La malédiction la plus amusante

Lorsque nous avons étudié le futur de l’indicatif, j’ai demandé aux élèves de rédiger de petites malédictions actuelles, ce qui était un moyen, également, de préparer les rédactions sur les aventures d’Ulysse. Voici le texte le plus amusant qui ait été écrit, de l’avis de tous :

« Ecoute moi bien, ma sœur, car tu vas le regretter. Oui, un jour, tu commanderas une pizza avec suppléments quatre fromages, bacon, chorizo, olives noires, sauce extra piquante et sans anchois. Mais dès que tu la sortiras de son carton, elle te sautera dessus et te mangera ! Et nous mangerons la pizza et toi avec ! »

(Sylvain D.)

Dons et malédictions

En sixième, encore, à la fin de l’unité sur les contes (la deuxième de l’année, juste après les récits d’apprentissage), j’ai donné l’évaluation suivante, inspirée des « Fées » de Charles Perrault :

« Raconter l’histoire suivante en utilisant les temps du passé : un jour vous faites une bonne action et un être merveilleux vous fait un don pour vous récompenser. Le lendemain, une personne de votre entourage essaie de vous imiter, mais pour elle, rien ne se passe de la même façon. »

Voilà ce que cela peut donner. J’ai corrigé quelques erreurs sur l’emploi des temps, tout à fait compréhensibles en début de sixième :

Le don magique

Un jour,  je vis [une personne] qui tombait de son balcon et je la rattrapai. Elle me remercia infiniment de lui avoir sauvé la vie. Quelques minutes plus tard, une fée arriva et me dit : 

– Bonjour. Pour avoir sauvé cette dame, je t’offre le don de pouvoir faire apparaître ce que tu voudras.

– Merci beaucoup, mais je n’ai pas fait cela pour recevoir un don.

– Cela me fait plaisir, dit la fée.

Le lendemain, quand je racontai cela à mon copain, il me dit qu’il allait essayer de faire la même chose que moi. Il le fit en poussant une dame de son balcon [pour pouvoir la sauver ensuite].  La dame se retrouva par terre. Puis une fée arriva et dit à mon copain qu’il avait fait quelque chose de très mal. La fée lui donna comme malédiction qu’à chaque fois qu’il parlerait, on ne l’entendrait pas !

(Noémie C.)

Terrible malédiction, en effet…

L’entraînement d’écriture qui précédait cette évaluation proposait le sujet suivant, que j’ai déjà illustré dans article précédent : « Racontez l’histoire suivante en utilisant les temps du passé (imparfait et passé simple): vous êtes victime d’une malédiction. Respectez la structure d’un conte.

Voici le texte écrit par la même élève :

La transformation 

Un jour, je me reposais tranquillement chez moi quand tout à coup je me transformai en grenouille. J’essayai de crier, mais je ne pouvais plus parler aux humains. Ma mère arriva et vit une grenouille sur le fauteuil. Elle me chassa dehors. Elle m’appela tellement fort que je l’entendis de dehors. 

J’arrivai dans mon potager où je vis plein de petits insectes.

– Bonjour à tous, dis-je.

– Bonjour, dirent-ils tous ensemble.

– Je m’appelle Lucie.

– Enchantés, Lucie, dirent les petits insectes. Nous, nous sommes des fourmis.

– D’accord, mais pourquoi êtes-vous dans mon potager ? 

– Parce que nous grignotons dans ce potager. Et toi ? Pourquoi es-tu là ? 

– Parce que j’étais un humain et tout à coup, je me suis transformée en grenouille. Avez-vous une potion pour me faire redevenir humaine, s’il vous plaît ? 

– Oui, mangez un de ces gâteaux et vous nous remercierez plus tard !

– Merci, les fourmis.

Je mangeai le gâteau puis je commençai à grandir tellement que je dépassais ma maison. Ma mère m’aperçut et alla voir dehors et ne vit que mes jambes. Elle leva la tête puis je lui dis :

– Maman, c’est moi, Lucie. Donne-moi une part du gâteau et je rétrécirai.

– J’arrive tout de suite, dit ma mère.

Elle revint avec une part de gâteau à la main.

– Merci Maman.  

Je me baissai et mangeait ma part de gâteau. Je revins à ma taille normale.  

Ce texte est très inspiré des thèmes abordés dans l’unité qui avait précédé ( Alice…) Le texte écrit par la même élève pour l’évaluation s’en détache plus nettement, sans doute parce qu’elle s’est familiarisée avec les nouveaux textes que nous avons découverts et étudiés.

Petit portrait chinois des sentiments

Un exercice assez simple permet aux élèves d’écrire de petits poèmes en créant des images. Il s’agit de leur faire faire un portrait chinois des sentiments en leur demandant d’imaginer ce que serait la joie, la colère, l’amitié etc. si elle étaient une plante, une personne, un objet, un phénomène météorologique… Cet exercice peut permettre également de travailler sur le conditionnel en utilisant des phrases telles que « si la joie était une plante,elle serait… » Pour enrichir les images, je demande aussi aux élèves d’utiliser des expansions du nom (adjectifs, propositions relatives…) En partant d’exemples concrets qui servent ensuite de modèles, cela devient facile et chaque élève peut ensuite exprimer sa propre personnalité. Cette année, j’ai fait cet exercice avec ma classe de cinquième. Les textes qui suivent rassemblent les images qui ont été trouvées autour des thèmes de la joie et de la colère :

La joie 

Le jaune des fleurs qui poussent au printemps

Le blanc de la neige qui tombe

Un cheval galopant sur l’herbe tendre

Un ange tombé du ciel

Un ange qui sauve quelqu’un

La pluie et le soleil qui dessinent un arc en ciel

Le soleil qui illumine le jour

Le soleil qui brille de mille feux

La colère 

Le noir des grottes sombres et silencieuses

Un chien enragé

La foudre qui frappe la montagne

Une sorcière hurlant au fond d’un chaudron

Ce qui nous fait devenir rouge comme la lave des volcans

L’orage qui dévaste tout un village

Deux récits d’apprentissage

Voici un sujet que j’ai proposé en début d’année à mes élèves de sixième (encore…) au terme d’une unité consacrée aux récits d’apprentissage tels que La belle histoire de Leuk le lièvre, de L.S. Senghor et A. Sadj ou Le Petit Prince, d’Antoine de Saint-Exupéry. Ce sujet d’écriture fait référence à Alice aux pays des merveilles, de L. Caroll, que nous avons aussi abordé dans le cadre de cette unité :

« Racontez l’histoire suivante au présent et en insérant des phrases de dialogue : vous vous trouvez dans votre jardin quand vous mangez quelque chose qui vous fait rapetisser. Avec votre nouvelle taille, vous découvrez que les insectes qui vous entourent sont capables de parler. Certains d’entre eux sont vos amis. D’autres sont prêts à vous causer des ennuis… »

Voici les textes que j’ai choisis pour illustrer ce sujet :

La rencontre de l’humain et du mille pattes

Aujourd’hui, je me repose dans mon jardin et je mange une pomme. Tout à coup, je sens une petite chose dans ma gorge et c’est un asticot étrange. 

-Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je deviens tout petit, dis-je en paniquant et en rapetissant  de plus en plus. 

Quelques secondes plus tard, je suis dans le monde des insectes, qui me regardent bizarrement. Mais c’est normal, parce que moi je suis restée humaine. J’ai rapetissé et c’est tout…

Et puis là, je vois apparaître un mille-pattes qui tourne autour de moi et me regarde étrangement, lui aussi.

-Qui es-tu ?, demande le mille pattes.

– Je suis un humain et à cause des saletés d’asticots, j’ai rapetissé, dis-je en m’énervant.

– Comment ça ? Qu’est ce qu’il t’est arrivé ?

– Je mangeais délicatement une pomme dans mon jardin, et là, paf ! J’avale  une saleté d’asticot en même temps, dis-je. 

– Elles se faufilent partout, ces bestioles, dit le mille pattes.

– Ah, ça c’est vrai, et voyez-vous, maintenant, je vais rester petit et moche pour toujours, dis-je en pleurant.

– Mais non, et tu n’es plus seul, maintenant que je t’ai écouté. Je veux bien rester avec toi, dit le mille pattes. 

– Merci, c’est gentil.

– De rien, et en plus, on a un point commun parce que moi aussi, je n’aime pas les asticots ! 

Et ils repartent à deux, heureux de se connaître…

 Ma phrase préférée dans ce texte, c’est : ‘ »Tu n’es plus seul maintenant que je t’ai écouté » C’est tellement vrai ! Bien dit, Noémy ! A présent, lisons :

La framboise magique (un titre que j’ai ajouté, car il n’y en avait pas…)

Aujourd’hui, dans mon jardin, j’ai trouvé une framboise. Sans hésitation, je l’avale, et pouf !, me voilà devenu grand comme une fourmi ! Je me trouve maintenant en très mauvaise posture ! Bon, voyons le bon côté des choses, c’est un peu comme dans Alice au pays des merveilles. Je dois juste trouver le « buvez-moi ».

Je me mets à chercher le « buvez-moi » quand j’entends quelque chose. C’est une cigale et elle est en train de chanter : « Allumez le feu« . Et je lui demande où est la buvette la plus proche.

– C’est derrière le banc, répond-elle.

– Ok, merci.

Je fonce vers le banc quand soudain une araignée me chasse avec un fusil. Je cours comme je peux et je m’agrippe à une sauterelle qui m’emmène à la buvette en quelques bonds. Je la remercie et je bois le « buvez-moi ». Je retrouve ma taille et c’est pourquoi, dès que je vois une araignée, je fuis à toutes jambes !

(Sylvain D.)

Quelle imagination !

Alice au pays des Merveilles par Matthieu D.

Alice au pays des merveilles par Matthieu D. (suite)

Les aventures d’Ulysse (suite), un nouvel exemple de malédiction

Les malédictions peuplent les contes de fées, les légendes égyptiennes, mais aussi les aventures des héros de l’Antiquité. Voici un devoir que j’ai trouvé original, car il contient une …demi-malédiction ! Pour rappel, les consignes données pour cette rédaction étaient les suivantes : « Ulysse et ses compagnons se sont perdus dans une forêt où habite un montre terrifiant. Le monstre les attaque et Ulysse arrive à le mettre en fuite, mais le monstre le maudit avec ses compagnons. Racontez cet épisode au présent en utilisant des épithètes homériques. Le courage d’Ulysse et l’aspect terrifiant du monstre doivent être évoqués. La malédiction prononcée par le monstre doit être rédigée au futur. »

« La forêt aux mille secrets  

Ulysse le bienveillant et ses compagnons arrivent dans une forêt gigantesque qui leur est inconnue. Ils entendent un bruit, ils croient que c’est un animal. Cinq cent mètres plus loin, ils aperçoivent une caverne. Ils se précipitent dedans et là, ils voient la chose la plus horrible qu’on puisse imaginer : un monstre ! Il fait deux mètres de haut et à première vue, cent kilos. Il a une tête de lion et un corps de taureau. Ulysse le courageux prend son épée et la plante dans le pied du monstre. Le monstre crie et s’enfuit. Deux minutes après, il revient et prononce cette malédiction : « Vous m’avez blessé alors que je ne vous ai rien fait. Je vous maudit ! Vous serez dans la pauvreté le reste de votre vie, votre famille mourra et vous, vous ne pourrez pas mourir. Vous vivrez dans la solitude, le désespoir envahira vos pensées et… »

Ulysse coupe la tête du montre. Ulysse et ses compagnons repartent avec la moitié d’une malédiction ! 

« Le voyage dans le temps », une malédiction

Dans l’univers des contes, une malédiction est un maléfice, un mauvais sort que l’on reçoit des puissances magiques, par exemple, cracher des serpents et des crapauds comme cela se produit pour la jeune fille fort désagréable et mal élevée des « Fées » de Charles Perrault.

Voici la malédiction rédigée par un élève de sixième. Elle ne s’inscrit pas dans l’univers des contes de fées, mais plutôt dans celui des malédictions égyptiennes, toutefois ce texte a été très apprécié lors de sa lecture en classe.

« Le voyage dans le temps 

Un jour, je m’étais endormi pendant le cours d’Historie-géo. Le professeur m’avait vu dormir alors il m’avait fait remonter le temps. J’étais dans un désert aride avec mon cartable. Malheureusement, il n’y avait plus d’eau. C’est alors que je vis une énorme ombre triangulaire : c’était la pyramide de Khéops. J’entrai à l’intérieur et je découvris un squelette avec une carte en papyrus. Je la pris et je compris ce que c’était : il s’agissait de la carte de la pyramide. Alors je la regardai et je vis les pièges indiqués sur la carte.

Je m’aventurai dans le fond de la pyramide en évitant tous ces pièges.  C’est là que je me retrouvai devant le trésor du pharaon. Je le pris et le mis dans mon cartable. Et quand j’eus [fini], je revins au présent sur ma table. C’est alors que le professeur posa cette question : « Qui avait volé le trésor de Khéops ? »Je répondis : 

« – C’est moi, Monsieur !

– Très drôle ! On ne sait pas qui l’a volé ! »

(Damien L.)

Les objets magiques

Il y a quelques semaines, lorsque nous avons travaillé sur les contes, j’ai demandé à mes élèves de sixième d’imaginer un « objet magique », tel que la lampe merveilleuse d’Aladin, mais en faisant en sorte que cet « objet magique » soit un objet de leur quotidien. Ils ont fait preuve d’enthousiasme dans la réalisation de ces petits contes. En voici donc quelques uns. J’ai corrigé les fautes d’orthographe et ajouté entre crochets, quand il le fallait, quelques précisions utiles à la compréhension des textes :

Supers chaussures

Un jour, je m’entraînais [à la course] avec Sammy. Je lui dis : « Je vais boire derrière les buissons. » J’allai boire et je trouvai des chaussures Nike en or. Je dis : « Sammy, t’as vu mes chaussures en or avec des ailes en argent ? »

Je commençais à courir quand je dis : « Go or ». Les chaussures me firent courir super vite. Je finis alors deuxième du deux cent mètres et je gagnai la médaille d’argent.

[Je continuai à courir avec mes chaussures en or.] Mais un jour, je perdis le contrôle et je me cassai la jambe. Mes chaussures perdirent leur pouvoir. Le lendemain, je me retrouvai à l’hôpital avec un plâtre et je promis à ma mère que je ne remettrais plus ces chaussures en or. »

(Sriram R.)

Supers chaussures

L’illustration du texte par son auteur

 La brosse à dents merveilleuse

Un jour, alors que je me brossais les dents, j’entendis une voix qui me disait : « Tu n’es pas obligé de me tenir. Tu peux juste dire la formule Tu ne me tiens pas, mais je te brosse quand même les dents. Alors je brosserai tes dents sans que tu me tiennes. A toi d’essayer. »

Alors je lâchai la brosse à dents et je me précipitai hors de la salle de bains pour voir s’il n’y avait pas mon frère [quelque part] et si ce n’était pas une de ses blagues. Mais il n’y avait personne. Donc, j’allai me coucher, en décidant que je verrais cette histoire [plus tard].

Le lendemain, alors que je me brossais encore les dents, j’entendis la même voix que la veille, qui me disait la même chose. Alors j’essayai la formule pour voir si c’était vrai : « Tu ne me tiens pas, mais je te brosse quand même les dents. »

Je lâchai la brosse à dents et elle se mit à me brosser les dents. C’était fantastique. Je décidai de ne pas le dire à mes parents mais de garder le secret. Mais au bout d’un moment, la brosse à dents me dit qu’elle était très fatiguée [et] qu’elle voulait avoir des vacances. Donc, je pris une autre brosse à dents, mais qui n’était pas merveilleuse. Dommage !

(Romane H.)

L’armoire magique

Un jour, je me levai comme d’habitude pour aller à l’école. J’avais hâte d’être le soir car avec mes parents, j’allais aller à Alinéa pour acheter mon armoire. La journée se passa mal… D’abord, j’arrivai en retard à l’école, puis j’eus de mauvaises notes, et quand je revins chez moi, j’étais tellement surexcitée [à l’idée d’aller chercher mon armoire]!

[Nous allâmes chercher mon armoire à Alinéa.] Puis quand on revint, mon beau-père la monta. Le lendemain, je me réveillai avec ma nouvelle armoire à mes côtés. Je voulus m’habiller, mais quand j’ouvris la porte [de mon armoire], ma mère cria : « Dépêche-toi ! On va être en retard à l’école ! » [Alors je me dis :] « Je voudrais tellement que mes vêtements se mettent tout seuls sur moi ! »  Et hop, comme par magie, les vêtements auxquels je pensais apparurent sur moi. Et comme ça, tous les matins, je pouvais m’habiller très facilement et ne pas perdre de temps.

Mais un jour, alors que je rentrai de l’école, je ne vis plus mon armoire magique. Ma mère arriva et elle me dit : « J’ai vendu ton armoire magique beaucoup plus cher qu’on ne l’a achetée, comme ça tu pourras en acheter une autre plus belle ! »

Alors on alla acheter une nouvelle armoire… Arrivée dans ma chambre, je me disais qu’on ne pourrait jamais remplacer cette armoire magique, mais l’armoire qu’on avait acheté était vraiment plus belle que l’autre.

(Charlotte C.)

L’illustration de « l’armoire magique » par son auteur

 

Hommage à Jean-Pierre Siméon (suite)

Comme promis, voici d’autres poèmes écrits par mes élèves de sixième en hommage à celui de Jean Pierre Siméon intitulé « Neige ». Je vous rappelle que les élèves devaient prendre pour modèle ce texte pour en écrire un autre sur un thème différent. Très souvent, c’est le thème du soleil qui a été choisi, on se demande pourquoi !

Le soleil

Soleil, brûle fort

tourne sur l’espace

regarde dans le ciel

la trace de tes lumières

***

Tourne dans l’univers

illumine le monde

réveille les astronautes

laisse dans nos mains

une luminosité éclatante

***

Dauphin, merveilleux dauphin

ne reconnaît de l’hiver

que la froideur de la neige

qui lui prend sa chaleur

pour un très long mois

(Alexandre Tranchant)

Soleil

Mage, Ô Mage

brûle dans le ciel

réchauffe le monde

laisse derrière toi

la lumière de ton passage

***

Agité, grand agité, 

recouvre le monde

de ses rayons

laisse dans nos mains

une chaleur chaude

***

Salamandre rouge, salamandre jaune

ne connaît des nuages

que l’ombre de la brûme

qui lui prend sa peau

pour de très grandes pluies

(Sarah J. )

Voici un poème sur la nuit, pour changer :

Nuit

Monstre, gentil monstre

apporte sur ton dos

de beaux poèmes d’amour

laisse dans ma tête

la beauté de tes lèvres

***

Veilleuse, lente veilleuse

recouvre mon coeur

de diamants et de pluie

laisse dans nos mains

un rêve splendide

***

Hibou, sombre hibou

vole au-dessus de nous

l’air te ramènera

jusqu’à chez toi

là où ton frère t’attend

(Samantha N.)

Un poème sur la pluie :

Pluie

Bruine, jolie bruine

coule sur la fenêtre

court là devant nous

laisse sur le chemin

l’humidité de ses gouttes

***

Pluie, rapide pluie

descend sur la montagne

couvre le toit

laisse dans nos mains

ta divine mélodie

***

canard, beau canard

ne connaît de la pluie

que l’étang du champ

qui lui prend son eau

pour de très longs chemins

(Emma J.)

Deux autres sur la lune…

La lune

Ange, joli ange

dort sur un nuage

aime la nuit

laisse dans le ciel

la trace de ses passages

***

Lumière, forte lumière

illumine le ciel

raconte sa vie

laisse dans le ciel 

une lueur gaie

***

Chouette, belle chouette

ne connaît du soleil

que la tristesse du vide

qui lui prend sa beauté

pour de très longues journées

(Melen F.)

La lune

Lumière, blanche lumière,

passe par la fenêtre

glisse sur mon visage

laisse dans mon arbre

quelques étoiles

***

Dame, grande dame

enveloppe la Terre

de ta robe de soirée

laisse dans nos mains

une lumière d’espoir

***

Panthère, blanche panthère

ne connaît du jour

que son réveil

qui lui prend sa fourrure

pour de très grandes clartés

(Sylvain D.)

Les aventures d’Ulysse

En février, mes élèves de 6 A et de 6 E ont rédigé de nouvelles aventures d’Ulysse, avec les consignes suivantes : « Ulysse et ses compagnons abordent sur une île sur laquelle vit un monstre qu’ils vont devoir combattre. Rédigez cette aventure au présent en utilisant le vocabulaire du courage et des épithètes homériques. N’oubliez pas de décrire le monstre avec précision en utilisant le vocabulaire de l’horreur. »

Voici le texte rédigé par une élève à partir de ces consignes :

Lîle aux mille terreurs

Aujourd’hui, Ulysse et ses compagnons sont dans leur bateau et font un arrêt sur l’île aux mille terreurs. Sur la plage, ils entendent un énorme cri. Ils décident d’aller voir et s’enfoncent dans une immense grotte sans fond. Plus loin, ils aperçoivent un énorme monstre immonde et repoussant avec des griffes crochues, une haleine fétide, des ailes recouvertes d’écailles rouges et une immense tête.

Le monstre s’avance et Ulysse découvre que c’est un dragon. Il sort son épée et se lance sur la créature avec ses compagnons. Le dragon aux écailles crache une énorme flamme qui manque de peu Ulysse, mais quelques  compagnons sont terriblement brûlés. Ulysse décide de prendre une énorme pierre et de la jeter sur une aile du dragon pour qu’il ne puisse plus voler. Le dragon continue de lancer des jets de flammes.

Ulysse et le reste de ses compagnons prennent une énorme pierre et la lancent sur le monstre. La pierre touche son aile. Le dragon s’écroule et Ulysse lui plante son épée dans le pied. Le dragon pousse un hurlement épouvantable et donne un grand coup de queue à Ulysse qui tombe par terre. Le dragon se relève et écrase les compagnons d’Ulysse, qui maintenant est seul. Ulysse se relève, plein de courage et de ruse, et monte sur le ventre du monstre. Il lui plante son épée en or en plein cœur.  Le dragon perd peu à peu la vie et Ulysse, seul, maintenant, retourne dans son bateau.

Voici une autre réalisation à partir du même sujet :

Arias l’infâme

Après une terrible nuit en mer, Ulysse et ses compagnons accostent sur une île terrifiante. Elle semble abandonnée. Un cri surgit de nulle part : 

-Partez ! Ou vous subirez ma colère ! Je suis Arias l’infâme, celle qui vous tuera !

– Tu ne me fais point peur, dit Ulysse aux mille ruses. Puis il dit à ses compagnons terrorisés : 

– N’ayez crainte, nous terrasserons ce monstre ! 

Ulysse aux mille ruses part. Ces compagnons décident de le suivre. 

Ulysse arrive devant une immense grotte. Il dit :

– Arias ! Es-tu là ?

Arias sort, toute la végétation fane et une horrible odeur se répand. La créature déplie ses ailes noires et répugnantes et dit :

–  Tu vas mourir !

Ulysse sort son épée, Arias sort ses griffes et attaque Ulysse. Celui-ci dit à ses compagnons :

– Allez dans la grotte, je vous rejoins !

Après ces mots, l’équipage exécute l’ordre. Ulysse contre l’une des attaques d’Arias et se met à courir en direction de la grotte. Arias le suit. Il y avait un grand feu avec des branches. Ulysse prend une branche et la met dans le feu puis il jette la branche sur Arias et brûle ses ailes. Il lui dit : 

-Tu as reçu ton châtiment de la part d’Ulysse aux mille ruses.

Ulysse et ses compagnons repartent tous sur la mer violette et ils retournent à Ithaque. 

(Sarah J.)

Ce devoir était un simple entraînement d’écriture. L’évaluation que j’ai donnée à la fin de l’unité comportait une rédaction plus complexe, avec les consignes suivantes :

« Ulysse et ses compagnons se sont perdus dans une forêt où habite un montre terrifiant. Le monstre les attaque et Ulysse arrive à le mettre en fuite, mais le monstre le maudit avec ses compagnons. Racontez cet épisode au présent en utilisant des épithètes homériques. Le courage d’Ulysse et l’aspect terrifiant du monstre doivent être évoqués. La malédiction prononcée par le monstre doit être rédigée au futur ».

Les semaines précédentes, nous avions étudié les descriptions de monstres et les malédictions qui frappent les héros dans plusieurs extraits de l’Odyssée d’Homère et de l’Enéide de Virgile. Nous avions largement commenté les épithètes homériques (« Ulysse aux mille tours », « la mer violette »…) et appris à rédiger des malédictions au futur, sans oublier le combat d’Ulysse avec un monstre, dont nous venons de lire un exemple. Construire ce nouveau récit était certainement plus difficile, mais les élèves ont eu deux heures entières pour cela et la possibilité de s’aider d’un brouillon avant de rédiger.

Voici l’une des copies qui m’a été rendue au terme de cette rédaction consacrée aux héros de l’Antiquité. J’ai corrigé les fautes d’orthographe, d’ailleurs peu nombreuses :

Le monstre de la forêt de l’oubli

Ulysse le courageux et ses compagnons se sont perdus dans la forêt de l’oubli. Ils essaient de retrouver leur chemin mais ils n’y arrivent pas. Ils commencent à se dire qu’ils resteront dans cette forêt jusqu’à leur mort quand soudain, un monstre surgit des buissons. C’est le monstre de la forêt de l’oubli. Il est énorme et couvert de boue. Il a quatre jambes, quatre bras et six yeux. Il a de très grandes dents où il y a de la lave qui coule. Ses mains sont pleines de sang écarlate.

Ulysse le courageux sort son épée étincelante et dit à ses compagnons de reculer. Il charge le monstre de la forêt de l’oubli qui l’esquive. Puis l’un des compagnons d’Ulysse passe derrière le monstre et lui coupe une jambe. Le sang coule sur le sol. Le monstre tombe, mais se relève. Alors, Ulysse le courageux brandit son épée étincelante et la plante dans !’un de ses bras. Le monstre de la forêt de l’oubli s’enfuit en prononçant une malédiction qui est : « Tu ne retrouveras jamais ton bateau et tes compagnons mourront tous, mais pas toi. Tu resteras tout seul au milieu de la forêt de l’oubli pour essayer de trouver de quoi manger. »

Peut-être manque-t-il une petite phrase ou deux de conclusion que je vous laisse imaginer…Les répétitions sont normales, puisque j’avais expliqué aux élèves que les épithètes homériques ne le sont que si elles sont répétées, la répétition faisant partie de la poésie et notamment de la poésie orale.

Voici un autre devoir réalisé à partir du même sujet, particulièrement réussi. Je n’ai pas corrigé un néologisme, que je vous laisse retrouver :

Le phénix noir aux flammes bleues  

Ulysse et ses compagnons sont sur l’île de Thérabitia, dans la célèbre forêt aux mille dangers. Cette forêt abrite toutes sortes de monstres, méchants et pacifiques. Ulysse et ses compagnons sont perdus quand d’un coup, ils s’arrêtent net. Ils ont un phénix aux mille gentillesses devant eux. « Les phénix aux mille gentillesses sont réputés pour être très aimables », chuchote un ami d’Ulysse. Ulysse et ses compagnons le saluent comme il se doit, mais ce phénix n’est pas comme les autres : « Oh non !, chuchote un autre ami d’Ulysse, ce n’est pas un phénix aux mille gentillesses, mais son pire ennemi, le puissant et terrible phénix noir aux flammes bleues ! »

Le terrifiant phénix noir aux flammes bleues a les ailes déchirées et il a de belles mais ravageantes flammes bleu vif. Le phénix aux mille vies commence à attaquer Ulysse et ses compagnons. En un coup d’aile vif et rapide comme le son, le phénix aux mille vies fait virevolter les compagnons d’Ulysse.

Ulysse est seul. Il peut fuir à toutes jambes, mais le courageux Ulysse attaque le monstre de toutes ses forces. Impuissant, le phénix aux mille vies fuit en prononçant ces mots : « Pour votre férocité à mon égard, par les forces de la nature, cette forêt s’enflammera et vous périrez tous sans exception ! Vous descendrez dans le Tartare et mon souvenir hantera vos plus profondes entrailles !

Ulysse et ses compagnons ont réussi mais ils craignent cette terrible malédiction…

(Nicolas C.)   

Le phénix noir aux flammes bleues par son auteur

Quelques poèmes en hommage à Jean-Pierre Siméon

En janvier, mes élèves de 6 A et de 6 E ont rédigé des poèmes inspirés par celui de Jean Pierre Siméon : « Neige », extrait du recueil A l’aube du buisson, publié en 1985. Un poème d’actualité (!) que je vous propose de découvrir :

Neige

Fantôme léger fantôme

court sur le toit

danse à la fenêtre

laisse dans le jardin 

la blancheur de ses pas

***

Dormeuse, lente dormeuse

couve le paysage

endort sa mémoire

laisse dans nos mains

une lumière froide

***

Ourse belle ourse blanche

ne connaît du printemps

que l’élan du ruisseau

qui lui prend sa fourrure

pour de très longs voyages

Les élèves devaient simplement remplacer certains mots que j’avais soulignés dans ce texte pour inventer un poème de leur choix évoquant autre chose que la neige : par exemple, la pluie, la nuit, la lune, le soleil, la joie, la tristesse… Ils avaient aussi le droit de choisir leur thème et devaient conserver la structure du poème, c’est-à-dire les trois strophes, mais aussi la structure syntaxique et les classes de mots, dans la mesure du possible. Ils devaient aussi respecter l’organisation sémantique du poème, qui associe la neige à une personne, dans les premières strophes (« fantôme », « dormeuse »), puis à un animal (« ourse »), dans la troisième strophe.

Bien sûr, nous avions préparé ce travail par de petits exercices d’écriture et toutes les leçons précédentes, mais ce n’était pas si simple, à mon avis. Ils ont plutôt bien réussi, dans l’ensemble, et je les félicite. Voici certains de leurs écrits et vous verrez que le thème préféré a été le soleil, qui nous manque tant en Seine et Marne !

Le soleil

Lumière, puissante lumière

traverse les planètes

éclaire nos vies

laisse dans l’univers

ta magnifique valeur

***

Envoûteur, brillant envoûteur

réchauffe nos cœurs

fais-les scintiller

laisse dans nos mains

l’avenir de demain

***

Tigre, vaillant tigre,

ne connaît de la lune

que sa blancheur écarlate

qui lui prend sa chaleur,

pour de très froides nuits…

(Nicolas C.)

Encore le soleil…

Le soleil

Créateur, puissant créateur

monte sur la voix

rayonne sur la colline

laisse dans le village 

 la chaleur de ses âmes

*** 

Lumière, douce lumière

éveille le paysage

réveille sa splendeur

laisse dans nos mains

un rayon lumineux

*** 

Lion, beau lion orange

Ne connaît du paradis

que la force de la lumière

qui lui prend sa couleur

pour de très longs voyages

(Quentin D.)

Et toujours le soleil !

Soleil

Soleil chaud, chaud soleil

éclaire la terre

illumine la vie

laisse dans le ciel

un rayon de lumière

***

Soleil, soleil si chaud

éclaire le jour

offre-nous ta lumière

laisse dans nos mains

des gouttes de lumière

 ***

Dragon, crache du feu

ne connaît du froid

que la chaleur de la lave

qui lui prend sa beauté

pour de très longs moments

(Maxime B.)

Le vent, la pluie, la nuit, la lune et la guerre ont aussi été représentés. Voici le vent :

Le vent 

Ange, merveilleux ange

galope sur les feuilles

joue dans la forêt

laisse dans la montagne

le froid de sa mélodie

***

Danseur, beau danseur

Apporte la tristesse

réveille sa beauté

laisse dans nos mains

un papillon glacé

*** 

Lapin, gentil lapin

ne connaît de l’hiver

que la beauté de la neige

qui lui prend sa grâce

pour de très longues années

(Manon G.)

  Voici la nuit, par l’auteur du premier « Soleil », qui a été plébiscité par les élèves pour la qualité de ses textes :

La nuit 

Gentleman, galant gentleman

voyage dans la galaxie

tangue dans le ciel

laisse dans l’infini

tes brillantes étoiles

***

Rêveuse, profonde rêveuse,

endort le monde

fais le rêver

laisse dans nos mains

notre belle vie

***

Panthère noire, timide panthère noire,

ne connaît de la journée

que le soleil levant,

qui lui prend sa chaleur,

pour de très courtes existences…

(Nicolas C.)

J’ajouterai d’autres poèmes dès que j’aurai un peu plus de temps pour constituer une petite anthologie qui fera honneur, je l’espère, à Jean Pierre Siméon…

 

Bienvenue

Bienvenue sur ce blog qui présentera les travaux de mes élèves, ainsi que les consignes qui leur permettent de les réaliser. N’hésitez pas à laisser des commentaires pour nous encourager.

E. Doublet, professeur de français au collège Fernand Gregh de Champagne sur Seine.