avais un goût pâteux dans la bouche et la sensation me rappela mon réveil sur la table d’opération. Cette phrase évoque selon-moi la douleur que ressent le personnage. Il a perdu un bras et a dû mettre une prothèse. Heureusement que Narcissus Rose est là pour l’aider dans sa vie. Ils devront faire face à des épreuves difficiles durant leur enquête. Vian a écrit ce roman avec un style « sullivanesque » (référence à son pseudonyme Vernon Sullivan sous lequel il a écrit des romans noirs) comme on peut s’en rendre compte tout au long des chapitres

Si vous voulez connaître l’auteur des meurtres, je vous invite chers lecteurs et chères lectrices, à lire ce roman policier. Sans aucun doute, il suscitera chez vous l’envie de (re)plonger dans l’univers de Boris Vian ou de son alter ego Vernon Sullivan. Ce livre captivant, suscitant de nombreuses émotions mérite la note de cinq étoiles !

 

Bonne lecture à vous !     

Vian, Boris / L’Oulipo. On n’y échappe pas. Librairie Générale Française, 09/2021. 185 p. Le Livre de poche, 36237. ISBN 978-2-253-24051-8                                        

Evan PLAYOULT, 1ST2S2

 

Une infiltration sous haute tension

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source : https://0620056z.esidoc.fr /document/ id_0620056z_66707.html

Flic, un journaliste à infiltré la police a été écrit par Valentin Gendrot et publié en septembre 2020. Cette histoire qui se déroule en plein cœur de Paris, dans le 19e arrondissement, relate l’enquête de l’auteur, infiltré dans la police. Valentin Gendrot nous invite littéralement à intégrer son investigation ! Il nous donne l’impression d’être avec lui et de suivre son évolution dans cette infiltration.

Ce récit raconte comment se déroule le service dans la police mais également les faces cachées de ce métier, les coulisses, ce qu’on ne peut pas vraiment voir quand on n’en fait pas partie. Tout au long de ce travail d’investigation, nous sommes témoins des différentes étapes que Valentin Gendrot a dû passer avant de réellement infiltrer la police. Tout d’abord il travaille en tant qu’ADS – adjoint de sécurité ; c’est un peu comme un « jeune » policier. Son rôle est d’assister un agent titulaire dans ses missions. Ensuite, il continue son service d’ADS mais cette fois dans une infirmerie psychiatrique. Il ne va d’ailleurs pas trop apprécier y travailler car ce n’est pas du tout ce qu’il espère en tant que policier. Lorsqu’il devient conducteur d’ambulance de l’infirmerie, une routine va s’installer. Tout au long de son périple Valentin va parfois se mettre dans des positions délicates puisque il a à plusieurs reprises failli se faire démasquer. En effet, un  jour, les autres « apprentis policiers » vont regarder un reportage réalisé par… Valentin Gendrot !  Il va nier et n’avouera jamais que c’est bien de lui qu’il s’agit. Heureusement personne ne demande plus d’explications.

Il va découvrir durant sont infiltration un racisme banalisé. Par exemple pendant une intervention sur le terrain, un policier roue de coups un jeune migrant car il estime que ce qu’il a fait ne sera pas assez puni par la loi ! Il décide donc de rendre justice lui-même ! Ce qui a le plus choqValentin Gendrot – et moi-même – c’est de voir que ses collègues n’y prêtent aucune attention, comme si c’était normal. Il y a aussi la violence envers les femmes. La plupart des policiers ne veulent pas travailler sur ces affaires car pour eux « ce n’est pas ça la police » ! Ils ne veulent pas gérer ces affaires qui sont pour eux trop banales. Valentin Gendrot ne fera rien et va rester de marbre. Cependant pour dénoncer cela, il écrira ce livre où il racontera en détail ce qui se passe réellement dans la police.

Un récit d’utilité publique

Ce récit nous permet de voir comment, encore maintenant, le racisme ainsi que les violences faites aux femmes ne sont pas pris en considération alors que cela peut avoir de très lourdes conséquences !

Valentin Gendrot journaliste https://s1.ibtimes.com/sites/www.ibtimes.com/files/styles/embed/public/2020/09/03/valentin-gendrot-says-his-book-is-not-against.jpg

J’ai adoré lire ce travail d’investigation car on suit son aventure comme une série qui nous pousse à regarder l’épisode suivant. On ne peut pas s’arrêter, on désire connaître la suite de l’histoire. On entre alors au cœur de la police et on est embarqué dans tous ces événements qui s’enchaînent avec rapidité, sans aucun moment de répit, comme par exemple quand il est appelé à se rendre sur le terrain avec d’autres de ses collègues pour intervenir sur des affaires de trafics de drogue ou de bagarres de rue. Des interventions souvent très mouvementées et très violentes .

On sait que Valentin Gendrot est journaliste et cela se ressent dans son écriture. Il utilise un style et un vocabulaire journalistique qui nous font entrer au cœur de l’action. On peut même dire qu’il enlève ses habits de journaliste pour se mettre dans la peau d’un véritable policier pour mieux comprendre ce qu’il vit. Quand on lit son livre on en oublie presque qu’il est journaliste.

Un récit remplit d’adrénaline et de stress !

Pour moi ce récit nous apprend la vraie vie, c’est-à-dire comment est la société de nos jours : cruelle, sans pitié. Il nous montre tout ce qu’elle essaye de nous cacher, notamment dans la police. Cette enquête nous fait prendre conscience des actes barbares des hommes dans la société en général, et dans la police en particulier où les violences envers les migrants et les personnes défavorisées – souvent ignorées et marginalisées –  sont courantes. La société a fait le choix de ne pas montrer la cruauté qui peut malheureusement surgir dans ces milieux pour éviter de choquer la population. Il y a peut-être aussi une réelle volonté d’orienter les discours dans les médias où les coupables sont toujours les mêmes, où tout est blanc ou noir, sans nuance. Mais Valentin Gendrot a lui décidé que cela ne devait pas rester dans l’ombre, que ça devait être exposé aux yeux de toutes et tous.

Si vous voulez vraiment comprendre comment il analyse toutes ces bavures policières qui sont pour moi d’une haute gravité, je vous invite à lire son enquête. Peut-être n’aurez-vous pas le même avis que moi mais je pense que ce travail d’investigation ne vous laissera pas indifférent et vous fera réfléchir. Pour cette raison, je vous laisse vous faire votre propre opinion et vous invite à vous plonger dans cette enquête. Ce récit entraînant et authentique mérite une note de quatre étoiles !

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Bonne lecture à vous !

GENDROT, Valentin. Flic : un journaliste a infiltré la police. Editions Goutte d’or, 09/2020. 293p

Laure WESTFALEWSKI – MISSAYE, 1èreST2S1

La quête du bonheur

Source: https://0620056z.esidoc.fr/ document/id_0620056z_445.html

LHerbe rouge est un roman écrit par Boris Vian en 1947, juste après L’écume des jours. Le jazzman emblématique de Saint-Germain-des-Prés nous y offre une autobiographie. Si son récit ne connaît pas un très grand succès lors de sa parution, cest en 1985, grâce à l’adaptation télévisée de Pierre Kast, que le public redécouvrira son ouvrage, lui apportant reconnaissance et faisant (re)découvrir la modernité de son œuvre. J’ai personnellement découvert cette œuvre grâce au Prix littéraire Carnot, œuvre qui m’a plu grâce aux thèmes que Boris Vian y aborde.

LHerbe rouge nous raconte lhistoire de deux couples, celui de Wolf et son épouse Lil, et celui de Saphir Lazuli et de son amie Folavril. Le personnage principal, Wolf, est atteint dune profonde tristesse dont il aimerait se débarrasser. Persuadé que cette source de mal-être et dangoisses multiples provient de son passé, il décide de construire une machine capable d’effacer les souvenirs qui lont traumatisé. N’avez-vous jamais rêvé vous-même d’effacer vos mauvais souvenirs ? Mais, pour pouvoir les effacer à tout jamais de sa mémoire, Wolf va devoir revivre ses souvenirs avec les sentiments qu’il a refoulés durant son enfance et expliquer devant un jury imaginaire les raisons de son souhait de les oublier ! Il devra alors refaire face à des parents trop protecteurs, des études trop longues, des relations amoureuses compliquées et bien d’autres problèmes qui ne lui ont pas facilité la vie…

Un surréalisme abondant et complexe

Malgré l’entrée difficile dans cette œuvre par son côté surréaliste, j’en ai tout de même apprécié la lecture. Il y a également de nombreuses descriptions et le fait que le roman soit structuré en plusieurs chapitres peut paradoxalement compliquer la lecture et la perception du bon déroulement de lhistoire. Jai moi-même rencontré des problèmes dans certains passages du récit. Cependant, j’ai beaucoup apprécié les thèmes abordés, les trouvant très intéressants. En effet, nous, les lecteurs et lectrices, avons limpression d’être le psy de Wolf qui nous raconte ses traumatismes denfance. On peut avoir limpression que le jeune homme nous fait directement part de son mal-être, ce qui ma particulièrement plu. On éprouve des sentiments envers ce personnage, on a l’impression d’avoir une sorte d’échange avec lui, on peut le comprendre sur certains points comme lorsqu’il revient sur ses études trop longues et épuisantes. Par ces retours, Boris Vian rend la lecture moins monotone et plus divertissante. De plus, on se rend compte que Wolf crée sa machine dans le but de trouver le bonheur et d’être épanoui dans sa vie. Or, nous cherchons – voire nous rêvons – toutes et tous de trouver le remède miracle pour être heureux lorsque nous avons « le moral dans les chaussettes ».

Un récit aux échos autobiographiques

Boris Vian en 1948 Source: https://fr.wikipedia.org/wiki/ Boris_Vian#/media/Fichier:Boris_Vian .jpg

Pour moi, cette œuvre a une part autobiographique. En effet, Boris Vian y fait des références à sa séparation avec sa première femme, Michelle Léglise, à travers Wolf et Lil. Par exemple, lorsque Wolf casse volontairement le saladier de cristal de Lil en lui disant qu’il ne ressent plus rien et qu’il est temps qu’il parte : c’est ce que Michelle aurait dit à Vian lors de leur séparation. Il fait aussi référence à son parcours d’ingénieur avec linvention de la machine de Wolf. Par ailleurs je trouve qu’au début de lœuvre, Lil et Folavril sont caricaturées. Leurs personnalités sont stéréotypées et renvoient à des images de femmes amoureuses, obéissantes et méprisables comme lorsque Lil veut dormir avec Wolf et qu’elle ne le fait pas, ce dernier étant occupé avec son ami Saphir, ce qui la renvoie à l’image d’une femme obéissante qui n’ose pas déranger son mari. Cependant, plus nous avançons dans le récit, plus elles deviennent indépendantes et même féministes ce qui m’a, personnellement, beaucoup plu et marqué. N’oublions pas que Boris Vian a écrit ce roman dans les années 50, années où les femmes sont perçues – et sont – comme des mères au foyer qui s’occupent des tâches ménagères, des enfants et de leur mari. Il fait donc preuve d’une grande modernité dans son approche de la psychologie féminine ! Je pense aussi que le titre que Boris Vian a donné à son roman rappelle, par son surréalisme, que tout peut être inventé. Vian s’inspire du monde qui l’entoure pour créer le sien et c’est là que résident la force et la singularité de son œuvre !

Pour ces raisons, j’attribue trois étoiles à ce roman qui, très captivant, nous « retourne un peu le cerveau » par l’écriture surréaliste de notre cher Boris Vian !

Bonne lecture à vous !

Vian, Boris. L’herbe rouge. Librairie Générale Française, 03/2021. 188 p. Le Livre de poche, 2622. ISBN 978-2-253-00135-5

 

SAIMPOL Lucie, 1ST2S1

Les Zola

Dans le secret de la vie des Zola

 

Emile Zola et sa famille  Source: https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/ %C3%89mile_Zola_et_sa_famille/1311348

Les Zola est l’œuvre de Méliane Marcaggi, scénariste, actrice et réalisatrice et Alice Chemama pour les illustrations. Elles ont toutes deux créé une histoire biographique pleine de rebondissements et de secrets cachés qu’elles dévoilent dans cette bande dessinée palpitante !

Les Zola raconte l’histoire authentique, professionnelle et familiale, du grand écrivain et journaliste français Émile Zola mais aussi et surtout les aventures d’ Alexandrine. Véritable personnage principal dans cette bande dessinée, elle aura une importance considérable dans la vie de l’écrivain. 

Le récit est chronologique, nous y découvrons les débuts compliqués d’Emile Zola, les rencontres bouleversantes avec grands artistes tels que Edouard Manet, ses rencontres amicales, amoureuses, ses premiers succès ou encore ses problèmes familiaux. Cependant le récit est intégralement raconté par Alexandrine et non pas par Zola, ce qui le rend d’autant plus originale. J’ai personnellement beaucoup apprécié le fait d’avoir un autre point de vue. Tout commence en 1864 alors qu’il n’est encore qu’un jeune pigiste chez Hachette. Lors de sortie avec ses amis, des grands artistes comme Édouard Manet ou encore Paul Cézanne, Zola fait la connaissance de Gabrielle qui, plus tard, se présente sous le nom d’Alexandrine afin de tourner la page sur sa jeunesse d’ouvrière. Mutuellement séduits et charmés, ils entament une relation amoureuse qui sauvera la carrière d’Émile. En effet, la jeune femme lui apporte son soutien quotidiennement, dans les bons comme dans les mauvais jours comme par exemple lors du décès de la mère de l’écrivain. Une fois mariés, leur relation devient instable, faite de secrets, de tromperies et d’éloignement. Son mari la trompe avec une certaine Jeanne Rozerot avec qui il a même des enfants ! Alexandrine va le découvrir, y réfléchir, prendre du recul, puis l’accepter. L’affaire Dreyfus et le fameux « J’accuse »  auront d’énormes répercutions sur leur vie. Zola devra faire face à la justice, connaîtra l’exil et les menaces et la mort. Alexandrine aura un rôle important lors de cette affaire en œuvrant pour la défense de sa famille. Elle cherchera des preuves, épluchera les textes de loi afin de protéger et défendre Emile.

Un graphisme réaliste et un homme à double vie

Extrait de la Bande dessinée. Bal du moulin de la Galette, Auguste Renoir, 1876 Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bal_du_moulin_de _la_Galette_(Renoir)#/media/Fichier:Pierre-Auguste_Renoir,_Le_Moulin_de_la_Galette.jpg

Cette BD nous transmet beaucoup d’émotions à travers les couleurs et les dessins qui ne sont pas sans rappeler le mouvement impressionniste apparu vers 1860. Cela apporte une touche d’authenticité en créé un lien avec l’histoire de l’art. Les planches dessinées par Alice Chemama, peuvent faire référence à des tableaux impressionnistes comme par exemple certaines huiles sur toile de Renoir et plus précisément le Bal du Moulin de la Galette à Montmartre. J’y ai par exemple vu un parallèle entre ce tableau et la scène du marché, aux Halles de Paris, où, dans les deux représentations, on observe une foule ainsi qu’une femme penchée. L’ensemble des détails nous rappelle que Zola a souvent représenté Paris dans ses romans manière très détaillée.

Photographie prise par Emile Zola à Paris source: https://monovisions.com/vintage-paris-by-emile-zola-1900s/

J’ai beaucoup aimé cette bande-dessiné et surtout ses dessins. Elle m’a permis dans apprendre davantage sur un des grands écrivains français et sa vie privée. Mais aussi de prendre conscience que, malgré son talent littéraire qui demeure incontestable, il n’a pas été fidèle à Alexandrine qui l’a pourtant soutenu moralement tout au long de sa vie. Dans cette bande dessinée les auteures pointent l’importance que peuvent avoir les femmes dans la vie d’un homme et que les conséquences d’actes nullement réfléchis peuvent bouleverser le destin d’une relation, d’une vie ! Dance ce cas-ci, la tromperie.

Jusqu’à la fin Alexandrine restera digne, c’est elle qui l’a rendu homme et a grandement contribué à une partie de sa gloire. Zola n’as pas eu une bonne attitude envers la gente féminine, il a trompé sa femme avec Jeanne, l’employé de maison d’Alexandrine qui l’aidait dans son quotidien domestique. Il offre même le confort de vie à son amante et ses enfants au sein d’un appartement. On peut donc dire que cette BD est plutôt féministe et que la vision des auteures est engagée.

Talleyrand-Périgord (Ancien Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France) affirmait : « derrière chaque grand homme, il y a une femme » en l’occurrence ici, Alexandrine. Si vous aimez le suspense, les rebondissements, et voulez en apprendre davantage sur l’un des grands écrivains français du 19ème siècle, et surtout sur la femme qui l’a accompagné toute sa vie, je vous recommande de lire cette œuvre qui dénonce la double vie d’Emile Zola. Elle est des plus agréables à la lecture, notamment d’un point de vue graphique.

Bonne lecture !

 

 

Marcaggi M , Chemama A. Les zola. BD ;2019 ;116p

Ambre  MASSON, 1ère ST2S 2

 

La faiseuse d’anges

Annie Ernaux
Source : https://reseaubibliotheques.rlv.eu/a-decouvrir/dossiers/1153-annie-ernaux-une-ecriture-des-lieux

L’événement est un roman ou plutôt un récit de vie abordant les avortements clandestins. C’est l’histoire d’Annie Ernaux, jeune femme de 24 ans au moment des faits.

Annie nous décrit ce moment dans une clinique. Elle décrit les gens autour d’elle, elle reste figée sur un homme et une femme. Elle est enceinte. Ce qui lui rappelle une étonnante histoire. La sienne.

Lorsqu’elle tombe accidentellement enceinte d’un garçon avec qui elle ne pensait qu’avoir un simple rapport sexuel, elle se sent liée à cet homme et redevable. Elle se retrouve alors prise au piège car dans les années 1960 les femmes n’ont pas le droit d’avorter. Pourtant, elle sait exactement ce qu’elle veut. Elle cherche donc des moyens d’avorter illégalement, et dans le plus grand des silences. Elle est aussi à la recherche de L.B, une autre femme qui a avorté clandestinement. Malheureusement elle n’a aucune réponse. Elle passe dans beaucoup de cabinets, elle y rencontre des médecins qui ont peur de la loi, des médecins qui ne pensent qu’avec leur cerveau d’hommes misogynes : « Instantanément, il lui est venu un air de curiosité et de jouissance, comme s’il me voyait les jambes écartées, le sexe offert« . L’un d’entre eux lui pose beaucoup de questions, puis il l’invite à venir chez lui. Faisant partie d’une association semi-clandestine, elle pense qu’il peut l’aider. Or une fois seuls, il ne veut que lui faire l’amour, comme si cela exaltait ses envies sexuelles qu’elle ne soit plus vierge et qu’elle soit, d’après lui, en position de faiblesse à cause de cette grossesse.

« Il était impossible de déterminer si l’avortement était interdit parce que c’était mal, ou si c’était mal parce que c’était interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas LA loi. »

Je trouve cette citation plutôt véridique ! Dans la majorité des cas les femmes ont peur d’avorter car cela est mal vu, car elles n’avaient a priori pas le droit, mais d’un côté pourquoi elles n’auraient pas le droit de se délivrer ? Pourquoi ce sont les femmes qu’on cherche à remettre en question, plutôt que cette loi !?

De par son expérience, Annie Ernaux a dû faire face à des médecins qui avaient peur d’aller à l’encontre de cette loi, par peur de perdre leur droit d’exercer. Elle a aussi fait face à un médecin qui lui a prescrit un traitement pour stopper la grossesse, mais il était contre cela et lui a donné des cachets pour éviter une fausse couche. Elle s’est donc demandé pourquoi cette loi existait et pourquoi elle ne pouvait pas avorter ! ¨Pourquoi c’était à elle de devoir trouver un moyen jusqu’à presque mettre sa propre vie en danger !?

On suit ici un récit avec beaucoup d’événements, des rencontres qui ne mènent à rien car aucune personne ne veut l’aider, un secret à cacher à ses parents et aux gens autour d’elles. Elle passe tout un trimestre à voir des médecins pour trouver des solutions. Elle essaie aussi un peu tous les moyens, pour décrocher « ça », cet embryon. Elle fait des efforts physiques toujours plus forts, puis finalement elle réussit à rencontrer une vieille dame… faiseuse d’anges. Celle qu’elle recherchait depuis quelques mois. Le moment était venu !

Pourquoi elle l’appelle ainsi ? Car souvent  quand quelqu’un perd un bébé, on dit qu’il devient un ange. Et même si elle n’a pas voulu ce bébé, il deviendra un ange. Cette vieille femme finira par l’aider, elle la verra une première fois pour comprendre, une seconde fois pour lui poser une sonde qui va la libérer. Mais comme elle ne ressent ni douleur, ni perte d’embryon, Annie retourne voir la faiseuse d’anges qui lui pose une autre sonde, rouge et rare. Cela va-t-il fonctionner ? Va-t-elle garder l’objet d’un dénouement tant attendu pour affirmer : « Oui, j’ai avorté », ou va t-elle le rendre pour dissimuler l’arme ? Finalement des douleurs atroces surviennent. Sont-elles signes de la délivrance ou d’une agonie, d’un dernier souffle ?

Mais après tout, pourquoi lire un livre sur un drame qui s’est passé il y a presque 60 ans ?

J’ai des raisons assez fondamentales pour que vous ayiez envie de lire cette bouleversante histoire.

Ce récit tourne autour d’une grossesse qui n’est pas désirée. Annie Ernaux et le jeune homme n’ont pas utilisé de contraception. Ce récit fait œuvre de prévention sur le fait d’utiliser des moyens de contraception et d’éviter des grossesses non désirées. C’est  aussi un témoignage pour la légalisation de l’avortement et ce que devaient subir les femmes avant son acceptation.

L’histoire d’Annie Ernaux nous permet aussi de comprendre l’envers du décors : l’ignorance de cet embryon en elle, cette nouvelle désastreuse et la délivrance. Elle vivait simplement sa vie jusqu’à un retard de règles et l’annonce qu’elle est enceinte. C’est le moment précis où elle part vite à la recherche d’une aide, de cette faiseuse d’anges pour être délivrée de cet embryon qu’elle dit être un fardeau. On peut voir les conditions, les jugements, la difficulté, les complications et les peurs liés à cette situation pour une jeune femme des années 1960.

C’est un sujet encore d’actualité même si l’avortement est désormais légal en France, grâce à Simone Veil (sa loi pour l’interruption volontaire de grossesse ( IVG ) est adoptée en 1975). Les femmes en France n’ont plus besoin de faire cela clandestinement, cachées. Mais il existe toujours des gens contre et qui veulent empêcher les femmes de laisser partir cet embryon non voulu, ou qui pourrait naître dans des conditions très peu favorables à son bon développement. L’avortement est quelque chose que l’on peut comprendre.

Pourquoi est-ce toujours la femme qui porte ce fardeau, avec les critiques et les jugements, et pas son partenaire, l’autre auteur de cet évènement ? Finalement, la condition de la femme n’est pas juste, on nous sous-estime ou même on décide toujours tout pour nous… On pense que les femmes venant d’un milieu précaire ne sont pas censées faire de grandes études, ou que si elles tombent enceintes, qu’elles le veuillent ou non, elles doivent mener à terme cette grossesse. On ne cherche pas à connaître les circonstances, leurs envies, leurs problèmes. Si elles sont enceintes, c’est soit disant leur problème et elles doivent assumer en gardant le bébé. Mais malheureusement souvent la femme n’a pas les moyens de payer l’avortement alors elles sont contraintes de garder ce bébé.

J’ai vraiment aimé ce récit, il permet une plus grande ouverture d’esprit. On y découvre les complications et la délivrance d’un avortement tant voulu mais illégal, et donc dangereux. C’est un sujet bien actuel, ces jugements, ces critiques faites aux femmes car elles avortent. Ces critiques portent toujours sur l’accusation selon laquelle une femme est égoïste en faisant ce geste, qu’elle aurait dû se protéger. Je pense qu’elles sont injustes, une femme n’est pas égoïste car elle ne veut pas de bébé. C’est un choix qu’il faut respecter, et non une obligation. Dans certains cas un couple ne pourrait pas subvenir aux besoins de cet enfant. Mais une femme n’avorte jamais par plaisir !

Vous n’avez plus qu’à lire ce roman pour en découvrir davantage, pour découvrir l’histoire et la personne d’Annie Ernaux, le fait qu’elle ne nous donne jamais l’identité des gens auprès d’elle, de son agenda qu’elle tient, de ses descriptions du monde et des évènements qui feront de ce roman, une lutte attractive et émouvante. J’espère sincèrement que vous lirez ce roman, il est vraiment intriguant, prenant, émouvant. Le livre nous donne une nouvelle fois une image de la femme où elle n’est pas maître de ses choix, où en fonction de sa catégorie sociale elle doit suivre les injonctions de la société. C’est un livre engagé dans la lutte pour les droits de la femme puisqu’il aborde les conditions atroces dans lesquelles une femme a dû avorter dans un passé pas si lointain. C’est donc un récit pour lutter pour l’avortement légal, la liberté des femmes, le respect de leurs paroles. 

Ernaux, Annie. L’événement. Gallimard, 2001. 129 p. Folio, 3556. ISBN 978-2-07-041923-4

 

Erin MAISON, 1STS2S1

Lorsque la différence sera la norme, alors les hommes vivront en paix…

« J’ai senti l’effroi, là, juste derrière moi. C’est la peur basique de tous ceux ou celles pour qui la liberté n’est pas donné à la naissance»

Source : https://0620056z.esidoc.fr/ document/id_0620056z_48896.html

Dans ce livre Angela Davis raconte son histoire, de son enfance à son procès. A cinq ans, vivant à Birmingham aux États-Unis, Angela a vu plusieurs maisons de son quartier brûler car des personnes noires y habitaient. Son quartier était même surnommé « Dynamite Hill » car le racisme y était très présent. A ses 18 ans elle fuit pour la France, Paris… et notre devise : Liberté, Égalité , Fraternité, qui lui rappelle qu’elle n’avait pas le droit à la liberté à sa naissance à cause de sa couleur de peau ! C’est à Paris qu’elle organisera des manifestations.

Dans sa vie, Angela Davis connaît plusieurs chocs. D’abord la mort de certains de ses amis, suite à l’explosion d’une bombe dans une église : un meurtre avec préméditation qui a semé la panique et l’effroi. Puis l’assassinat de Martin Luther King, un véritable traumatisme ! « Tous ces éventements ont guidé mes pas et ma vie », dira-t-elle. En 1968 elle adhère au Che Lumumba Club (une section réservée aux noirs du parti communiste) et au Black Panther Party (mouvement révolutionnaire afro américain). Le 7 août 1970 une prise d’otage a lieu et vise à libérer George Jackson, membre des Black Panthers. Cette prise d’otage n’a pas été organisée par Angela. Malheureusement cela va mal tourner : elle est au mauvais endroit au mauvais moment. Etant en lien avec le jeune frère de George, Angela est accusée par le FBI de complicité de meurtre ! Elle devient alors la femme la plus recherchée des États-Unis, bien qu’elle soit innocente. Elle devient aussi un symbole contre l’oppression des personnes noires dans le monde entier. Il y aura même des chansons en son honneur comme Sweet Black Angel des Rolling Stones. Le 13 octobre 1970 elle sera arrêtée et, sans procès ni preuves, écopera de seize mois d’emprisonnement. Mais le 4 juin 1972 le verdict du procès tombe : « Non coupable » ! Angela est heureuse mais son combat n’était pas terminé…

Angela Davis, le 2 avril 1971. La militante lève le poing lors de sa première apparition à son procès. Source : https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/dans-les-archives-de-l-express-novembre-1971-a-la-rencontre-d-angela-davis-6-6_2130278.html

 Dire non à l’oppression, c’est veiller à nos valeurs !

J’ai adoré ce roman inspiré de sa vie. Sa façon de parler y est très franche et marquante, comme le prouve cet extrait : « A Birmingham, j’ai vu une élève frapper à mort une de ses copines ; une amie s’entailler le bras avec une lame de rasoir; une autre attraper la gorge d’une fille, ou lancer une chaise à la tête de la prof». J’ai aussi aimé le style d’écriture. Je trouve qu’il est détaillé quand il y a des événements importants, comme son procès, ou plus concis quand il le faut, par exemple quand Angela parle de sa famille. Grâce à ce style d’écriture le rythme est rapide et donc prenant. Certains passages m’ont aussi plu comme lorsqu’elle explique sa colère : « Ce  qui blesse le plus, ce n’est pas la violence, ce n’est pas la peur, ni même la faim, la véritable cruauté est de voir jusqu’à quel point nous sommes capables de nous attaquer à nous-mêmes, parce que nous ne savons pas contre qui nous battre, contre quoi.«  Ce passage m’a plu car, selon moi, le propos y est tellement vrai ! Parfois on s’énerve et on s’en prend aux mauvaises personnes car on ne sait pas à qui s’en prendre. Cela colle parfaitement aux personnes victimes de racisme décrites par Angela.

Ce que j’ai aussi apprécié dans cette lecture, c’est que l’on a l’impression qu’Angela Davis nous parle grâce à la structure de l’œuvre qui est différente de ce que j’ai pu lire jusqu’ici. En effet les « chapitres » font référence à des dates, des événements importants dans sa vie, de son enfance à son procès. L’autrice Elsa Solal se met dans la peau d’Angela Davis et donne à son récit un aspect autobiographie. Le fait d’écrire à la première personne du singulier m’a plongée dans l’histoire. J’ai aimé aussi la fin et le thème central du récit qui met en évidence que « les hommes se servent d’autres hommes pour avoir le pouvoir et le profit et pour cela ils utilisent le racisme, le sexisme, l’homophobie, etc ».. Elle nous fait comprendre que dire non à l’oppression, c’est veiller à nos valeurs, notre dignité, et refuser la destruction de notre environnement. Je trouve que ce livre a sa place dans notre prix littéraire Carnot et sa thématique « Tout feu tout femme » car Angela Davis est une femme courageuse qui s’est battue pour que tout le monde ait les mêmes droits.

C’est pour toutes ces raisons que je vous conseille de lire ce livre. Vous allez y découvrir la vie prenante et intense de cette militante des droits humains, et notamment ceux des minorités !

Solal, Elsa. Angela Davis : non à l’oppression. Actes sud junior, 09/2017. 79 p. Ceux qui ont dit non. ISBN 978-2-330-08197-3

Magdalena DELATTRE , 1ST2S1

Et si ce n’était que des préjugés ?

 

Eliette Abecassis Source : https://www.franceinter.fr/emissions/par-jupiter/par-jupiter-04-avril-2019

              Un bébé rallonge les jours, raccourcit les nuits et multiplie le bonheur… Eh bien, Eliette Abecassis, célèbre romancière, nous montre le contraire dans son roman Un heureux événement.

Dans ce roman, nous rencontrons Barbara, jeune femme de 33 ans qui profite de sa jeunesse dans les soirées, ainsi que son conjoint, Nicolas, lui aussi fêtard. Un matin, Barbara ne se sent pas comme les autres jours, elle ne peut plus bouger de son lit et se sent nauséeuse. Cela se répète les jours suivants. Elle décide alors de passer en pharmacie pour acheter un test de grossesse. Elle le fait et à sa grande surprise une croix s’affiche… Elle est enceinte !

Elle comprend de suite que sa vie va changer et que désormais rien ne sera comme avant. Plus les jours passent, plus elle déprime, se pose beaucoup de questions sur sa grossesse, son accouchement et l’avenir de sa famille. Son premier choix sera d’allaiter, ce qui par la suite lui causera des problèmes. Un jour, ses contractions sont si fortes qu’elle décide de partir à l’hôpital où elle accouchera. Les premiers instants avec sa fille, Léa, sont très courts car elle doit subir une épisiotomie. Pendant ce temps son mari est pris en charge par les infirmières du service car il s’est évanouit en voyant le déroulement de l’accouchement… quand on dit que les hommes sont plus fragiles que les femmes, ce n’est pas faux ! En voici la preuve ! La première impression sur sa fille est instantanée et différente de ce qu’on entend habituellement sur les bébés comme « c’est les plus beaux moments d’une vie », « c’est beau un bébé »… Elle, non ! Elle se dit : « C’est laid un bébé, tout violet, et recouvert de sang » !

Les jours passent et Barbara réalise de plus en plus qu’à présent elle est maman et cela pour le reste de sa vie. Sa relation avec sa fille est plutôt étrange, je trouve, car elle-même ne se rend pas compte de ce qu’est vraiment un bébé, comment s’en occuper et tous les soins qu’on doit lui apporter. Le premier allaitement de Léa ne se passe pas comme prévu. Si le bébé aime forcément se faire nourrir par sa maman, Barbara trouve cela assez désagréable et compare sa fille avec un animal qui lèche sa mère. Lorsque j’ai découvert son point de vue je l’ai trouvé vraiment intéressant car ça change de ce qu’on peut entendre habituellement en société sur la maternité, la grossesse et tout ce qui suit. On nous dit souvent que tout ça est beau et simple, mais en lisant ce roman, les mots crus qu’Eliette Abecassis utilise nous font découvrir une autre vision des choses et on peut vraiment prendre conscience à quel point ce changement de vie peut être compliqué à vivre. Elle découvre de jours en jours son nouveau rôle.

Un rôle qui en remplacera un autre. En effet, Barbara et Nicolas habitent dans un petit studio, en banlieue parisienne. Ce studio est, bien évidemment, trop petit pour accueillir le bébé. Ils décident alors de louer une maison. Mais à partir de là les ennuis commencent ! Les jeunes parents ne sont pas d’accord dans leurs choix. La fatigue d’être parents, le travail, se réveiller la nuit pour nourrir l’enfant, la changer, l’endormir, l’occuper… Cet enchaînement est très compliqué à vivre. Leur mental est affaibli et favorise souvent les disputes au sein du couple. Suite à cela Barbara décide de consulter un médecin qui doit l’aider pour sa santé mentale, mais cet homme ne va pas du tout avoir la réaction qu’elle attendait. Il va l’accueillir en lui répondant très sèchement que tous ces problèmes sont uniquement sa faute, que c’est elle qui les provoque et non son mari ! Or un couple c’est bien deux personnes et non une ! Ce passage m’a extrêmement mise en colère car elle cherchait de l’aide et il n’a rien fait pour lui enlever ce sentiment de culpabilité. De plus, étant féministe, j’ai trouvé très sexiste de penser que c’est obligatoirement la femme qui est fautive ! Comme toujours…

Cette œuvre m’a particulièrement choquée car les mots qu’Eliette Abecassis emploie peuvent être très violents. Elle parle avec des mots crus, ce qui peut heurter certains lecteurs sensibles. Mais avait-elle le choix pour faire comprendre le ressenti de Barbara ? De plus, le style d’écriture de l’autrice est particulier car, comparée à d’autres romans, il ne contient pas de chapitres. Cependant cela ne nuit pas au récit qui se déroule de manière chronologique, depuis le début de la grossesse. Le rythme est plutôt rapide et les événements sont bien décrits ce qui nous aide comprendre le sens de ce roman. On comprend qu’Eliette Abecassis a voulu briser les stéréotypes de la maternité, de la grossesse, afin de faire réagir les femmes sur ce qui les attend réellement si, un jour, elles tombent enceintes. Je dis les femmes, mais aussi les hommes, car comme j’ai pu le signifier plus haut, dans un couple il y a deux personnes.

Dans ce roman c’est Barbara qui parle. On peut donc vite se mettre à sa place et ressentir de l’empathie pour toutes les complications qu’elle rencontre car, oui, son début d’aventure de maman n’est vraiment pas facile !

Je reste tout de même surprise par la suite des événements et la fin en particulier ! Mais je n’en dirais pas plus et je vous invite sérieusement à le découvrir par vous-même en lisant ce roman 🙂

Abecassis, Éliette. Un heureux événement. Albin Michel, 2007. 152 p. Le Livre de poche, 30731. ISBN 978-2-253-12004-9

Océane HARLEIN,1ère ST2S1

La femme répudiée par l’Homme !

Pourriez-vous consentir à aimer une personne où l’union est si forte que vous pourriez mourir pour elle, puis devoir la répudier car votre religion vous y oblige ? Cela vous paraît probablement absurde mais ceci est vrai dans certaines religions… La Répudiée est un roman écrit par Eliette Abécassis, écrivaine française qui a grandi au sein d’une famille juive orthodoxe très pratiquante. Dans ce roman elle nous fait part des contraintes que fait peser cette religion sur les femmes.

Eliette Abécassis Source : https://fr.m.wikipedia.org/ wiki/ Fichier:ABECASSIS_Eliette-24×30-2006.jpg

Ce récit nous immerge au cœur de la communauté juive orthodoxe, à Jérusalem, où Rachel et Nathan ont été mariés de force sans même se connaître. Très étonnamment, ces deux jeunes gens tombent amoureux et sont très heureux de cette union tout au long de leur vie. Malheureusement, et c’est là le drame, Rachel ne peut avoir d’enfant… Dans cette religion, un couple doit avoir une progéniture aussi « nombreuse que les étoiles du ciel » comme le rappelle l’autrice, et l’amour physique existe uniquement pour procréer. C’est pour cela que Nathan a la possibilité de répudier Rachel car, au-delà des dix ans de mariage, si la femme n’est pas en capacité de pouvoir donner la vie, elle peut être répudiée par son conjoint, qu’elle le veuille ou non !

Malheureusement, après dix années de vie commune Rachel n’a toujours pas été en capacité de donner un seul enfant à Nathan, malgré ses multiples efforts pour remédier à cela. Elle est donc déclarée stérile sans même que la fertilité de son mari ne soit remise en question ! D’après la Torah, la stérilité est une chose abominable car elle est signe de malédiction. Mais l’amour intense de Nathan pour Rachel suffira-t-il à repousser le choix fatal qui pourrait mettre fin à leur union ?

 

Source:https://therapeuteboulogne billancourt.fr/la-manipulation-psychique-therapie/

Malgré quelques difficultés rencontrées pour comprendre certains passages, notamment au niveau des explications sur la religion juive, j’ai beaucoup apprécié ce roman car il m’a permis d’ouvrir les yeux sur la vision et la considération de la femme dans cette religion. En effet, les femmes ne possèdent pas le droit de disposer de leur corps, voire de leurs droits dans leur globalité. Par exemple elles ne doivent pas plaire à d’autres hommes que leur mari et doivent porter un foulard, s’habiller avec des vêtements amples pour cacher leurs formes. Elles ne peuvent même pas avoir les bras dénudés ! Une femme non mariée ne peut se trouver seule avec un homme dans une pièce isolée. Selon Dieu, je cite : « Le seul but de la vie d’une fille d’Israël est de porter des enfants juifs et de permettre à son mari d’étudier » ! Dans n’importe quelle situation, la faute est toujours rejetée sur la femme. Les femmes sont contraintes de faire certaines choses et d’en croire d’autres. Selon les lois religieuses, lors de leurs menstruations elles sont traitées comme des pestiférées « C’est pourquoi chaque mois, elles s’élèvent en se purifiant« , en allant au bain après leurs menstruations. 

Cette lecture m’a fait prendre conscience des principes religieux insensés qui pèsent sur les femmes juives, notamment l’asservissement de la femme face à l’homme encore très fréquent, même à notre époque ! C’est un roman émouvant et bouleversant à la fois. Le problème ici n’est pas uniquement la religion en elle-même, mais plutôt cette façon de traiter les êtres humains différemment. Une femme se trouve être impure à certaines périodes, elle ne peut exprimer ses idées ou ses opinions. Elle n’est même pas autorisée à choisir son propre médecin, vous imaginez ?! Tout est choisi, imposé, dicté. Chaque religion a ses avantages et ses limites, et si une personne est en accord avec ses croyances, c’est une bénédiction. Dans ce cas présent, le personnage de Rachel aime être une femme, nourrir son mari, lui préparer des repas et prendre soin de lui tout au long de leur union. Mais elle n’aime pas être la femme « soumise » et « prisonnière » de sa propre religion. Son opinion en tant que femme doit être considérée, au même titre que celle d’un homme.

J’ai beaucoup apprécié l’écriture d’Éliette Abécassis car son style qui est tourné de façon un peu philosophique si je puis dire, nous permet d’avoir une plus large ouverture d’esprit, de nous faire réfléchir et nous invite à une véritable émancipation intellectuelle. De plus, la maîtrise qu’elle a de son sujet font de ce court récit une lecture marquante et très instructive. Il mérite pour moi la note de 4 étoiles.

Ainsi je vous recommande grandement de lire ce roman, il vous permettra de réfléchir à l’égalité Femme-Homme !

Il est bien évidemment disponible au CDI !

Éliette Abécassis, La Répudiée. Librairie Générale Française. n°15288Editeur. 124 p. Le Livre de poche ISBN 978-2-253-15288-0

 

CUEGNIET Lizzie, 1ST2S1