Juin 23 2017

Gregorio Sanchez

Il est né à Santa Olalla (Tolède) le 8 mai 1930. Son décès est survenu le 22 juin 2017.

Il torée comme novillero à partir de 1948 et il débute avec picadors à Guadalajara le 15 octobre 1952. L’année suivante, il reçoit deux coups de corne puis se présente à Las Ventas le 8 octobre 1954. Lors de la saison qui suit il est gravement blessé à Barcelone mais triomphe à Séville de 23 octobre. C’est dans ces arènes qu’il prend l’alternative le 1er avril 1956 – après avoir triomphé à Madrid le 11 mars – des mains d’Antonio Bienvenida mais il est accroché. Il subit le même sort quelques jours plus tard dans la corrida de Miura. C’est César  Girón qui la lui confirme le 14 juin et le 5 juillet il coupe les deux oreilles d’un toro, ce qui lui permet d’obtenir son premier triomphe à Madrid. En 1957, il triomphe trois fois dans la capitale espagnole, notamment le 13 juin où il coupe 4 oreilles  puis le 4 juillet où il en obtient 3 autres. Cette année-là il reçoit également un coup de corne. Pour la saison 1958 il est blessé trois fois mais il obtient un grand succès le 19 mai, à Madrid, ainsi que le 18 juin. En 1960 il obtient à nouveau trois succès sur la piste de Las Ventas : Montepío de Toreros, Corrida de la Prensa puis le 10 juillet. Il sortira également a hombros de cette plaza, quoique sans obtenir de trophées, le 13 mai 1961, aux côtés de Diego Puerta et El Viti. Il renouvelle cet exploit 6 jours plus tard (avec une seule oreille) après avoir occis 6 toros d’Atanasio Fernández suite aux blessures de Puerta et Camino. Il reçoit un coupe de corne à Palma de Mallorque en 1962 et à partir de là commence sa décadence même s’il continue à triompher ponctuellement à Madrid, comme en 1963. Il est encorné à Malaga l’année suivante et il triomphe une dernière fois à Madrid le 20 mai 1970 en coupant les 2 oreilles d’un toro de Juan Mari Pérez Tabernero, qui lui permet de sortir par la Grande Porte avec El Viti et El Cordobés, ainsi que le mayoral. Il prit sa retraite en 1973.

Gregorio Sánchez a été un torero d’un grand courage, plein de pundonor et capable de s’imposer à un grand nombre de toros. Il possédait également des manières classiques et il mérite sans doute une meilleure place dans l’histoire du toreo que celle qu’on lui a parfois donnée. Il a un coupé un total de 34 oreilles à Madrid et est sorti en triomphe à neuf reprises tout de même, dont trois lors d’une feria de San Isidro.


Juin 17 2017

In memoriam

Iván Fandiño est né à Orduña, près de Bilbao, le 29 septembre 1980. Il a revêtu son premier habit de lumières en 99 puis a débuté avec picadors en 2002. Lors de sa présentation à Madrid, le 12 septembre 2004, il obtient un appendice auriculaire d’un novillo de Navalrosal.

Il prit l’alternative dans la capitale de Biscaye le 25 août 2005 avec le toro Afrodisiaco d’El Ventorrillo, parrainé par El Juli et en présence de Salvador Vega. Ce n’est que le 12 mai 2009 qu’il confirma son doctorat accompagné à l’affiche par Ferrera et Morenito de Aranda. Cette année-là il obtient un trophée à Bilbao deux ans après le premier. En 2010 il coupe une oreille à Madrid à un toro de Guardiola Fantoni et reçoit un coup de corne chez lui. Il devient l’un des toreros préférés de l’afición madrilène en 2011 en coupant 4 oreilles sur l’ensemble de la saison mais un toro lui inflige une grave blessure à Malaga. 2012 commence fort à Valence puis à Séville (oreille et deux vueltas face aux victorinos) avant d’obtenir un nouvel appendice à Las Ventas. Il triomphe aussi à Pampelune et coupe deux fois une oreille à Bilbao où il renouvellera une excellente prestation l’année suivante. Il est unanimement considéré comme le triomphateur des saisons 2012 et 2013, en Espagne comme en France où il a été hissé vers les cieux à Arles, Mont de Marsan, Bayonne ou Dax. La Grande Porte ne veut cependant toujours pas s’ouvrir à Madrid où il coupe une nouvelle oreille alors que la corne d’un toro lui transperce la cuisse droite le 22 mai 2013. A l’automne il touche encore du poil puis au printemps suivant c’est la consécration, le 13 mai avec la sortie a hombros tant désirée avant de couper sa onzième oreille à Madrid lors de la corrida de Beneficencia. Il triomphe totalement à Mont de Marsan face à des laquintas pour la troisième année consécutive, un an avant son mano a mano non moins triomphal face à Ponce. Le reste est connu, il est plus facile d’arriver au sommet que de s’y maintenir dit-on. Pour Iván ce fut une chute en enfers à défaut d’atteindre le firmament pour son solo de 2015. Depuis le 17 juin 2017 c’est au paradis des toreros qu’il a élu résidence car il est mort comme il a vécu, en Torero.

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Son toreo était sec comme un été castillan mais d’une grande vérité, généralement croisé et la jambe en avant. Point de fioritures. Comme tous les grands toreros basques, avec l’épée c’était un canon.


Avr 29 2017

Le premier empereur

PaquiroFrancisco MONTES  REINA  “PAQUIRO”

Il est né à Chiclana (Cadix) où il fut baptisé le 13 janvier 1805. Il est mort le 4 avril 1851, à l’âge de 46 ans, des conséquences d’une maladie.

Montes a reçu une très bonne éducation qui correspondait à la situation sociale de ses parents (son père était administrateur des biens du marquis de Montecorto). Il torée pour la première fois comme sobresaliente le 1er juin 1830. Elève de l’école de tauromachie de Séville, il a pour maestros Pedro Romero et Jerónimo José Cándido. Paquiro se présenta à Madrid le 18 avril 1831  pour son alternative1. A partir de 1832, il est l’un des toreros les plus appréciés de l’afición. En 1836, il publie sa Tauromachie, œuvre de référence rédigée par López Pelegrín “Abenamar” où il codifie définitivement la tauromachie espagnole à pied. Avec lui, tout devient plus professionnel, le nombre de banderilleros se réduit à trois, les picadors deviennent des subalternes et l’habit se modifie, notamment pour la montera qui lui doit son nom. Grande figura incontestée, Montes torée de moins en moins à partir de 1845. Il se retire à la fin de 1847 pour se consacrer au négoce des vins mais revient en 1850, en particulier à Madrid et Séville. Le 21 juillet 1851, il est gravement blessé à une jambe dans la capitale et il lui fallut plusieurs mois pour se remettre même s’il garda des séquelles de cette blessure.

Francisco Montes sera considéré comme l’empereur des toreros dans cette première partie du XIXe siècle. Grand capeador – on lui attribut l’invention du galleo, d’après ce qui est dit dans le Cossío – et sa tauromachie, quoi que toujours en mouvement est plus offensive, en avançant, donc en se croisant, dès le premier tiers (Pepe-Hillo avait été le premier à le faire à la muleta). Il est sans doute le premier torero largo, avec un répertoire varié, un maestro de la lidia, qui associe parfaitement, grâce à ses facultés physiques et intellectuelles, courage, intelligence et style. Il a en effet pratiqué les différentes suertes des différents toreos de son temps (entre autres celles du saut de la garrocha ou du saut a trascuerno2) de la meilleure manière possible, en les sublimant toutes. A la fin de sa carrière il partagea son règne avec Cúchares et El Chiclanero mais sur l’ensemble du XIXe siècle il est l’un des trois plus grands avec Lagartijo et Guerrita, deux califes cordouans (le deuxième lui-aussi empereur solitaire).

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1. D’après Los Toros de J.M. Cossío : p. 604 du tome II en deux volumes.

2. Saut au-dessus du cou du toro.


Avr 25 2017

Hommage à Palomo Linares

Sebastián Palomo Martínez, fils de mineur, est né à Linares (Jaén) le 27 avril 1947. Son décès a eu lieu le 24 avril 2017 à Madrid.

El 20 juin 1964 il débute  dans les arènes de Vista Alegre dans le cadre des novilladas de “La oportunidad” organisées par les Lozano-Dominguín, qui cherchaient un torerillo capable de faire concurrence au courage et à la popularité de Manuel Benítez « El Cordobés ». « Apodéré » par les Lozano il débute avec picadors en 1965 et prend l’alternative le 19 mai 1966 à Valladolid, Jaime Ostos lui cédant, devant Mondeño, la mort Feíllo de Salustiano Galache, auquel il coupe les deux oreilles, autant qu’à son second. Il reçoit deux coups de corne l’année suivante et il mène avec El Cordobés la fameuse « guerrilla » dans des villages et des arènes transportables contre l’establishment taurin. Il confirme son alternative des mains de Curro Romero le 19 mai 1970 avec le toro Presumido de Antonio Pérez Angoso et en présence de Juan José mais reçoit un double coup de corne. Le 26 mai, à Madrid, il essorille Andrajoso de Juan Pedro Domecq – un toro primé d’un tour de piste posthume – et triomphe à Séville dans la corrida de Miura aux côtés de Limeño et El Hencho. En 1971 il est blessé au Mexique mais coupa une queue dans sa capitale au début de l’année suivante. Le 22 mai 1972 il coupe les deux oreilles et la queue de Cigarrón à Madrid, un toro d’Atanasio Fernández qui fit un tour de piste post-mortem. Bien que le président de la course fut très critiqué pour sa générosité, Palomo Linares réalisa sans doute ce jour là la faena de  sa vie avec des naturelles classiques et des passes en rond à droite, genoux à terre. Il reçut un grave coup de corne lors des temporadas 1972 et 1973, et triompha à Séville le 28 avril 1976. Lors de la Corrida de Beneficencia de 1979 il fut à nouveau gravement blessé. C’est à la fin de la saison 1981 qu’il prit sa retraite mais réapparait en 1984 pour se retirer à nouveau en 1985 avant de remettre l’habit de lumières entre 1993 et 1995.

Palomo était un torero « trémendiste », spectaculaire, qui a plus triomphé que toréé au sens où les aficionados l’entendent. Il n’excellait dans aucune suerte en particulier sans avoir non plus de lacunes dans aucune. C’était somme toute un torero moyen qui avait surtout une immense volonté d’être. Il est sorti deux fois par la Grande Porte madrilène contre une par celle de Séville.


Avr 15 2017

Cagancho

Joaquín  RODRÍGUEZ  ORTEGA  “CAGANCHO”

Il est né à Séville, dans le quartier de Triana, le 17 février 1903. Il est mort à Mexico le 1er janvier 1984.

Ami d’enfance de Gitanillo de Triana, dont la cape l’inspirera, la vocation se réveille tôt chez ce torero gitan aux yeux verts et à la peau oliveâtre. Il torée sa première novillada en 1923 à San Fernando puis se présente à Séville le 25 juillet 1924. Il triomphe pleinement à Valence en 1925 et le 4 juillet 1926 il déchaîne les passions du public barcelonais par son toreo de cape. Il répète son triomphe dans ces arènes le 25 juillet puis il impressionne aussi les madrilènes par son art et son temple, le 5 août 1926, jour de sa présentation dans la capitale. Cagancho devient matador de toros à Murcie des mains de Rafael El Gallo, le 17 avril 1927 face à Orejillo de Carmen de Federico et il confirme son alternative face  à Naranjo de Montalvo avec Valencia II pour parrain, le 22 juin. En 1930 il parvient à toréer 68 fois en Espagne. Il est blessé à Madrid le 7 mai 1931, ce qui marque le départ d’une inflexion descendante dans sa carrière. Pour la corrida d’inauguration des arènes de Las Ventas, le 21 octobre 1934 il réalise une faena qui lui permet de couper un trophée. Connaissant des hauts et des bas d’un toro à un autre ou d’une saison à l’autre, celle de 1935 sera somme toute assez bonne. Le 16 août 1936, en pleine Guerre Civile, il est, poing levé, au paseo du festival dit patriotique organisé dans la capitale espagnole. Ses admirateurs auront encore quelques fois l’occasion de se délecter de son Art, comme en 1948 dans les arènes madrilènes de Carabanchel. Il a toréé sa dernière corrida à Barcelone le 6 septembre 1953 avant de partir s’installer au Mexique où il va toréer toute l’année suivante. C’est cependant le 28 février 1964, lors d’un festival dans la capitale mexicaine, qu’il se fera couper définitivement la coleta.

Cagancho fut un véritable torero artiste, capable du meilleur comme du pire. Il devint meilleur matador en avançant dans sa carrière et, avant Manolete, il toréa à pieds joints, de profil et la muleta en retrait. Il est incontestablement l’un des grands artistes inspirés de l’histoire de la tauromachie et l’idole de l’afición mexicaine. Voici sa phrase la plus célèbre, restitués ainsi par José Bergamín : “L’affirmation gitane du torero Cagancho qui disait qu’ « au-delà de Despañaperros on ne torée pas, on travaille »1« .

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1. In La claridad del toreo p. 34.

 


Avr 1 2017

Félix Rodríguez

Félix Rodríguez avait les qualités pour devenir figura, la vie en a décidé autrement mais il convient pour nous, aficionados, de se souvenir de lui au moment où l’on arrive à ses 80 ans d’alternative.

Considéré comme un successeur de Gallito, comme l’infortuné Granero peu avant, les espoirs mis en lui furent anéantis par une maladie vénérienne.

Né à Santander le 23 juin 1905, il passe son enfance à Valence. C’est là qu’il commence à toréer en public en 1922 puis avec ceux du castoreño l’année suivant. Sa présentation à Madrid a lieu le 5 avril 1925.

Il prend l’alternative le 27 mars 1927 à Barcelone des mains de Valencia II. Moins d’un mois après, le 24 avril, il confirme son doctorat avec Antonio Márquez pour parrain.

Aficionado au jeu et aux dames de petite vertu, il tombe malheureusement malade en 1928. Il fait 65 défilés en 1929 mais perd progressivement ses facultés ce qui le rendra plus inconstant avant de se retirer au début des années 30. Sa dernière corrida eut lieu à Perpignan le 19 juin 1932.

Il mourra le 21 janvier 1943 à Madrid après être devenu paralytique.

Il fut un torero complet, intelligent, classieux et courageux, aussi bon avec la cape, qu’avec les banderilles et la muleta.


Mar 26 2017

Manolo Cortés n’est plus

Photo empruntée au blog de Catafalco y oro

Manolo Cortés, né à Gines (Séville) le 11 juin 1949, s’est éteint à Séville le 25 mars 2017. Il avait pris l’alternative le 14 mars 1968 à Valence avec Ordóñez et Puerta comme compagnons de cartel. Le 25 de mai 1968 il coupa trois oreilles à Madrid face à des toros d’Antonio Pérez, 11 jours après sa confirmation des mains d’Ordóñez encore et en présence de “Miguelín”. Il a subi une grave cornade à Pampelune en 1970, mais le 17 avril 1971 il coupe à Séville les 2 oreilles d’un toro de Samuel Flores. Il triunfa aussi lors d’une corrida de Miura à Valence en 1878. De style gitan, il était capable de toréer tout type de bétail avec une bonne technique et un courage certain.


Fév 25 2017

Domingo Ortega

Il est né le 25 février 1908 à Borox (Tolède) et il est mort le 8 mai 1988 à Madrid.

            Il tue son premier novillo en publicle 14 juillet 1928 dans les arènes de Carabanchel (Madrid) et revêt son premier habit de lumières le 17 août à Almorox (Tolède), ce qui n’en fait pas un modèle de précocité. Il prend l’alternative des mains de Gitanillo de Triana dans les arènes de Barcelone le 8 mars 1931 avec le toro Valenciano de Juliana Calvo auquel il coupe une oreille. Il l’a confirmé le 16 juin quand Nicanor Villalta lui a cédé Contador de Julián Fernández. Il torée 93 corridas pour sa première saison de matador et le 18 avril 1932 il triomphe à Madrid et dans les mêmes arènes, pour la traditionnelle Corrida de la Presse de 1933 il obtient deux appendices. Il reçoit un coup de corne à Salamanque le 13 septembre 1935 et le 10 mai 1936 il coupe la queue d’un toro de Murube à Madrid puis deux oreilles de plus au même endroit le 6 juin 1945. Il s’était retiré une première fois en 1941 mais réapparut l’année suivante avant de prendre sa retraite en 1949. En 1950, il publia El arte del toreo après avoir donné une conférence à l’Ateneo de Madrid. Il revient dans l’arène à Valence le 30 juillet 1953 pour se retirer définitivement le 14 octobre 1954 à Saragosse.

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            L’art de s’imposer à un toro

Domingo Ortega était un torero dominateur mais dont chaque geste était empreint d’une saveur particulière. C’était un bon capeador et à la muleta c’est son trincherazo qui est à mettre en exergue. Figura des années 30, une époque riche en apparition de talents, il est un modèle d’orthodoxie, le représentant d’une tauromachie en mouvement, efficace et belle dans son dénuement. Il est en ce sens un torero de premier plan, plus pour l’image qu’il a laissé que pour sa carrière elle-même car il a contribué à forger le classicisme sans forcément représenter sa plus haute expression et il est l’un des principaux toreros castillans de l’histoire du toreo.


Jan 28 2017

Le toreo appollonien

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Antonio  ORDÓÑEZ  ARAUJO

Il est né à Ronda (Malaga) le 16 février 1932. Sa mort est survenue le 19 décembre 1998 à Séville.

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Ordóñez et Hemingway, qui fit du premier son héros de L’Eté dangereux (duel avec Dominguín lors de la saison 1959)

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Fils du torero Niño de la Palma, il débuta avec picadors en 1948 puis se présenta à Madrid le 6 octobre 1949 après avoir toréé de nombreuses novilladas. Il y triompha le 20 mai 1951 en y coupant trois oreilles puis y prit l’alternative le 28 juin 1951 avec le toro Bravío de Galache, parrainé par Aparicio et en présence de Litri. Le 24 avril 1952, il triomphe à Séville en coupant deux oreilles puis deux de plus en fin de saison pour la corrida au bénéfice de la Croix Rouge. A Madrid, le jour de la Saint Isidore, il coupe également deux oreilles à un toro d’Antonio Pérez et il reçoit un coup de corne lors de la Corrida de Beneficencia. Lors de cette temporada, probablement la plus triomphale de sa carrière, il sortira a hombros des anciennes arènes de Bilbao mais coupa aussi des queues, voire des pattes à Valence, Malaga, Salamanque, Valladolid ou Ronda (8 oreilles, 4 queues et une patte). En 1953, il reçoit deux coups de corne, une d’elles particulièrement grave. En 1955, il est blessé à Castellón par un toro de Miura et encore l’année suivante, cette fois à Madrid. Cette année là, le 14 mai, il ouvrit la Grande Porte madrilène même sans avoir obtenu le moindre trophée, pour accompagner César Girón et son frère Pepe qui confirmait l’alternative. En 1957, il obtient un appendice de chacun de ses adversaires lors de la feria sévillane de San Miguel. Il triomphe à nouveau dans la capitale andalouse le 6 avril 1958 ainsi que le 20 du même mois. Le 7 août, à Malaga, il reçoit sa septième blessure grave. Le 22 avril 1959, le président sévillan sort à nouveau les deux mouchoirs blancs pour le rondeño et la saison suivante il réalise à Madrid un chef d’œuvre au toro Bilbilarga d’Atanasio Fernández. Le 8 juin c’est un toro de Samuel Flores qu’il essorille. Lors de cette saison-là, il est encorné une fois et deux l’année d’après. Le 10 juillet 1961, il exécute l’une de ses faenas les plus brillantes face à Mimoso de Garcigrande. Il subit encore les affres de la corne  à Tijuana en 1962 et se retire à la fin de la saison mais réapparaît en 1965. Le 30 mai, à Madrid, il coupe les oreilles de Comilón de Pablo Romero. Le 22 avril 1967, à Séville, il coupe deux oreilles d’un urquijo et le 22 mai 1968, à Madrid, il en fait autant à un toro de Marqués de Domecq. Il tire sa révérence en 1972 même s’il torée la traditionnelle corrida goyesque de Ronda jusqu’en 1980 (sauf en 1978 et 1970). En 1981 il torée les deux dernières corridas de sa vie.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=xqmv2AYsQa8[/youtube]

Antonio Ordóñez a été un torero d’exception qui réunissait des qualités artistiques unies à un courage hors du commun. Il fut un maître du temple et un grand capeador, en particulier à la véronique, en plus d’un grand muletero et un excellent estoqueador capable de tuer à la perfection. Il essayait souvent l’estocade a recibir mais on lui a reproché d’utiliser trop souvent son rincón même si cela fut surtout une facilité dont il a surtout usé à la fin de sa carrière. La pureté et la naturalité de son toreo ont été ses principales qualités et pour beaucoup il représente le prototype du torero idéal même s’il est devenu au fil du temps de plus en plus inconstant, ne consentant à donner toute la mesure de son art que lorsqu’il sentait le toro. Sans avoir rien inventé, ce torero instinctif a sublimé le toreo et a grandement contribué à forger le toreo classique tel qu’on le connaît aujourd’hui, ce qui en fait l’un des toreros les plus importants du XXe siècle, peut-être le plus grand de la deuxième moitié. Pour ce qui est de ses statistiques, il a coupé 25 oreilles à Séville, obtenant 6 fois 2 appendices à un même toro, même s’il n’a jamais réussi à sortir par la Porte du Prince; à Madrid, il a toréé 27 corridas pour un total de 17 oreilles et 5 sorties en triomphe (4 lors de la feria de San Isidro). La corne a percé en une trentaine d’occasions le corps du faiseur du toreo appolonien.


Jan 14 2017

40 ans d’expérience

Luis Francisco Esplá est né à Alicante le 19 juin 1958; il a pris l’alternative dans la capitale aragonaise le 23 mai 1976 et l’a confirmé le 19 mai 1977. Deux ans plus tard, le 29 mai, il fait un tour de piste à Madrid après un grand deuxième tiers et le 1er juin 1982, pour la « corrida du siècle » il y coupe les deux oreilles d’un victorino avec temple et quiétude. En 1983, il triomphe lors de Corrida de Beneficencia et aussi pour la feria d’Automne. Le 9 juillet 1985, il coupe une queue à Pampelune.

         A la fin de sa carrière, le 15 juillet 2997 il est gravement blessé au niveau du scrotum, de la poitrine et du visage dans les arènes de Céret mais après ce revers il connaît l’avers de la fortune le 5 juin 2009 en coupant les deux oreilles d’un toro de Victoriano del Río dans les arènes de la capitale espagnole après avoir tué en recevant la charge du toro. Il se retire à la fin de la saison mais réapparaît pour une unique occasion lors de la corrida goyesque d’Arles de 2016, l’année de ses 40 ans d’alternative où il sortit a hombros de cette scène qu’il avait lui-même monté en faisant montre de ses talents de plasticien. 

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Esplá était un torero à contre-courant capable de « lidier » à l’ancienne manière les pires mansos, sur les jambes, dans une tauromachie de tête toute en déplacements. Maître de l’art de Lagartijo, pour lui la lidia est un art. Il a cependant montré être capable de bien toréer les bons toros. Il était également un torero largo qui aimait remettre au goût du jour des suertes tombées en désuétude. Mais là où il a vraiment excellé c’est dans la pose des rehiletes : il a assurément été un banderillero d’exception.