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Journeys, Territories, Frontiers

 

Thématique «Voyages, territoires, frontières»

Dans le monde anglophone, voyage et frontière occupent une place particulière dans un contexte d’expansion et de colonisation lourd de conséquences pour les terres de départ et les terres d’arrivée. L’explorateur est transformé en héros ou en prototype du colon en littérature (dans Robinson Crusoe de Daniel Defoe par exemple) et la frontière devient un mythe fondateur et structurant (États-Unis) ou une réalité destructrice pour les peuples premiers dans les territoires colonisés (Afrique du Sud, Australie, Canada, États-Unis, Inde, Irlande, Nouvelle-Zélande). Le concept de territoire est également fondamental dans la construction d’une histoire nationale et d’une identité particulière comme on le voit avec le développement de l’empire britannique «sur lequel le soleil ne se couche jamais», même si encore aujourd’hui il peut s’avérer source de difficultés politiques (Gibraltar, Malouines, etc.). Les classes sociales et les sectorisations urbaines, quant à elles, jouent un rôle essentiel pour les groupes et les individus et peuvent générer sentiment d’appartenance ou sentiment d’aliénation, de la cohésion ou de la ségrégation. Toutes ces questions participent de l’histoire et des cultures des pays anglophones et demeurent prégnantes dans leurs structures et pratiques politiques, économiques, sociales et artistiques actuelles.

Trois axes d’étude sont proposés pour cette thématique :

  1. exploration et aventure
  2. ancrage et héritage
  3. migration et exil

 

Axe d’étude 1: Exploration et aventure

Si la langue anglaise s’est répandue aussi largement depuis plusieurs siècles, c’est avant tout le fruit de l’action de nombreux explorateurs qui ont permis à la Couronne britannique de transformer une bonne partie du monde en empire colonial. Tout en s’intéressant à certains parcours humains remarquables (David Livingstone, Mary Kingsley), il convient de fournir aux élèves les repères historiques, politiques, sociaux, économiques et philosophiques qui sous-tendent la démarche impérialiste coloniale. L’appréhension de ces questions complexes peut se nourrir de diverses sources documentaires, historiques mais aussi littéraires, de Rudyard Kipling à Chinua Achebe en passant par Joseph Conrad ou l’expédition de Lewis et Clark. Il est intéressant de creuser ce qui semble constituer une forme d’esprit d’exploration spécifique au peuple britannique, peut-être à cause de son statut insulaire. De nombreux romanciers et journalistes britanniques férus de récits exotiques sont d’ailleurs de grands voyageurs, à l’image de R.L. Stevenson ou de Gertrude Bell. Ainsi, de grands récits d’aventures mettent en lumière des personnages héroïques qui accèdent parfois à des statuts quasi mythiques à travers cette soif de découvrir le monde, que ce soit pour se l’approprier ou pour asseoir une supposée supériorité nationale: on songe aux expéditions polaires de Scott ou de Shackleton, et aussi à de nombreux personnages de fiction qui reflètent cet insatiable esprit d’aventure.Mais l’esprit d’aventure n’est évidemment pas l’apanage du peuple britannique. Il se retrouve également aux États-Unis, pays fondé par des Européens porteurs de l’espoir d’un nouveau monde puis de l’envie de repousser la «frontière», dans une logique expansionniste qui devient l’expression d’une «destinée manifeste». Cette frontière, ligne d’horizon de l’exploration, contribue à donner peu à peu naissance à une nouvelle identité politique, intellectuelle, religieuse, aux dépens des peuples autochtones déjà présents sur ces territoires. Les arts offrent de multiples visions et illustrations de cet esprit d’aventure et plus largement de l’exploration des grands espaces (romans de James Fenimore Cooper ou de Jim Harrison; films de John Ford), ce qui n’exclut pas une vision du monde souvent teintée de colonialisme. L’exploration des grands espaces d’Australie ou d’Afrique est tout aussi intéressante pour comprendre à travers la fiction ce qui contribue à forger une conscience collective de l’espace conquis, mais une conscience souvent inégalement partagée entre descendants de colons et de colonisés. Ces différents éléments constituent un terreau fertile pour les auteurs de science-fiction, qui aiment à transposer dans d’autres lieux ou temps certaines valeurs et pratiques issues du monde anglophone, avec plus ou moins de déformation (Dune de Frank Herbert; Avatar de James Cameron). De même, certains discours politiques savent exploiter le souvenir d’un passé national structuré par l’esprit d’aventure et d’exploration (discours sur la New Frontier de J.F.Kennedy). L’exploration peut donc être le fait d’une nation, d’un groupe constitué mais aussi d’un simple individu:pour peu qu’elle soit analysée comme une forme de quête, elle peut aller de pair avec la quête de soi. Aussi peut-il être utile d’aborder cet axe à différents niveaux et jusqu’à un degré élevé de subjectivité:pour un enfant ou pour un adolescent par exemple, l’exploration du monde est fondamentale et tout y constitue une aventure, quand bien même cela se limite à son environnement proche. Il s’agit alors de franchir des frontières au propre ou au figuré, ce qui est à relier à l’idée de dépassement de ses propres limites:la littérature de jeunesse, notamment, abonde d’exemples en la matière (Cider with Rosie de Laurie Lee, Adventures of Huckleberry Finn de Mark Twain). Soulignons enfin que l’exploration et l’aventure ne sont pas nécessairement liées à de grands espaces terrestres à découvrir, fussent-ils réels ou virtuels. L’exploration se joue parfois sur un terrain plus inattendu, soit parce qu’il est souterrain, spatial ou sous-marin, soit parce que ce terrain est au contraire réduit à la petite échelle d’une ville, d’un quartier, d’une zone oubliée. Les territoires explorés peuvent encore relever du domaine de la connaissance ou de la science, de la théorie de l’évolution de Charles Darwin jusqu’aux découvertes fondamentales sur la structure de l’ADN par Rosalind Franklin, Francis Crick et John Watson.

 

Domaine littéraire Autres domaines
AUSTER, P., Moon Palace,1990 ; True Tales of American Life, 2000
BRYSON, B., Neither Here nor There, 1991 ; A Walk in the Woods, 1998 ; Notes from a Big Country, 1999
CARROLL, L., Alice’s Adventures in Wonderland, 1865
CHEVALIER, T., At the Edge of the Orchard, 2016
COOPER, J. F., The Last of the Mohicans, 1826 ; The Pathfinder, or the Inland Sea, 1840
CONRAD, J., Heart of Darkness, 1899
DEFOE, D., Robinson Crusoe, 1719
DOYLE, C., The Lost World, 1912
FORSTER, E.M., A Passage to India, 1924
GAIMAN, N., Coraline, 2002
GOLDING, W., Lord of the Flies, 1954
JOYCE, R., The Unlikely Pilgrimage of Harold Fry, 2012
LEWIS M., & CLARK W., Original Journals of the Lewis and Clark Expedition, 1804-1806
LODGE, D., Paradise News, 1991
LONDON, J., The Call of the Wild, 1903
McCANN, C., This Side of Brightness, 1998 ; Let the Great World Spin, 2009; Transatlantic, 2013
McMURTRY, L., Lonesome Dove, 1985
MUIR, J., Stickeen: an Adventure with a Dog and a Glacier, 1897 ; Travels in Alaska, 1915
RICE BURROUGHS, E., Tarzan of the Apes, 1912
SALINGER, J.D., The Catcher in the Rye, 1951
STEGNER, W., The Big Rock Candy Mountain, 1943 ; Beyond the Hundredth Meridian: John Wesley Powell and the Second Opening ofthe West,1954
STEVENSON,R.L., Treasure Island, 1883
TAYLOR, C., Londoners, 2011
TOIBIN, C., Brooklyn, 2009
TWAIN, M., Adventures of Huckleberry Finn, 1884
WHITEHEAD, C., Underground Railroad, 2016
ADAMS, A., photographs, 1979
AMERICA, “A Horse with No Name”, 1971
ARMSTRONG, N., et al. First on the Moon, 1970
AUDIARD, J., The Sisters Brothers, 2018
BIERSTADT, A., The Rocky Mountains, Landers’ Peak, 1863
BINGHAM, G.C., Fur Traders descending the Missouri, 1845
BRANDON, P., The Decline and Fall of the British Empire 1781-1997, 2007
BROWN, K., Penicillin Man: Alexander Fleming and the Antibiotic Revolution, 2004
BURTON, T., Charlie and the Chocolate Factory, 2005
CANNED HEAT, “On the Road Again”, 1968
CASH, J., “I’ve been Everywhere”, 1959
CHAI VASARELY, E., CHIN, J., Free Solo, 2018
CHURCHILL, W., “Our Duty in India”, 18th March 1931
CIMINO, M., The Deer Hunter, 1978
COEN, E. & J., O’ Brother, 2000
DARWIN, C., Autobiographies by Charles Darwin, ed. by NEAVE, M., 2002
DISRAELI, B., “The Crystal Palace Speech”, 24thJune 1872
DAYTON, J. & FARIS, V., Little Miss Sunshine, 2006
ELGAR, E., “Land of Hope and Glory”, Pomp and Circumstance March n°1
FORD, J., The Searchers, 1956
FORSYTH, B., Local Hero, 1983
GANDHI, M., “Quit India”, 8th August 1842
GIBSON BROTHERS (NY state), Safe Passage, 2011
GOODMAN, S., “City of New Orleans”, 1971
GRATEFUL DEAD, “Truckin’”, 1970
GRAY, J., The Lost City of Z, 2016
HAWKS, H., Hatari!,1962
HUSTON, J., The Misfits,1961 ; Moby Dick, 1956
IGGY POP, “I am a Passenger”, 1977
Indian Removal Act, H.R. 2623, Senate, 3rd May 1872
JACKSON, A., “Speech on Indian Removal”, 1830
KENNEDY, J.F., “The New Frontier”, 15th July 1960
MACMILLAN, H., “The wind of change”, 3rd February 1960
MACK, G., “I’ve been Everywhere”, 1959
MADDOX, B., Rosalind Franklin: the dark lady of DNA, 2002
McCAY, W., Little Nemo in Slumberland, 1905-1926
NELSON, W., “On the Road Again”, 1980
NOLAN, C., Interstellar, 2014
O’SULLIVAN, J., “Annexation”, The United States Democratic Review, 17 (85), July-August 1845
PARKER, A., The Commitments, 1991
PENN, S., Into the Wild, 2007
POGUES (THE), “Navigator”, 1985
PREMINGER, O., The River of no Return, 1954
REEVES, R., A Force of Nature: the Frontier Genius of Ernest Rutherford, 2008 (1sted. 1936)
ROZEMA, V., Voices from the Trail of Tears, 2003 “Secret Instructions for Lieutenant James Cook Appointed to Command His Majesty’s Bark the Endeavour”, 30th July 1768
SELICK, H., Coraline, 2009
SINATRA, F., “Fly me to the Moon”, 1954
SPIELBERG, S., The Raiders of the Lost Ark, 1981
STEWART, R., “Sailing” in Atlantic Crossing, 1975
STILLER, B., The Secret Life of Walter Mitty, 2013
THATCHER, M., The Falkland Islands speech, 3rd April 1982
THOMSON, J., “Rule Britannia”, 1740
TILLIM, G., photographs (South Africa)
TURNER, F.J., “The significance of the Frontier in American history”, 12th July 1893 ; The Frontier in American History, 1920
WATSON, J.D., The Double Helix. The discovery of the structure of DNA, 1968
ZEMECKIS, R., The Walk, 2015

 

Axe d’étude 2:  Ancrage et héritage

Dans le monde anglophone, marqué par des migrations de toutes natures, l’ancrage dans un territoire et l’héritage d’une culture sont souvent au cœur de la construction de l’identité, qu’elle soit individuelle ou collective. L’héritage est souvent objet de fierté, voire de revendication: il s’agit dans ce cas d’assumer, de clamer haut et fort son sentiment d’appartenance ou son patriotisme. On peut ainsi s’intéresser à la manière dont les individus ou les communautés célèbrent leur culture et leur héritage, via la littérature, les arts ou encore le sport et les traditions culinaires (épopées vantant le «récit national»comme chez Walter Scott, mouvement du Celtic revival en Irlande, événements comme les Highland Games). Cet héritage se constitue également à travers la construction ou la préservation d’un patrimoine mémoriel, qu’il soit architectural, culturel ou naturel (statues historiques, musées, parcs nationaux, commémorations comme le Poppy Dayou organisations comme le National Trust au Royaume-Uni). Dans les communautés immigrées, la préservation de l’héritage permet de maintenir un lien avec la terre natale tout en enrichissant la culture du pays d’accueil, comme en témoignent des manifestations telles que le Notting Hill Festival à Londres, illustration du multiculturalisme au Royaume-Uni. Parfois, cette célébration dépasse la simple revendication et prend la forme d’une lutte ou d’un combat, tout autant pour la défense d’un territoire ou la maîtrise d’une frontière que pour la préservation d’un héritage menacé, comme c’est parfois le cas pour les minorités (peuples autochtones d’Australie et de Nouvelle-Zélande, des États-Unis ou du Canada par exemple), pour lesquelles la préservation du patrimoine culturel et environnemental est une question de survie. De même, l’enjeu historique de la frontière entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord relève de ces luttes qui mêlent étroitement territoire, frontière, héritage et ancrage culturel. L’identification à un territoire est essentielle pour de nombreux artistes ou écrivains qui ont à cœur de représenter leur terre ou région natale, que ce soit pour l’exalter ou pour en offrir une vision nostalgique ou critique: le vieux Sud américain chez William Faulkner, Carson McCullers ou Flannery O’Connor, New York chez Paul Auster ou Dublin chez James Joyce. Ce territoire peut être rural (comme chez Robert Frost ou Thomas Hardy), mais également urbain: il pourra être fructueux de s’intéresser notamment à la géographie de la ville américaine et à ses logiques de ségrégation sociale, telles qu’elles sont représentées par exemple chez Spike Lee (Do The Right Thing) ou dans la série The Wire. Parfois enfin, la revendication d’un héritage ou d’un ancrage culturel ou territorial peut conduire à des polémiques, des dérives ou des excès. Elle peut alors aller jusqu’à la xénophobie et au repli identitaire. On peut s’intéresser par exemple aux controverses autour de l’héritage confédéré dans les États du Sud des États-Unis ou autour de la frontière américano-mexicaine, aux mouvements suprémacistes américains ou sud-africains, ou encore à la façon dont le Brexit cherche à répondre en partie à des logiques de préservation de l’identité et de souveraineté nationales du Royaume-Uni.

 

Domaine littéraire Autres domaines
ANDERSON, S., Winesburg, Ohio, 1919
BROOKE, R., “The Soldier”, 1914
DOIG, I., The Whistling Season, 2006
FANTE, J., Wait until Spring, Bandini, 1938
FAULKNER, W., Absalom, Absalom!, 1936
FROST, R., Poems
GASKELL, E. North and South, 1855
HARDY, T., Tess of the d’Ubervilles, 1891
HARDY, T., Poems
HULME, K., The Bone People, 1984
JOYCE, J. Dubliners, 1914
LEWIS, S., Main Street, 1920
MAUPIN, A., Tales of the City, 1974
McCANN, C., Everything in this Country Must, 2000
McCULLERS, C., The Heart is a Lonely Hunter, 1940
O’CONNOR, F., “Everything that Rises Must Converge”(and other stories), 1965
ROTH, P., American Pastoral, 1997
SCOTT, W., Ivanhoe, 1819
SHAKESPEARE, W., Richard II, “This scepter’d isle” by John of Gaunt, Act II, scene I, 1595
SPIEGELMAN, A., Maus, 1996 (complete edition)
YEATS, W.B., Poems
ALLEN, W., Radio Days, 1987
CHARLES, R. “Georgia on My Mind”, 1960
CONSTABLE, J. The Hay Wain (1821) & Salisbury Cathedral (1823)
CORRIES (THE), “Flower of Scotland”, 1967
EASTWOOD, C., Unforgiven, 1992
FELLOWES J., Downton Abbey, 2010-2015
FLEMING, V., Gone With the Wind, 1939
FORD, J., How green was my Valley, 1941
JAMES, J., “Land of my Fathers”(Welsh hymn), 1856
KRAMER, S., High Noon, 1952
LEAN, D. Ryan’s Daughter, 1970
LEE, S., Do the Right Thing, 1989
LOACH, K., The Wind that Shakes the Barley, 2006
LYNYRD SKYNYRD, “Sweet Home Alabama”, 1973
POLANSKI, R. Tess, 1979
ROEG, N., Walkabout, 1971
SIMON, D. & BURNS, E., The Wire, HBO series, 2002-2008
WOOD, G., American Goth

 

Axe d’étude 3: Migration et exil

La migration et l’exil occupent une place centrale dans la culture du monde anglophone. Qu’elle revête une dimension géographique ou sociale, collective ou individuelle, la déterritorialisation est souvent associée à des émotions contradictoires. Elle confronte l’individu à la perte de repères, à la confusion voire à l’aliénation et l’oblige à repenser ses valeurs et son rapport au territoire pour reconstruire son identité en s’interrogeant sur la place qui lui est dévolue. L’émigration vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on envisage cet axe d’étude. Qu’elle soit choisie (on pense aux colons de l’Empire britannique ou à la poursuite du Rêve américain par exemple) ou subie (prisonniers envoyés vers les colonies pénitentiaires d’Australie ou réfugiés pendant les Guerres mondiales ou la guerre froide par exemple), l’émigration peut être liée à différents facteurs économiques (la diaspora irlandaise après la Grande Famine évoquée dans des ballades telles que «The City of Chicago»de Christy Moore), sociaux ou politiques (pour fuir des bouleversements violents comme la décolonisation ou des persécutions politiques ou religieuses comme pour les Pilgrim Fathers). De nombreux récits ayant trait à l’histoire migratoire évoquent les causes des migrations mais aussi leurs effets sur les individus déracinés (My American Life de Francine Prose, Call It Sleep de Henry Roth). L’expérience de l’exil est une rupture, un arrachement, un déchirement. Elle entretient un va-et-vient permanent entre un ici et un ailleurs, entre la nostalgie et l’espoir, entre l’exclusion et l’inclusion, entre le moi et les autres: d’où la tonalité souvent mélancolique des récits d’exilés. Que signifie être exilé, déplacé, vivre entre plusieurs mondes? L’exil des auteurs postcoloniaux (Salman Rushdie, Arundhati Roy) permet d’explorer les contours de cet entre-deux. Confronté à la solitude et parfois au rejet, le migrant doit également surmonter un choc linguistique et culturel (How the Garcia Girls Lost their Accent de Julia Alvarez, American Born Chinese de Gene Luen Yang, Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie). La mémoire de l’exil ou d’un traumatisme vécu par ses ancêtres peut constituer un héritage pour les générations suivantes. Les enfants d’immigrants écrivent aussi leurs propres histoires d’exil empreintes d’une nostalgie pour un pays qu’ils n’ont pas connu ou qu’ils ont peu connu, et invitent à analyser la manière dont s’exprime une mémoire chez des individus qui n’ont pas personnellement vécu ces événements (Zadie Smith, Hanif Kureshi, Amy Tan). Cet axe peut permettre d’aborder l’exil inversé et parfois douloureux dont font l’expérience ceux qui retournent dans leur pays ou région d’origine après une longue période dans un autre lieu (Interpreter of Maladies de Jumpa Lahiri), avec l’impression de ne plus être de nulle part. L’exploration de cette forme de déracinement offreainsi l’occasion de s’interroger sur la notion d’hybridité culturelle autour de concepts tels que l’intérieur, l’extérieur, le centre, la marge et la périphérie dans lesquels l’individu est tiraillé entre les forces opposées de l’acculturation, de l’attachement aux racines et du déracinement. Mais on peut également faire l’expérience de l’exil sans franchir de frontières nationales (Trail of Tears des Peuples Premiers, Grande Migration dans les tableaux de Jacob Lawrence; exode rural vers une ville présentée comme lieu d’errance, dans Jude the Obscure de Thomas Hardy, Grapes of Wrath de John Steinbeck, Subway de George Tooker, ou Moon Palacede Paul Auster), voire sans se déplacer: on peut ici envisager l’exil interne vécu par ceux qui ont choisi de rester dans leurs pays dans des contextes extrêmes (J.M. Coetzee, André Brink, Nadine Gordimer) ou par ceux confrontés aux nouvelles réalités de leur propre territoire suite à la décolonisation (The Painter of Signs de R.K. Narayan, The God of Small Things d’Arundhati Roy ou autres œuvres de la littérature postcoloniale). Enfin, la migration peut être abordée dans sa dimension positive, lorsqu’elle offre à celui qui l’entreprend l’espoir d’une vie meilleure («Ellis Island» de The Corrs), ou permet d’accéder à de nouvelles formes de pouvoir et de liberté (Brick Lane de Monica Ali, Ae Fond Kiss de Ken Loach). De même, on peut évoquer des auteurs comme T.S. Eliot, Ezra Pound, D.H.Lawrence, Joseph Conrad ou encore James Joyce qui ont quitté leur patrie sans y avoir été le moins du monde forcés et qui ont transcendé leur statut d’exilé dans leurs œuvres.

 

Domaine littéraire Autres domaines
ADICHIE,C.N., Americanah, 2014
ALI,M., Brick Lane, 2004
ALVAREZ, J., How the Garcia Girls Lost their Accent, 1991
ASGHAR,F., If they Come for Us, poetry collection, 2018
AUSTER, P., Moon Palace,
BRAND,D., A Map to the Door of No Retrun : Notes to Belonging, 2001
BRENNAN, C., “The Wanderer”, Poems, 1913
CAHAN, A., The Rise of David Levinsky, 1917
CATHER, W., O Pioneers,1913 ; The Song of the Lark, 1915 ; My Ántonia, 1918
CISNEROS,S., The House on Mango Street, 1984
CRANE,S., Maggie a girl of the Streets, 1893
DAVIDSON, J., Evacuated, 2005
DIAZ, J., The Brief Wondrous Life of Oscar Wao, 2007
DREISER,T., Sister Carrie, 1900
EUGENIDES, J., Middlesex, 2003
GASKELL, E., North and South, 1855
GHOSH,A., The Shadow Lines,1988
GUPTA,S., The Glassblower’s Breath, 1993
HALEY, A., Roots, 1976
HANSBERRY, L., A Raisin in the Sun, 1959
HARDY, T., Jude the Obscure, 1895 ; “Drummer Hodge” in Poems of the Past and Present, 1901, and other poems
KENNEDY, J.F., A Nation of immigrants, 1958
KUREISHI,H., The Buddha of Suburbia, 1990
LAHIRI,J., “Interpreter of Maladies”, “The Third and Final Continent” from Interpreter of Maladies, 1999
LAZARUS, E., “The New Colossus”, 1883
LEVY,A., Small Island, 2004
McCOURT, F., Angela’s Ashes, 1996
NAIDOO,B., The Other side of Truth, 2000
NAIPAUL,V.S., The MimicMen, 1967
NARAYAN,R.K, The Painter of Signs, 1976
NAZARIO, S., Enrique’s Journey, 2002
OTSUKA, J., The Buddha in the Attic, 2001
PILKINGTON,D., Rabbit Proof Fence, 1996
QOYAWAYMA, P., No Turning Back: A Hopi Indian Woman’s Struggle to Live in Two Worlds, 1964
SCOTTMOMADAY,N., House Made of Dawn, 1969
SHAKESPEARE,W., The Tempest, 1610
SHTEYNGART,G., Little Failure, 2014
SMITH, Z., White Teeth
STEINBECK, J., Of Mice and Men, 1937 ; The Grapes of Wrath,1939
TAN, A., The Joy Luck Club, 2006
TOIBIN, C., Brooklyn, 2009
YANG, L.Y., American Born Chinese, 2006
BERNSTEIN, L., West Side Story, “America”, 1961
CIMINO, M., Heaven’s Gate, 1870
CIVIL DEFENCE, “Women wanted for evacuation service”, poster 1939
COPPOLA, F.F., The Godfather II, 1974
CORRS (THE), “Ellis Island”, 2015
CROWLEY, J., Brooklyn, 2015
DOUGLASS, F., “Farewell speech to the British People”, 30th March 1847
Ellis Island Immigration Museum
GAVRON, S., Brick Lane, 2007
GLEENAN,K., Yasmin, 2004
GRAY, J., The Immigrant, 2013
GUTHRIE, W., “Deportee (Plane Wreck at Los Gatos)”, 1948
HOWARD, R., Far and Away, 1992
HURT, “Exile”, 2013
KAZAN, E., America, America, 1964
LAMMY, D., “This is a day of national shame”, House of Commons, April 2018.
LANGE, D., “Migrant Mother”, 1936
LAWRENCE, J., The Migration Series, 1941
LEONE, S., Once Upon a Time in America, 1984
LOACH, K., Bread and Roses, 2000 ; Ae Fond Kiss, 2004
LUBITSCH, E., To Be or Not to Be, 1942
LUHRMAN, B. Australia, 2008
MADONNA, “American Life”, 2003
Mc QUEEN, S., 12 Years a Slave, 2013
MERTON, A., “No Roots”, 2016
MOORE, C., “The City of Chicago”, 1984
NAIR, M., The Namesake, 2006
NOYCE,P., Rabbit Proof Fence, 2002
RIIS, J., How the Other Half Lives, 1890
SAID, E., “Reflections on exile”, 2000
SCORCESE, M., Gangs of New York, 2002
SIMONAND GARFUNKEL “Homeward Bound”, 1966 ; “The Boxer”, 1969
SINISE, G., Of Mice and Men, 1992
SUTHERLAND,S., Home Again, 2012
TAN, S., The Arrival, 2006
TOOKER, G., Subway, 1950
Ulster American Folk Park, Omagh
WINTERBOTTOM,M., In this World, 2003