Clathrates: la glace XVI, une solution pour l’énergie du futur?

La glace XVI est capable de piéger des molécules gazeuses pour former des composés appelés clathrates ( piégeant du méthane dans le permafrost et le fond des océans ).

Des chercheurs viennent de créer un échantillon de glace XVI:

Cette nouvelle forme de glace, la glace XVI , pourrait ouvrir des perspectives intéressantes pour la production et le stockage de l’énergie …


  • La glace XVI et les clathrates ?

Tout d’abord, quelques rappels sur l’eau

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Diagramme e phase de l’eau /wikipédia @Olivier Descout — licence CC BY-SA 3.0

La formule chimique de l’eau est H2O.

Elle existe sous trois états ( gazeux « vapeur », liquide et solide « glace ») bien connus de nous tous.

Suivant les conditions de température et de pression auxquelles l’eau est soumise, un grand nombre de formes solides, c’est à dire de glaces différentes, peuvent exister.

  La glace ordinaire que nous connaissons tous appelée Ih a été découverte au début du XXième siècle par G Tammann, d’autres formes ont ensuite été découvertes  par P.W. Bridgman

On connait  actuellement de nombreuses formes cristallines de glace.

  • La glace XVI, est la moins dense de toutes les formes de glace connues

 clathrates/ glace XVI

Des atomes de néon s’échappant d’une structure II de clathrate. Crédit: Falenty et al., Nature

Elle possède une structure fortement symétrique, formant des cages.

Elle est capable de piéger des molécules gazeuses pour former des composés appelés clathrates ou hydrates de gaz.

  • Mieux connaitre les clathrates?
  1. Ils renferment d’énormes quantités de méthane et d’autres gaz. la quantité totale de méthane enfermée dans les clathrates des fonds océaniques dépasse largement les réserves économiquement exploitables de carbone  et sont très difficiles à utiliser pour le moment. La recherche sur ce sujet est importante
  2. Ils sont situés dans le permafrost et dans de vastes couches sédimentaires au fond des océans.
  3. Leur décomposition éventuelle pourrait avoir des conséquences pour notre planète ;

Une meilleure compréhension de leurs propriétés est donc un objectif majeur pour la Planète.

  • Le premier clathrate vide vient d’être présenté des chercheurs de l’université de Göttingen et de l’Institut Laue Langevin (ILL) ( article publié dans la revue Nature)

C’est un cadre de molécules d’eau dont on a retiré toutes les molécules hôtes.Ce clathrate vide a longtemps été considéré comme purement hypothétique

Son rôle est déterminant  pour la compréhension de la chimie physique des hydrates de gaz.

« Ce type de recherche pourrait contribuer à faciliter l’écoulement du gaz et du pétrole dans les pipelines dans les environnements à basses températures et permettre d’accéder à des réserves de gaz naturel inexploitées au fond des océans … » source ILL

  • Comment l’échantillon  de glace XVI a-t-il été créé?

Les chercheurs ont synthétisé un clathrate rempli de molécules de néon, qu’ils ont ensuite enlevées en les pompant délicatement à basses températures.

L’utilisation de petits atomes comme ceux du gaz néon permettait de vider le clathrate sans compromettre sa fragile structure.

« Pour y parvenir, le clathrate de néon a été pompé dans un vide à des températures avoisinant 140° K, pendant que les données de diffraction neutronique étaient collectées en utilisant le diffractomètre de pointe D20 de l’ILL. Les données obtenues ont permis de confirmer que le clathrate avait bien été entièrement vidé, et ont fourni une image complète de sa structure … » voir la suite sur le site de l’ ILL

  •  On pourrait extraire le méthane stocké au fond des océans  et le remplacer par du CO2 …

 

« Il faut savoir que l’on peut aussi former des clathrates avec du dioxyde de carbone, qui est stable dans les conditions des fonds océaniques. Cela signifie qu’il existe une possibilité d’extraire le méthane de son hydrate pour le transformer en  énergie utile, en le remplaçant par le CO2.  Autrement dit, on pourrait envoyer le CO2 au fond des océans pour prendre la place du méthane dans les clathrates. Un défi de taille, certes, et dont la faisabilité pose question, mais cela reste une possibilité fascinante qui vaut la peine d’être approfondie. » précise Thomas Hansen, un des auteurs de l’étude et responsable de l’instrument D20 à l’ILL

Une meilleure connaissance de la glace XVI et des clathrates est essentielle pour l’avenir de notre planète :on pourrait être capable d’extraire le méthane piégé et accéder à des réserves inexploitées au fond des océans .Cette recherche pourrait aussi contribuer à faciliter l’écoulement du gaz et du pétrole dans les pipelines dans des environnements à basses températures.

Source partielle de l’article: communiqué de presse de l’ Institut LAUE-LANGEVIN

Et si marcher sur un plancher océanique était possible ?

Vous ne rêvez pas, marcher sur un plancher océanique, bien au sec   …. C’est bien possible

Quelques exemples …

  • Au sommet des Alpes,  c’est possible dans le massif du Chenaillet 

On peut y observer des  laves  basaltiques en forme d’oreillers typiques des fonds marins .

 

 

 

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Attention! Le mont Chenaillet a une altitude de 2650 m, il fait partie du massif du Queyras dans les Alpes, située dans les Hautes-Alpes près de la frontière Italienne. Il n’est donc pas conseillé d’y aller à Pâques à cause de l’enneigement ! 

Les alpes, un océan disparu

Dans les alpes affleurent donc des roches qui contiennent des témoins minéralogiques des conditions de pression et température d’une subduction . Il s’agit d’éléments d’une ancienne lithosphère océanique subduite et ramenée en surface  (obduction)

voir Le Chenaillet, une excursion à travers une ophiolite.

 Voir le site de Christian Nicollet, professeur à l’Université Blaise Pascal de Clermont Fd, au sein du Département des Sciences de la Terre.

  • A Oman

« C’est un haut lieu de la géologie car il est possible de marcher « à pieds secs » (ou presque !) sur un fond océanique… vieux d’environ 100 millions d’années.

En effet, la « Nappe de Semail », longue de 500 km et large de 50 à 100 km, est un fragment de lithosphère océanique transportée (on dit « obductée ») sur le continent lors du rapprochement de l’Iran et de l’Arabie au Crétacé supérieur « … voir la suite sur VOLCANMANIA : le blog de Jacques-Marie BARDINTZEFF, volcanologue.

Volcan_Etna_(Italie)

J.M. Bardintzeff /Etna. photo Laurenti André 

Jacques-Marie Bardintzeff est professeur agrégé et docteur d’État en volcanologie. Il enseigne à l’université Paris-Sud 11 sur le campus d’Orsay et à l’Université de Cergy-Pontoise.

Voir des images des ophiolites d’Oman

  • Il y a environ 150 ophiolites qui reposent sur la croûte continentale à travers le globe. Elles ont entre 2 Ga (au Québec) et 2 à 3 Ma (au Chili).

On admet depuis les années 1960-70, à la suite de l’étude des ophiolites méditerranéennes (Troodos à Chypre) et de celle d’Oman, que ces ophiolites représentent des portions de lithosphère océanique mise en place tectoniquement sur la lithosphère continentale.

Le charriage tectonique qui en est responsable est appelé obduction par Coleman (1971) voir la suite ici

  • On peut également marcher sur un plancher océanique en Islande ….mais il s’agit là d’un fragment de la  dorsale médio-atlantique émergée et d’un point chaud . A voir ici
  • Islande

Voir les bases de la tectonique des plaques ( niveau quatrième)

Le diaporama « À la recherche des océans disparus dans les montagnes françaises »

Rosetta: l’eau sur Terre ne vient pas de Tchouri

Mission Rosetta:Les résultats des premières mesures de l’instrument ROSINA ne valident pas l’hypothèse de l’origine cométaire de l’eau sur Terre

ROSINA?
ROSINA: Rosetta Orbiter Spectrometer for Ion and Neutral Analysis.

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@CNES Rosetta_Philae

« ROSINA est constitué d’un spectromètre de masse à focalisation double, d’un spectromètre de masse à temps de vol de type réflectron et de 2 jauges de pression. ROSINA déterminera la composition moléculaire, élémentaire et isotopique du matériau volatile de la coma ainsi que la densité, la vitesse et la température du gaz cométaire ». source CNES

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@ESA Rosina

Les résultats sont en désaccord avec les hypothèses qui attribuent une origine cométaire à l’eau présente dans l’atmosphère et les océans terrestres.

Le rapport D/H  est de 5,3 ±0,7 10-4  pour tchouri alors que sa valeur pour la Terre est 1,55 10-4.

 » Les premières mesures de l’instrument ROSINA de la mission Rosetta révèlent que le rapport Deutérium/Hydrogène (ou D/H) de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko est fortement enrichi en deutérium.

Ces résultats sont en désaccord avec les hypothèses qui attribuent une origine cométaire à l’eau présente dans l’atmosphère et les océans terrestres. Ils indiquent également que les comètes de la famille de 67P ne sont pas originaires d’une unique région, la ceinture de Kuiper : certaines pourraient provenir du nuage de Oort.

Cette étude internationale, à laquelle participent des laboratoires rattachés au CNRS, à l’université Toulouse III–Paul Sabatier, à l’UPMC, à l’UVSQ, à l’université d’Orléans, à l’université de Lorraine et à l’université de Franche-Comté, avec le soutien du CNES, est publiée dans Science Express le 10 décembre 2014.

Nés il y a 4,55 milliards d’années, les différents corps qui composent le Système solaire – Terre, planètes, astéroïdes et comètes – ont, au départ, été formés à partir du même nuage de gaz et de poussière : la nébuleuse protosolaire.

À partir de cette origine commune, ils ont évolué différemment en fonction de leur orbite, et donc de leur exposition au rayonnement solaire. Très éloignées du Soleil pendant l’essentiel de leur vie, les comètes n’ont pratiquement pas évolué et constituent les témoins privilégiés des conditions qui prédominaient lors de la naissance du Système solaire.

Les compositions isotopiques de leurs principaux constituants sont donc susceptibles de fournir des informations uniques pour décrire les conditions et les processus de la formation du Système solaire, et notamment l’origine de l’eau sur Terre… voir la suite du communiqué de Presse: Rosina

Vous pouvez consulter mon article, très complet,  sur la mission Rosetta ici

Vision: les abeilles préfèrent se servir de l’image globale …

Contrairement à la plupart des animaux étudiés, les abeilles utilisent l’image globale …

AuroreAvargues4 Aurore Avarguès-Weber, premier auteur de l’article, va recevoir une des bourses françaises L’Oréal – UNESCO pour les Femmes et la science pour l’ensemble de ses travaux sur la cognition chez les abeilles.

 

 

 

Des précisions sur le » langage » et la vision des abeilles:

L’abeille navigue  dans son environnement  pour repérer ses sources de nourriture  autour de sa ruche :

  • Karl Von Frisch a montré que les abeilles, lorsqu’elles ont trouvé une source de nourriture, sont capables, à leur retour à la ruche, d’en indiquer l’emplacement à leurs congénères en effectuant une « danse » caractéristique.

  • Une équipe du CNRS dirigée par Martin Giurfa a montré que les capacités cognitives de reconnaissance des formes visuelles des abeilles domestiques sont similaires à celles des hommes et des primates.

© CNRS - Martin Giurfa

© CNRS – Martin Giurfa

« Avec à peine 950 000 neurones dans leur cerveau (contre 100 billions dans le nôtre) l’abeille domestique possède une stratégie de reconnaissance des images complexes. Pour arriver à cette conclusion, ils ont entraîné des abeilles avec une succession de stimuli partageant tous une configuration de base définie par la position constante dans le champ visuel de quatre lignes orientées différemment (une horizontale, une verticale et deux diagonales). Ils ont montré que les abeilles sont capables de retenir cette configuration simplifiée et de choisir des nouveaux stimuli qu’elles n’ont jamais vus mais qui préservent cette configuration. Ainsi, les résultats de cette étude montrent d’une part comment se fait une représentation d’images complexes au niveau du cerveau d’un invertébré et d’autre part que ces représentations leur permettent de réaliser des tâches de catégorisation visuelle. La similarité entre les stratégies de reconnaissance visuelle adoptées par les abeilles et par l’homme est frappante ! » voir plus de détails ici 

  • Des bioroboticiens de l’Institut des sciences du mouvement (CNRS / Université de la Méditerranée) ont montré que l’abeille se révèle capable d’ajuster sa vitesse en fonction des distances qui la séparent des obstacles, y compris dorsaux. Cela lui est possible grâce au défilement visuel perçu, notamment au-dessus de sa tête.

    « Comment une créature aussi minuscule que l’abeille, dont le cerveau est plus petit que celui d’un oiseau, parvient-elle à contrôler son vol et ainsi, à éviter les obstacles en vol ou au sol ? On sait aujourd’hui que les prouesses sensori-motrices de ces miniatures volantes reposent sur un système nerveux composé de cent mille à un million de neurones. Lorsque l’insecte vole au-dessus du sol, l’image de l’environnement défile d’avant en arrière dans son champ visuel, créant ainsi un flux optique défini comme la vitesse angulaire à laquelle défilent les contrastes présents dans l’environnement. Par définition, ces flux optiques sont fonction du rapport entre la vitesse et les distances aux surfaces… » voir le communiqué du CNRS ici

  • Les travaux d’Aurore Avarguès-Weber et de Martin Giurfa du Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) montrent que, contrairement à la plupart des animaux étudiés, les abeilles préfèrent compter sur la forme générale. Tout comme les humains, elles utilisent en priorité l’image globale
    © Aurore Avarguès-Weber Abeille devant un stimulus hiérarchique : un triangle (forme globale) composé de disques (détails). Le dispositif au centre permet de récompenser l'abeille par une goutte de liquide sucré.

    © Aurore Avarguès-Weber
    Abeille devant un stimulus hiérarchique : un triangle (forme globale) composé de disques (détails).
    Le dispositif au centre permet de récompenser l’abeille par une goutte de liquide sucré.

    « La perception visuelle a été étudiée en profondeur chez l’Homme et chez divers animaux, notamment des primates, afin de déterminer comment la vision permet de traiter et d’appréhender les images du monde qui nous entoure. Jusqu’à présent, les études indiquaient une différence profonde entre l’Homme et l’animal dans la façon de traiter des images : alors que l’Homme priorise une perception visuelle globale avant les détails, ce qui lui permettrait une reconnaissance plus rapide et efficace des objets, les animaux étudiés suivent en général la stratégie opposée : le détail passe avant la perception globale.L’abeille dépend fortement de la vision pour naviguer efficacement dans son environnement et pour repérer et reconnaitre aussi bien les fleurs exploitées que sa ruche et ses alentours. Il était donc logique de s’intéresser à la perception visuelle de ce petit insecte.

    Cette étude, réalisée en collaboration avec des chercheurs australiens, met en évidence une exception à la différence homme/animal généralement observée. Les résultats obtenus montrent que, lorsqu’elles doivent choisir entre utiliser les détails ou la forme globale d’une image pour reconnaître une source de nourriture, les abeilles préfèrent se servir de la forme globale.

    Les chercheurs ont utilisé des stimuli dits hiérarchiques, c’est-à-dire des images comportant deux niveaux d’analyse : une forme géométrique globale constituée par plusieurs éléments plus petits ayant une forme différente. Les abeilles ont été entraînées à rentrer dans un labyrinthe en forme de Y où elles doivent choisir entre deux images situées à chacune des branches, comme par exemple un triangle (forme globale) construit avec des petits disques (détails) d’une part et un carré construit avec des losanges d’autre part. Le choix d’un des stimuli était récompensé avec une gouttelette de sucre et l’autre pas…. »voir le communiqué du CNRS en entier Perception visuelle

    Quels sont  les mécanismes neuronaux qui confèrent de telles facultés à cet insecte, là où des structures cérébrales infiniment plus complexes semblent requises chez les humains? à suivre