Comment avoir (vraiment) de la valeur ?

Source : https://bdi.dlpdomain.com /album/9782205073232-couv.jpg

H$E : Human Stock Exchange est une trilogie de bandes dessinées écrite par Xavier Dorisson et Thomas Allart.

L’histoire se déroule dans un futur proche où le monde que nous connaissons est bouleversé par une énorme crise économique. Le protagoniste, Féli Fox, est un jeune homme qui vit avec sa compagne, Rachel. Tout comme la majorité de la population, il est en proie à de gros problèmes d’argent. Il décide donc de se faire coter en bourse grâce à H$E, une entreprise très riche permettant à ses clients de «se vendre » sur le marché car la valeur humaine est celle qui rapporte le plus dans cette société. Plus vous êtes en bonne santé, plus vous travaillez bien, plus vous prenez soin de vous, plus vous valez cher ! S’ensuivent des problèmes économiques et sociaux pour notre héros qui le poussent par exemple à ne plus passer assez de temps avec sa compagne, à la rejeter de plus en plus au profit de sa cote. Beaucoup de ces problèmes sont au cœur de l’intrigue mais reste pour le moment sans réponse car je n’ai lu que le premier tome… Vivement la suite !

 

Source : https://www.planetebd.com/ bd/dargaud/hse-human-stock-exchange/ -/17502.html

J’ai beaucoup aimé cette œuvre car l’histoire est intéressante et pourrait refléter notre futur, dans un monde où tout se vend et s’achète. Le fonctionnement du H$E, et le fait de vouloir « se vendre » pour de l’argent soulève beaucoup de questions essentielles sur l’être humain. Les hommes préfèrent-ils être économiquement riches en se vendant, ou moralement riches en restant maître d’eux-mêmes et de leur destin ? Personnellement, je pense que le fait de « se vendre » est la pire chose possible, même pour se sortir d’une situation économique difficile. Est-ce le réel besoin d’argent et la précarité qui en découle qui mène à l’inhumanité morale ? Ou est-ce la cupidité ? C’est ce type de questions qui nous viennent à l’esprit en lisant cette histoire qui nous fait réfléchir et voilà pourquoi je vous la recommande.

J’aime beaucoup le style de dessin proposé par Thomas Allart dans cette bande dessinée. Je trouve qu’il reflète bien les émotions des personnages. Si je devais donner quelques côtés négatifs à cette œuvre, je dirais que la manière de se coter en bourse est trop rapidement expliquée; j’ai été contraint de relire le passage plusieurs fois pour bien le comprendre. Je n’ai lu que le tome 1 pour l’instant, et j’espère que la suite sera tout aussi intéressante, mais je n’en doute pas !

La fin du tome 1 est plutôt inattendue et bien orchestrée afin de donner envie au lecteur d’entamer les tomes suivants.

J’attribue donc à cette œuvre la note de 4 étoiles !

Dorison, Xavier / Allart, Thomas / Chagnaud, Jean-Jacques / et al. HSE : human stock exchange, Tome 1. Dargaud, 06/2018. 55 p

 VANDEVOIR Victor, 1ère 1

Et pourtant je me suis perdu

La Carte et le territoire, Michel Houellebecq - Livres - Télérama.fr

Source : https://www.telerama.fr/livres/ la-carte-et-le-territoire,78765.php

La Carte et le territoire est un roman écrit pat Michel Houellebecq, paru en 2010 et qui a reçu le prix Goncourt.

Ce livre présente 2 aspects :

Tout d’abord, il met en scène la vie de Jed Martin, un artiste assez indécis qui se laisse en quelque sorte porter par les événements. Au début du roman, Jed prend des photos de pièces mécaniques, puis de paysages routiers, avant de se mettre à la peinture. Il n’arrête pas d’évoluer dans son milieu et devient un jour très riche et très célèbre, sans même qu’il ait le temps de s’en rendre compte !

Ce roman est aussi une sorte d’autobiographie de Michel Houellebecq, non pas que Jed le représente, mais parce que Houellebecq lui-même est un personnage de cette histoire ! Au début, il se représente comme un auteur qui ne prend pas soin de sa personne. Mais celui-ci veut vite se démarquer de cette image et se transforme en un homme qui sait que sa vie est terminée et qui, par conséquent, devient calme et patient, tout en profitant des petits plaisirs de la vie… jusqu’à un tragique événement ! Cependant, avant ce drame – je ne vous en dis pas plus – Jed va à la rencontre de Houellebecq afin qu’il écrive un catalogue d’exposition et donne son avis sur son travail (car l’avis de Houellebecq a de la valeur !). Au fur et à mesure de leur échanges, ils vont nouer une relation de confiance et d’amitié mutuelle.

Mon avis sur ce roman est très mitigé. D’un côté, j’ai plutôt bien aimé le fait que Houellebecq critique la société de consommation, comme par exemple à travers les œuvres de Jed qui prennent de plus en plus de valeur jusqu’à atteindre des sommes totalement monstrueuses, tellement grandes qu’elles n’ont même plus de sens ! Mais on se rend compte que cette réussite rend quasiment indifférents Jed et Houellebecq. Pour eux, ce n’est qu’une étape de leur vie qui a été franchie. D’un autre côté, je me suis vraiment ennuyé. Il y a beaucoup de descriptions, au point que j’ai eu l’impression de relire Au Bonheur des Dames de Zola ! Le pire est que l’auteur essaye de rendre ces centaines de pages de description « captivantes » en évoquant par moment des anecdotes assez inappropriées sur le sexe, que je trouve plus dérangeantes qu’autre chose. A chaque fois que l’écrivain évoque un nouveau sujet, ou crée un évènement, il part dans les extrêmes, imagine des choses qui à mon sens ne sont pas crédibles, mais tout en gardant une part de vérité, comme lors de la soirée du nouvel an chez Michel Bernault qui part vraiment en… « cacahuète ». En effet, l’homme de télé Patrick Le Lay se met à boire lors de cette fête, à boire beaucoup trop, au point qu’il se tourne en ridicule, qui plus est face de ses patrons. Peut-être que Houellebecq avait une dent contre lui ?

Je déconseille fortement ce livre aux jeunes lecteurs car il est trop long dans le sens où les événements s’enchaînent beaucoup trop lentement. En plus, vous ne serez pas captivé car (attention au spoil !) selon moi il n’y pas vraiment d’intrigue ! Mais attention, le fait qu’il prenne au passage un malin plaisir à critiquer ouvertement la société de consommation actuelle – en n’ayant pas peur des mots – est par moment jouissif et ça m’a aussi bien fait rire. C’est en utilisant des termes crus et forts que nos messages se font entendre par moment !

Par contre, j’ai attendu une réelle intrigue jusqu’à la fin du livre, de la première page à la 420ème. Le fait qu’il n’y en ait pas me laisse sur un sentiment de déception et me laisse « sur ma faim ».

PS : J’ai choisi cette image car on voit Houellebecq qui se cache derrière la couverture de son livre, comme si tous les propos qu’il y tient étaient excusés par le simple fait qu’ils sont dans une fiction. Mais bon, c’est assez contradictoire avec la réalité car Houellebecq les assume totalement !


Houellebecq, Michel. La carte et le territoire. Flammarion, 09/2010. 428 p.

Valérian Janquin 1ère1

Ce livre vous ouvrira les yeux !

Source : https://tse1.mm.bing.net/th?id=OIP.NgpyyhmyuiPipLsNOXwgsw AAAA&pid=Api

Nono (Bruno), son chien et sa mère, Laurence, vivent dans un carton au bord d’une voie ferrée parce que l’ancien compagnon de cette femme les battaient. Chaque jour, la mère de Nono lui fait croire qu’elle part travailler alors qu’elle fait en réalité la manche. Pendant ce temps, le petit doit attendre son retour en discutant avec Baluchon, son chien. De temps en temps un jeune employé de la gare lui donne de la nourriture et de quoi faire la toilette de son enfant. De son côté, Nelson (Nel), un jeune lycéen aveugle de vingt ans, ne supporte plus la surprotection de sa mère et le comportement des autres, comme s’ils avaient pitié de lui. Puis il rencontre Cécile, une jeune fille mal dans sa peau. Un jour, alors que Nelson veut sauter au dessus d’une passerelle, un petit enfant avec son chien le remarque. A quoi va mener cette rencontre ? Laurence ne peut plus continuer à vivre comme une sans-abri, comment va-t-elle faire pour s’en sortir ?

J’ai bien aimé ce livre car on s’attache rapidement aux personnages, à leurs souffrances personnelles et à leurs combats quotidiens bien qu’on n’ait pas vraiment le temps de les découvrir avant que des problèmes ne leur arrivent et qu’on passe vite de l’un à l’autre au fil du récit. Dans ce roman, on peut aussi découvrir que la réalité peut parfois faire mal : « Il me regarde comme si j’étais une merde. J’ai pas d’autres mots pour le dire. Et tant pis si ça choque. La vraie vulgarité, elle n’est pas dans les mots. Elle est dans la crasse des âmes » p.21. C’est un roman facile à comprendre avec des passages parfois très expressifs. J’ai aussi apprécié ce livre parce qu’il propose plusieurs points de vue. En effet, chaque texte attribué aux différents personnages est adapté à ce qu’ils sont. Par exemple, dans les parties où Nono parle, le langage est plutôt enfantin et on retrouve ce côté insouciant du petit enfant et de son chien (« pipi » p.13) face à la réalité. Dans les parties dédiées à Nel et Laurence l’écriture correspond davantage au langage des adultes. C’est un livre qui nous permet de réfléchir à certains sujets graves et malheureusement d’actualité comme le handicap, l’exclusion, la violence conjugale. Il aborde aussi majoritairement le thème de la pauvreté, Laurence et son fils ont nul part où aller et sont obligés de s’abriter avec des matériaux de récupérations ! Ils se retrouvent face à la misère et à l’indifférence des autres.

Au final, cet ouvrage montre beaucoup d’humanité et de tendresse envers ces jeunes gens qui vivent dans l’adversité. On les quitte avec beaucoup de tristesse mais aussi avec un peu d’espoir. A vous de donner votre avis mais pour moi, il mérite vraiment la note de 4 étoiles !

Marie-Sabine Roger, Attention fragile. Seuil;2002.

Galand Inès 1ère1

Une œuvre brillante !

La parure est l’histoire courte, mais intense, de Mathilde Loisel. Cette histoire se déroule au XIXème siècle.

Mathilde est issue d’une famille d’employés et est mariée à un petit commis de l’Instruction publique. Ils ne vivent pas dans le besoin, mais n’ont pas non plus la possibilité de faire dans le luxe. Alors Mathilde est victime d’un malaise quotidien : elle ne se sent pas faite pour la modeste vie qu’elle mène, mais pour le grand luxe, les mets raffinés, les grands diners pour lesquels elle n’a malheureusement pas les fonds nécessaires. Elle est obligée de se contenter d’une humble demeure aux mûrs défraichis, aux sièges usés et aux vieux draps, le tout accompagné d’un mari à qui tout cela convient parfaitement et qui perçoit son mal-être, sans vraiment pouvoir y faire grand chose. Tout bascule lorsque ce dernier, songeant à faire plaisir à sa femme, arrive à se procurer une invitation au bal du ministère. Mathilde est alors effarée quant à l’idée de paraitre pauvre à côté des autres femmes de ce bal. Elle refuse donc d’y aller si elle ne peut s’y rendre habillée convenablement. M . Loisel lui donne alors quatre cents francs pour s’acheter une belle robe. Mathilde achète alors la robe, mais reste insatisfaite : Elle n’a pas de bijoux pour aller avec sa toilette ! Son mari a alors une idée  : Aller voir Mme Forestier – une riche amie de Mathilde – dans le but de lui demander un bijoux pour la soirée. Mathilde va donc la voir et lui emprunte une magnifique rivière de diamants. Dès lors elle peut se rendre au bal du ministère où elle se fait remarquer de part sa grâce, sa beauté et son élégance hors du commun. Elle est comblée de bonheur ! Cependant, une fois rentrée chez elle, elle réalise que la rivière a disparu de son cou, voici ses paroles (un des passages les plus emblématiques de la nouvelle) : « J’ai… j’ai… je n’ai plus la rivière de madame Forestier ! ». S’en suit alors une débâcle d’endettements pour rembourser ce fameux collier à son amie. Elle découvrira à ses dépends les erreurs qu’elle a commise et qu’elle aurait pu éviter d’une façon très simple… mais je vous laisse lire la nouvelle afin de comprendre de quoi je parle !

Mme Forestier présentant une rivière de diamants à Mathilde dans le film « La Parure » (2007) de Claude Chabrol d’après Guy de Maupassant. (https://nique76.skyrock.com/2946335641-La-Parure-2007-de-Claude-Chabrol-d-apres-Guy-de-Maupassant-Cruelle.html)

Rivière de diamants. (http://litteraturealliancefrancaise.blogspot.com/ 2009 /09/la-parure-de-guy-de-maupassant.html)

Le dénouement de l’histoire nous fait comprendre qu’il ne faut pas se fier aux apparences, tant elles peuvent être trompeuses et avoir des conséquences dramatiques.

J’ai personnellement apprécié cette nouvelle, de par la façon particulièrement dynamique dont s’enchaînent les évènements. On perçoit que cette femme se sent faite pour un autre niveau de vie que le sien, et que cela contribue fortement à son mal-être.

Je trouve que cette histoire correspond parfaitement au thème « Richesse et pauvreté » notamment à travers les moyens financiers du couple Loisel qui restent insuffisants aux yeux de Mathilde qui aimerait dépasser cette condition de petite bourgeoise. On peut remarquer un contraste plutôt marquant dans la nouvelle : La richesse (relative) du couple Loisel, et celle (comme la souhaiterait Mathilde) que son amie possède.

Dans La Parure, Maupassant souhaite dénoncer un défaut du comportement humain : la vanité, qui s’exprime ici à travers une femme qui ne veut pas prévenir son amie qu’elle ne peut la rembourser, préférant s’endetter lourdement plutôt que de paraître pauvre. On pourrait cependant se dire, si l’on souhaitait rester positif, que Mathilde est prête à sacrifier plus de 10 ans de sa vie, passés dans la misère, pour ne pas perdre et décevoir une très bonne amie, à vous de voir… Ainsi, la nouvelle soulève une question importante : Préférez-vous avouer ce que vous êtes, admettre votre condition, ou la cacher mais en payer le prix fort pendant longtemps ? Soulignons que le rythme de la nouvelle est plutôt soutenu et entrainant, on avance très vite sans jamais avoir l’occasion de se lasser un instant. J’étais cependant presque déçu de la courte taille de cette nouvelle tellement elle m’a plu. Je vous invite à la lire !

Cette nouvelle a été adaptée à plusieurs reprises au cinéma et à la télévision : 11 fois au total, de 1909, à plus récemment, en 2006. Cela montre que cette œuvre a suscité un attrait particulier bien qu’elle ait été écrite en 1884 (il y a 136 ans !)

Maupassant, Guy de. La parure et autres nouvelles à chute. Hatier, 09/2012. 95p. classiques & cie. ISBN 978-2-218-94879-4.

Samuel Courtin, 1ère1

Pas faite pour le bon(ne)heur

Edmond et Jules Goncourt

Edmond et Jules GONCOURT Source: https://upload. wikimedia.org/wikipedia/ commons/9/9b/F%C3%A9lix_ Nadar_1820-1910_portraits_Edmond _et_Jules_ Goncourt.jpg

Lorsque Rose Malingre, la domestique des Frères Goncourt est décédée, ils ont découvert que leur bonne menait une double vie, elle jonglait entre alcool, passion, folie amoureuse et culpabilité ! C’est l’histoire de cette femme qui a inspiré Edmond et Jules Goncourt pour écrire le roman Germinie Lacerteux qui à été publié en 1865. Comme dit dans la préface c’est « le premier manifeste du naturalisme ». En effet, ce roman peut être considéré comme la première œuvre naturaliste dans la mesure où il porte une attention particulière à la psychologie des personnages. C’est un livre qui rend compte de son époque. Et quelle époque ! C’est le temps des tournants sociétaux qui ont fait de notre pays ce qu’il est aujourd’hui, tels que le suffrage universel, la démocratie ou encore le libéralisme ! C’est un livre engagé POUR le peuple !!! Le nom Goncourt vous dit sans aucun doute quelque chose ? C’est normal, ce sont eux qui sont à l’origine du célèbre Prix Goncourt. Je trouve d’ailleurs dommage que ces frères soient plus connus pour ce prix que pour leurs propres œuvres.

Réjane par Nadar dans Germinie Lacerteux

Réjane par Nadar dans Germinie Lacerteux. Théâtre de l’Odéon, 1889. Source:https://fr.wikipedia.org/wiki/Germinie _Lacerteux#/media/Fichier:Gabrielle_R%C3% A9jane_Germinie _Lacerteux.JPG

Revenons à Germinie Lacerteux. Son histoire se déroule au XIXème siècle, elle n’a pas eu une vie facile. Après s’être installée à Paris avec ses sœurs à l’âge de 15 ans, elle travaille en tant que serveuse dans un café mais subit des remarques misogynes à répétition. Le maître d’hôtel abuse même d’elle. Un peu plus tard elle va travailler en tant que domestique chez mademoiselle de Varendeuil, une femme charmante. Germinie connaît un grand nombre de malheurs dans sa vie. Entre autres, elle se ruine, dans tous les sens du terme, à cause d’un homme, Jupillon. Elle se soumet à lui de son plein gré alors qu’il ne reste auprès d’elle uniquement par intérêt et sûrement pas par amour. En découle un nombre incalculable de problèmes pour elle, problèmes qui amènent une fin assez mouvementée je trouve. En effet, c’est à la fin de l’histoire que toutes les questions que je me posais depuis le début se révèlent ! Madame de Varendeuil va-t-elle découvrir sa double vie ? Germinie va-t-elle enfin sortir de ce cercle vicieux qui l’a fait aimer à la folie Juppillon et qui la pousse à la boisson tout en la faisant culpabiliser par rapport à sa maîtresse ? Va-t-elle finir comme Rose Malingre, l’ancienne domestique des frères Goncourt ? Je vous laisse découvrir à travers ce très bon roman le reste de ses mésaventures aussi palpitantes les unes que les autres ainsi que les réponses à toutes ses questions que vous vous poserez sûrement si vous lisez ce roman.

Un livre plein de rebondissements !

Grâce à ce roman j’ai pu me rendre compte de la place des domestiques au XIXème siècle et de la vie parisienne en général à cette époque. Le personnage de Germinie Lacerteux m’a énormément touchée car c’est une personne tellement dévouée qu’elle a sombré et s’est renfermée sur elle même !

Dans cet ouvrage, j’ai remarqué que les frères Goncourt utilisent la description parfaitement puisque leur écriture n’est jamais ennuyeuse. Les descriptions ne donnent jamais une impression de longueur. Au contraire, c’est juste assez pour pouvoir « se faire le film » de la scène dans notre tête tout en laissant place à notre imagination. J’ai également beaucoup aimé ce roman parce qu’il fait partie du mouvement littéraire naturaliste, comme la plupart des ouvrages d’Emile ZOLA, et cela me permet de me sentir plus proche des personnages car je me dis que tout cela est plausible. C’est d’autant plus le cas ici car l’histoire de Germinie est inspirée de la vie d’une personne qui à réellement existée, Rose Malingre. 

Je vous conseille vivement de lire ce roman. Ce n’est pas un classique comme les autres ! Il y a un vrai parallèle entre l’histoire de Rose Malingre et celle de Germinie, tout s’éclaire à la fin du livre. Vous verrez, vous allez adorer ! Et si vous préférez qu’on vous conte l’histoire, aucun soucis ! Cet ouvrage à été adapté au théâtre en 1888 par Edmond de Goncourt et est même disponible en livre audio !

En espérant que ce roman vous plaira autant qu’il m’a plu, bonne lecture !

 

classement-bitcoin-4-etoiles ? Acheter 1 bitcoin

Lien pour le livre audio : http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/goncourt-edmond-de-et-goncourt-jules-de-germinie-lacerteux.html

Goncourt, Edmond de / Goncourt, Jules de. Germinie lacerteux. Flammarion, 08/2017. 308 p. GF, 549. ISBN 978-2-0814-1601-7

Clémence CHOPIN 1ère 1

Cette fille aux multiples facettes

Source : http://bloguiblogas.blogspot .com/2017/08/titania-30.html

Paris, XXIIème siècle. Les citoyens sont maintenant appelés Liberton. Les personnes, qui ne sont pas connectées au réseau, l’équivalant actuel d’internet, ne peuvent rien faire et n’ont aucune chance d’avenir ou presque. Le seul espoir pour ces H.R. (Hors Réseau) de ne plus vivre dans la rue est de se faire prélever un ou plusieurs organes, chez Morgane Cor, ou peut-être même signer un contrat plus spécial… Là-bas, la beauté artificielle est omniprésente, et les modifications physiques sont monnaie courante. Les personnes qui n’en possèdent pas sont « étranges ». Tout comme Jan, poète au grand cœur, qui ne se sent pas à sa place dans cette société et qui rêve d’ailleurs, jusqu’à sa rencontre inattendue avec Titania. Cette fille, grande star, très prisée sur le réseau, au physique parfait, dit art’, va faire tourner la tête de Jan !

Suite à cette rencontre, le poète devient indic pour la police et doit trouver des informations sur « cette fille de cendre et de ravage » (expression, que j’ai beaucoup aimée, employée par Jan dans l’un de ses poèmes pour décrire Titania). Tout en menant sa propre enquête, il découvre qu’elle est mêlée à de dangereuses histoires. Alors, avec son ami H.R. Mytho, arriveront-il à la tirer de son funeste destin ? Malgré les dangers qui les guettent, sera-t-elle capable de tout abandonner par amour pour Jan ?

Titania 3.0 est très immersif. Dès le début, on nous familiarise avec le vocabulaire de l’époque, et l’intrigue est mise en place rapidement. J’ai beaucoup apprécié ce roman, avec ses personnages très attachants, leurs différentes histoires et tout ce qu’ils ont perdu qui, finalement, les a rendu plus forts. Cette dystopie est très intéressante car elle reflète une réalité qui reste possible dans un avenir lointain, avec l’évolution permanente de la technologie et de la société. Cela pousse l’idée du paraitre, déjà très présente à notre époque, à l’extrême. De ce fait, être quelqu’un ne suffit plus, il faut faire semblant et se munir d’apparats pour réussir. J’ai aussi adoré l’histoire d’amour qui se noue entre les deux héros. Ils s’émerveillent mutuellement, par la simplicité de Jan et l’extravagance de Titania, mais aussi le fait que très rapidement ils deviennent indispensables l’un à l’autre. Les poèmes que lui écrit Jan sont très émouvants, et je lui envie cette facilité qu’il a pour les écrire !

Cette histoire est comme une quête, où chacun cherche à se découvrir réellement, sans cette poudre aux yeux qu’est leur monde d’apparences et d’illusions. Je recommande ce livre à toutes les personnes qui ne se sentent pas bien dans leur peau. Peut-être ce roman vous fera comprendre que vous n’êtes pas seul, et que la solution se trouve parfois là où on ne l’attend pas, comme sur le bord d’une fontaine… mais je ne vous en dis pas plus !

PUCCIANO, Pauline. Titania 3.0, Tome 1. Magnard, 05/2017. 332 p. M les romans. ISBN 978-2-210-96394

Fichier:4.5 stars.svg — Wikipédia

Lola JONVILLE, 1ère 1

La pub nous manipule…

Vous vous demandez certainement déjà « mais combien valent 99 francs ? « . Et c’est là que Beigbeder est fort. Il vous met directement en rapport, sans même avoir lu une page, avec l’argent : Ce qui nous contrôle de A à Z !

L’auteur nous parle dans son roman du rapport que nous entretenons avec l’argent. Pour cela, il raconte l’histoire d’Octave, un homme perdu entre son boulot de publicitaire qu’il déteste, la drogue et les prostituées… Octave raconte cette histoire pour se faire virer. Ne vous attendez donc pas à un texte laudatif sur la publicité, loin de là ! Octave est un homme qui n’en peut plus ! La publicité l’a détruit et détruit tout le monde à cause de la manipulation psychologique qu’elle exerce. Octave travaille pour une société, « la Rosse », qui produit des fromages blancs sous la marque « Maigrelette ». Cela paraît anodin, mais détrompez-vous : le budget, le temps et les personnes investis rien que dans la publicité de ce produit sont impressionnants ! Tout cela est fait pour nous manipuler en tant que consommateur. Pour nous le prouver, Beigbeder s’appuie essentiellement sur une grande quantité de slogans, nous montrant ainsi le travail, le temps passé sur des phrases qui sont créées seulement pour nous manipuler. Nous sommes les petits moutons du système, endoctrinés par la publicité, nous fait comprendre l’auteur. Et nous n’y sommes pour pas grand chose… si ce n’est que l’on consomme !

https://lewebpedagogique.com/ettacritique/files/2020/11/télécharger.jpg

Ce roman est écrit de façon à ce que vous puissiez vous l’approprier facilement. Les nombreuses références aux marques, à des personnalités ou encore des lieux que nous connaissons nous font évoluer dans un univers familier : l’auteur nous parle de Coca-Cola, de Nike ou encore du Maréchal Pétain ou du Père Noël par exemple. Ce roman est aussi écrit « simplement » ; j’entends par là qu’il donne l’impression d’être parlé et non écrit, ce qui facilite, je trouve, la lecture. De plus, l’auteur ne mâche pas ses mots et écrit avec franchise : il n’hésite pas à employer des grossièretés quand il le juge nécessaire, mais ce n’est jamais gratuit.

Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un coup de cœur mais j’ai bien aimé lire ce roman, même si l’auteur nous traîne avec lui dans son dégout (pour être gentil) de la pub. La lecture nous fait ressentir un sentiment de peur, voire d’effroi, face à cette manipulation. La lecture est donc vivante et permet d’établir un parallèle entre le lecteur – consommateur et le personnage principal, concepteur de slogans publicitaires.  Le roman nous ouvre les yeux sur la société de consommation, sur le rapport de l’humain à l’argent et toutes les conséquences en découlant. Croyez-moi, vous n’allez plus voir les publicités qui nous entourent de la même manière… Si vous avez été convaincu par ma critique et que cela vous donne envie de lire ce roman, je m’en réjouis !

Bonne lecture à vous ; )

Avis sur Nid en herbe Oiseau ZOLIA

Beigbeder, Frédéric. 99 francs. Gallimard, 05/2004. 298 p. Folio, 4062. ISBN 978-2-07-031573-4

Antoine LEGAY, 1ère1.

« Un coffre-fort ne suit pas un corbillard »

Un cadeau est un roman qui dénonce le pouvoir que peut exercer l’argent sur notre société actuelle, tout cela à travers une histoire remarquablement touchante. Une histoire signée Eliane Girard !

Ce roman rend compte d’une histoire bouleversante, et presque comique. Celle de Félicien, un jeune dessinateur d’Île-de-France, tracassé par un cadeau qu’il voudrait offrir à Laure, sa copine, pour ses 30 ans. Mais attention, ce n’est pas n’importe quel cadeau, c’est une paire de bottes à… 869.95 euros tout de même ! Félicien le sait, il a fait une erreur, une grosse erreur. Il devient même paranoïaque rien qu’a l’idée d’y penser, 869.95 euros, le prix de son loyer ! Tout au long de l’histoire ce nombre va lui tourner dans la tête, et ses extravagantes péripéties vont d’autant plus remuer le couteau dans la plaie.

J’ai été agréablement surpris par ce livre, c’est un plongeon totalement réussi dans la triste réalité qu’est le quotidien pour beaucoup d’entre nous. L’argent ne coule pas à flot, et il y aura toujours un moment où le compte bancaire criera famine ! En effet Félicien subit de plein fouet le stress et la culpabilité liés à un achat bien trop onéreux pour son modeste revenu. Cette situation est généralisée dans notre monde d’aujourd’hui où la finance gouverne et où les revenus des plus modestes subissent les terribles effets de la mondialisation. A en croire que se faire plaisir est destiné uniquement aux riches ! Comme le disait si bien Sacha Guitry : « Le luxe est une affaire d’argent. L’élégance est une question d’éducation ». En somme, Félicien est un homme simple, bien éduqué, donc élégant mais le luxe n’est pas pour lui… il n’en a tout simplement pas les moyens !

Source: https://www.livredepoche.com/livre/un-cadeau-9782253005100

Ce roman n’en est pas moins comique. Félicien encaisse une multitude d’événements et de « coups » tel un boxeur tapant dans le vide, comme quand il enchaine cette extravagante nuit dans le métro parisien auprès de quelques SDF qui lui en font voir de toutes les couleurs. Des SDF certes pauvres mais bien riches moralement ! Ses péripéties se succèdent tour à tour à grands coups de malchance. L’histoire en devient même drôle. Le style fluide de l’écriture colle bien avec le sujet de l’œuvre, on y trouve une importante réflexion de Félicien sur son achat qui le tracasse du début à la fin de l’histoire. Aussi, il ne faut  pas  grand-chose pour qu’on ressente de l’empathie envers ce personnage, et c’est bien ce dernier mot, l’empathie, qui est déterminante dans la lecture de ce livre. Ses malheurs successifs qui s’enchainent à tour de bras créent en nous une véritable compassion envers ce personnage malchanceux. L’auteure nous transmet une multitude de sentiments, tous différents les uns des autres, avec une facilité déconcertante, ce qui rend ce livre si agréable à lire !

Pour finir, je vous conseille fortement de lire ce roman qui vous fera profondément réfléchir sur notre société et le pouvoir de l’argent si omniprésent. Par ailleurs, laissez-vous déborder d’empathie pour Félicien et baladez-vous à travers cette lecture chargée d’émotions et de rebondissements, vous ne serez pas déçu par cette passionnante lecture !

Lisez Un cadeau, je vous le promets, il ne coûte pas 869.95 €…

 

Girard, Eliane. Un cadeau. Librairie Générale Française, 02/2015. 121p. Le Livre de poche. ISBN 978-2-253-00510-0

Léandre Furmaniak, 1ère1                                                  

Les mineurs sortent de l’ombre, c’est Germinal !

«Germinal, Germinal, Germinal ! », criaient les mineurs de Denain à la vue du cortège qui emmenait le célèbre écrivain Emile Zola au cimetière de Montmartre. Ces acclamations sont le parfait témoignage du succès et de la popularité qu’a connu ce merveilleux roman, chef d’œuvre de la littérature réaliste !

Photographie d’archive d’Emile Zola. Source : https://id.pinterest.com /pin/139541288434910485/?d=t&mt=login

Vous devez probablement connaître Emile Zola. Ecrivain français du XIXème siècle (1840-1902), Zola a vécu dans la misère et la pauvreté durant son enfance. Après quelques emplois qui lui déplaisent et lui rapportent peu, il décide de se consacrer à l’écriture. L’Assommoir est son premier grand succès. Il écrira ensuite, en 25 ans, une série de 20 livres qui composeront, telle La Comédie Humaine pour Balzac, une fresque humaine et sociale : Les Rougon-Macquart. Germinal en fera bien sûr partie.

Précision importante sur l’œuvre en question : elle est le fruit d’un travail documentaire énorme réalisé par l’auteur puisqu’il a visité des mines du Nord de la France, est descendu avec les mineurs, les a côtoyés…. Tout cela dans l’unique but de rendre son œuvre la plus véridique possible.

L’histoire débute en 1865 dans le Nord-Pas-de-Calais pendant la crise industrielle. Avec la montée du capitalisme en France, les mentalités évoluent. Un réel clivage entre salariés et employeurs apparaît alors. Les inégalités s’accroissent et la misère s’installe dans la région. Un jeune chômeur, Etienne Lantier, congédié après avoir donné une gifle à son patron, se rend aux mines de Montsou (ville fictive inventée par Zola) non loin de Douai. Affamé et sans le sou, il cherche un nouveau travail. Le seul poste qu’on peut lui proposer à la fosse de Montsou consiste à abattre le charbon et à pousser les berlines. Pour survivre, il n’a pas d’autre choix que d’accepter ce poste de haveur. A la mine, Etienne se lie d’amitié avec une famille de dix mineurs, les Maheu. On découvre, avec tous ces personnages, les conditions atroces et pénibles du travail des mineurs. Ils ne sont pas les seuls concernés par ces travaux harassants et douloureux : les chevaux doivent aussi descendre dans les mines et tirer les berlines. En lisant le roman, on a vraiment l’impression d’assister au travail des chevaux et on comprend pourquoi certains remontaient gravement blessés, et même parfois morts !

Les descriptions de l’auteur sont si crues et brutales que j’ai eu l’oppressante sensation d’être descendue, avec eux, dans ce précipice que sont ces galeries de charbon.

Au-delà des conditions dans les mines, les lecteurs découvrent le quotidien des mineurs lorsqu’ils rentrent aux Corons. Entre famine, endettement, prostitution, manque d’hygiène, absence d’intimité, les mineurs sont confrontés à un enfer quotidien. Les houilleurs, formatés depuis des générations, ne se rendent plus compte de l’horrible façon dont ils sont traités. Etienne, lui, pourtant, a remarqué dès son arrivée que les patrons des mines exploitent leurs salariés. De plus, la baisse des salaires, déjà très insuffisants pour les familles, est une difficulté nouvelle qui s’ajoute à tant d’autres. En réponse à toutes ces injustices, l’ambitieux Etienne fonde un mouvement de travailleurs révoltés. Leur mécontentement va d’abord se manifester par des grèves. Sans résultat et réponse de la Compagnie, ce mécontentement se transforme peu à peu en un élan de colère dévastateur et incontrôlable. C’est un peuple entier qui se réveille. Des milliers de charbonniers vont tout détruire sur leur passage : ils saboteront les fosses des alentours, se mesureront aux forces de l’ordre, défieront les non-grévistes et les bourgeois…

L’auteur rend magnifiquement compte de la rage qui bout en ces travailleurs, peut-être vos aïeuls si vous descendez d’une famille de mineurs !

Manifestations de mineurs, photographie extraite du film Germinal de Claude Berri, sorti en 1993. source: https://proxymedia.woopic.com/api/v1/ images/331%2FGERMINALXXXW0048428_BAN1_2424_ NEWTV.jpg         

 « Une poche de rancune crevait en eux, une poche empoisonnée, grossie lentement. Des années et des années de faim les torturaient d’une fringale de massacre et de destruction. » – passage de Germinal qui résume, selon moi, toute leur colère.

Mais Germinal, ce n’est pas que cela ! Outre le contexte historique, vous trouverez de nombreuses intrigues captivantes sur les personnages. Vous découvrirez ainsi la passion qui naîtra entre Etienne et Catherine Maheu, battue par son « galant » (c’est ainsi que Zola nomme les conjoints) et rejetée par sa famille, les Maheu. La fin tragique et complètement inattendue ne vous laissera pas indifférents ! Je vous laisse la découvrir et vous souhaite de l’apprécier tout autant que moi. Vous vous rendrez alors compte que malgré son caractère dramatique, Germinal est couronné par une note pleine d’espoir et d’avenir pour les mineurs. 

Pourquoi finalement ai-je tant été captivée par la lecture de ce roman ?

J’ai d’abord été très surprise par son caractère prenant et immersif. Au début, je dois bien avouer que je regrettais mon choix de livre à la vue du lourd pavé qui m’attendait… Malgré mes doutes, j’ai attaqué ce « monstre ». Et, à mon plus grand étonnement, je me suis aussitôt plongée dans l’histoire. Dès les premières pages vous accompagnerez les mineurs dans leur quotidien. En effet, grâce aux descriptions poignantes du naturaliste Zola, je me suis enfoncée difficilement dans les galeries, j’ai martelé les parois de charbon, j’ai poussé les berlines des mineurs ! Certains passages m’ont tourmentée par leur dureté : les descriptions sordides de l’insalubrité de leur vie peuvent mettre mal à l’aise. La noirceur des textes de Zola m’a transportée, m’a marquée et m’a procuré de fortes émotions. 

Ce roman est noir et brutal. Attention, sa violence peut parfois choquer les plus sensibles ! Oserez-vous plonger dans cet univers sombre où règne l’injustice ?  

Je me suis aussi attachée à ces travailleurs du charbon qui ne laissent jamais indifférents. A moins d’être vraiment insensible, vous éprouverez parfois de l’empathie, parfois du dégoût pour tel ou tel personnage. Lorsque Zola décrit un monde hanté par la faim puis enchaîne sur la description de la bourgeoisie des patrons des Compagnies, monde aveuglé par son confort et vivant dans le superflu, j’ai été perturbée par un tel niveau d’inégalités entre les classes ! Enfin, n’oublions pas que Germinal, c’est aussi une intrigue qui vous anime du début à la fin. Lorsque l’on voit aujourd’hui la pauvreté de certains romans contemporains qui vous vendent des soi-disant scénarios haletants, on se dit que Zola n’aurait rien à leur envier s’il revenait parmi nous. C’est là aussi une nouvelle forme de plaisir que j’ai pris !

Livre de poche « Germinal », collection Folio. source : https://www.le-livre.fr/photos/RO9/RO90026660.jpg    

Certes, cette œuvre fut un réel coup de cœur pour moi, mais il n’empêche que ma lecture n’en a pas été facile. Les nombreux détails, le vocabulaire technique et spécifique aux mineurs, les allusions aux périodes historiques et aux mouvements politiques, sont parfois compliqués à appréhender. Certains passages du texte resteront des zones d’ombres pour moi car je ne suis pas parvenue à bien les comprendre. Je ne dis guère cela pour vous repousser, bien au contraire, car la lecture peu aisée de Germinal ne m’a pas empêché de dévorer le roman. Et puis, il faut savoir parfois apprécier la difficulté !

Si vous êtes féru de notre région, d’histoire ou encore de littérature, vous ne pouvez plus passer à côté de l’œuvre à grand succès d’Emile Zola ! 

« C’est Germinal ! », s’exclame-t-on lorsque l’on vit une situation pénible : vous comprenez enfin le sens de cette expression !

Zola, Emile. Germinal. Librairie Générale Française, 1990. 538 p. Le Livre de poche. ISBN 2-253-00422-7

Clothilde DELATTRE, 1ère1

Entre deux Amériques

Source : https://www.planetebd.com/bd/ futuropolis/eldorado/-/36804.html

Eldorado est une bande dessinée résultant de la coopération entre le dessinateur Damien Cuvillier et la scénariste Hélène Ferrarini. Elle mêle le talent artistique du jeune picard et les connaissances historiques et géographiques de Hélène Ferrarini, qui a été professeure dans ces matières mais aussi journaliste. Tous deux voyageurs, ils ont pu transmettre leur vécu. La scénariste a notamment visité la Guyane, avec laquelle elle a gardé un lien fort. Damien Cuvillier a quant à lui parcouru l’Amazonie brésilienne dont il reproduit désormais à merveille les paysages tropicaux.

Tous deux avaient ainsi une base solide pour bâtir leur BD historique qui reprend de manière réaliste certains aspects de la société américaine du début du XXème siècle, période durant laquelle se déroule notre histoire, en pointant notamment les conditions de vie déplorables des travailleurs en Amérique du Sud, le dédain envers les amérindiens et la population noire.

Damien Cuvillier et Hélène Ferrarini au salon de la BD avec leur livre Eldorado. Source : https://www.ladepeche.fr/article/2018/09/29/2878345-salon-de-la-bd-l-annee-de-tous-les-records.html

Marcello, un jeune ouvrier syndicaliste travaillant dans une aciérie aux Etats-Unis, nous plonge dès le début du récit dans une ambiance de lutte prolétaire contre le capitalisme. D’emblée nous nous attachons à ce personnage plein d’ardeur et de courage qui défend le salaire médiocre des ouvriers et se bat pour ses droits. Il est épris d’une jeune femme, nommée Louisa, à qui il écrit chaque jour des poèmes affectueux. Un jour où la crise se fait de plus en plus insupportable, les amants décident de s’enfuir ensemble. Cependant, la famille de Louisa lui a déjà arrangé un mariage. Son frère fait alors en sorte de faire embarquer Marcello, malgré lui, pour l’eldorado, un chantier en Amérique du Sud. Le jeune homme va alors se donner corps et âme pour rembourser la société et pouvoir rentrer chez lui et retrouver sa chère Louisa, ne cessant de lui écrire quotidiennement malgré la distance. Sur ce chantier en Amérique latine, nous serons confrontés à des faits révoltants tels que l’esclavage, les conditions de vie déplorables des travailleurs, et l’anthropisation des forêts tropicales à des fins cupides. Nous pourrons également comparer les différentes classes socio-professionnelles et le luxe qui les séparent. Les lettres de Marcello se retrouveront finalement entre les mains de la femme du chef de chantier, Barbara Hogens, qui, bien que riche, n’est pas heureuse dans ce lieu étranger qui lui semble hostile. Ces lettres briseront alors la morosité de ses journées causée par l’absence de son mari. Une dépendance va se créer vis-à-vis de ces lettres, aussi forte que l’amour de Marcello pour Louisa. Comment cette aventure va-t-elle tourner ? Marcello rentrera-t-il chez lui ? Barbara supportera-t-elle enfin son mal du pays ? Nous sommes sans cesse curieux de lire la suite !

J’ai trouvé cette histoire particulièrement émouvante et saisissante car elle évoque d’une part des liens humains très forts, quelquefois déchirants, entre les personnages, comme Marcello pour Louisa, ou même un jeune amérindien uni à sa grand-mère et attaché profondément à sa forêt. D’autre part j’ai aimé cette histoire car un grand combat est engagé pour la liberté de Marcello, contre l’argent, contre ses supérieurs, afin de retourner chez lui. Il fait preuve d’un courage et d’une mentalité exemplaires et admirables, et sa richesse sentimentale nous fait ressentir de la compassion à son égard. De plus cette indignation laisse place à une dénonciation de la société, de l’exploitation de l’homme par l’homme, de la vanité humaine. J’apprécie également le travail de recherche historique qui a permis de faire éclore une histoire très authentique et réaliste.

Planche de la BD page 61 : premier jour de Marcello sur le chantier. Source : https://www.bedetheque.com/serie-61933-BD-Eldorado-Cuvillier.html

Qui plus est, vous pouvez déjà être certain d’apprécier ce livre grâce aux illustrations fabuleuses. En effet, Damien Cuvillier représente de manière très réaliste les paysages comme les personnages ; il ne cherche pas à embellir la réalité et ne cache pas la noirceur des conditions de vie en Amazonie. Il utilise l’aquarelle, ce qui donne des couleurs pastel, douces et généralement chaudes qui nous imprègnent de l’ambiance. Aussi, les agencements multiples des vignettes sont très intéressants car ils créent un rythme en fonction du contexte lié au récit sur la planche. Parfois une seule grande vignette constitue la planche, parfois les cases sont disposées en quadrillage qui donne un effet accéléré et saccadé, d’autres fois elles sont en forme d’éclats… La lecture est alors très abordable car les images prennent vie, comme si elles parlaient d’elles-mêmes ; d’ailleurs certaines planches ne contiennent aucune phrase ! Le seul défaut que je trouverais, c’est son format encombrant, qui ne permet pas de le transporter aisément. Nonobstant, vous pourriez considérer sa taille comme un avantage, nous donnant un confort visuel pour en apprécier davantage les dessins. On ajoutera, pour le côté artistique, que les titres des chapitres sont magnifiques, extraits de la chanson Eldorado de Bernard Lavilliers. Bref, une merveille !

Je vous la conseille fortement, c’est une BD très intéressante, travaillée et émouvante, qui est très rapide et simple à lire.

Bonne lecture à vous !

Pour aller plus loin : petit aperçu de la performance des illustrations en vidéo : https://youtu.be/Dj1CjLHMLo4

Cuvillier, Damien / Ferrarini, Hélène. Eldorado. Futuropolis, 08/2018. 172 p

Marion Massinon, 1Ere1