Elle est insupportable à regarder

                                                       Chère Maylis De Kerangal,

J’ai lu  Tangente vers l’Est,  et j’ai vu une interview de vous sur ce livre. C’est incroyable que , invitée dans ce train, le Transsibérien , vous avez eu l’inspiration de créer le personnage d’Aliocha. Depuis votre place dans le train , vous parlez de réalité de la Russie comme si vous la connaissiez , vous inventez aussi  une histoire d’amour.
Le narrateur est dans ma tête , c’est incroyable !
Dans Réparer les vivants, vous abordez le don d’organe comme si vous-même vous aviez vécu  cette situation. J’ai adoré cette oeuvre et son adaptation cinématographique . De plus, dans ce livre , la mer, les vagues, l’eau  sont décrites comme un orchestre musical, avec les hauts, les bas et les silences. Avez-vous fait de la musique pour décrire aussi bien?                                                                                                                                       Dans Ni fleurs ni couronnes, vous avez écrit:
 » Elle est insupportable à regarder  : de la douceur de la fille comme Finbarr n’en a jamais eu à portée de main – l’étoffe du manteau, le timbre de voix, le toucher des cheveux, la peau des joues, du cou, la peau des cuisses qu’il sait sous la jupe, au-dessus des bas, pour l’avoir vue – charpentée toute droite pour une convoitise démoniaque. »
J’aime bien cette phrase mais j’aimerais que vous me l’expliquiez.
Mes salutations distinguées
Noémie

À quoi servent vos tirets ?

Albi, le 25 Janvier 2017

Chère Maylis

C’est la mer que j’ai retrouvée dans vos livres.  Dans Corniche Kennedy, sauter du haut des rochers dans une mer calme et turquoise, traînailler  sur le bord de mer, sur les serviettes à écouter de la musique, c’est un livre naturel qui rappelle des souvenirs. Dans Réparer les vivants , c’est la plage le matin,  à l’aube , le danger…
Par contre, j’ai eu du mal à rentrer dans votre écriture, avec des phrases longues ainsi que des tirets placés un peu partout, et nous ne savons pas à quoi ils  servent. L’utilisation de la ponctuation m’a perturbé.
J’ai  lu aussi pierre feuille ciseaux. . Il y a une phrase qui m’a particulièrement plu dans ce livre:
 » Quand le garçon, lui, piétine, regarde autour de lui, la clairière intermédiaire où l’herbe est chaude encore – ça se sent tout de suite -, et derrière, ce bureau des HLM aux fenêtres à barreaux, les murs tagués, puis juste en face, par-dessus  l’épaule  de la fille, les maisons de ma cité-jardin,les toits orange, pointus, les crépis bruns ».
On voit bien l’opposition entre le coté pauvre et le coté bourgeois, avec comme intermédiaire la clairière. J’ai remarqué que vous aimiez bien mixer socialement comme dans Corniche Kennedy avec Mario et Suzanne. C’est touchant.

Maxence

Rien, ici n’est à la mesure de l’homme

Jeudi 19 janvier 2017

Chère Maylis de Kérangal,

J’ai  3 de vos livres: Corniche Kennedy, Réparer les Vivants, Tangente vers l’Est. Vous y donnez votre vision de l’adolescence, de nous les jeunes et cela m’a beaucoup plu, vous avez voulu à chaque fois nous représenter de façon réelle, nous représenter tels que nous sommes avec notre naïveté et notre insouciance face à la vie mais aussi avec notre envie de liberté et d’aventure.
Les adolescents que vous décrivez, sont souvent en groupe mixte et nombreux. De plus ils partagent  des valeurs communes, des désirs communs. Cependant, dans Tangente vers l’Est vous vous focalisez sur un seul personnage, Aliocha. Dans tous vos textes vous donnez une vision sociale et ethnographique de ces jeunes adolescents. En effet, vos personnages ont des conditions de vie troublées: dans Corniche Kennedy, les jeunes sont livrés à eux-mêmes, dans Réparer les Vivants , Simon Limbres avait tout mais est victime d’un accident de la route et meurt , enfin dans Tangente vers l’Est , Aliocha n’a pas de mère, ni d’argent, il est contraint de partir au service militaire.
Ce qui m’a plu aussi c’est l’importance des lieux dans vos œuvres . Ils caractérisent la personnalité des adolescents,de  par leur situation. Dans Corniche Kennedy et Réparer les Vivants les lieux sont entre terre et mer, on voit alors votre intention de montrer le besoin de liberté des adolescents. Pour vous, les lieux sont très importants , on le voit facilement, puisque vous prenez énormément de temps à nous les décrire. Enfin, par vos romans ,on peut y voir votre idée de faire passer un message, certains  lieux  expriment l’enfermement social, par exemple.
Mais un livre m’a particulièrement attiré, c’est Tangente vers l’Est. C’est avec ce livre que j’ai ressenti le plus d’émotions. La tristesse et la peine quand vous nous parlez d’Aliocha, personnage perdu et seul. Le suspense est présent tout au long de l’histoire, ce qui donne envie de lire plus, de continuer jusqu’au bout . J’ai essayé de comprendre la signification du titre. Tangente signifie le fait d’esquiver un fait, un événement, de se tirer d’affaire habilement.  Dans le roman, Aliocha part pour le service militaire, il y est obligé. De plus, « vers l’est » évoque la destination du train, la Transsibérien, qu’emprunte  Aliocha pour son service militaire. Une phrase a retenu mon attention
« mais cette nuit-là ne saurait se peupler de rêves humains, Aliocha le sait aussi, rien ici n’est à la mesure de l’homme, rien de familier ne saurait l’y accueillir, c’est même cela qui le terrorise, cette poche continentale à l’intérieur du continent, cette enclave qui aurait l’immensité pour frontière, cet espace fini mais sans bord… ».
Ici ce passage présente Aliocha une personnage perdu, qui ne sait plus où il en est. Il est dans ce nouvel espace, cette nouvelle atmosphère et cela est inquiétant. Enfin on remarque un oxymore à la fin de cette phrase  » cet espace fini mais sans bord » le mot « fini » contraire à « sans bord ». Pourquoi ?
Beaucoup d’émotions fortes dans vos histoires.
Cordialement,
Emma.

La rue

Albi le 25 Janvier 2017

Bonjour chère Maylis de Kérangal,

Je viens vous faire part de mes quelques impressions de lycéen et surtout de jeune lecteur. Je vais vous parler d’abord de Corniche Kennedy et Réparer les vivants,les deux textes que j’ai lus en classe avec mon professeur puis je vous parlerai ensuite de La rue que j’ai lu personnellement et qui m’a beaucoup plu.
Je vais commencer par Corniche Kennedy. Ce roman m’a beaucoup plu car il parle de jeunes de mon âge. J’ai cependant trouvé que de temps à autre vous tombiez dans de légères caricatures. Certains stéréotypes m’ont déplu comme l’effet de groupe qui me semble un peu trop accentué. Ou la place de chef que certains adolescents occupent. Dans l’ensemble les comportements de ces jeunes me semblent très bien retranscrits, je me suis identifié aux personnages à de nombreuses reprises. Les passages qu’on vit avec Sylvestre Opéra m’ont moins plus et je m’intéressais  vraiment pas à eux. Ce qui m’a marqué dans ce texte , ce sont les énumérations que vous utilisiez pour décrire les jeunes, je les trouve très réalistes, elles nous plongent encore plus dans le roman.
Ces énumérations, on les retrouve dans Réparer les vivants. Au début, elles sont utilisées pour présenter les jeunes  prêts à surfer. Ce passage est très réaliste et surtout descriptif. IL est tellement détaillé qu’on dirait des images de cinéma (plans large, puis rapproché, zoom sur les mains, etc…). Ce roman m’a cependant moins plu que Corniche Kennedy. Au début l’histoire est très touchante, on se met à la place des parents, de sa copine, ses amis et d’autre encore, mais j’ai été très vite lassé , il est beaucoup moins rythmé que Corniche Kennedy (ce que je comprends car ce ne sont pas les même sujets). J’ai cependant trouvé que tous les personnages de ce texte étaient très attachants.
Je finirais en parlant de La Rue, qui est spécial car il est composé de texte mais aussi de tableaux et de photos.  Je trouve que ces images épousent parfaitement le texte. Ce qui m’a tout de suite plu sur ce livre c’est son titre. La Rue est un milieu que  tout le monde fréquente et connait, peu importe la catégorie sociale ou l’âge. Dans la rue, tout peut nous arriver, on peut assister à des scènes dignes de pièces de théâtre, c’est pour ça que ce titre est un très bon choix car il renvoie à beaucoup de choses et en même temps il est connu de tous. Si on enlèvait les images , ce texte pourrait littérairement  se rapprocher de Corniche Kennedy ou Réparer les vivants.
Il y a une phrase qui m’a beaucoup plu dans ce livre :« C’est étrange, tout de même, ces rues qui distribuent tout un monde au repos » je trouve la vision du cimetière très intéressante car même là on dirait des rues (avec des allées, etc..)  habitées par des morts.
Mes salutations distinguées                                                                                                                   Behar Emile

Le Havre

Albi le 25 Janvier 2017

« Tous mes livres font signe au Havre, ou en sont un signe. L’écriture a incorporé quelque chose de la matérialité de la ville, tout en saisissant d’elle comme d’un matériau, que la ville soit un plateau pour la fiction –dans les rapides, Réparer les vivants-, qu elle en contienne des scènes-La Vie voyageuse ou qu’elle en soit un hors-champ, un écho : un paquebot sombre au large de Cork, un garçon,et une fille qui se tournent autour sur des rochers a Marseille, un pont se construit quelque part en Californie, un oiseau maigre.« 

Maylis de Kérangal

j’aimerais vous poser une question. Pourquoi, comme vous l’avez écrit dans la revue Décapage  vous dites que vous faites signe à votre ville natale Le Havre dans tous vos textes comme si c’était une ville importante alors que dans votre livre Dans les Rapides vous présentez cette ville comme terne et morose? Serait- ce un hommage, et malgré tous les désagréments de cette ville, un remerciement pour votre enfance passée à ses cotés ?
Merci d’avoir pris le temps de me lire, cordialement,  un de vos jeunes lecteurs,
Gael

La vie ordinaire

Albi le 26 Janvier 2017

Chère Maylis de Kérangal,
j’ai lu  Dans les rapideset j’ai relevé une phrase que j’ai particulièrement appréciée.
 » La maison,le lycée,le café,la maison,les tours en ville,les vacances, la vie ordinaire.  »
Je la trouve exceptionnelle car elle nous rappelle la banalité de l’adolescence, de nos vies.
Rémy

Tout est blanc

Tout est blanc. De la neige à l’intérieur de moi. De la neige dans mon cœur et mon cerveau. De la neige sur ma langue.

   Cette citation de Blanc écrit par Thomas Vinau nous montre que le narrateur est comme paralysé  dans la neige, le corps tout engourdi, il n’arrive plus à réfléchir ni même à parler et on a l’impression qu’il va mourir. On ressent sa détresse.