« Les Contes de crimes » de Pierre Dubois

Dans ces contes-là, on ne trouve pas de gentils personnages. Dans ces contes-là, tout ne se termine pas bien : « Ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants ! ». Non cela peut se terminer même très très mal. Pierre Dubois revisitent les contes traditionnels et en fait des produits « à la mode d’aujourd’hui ». Il les transforme en thrillers haletants, où l’horreur se présente soudain au détour des pages. Du sang bien rouge, des cris, des larmes … Un humour noir, parfois très noir. Et pourtant, c’est un livre à dévorer tout cru !

Mariannick, doc.

« L’Assassin à la pomme verte » de Christophe Carlier

assassinUn assassinat : celui d’un industriel italien dragueur impénitent. Un décor : « Le Paradise », un grand palace parisien. Trois personnages : Craig, un universitaire anglais enseignant la littérature française aux Etats-Unis, Elena, une belle Italienne en voyage d’affaires à Paris et Sébastien, un modeste groom de l’hôtel. Un huis-clos à trois voix. Ce que les personnages ont en commun : le regard acéré et curieux sur les personnes qui les entourent, une passion pour enquêter à l’instar des héros d’Agatha Christie.

Dans ce monde aseptisé, peu à peu les personnages se découvrent, mais jamais complètement. Reste toujours le mystère.

Jusqu’au bout du roman, Christophe Carlier nous fait voyager dans la pensée de ces trois personnages. Nous restons toujours dans l’attente d’une surprise, d’un retournement de situation et pour cela, nous sommes comblés.

Mariannick, doc.

« La Liste de mes envies » de Grégoire Delacourt

Jeune fille, Jocelyne rêvait de mode et de prince charmant. Mais la vie est passée par là, et à 47 ans, la mercière d’Arras doit se contenter d’un mari indifférent et d’un blog sur la dentelle. Quand un heureux concours de circonstances lui offre le gros lot du loto, Jocelyne réalise qu’elle a de quoi réaliser tout ses désirs. Grisée par cette perspective, elle décide de prendre son temps avant d’en parler à ses proches et en attendant, fait la liste de tout ce qu’elle pourrait s’offrir, achats utiles ou folies inconsidérées …

J’ai lu ce livre d’un trait. J’ai tout de suite eu de la sympathie pour ce personnage de femme à un tournant de sa vie. Le roman traite aussi des rapports entre l’amitié, l’amour, l’argent, le bonheur. Jocelyne, l’héroïne, est désorientée devant sa « chance ».  Elle a gagné à l’Euromillion.  Elle craint le changement, elle qui a dû reconstruire sa vie, sa relation de couple, lentement, douloureusement. Alors, elle dresse la petite liste de ses envies avant que son avenir ne bascule…

Mariannick, doc.

« La Patiente » de Jean-Philippe Mégnin

C’est l’histoire d’une femme qui ne dit rien. Et d’un homme qui tente de la comprendre. D’elle il sait très peu, elle sait tout de lui.
Quand enfin elle va se livrer, il le regrettera, mais il sera trop tard. C’est elle qui mène le jeu.
Après l’histoire d’un transfert amoureux en montagne pour son premier roman, voici celle d’un trio amoureux entre Paris et la Bretagne.

Deux personnages qui se croisent : Vincent le gynécologue et Camille, sa patiente qu’il n’a jamais vue mais qui semble savoir tout de lui. Leur lien : David. Pas de cri, pas de saute d’humeur dans ce roman. Camille à l’air si forte, si calme, s’impose dans l’univers de Vincent. Quelques mots d’elle suffisent pour déclencher le cataclysme dans la vie rangée et sereine de Vincent. Un secret lourd plane…

Alors, pour le connaître, on ne lâche plus le livre, on le dévore jusqu’au dernier mot…

Mariannick, doc.

« Des grains en or » d’Isabelle Peltier Mignot

Au début du XXe siècle, au Brésil, vingt années après l’abolition de l’esclavage, alors que la production de café est à son apogée, un grand besoin de mains-d’œuvre favorise l’immigration vers cette terre promise où l’or se cueille à la main. Après 52 jours de voyage depuis le Japon, le navire Kasatu-Maru accoste au port de Santos au Brésil en 1908. Pour Uta et ses compagnons, l’espoir est grand mais l’avenir incertain. Avec leur famille fuyant la misère du Japon à la fin de l’ère Meiji, ils sont venus récolter le café, promesse de fortune. Ils ne savent pas encore quelles difficultés ni quel avenir les attendent dans ce pays où tout est si différent, la langue, les coutumes, le climat. Leur volonté, leur courage et leur sens de l’honneur les aideront à affronter les périodes de crises économiques, de guerre puis de rejet ethnique afin de conquérir ce monde en contribuant à son développement agraire et tertiaire.

Cette histoire rappelle le livre de Julie Otsuka « Certaines n’avaient jamais vu la mer ».

« Certaines n’avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka

Elles avaient entre 13 et 20 ans, étaient presque toutes vierges, se trouvaient sur un bateau qui les amène vers les États-Unis, la plupart rêvent encore. Elles vont rejoindre le mari qu’on leur a imposé dont elles ne connaissent que les lettres et quelques photos. A l’arrivée, la réalité est très loin de leurs rêves.Ces jeunes Japonaises subiront une double peine : celle des femmes attachées à un labeur pénible et à des maris pas toujours compréhensifs ; elles subiront aussi l’indifférence des Américains, l’éloignement de leurs enfants qui ne partagent pas la même culture, puis l’humiliation et le rejet des Blancs et enfin l’angoisse des enlèvements à l’entrée en guerre des Américains contre leur pays.À la façon d’un choeur antique, fort de leurs multiples voix, elles racontent leurs vies. Une véritable clameur jusqu’au silence de la guerre, et l’oubli.

Le talent de Julie Otsuka vient de son écriture poétique, incantatoire qui arrive à nous transporter en mille lieux dans cette Amérique du début du XXè siècle. Son mérite est aussi de faire remonter de l’oubli la tragédie vécue par des milliers de femmes. Ce livre mérite complètement le Prix Femina 2012. A lire absolument ! L’an dernier, j’ai lu un autre livre sur la triste condition de ces immigrés Japonais du début du siècle mais au Brésil cette fois.

« Des grains en or » d’Isabelle Peltier-Mignot.

Mariannick, doc.

« Web-dreamer » d’Anne Mulpas

Mathis a un vrai problème avec la communication. Au lycée, les autres le terrifient, il n’ose pas leur parler : on le surnomme  » Oui-Non « . Un jour, pour voir, il surfe sur Internet, et c’est alors que l’interface devient., vivante. Elle l’appelle ! Il la suit, et passe de l’autre côté de la Toile, pour un périple onirique au pays des merveilles virtuelles. De niveau en niveau, de porte en porte, Mathis explore des mondes, rencontre personnages inquiétants ou merveilleux et voit se dessiner des réponses aux questions qu’il n’a jamais osé (se) poser… « 

C’est un roman très actuel : Mathis est un jeune d’aujourd’hui comme tant d’autres,  seul devant son ordinateur. Mathis surnommé « oui-non » s’engage dans un voyage à l’intérieur de la matrice de l’ordinateur pour une sorte de renaissance ou plutôt de naissance. Qui est-il ? Pourquoi est-il si fermé au monde qui l’entoure ? Ouvrir les portes pour réussir à sortir du mutisme. En trouvant les mots, se trouver lui-même et Exister.

Mariannick, doc.

« Il n’y a pas d’ange » d’Anne Mulpas

Du haut d’une tour, la jeune L. s’apprête à commettre l’irréparable, elle qui aurait voulu une vie « un peu pailletée et plus légère » . Un ange descend vers elle, et, aidé d’une étrange régie qui fonctionne plus ou moins bien, lui propose à sa demande un kaléidoscope de souvenirs joyeux ou non, des moments volés de scènes que la jeune fille n’a pu voir, des entrées dans la tête de ses proches… Soit l’ange montre, soit l’héroïne raconte. De fil en aiguille, la vie de L. se déroule , et l’ange espère la sauver…

Un roman poignant  car il touche jusqu’au plus profond de l’âme de cette ado meurtrie par la vie, désespérée par l’abandon des adultes qui l’entourent. Le dialogue s’instaure entre elle, réaliste, lucide et l’ange qui s’exprime avec le langage du coeur et incarne l’espoir. Un roman très actuel par les thèmes qu’il aborde : il est difficile aujourd’hui d’être un  jeune dans un monde sans pitié. Mais un thème aussi récurrent : ce personnage à la révolte pure fait penser à « La Sauvage » de Jean Anouilh : « Tout au bout du désespoir, il y a une blanche clairière où l’on est presque heureux » .

Mariannick, doc.

« La fille du papillon » d’Anne Mulpas

Solveig commence un journal intime lorsqu’elle rencontre un garçon, surnommé par ses soins « le Monde ». Elle raconte la douleur depuis la mort de sa mère, le quotidien avec son père coureur de jupons (le papillon du titre), la relation très forte avec Manon sa meilleure amie, l’attente des venues du Monde qui habite une ville plus loin. Qu’elle le provoque ou non, tout est conflit pour Solveig. Encore enfant un peu capricieuse, elle teste les limites de ses proches, y compris le petit ami qu’elle malmène au gré de ses humeurs. Elle va jusqu’à fuguer, se saouler, puis retrouve un semblant d’équilibre offert par sa grand-mère à la neutralité bienveillante, et surtout par une deuxième chance du Monde.

 

Plongée dans le monde d’une adolescente. C’est à travers ses yeux, sa peau, son coeur que l’on pressent le monde, un monde qui inquiète parce qu’il change, parce que l’on ne domine pas le contexte, qui réjouit autant qu’il irrite ou blesse. Et l’écriture d’Anne Mulpas suit le rythme des impulsions de Solveig : tantôt rêveuse et poétique, tantôt rebelle, parfois même écoeurée, mitraillant la page de mots forts pour dire son malaise.

Mariannick, doc.