Bibliographie philosophie Terminale:

Dictionnaire de philosophie :

La philosophie de A à Z, Hatier.

 

Manuel qui est une bibliothèque de philosophie (50 œuvres courtes de philosophes) :

Lire les philosophes – 50 auteurs à découvrir, Hachette.

 

Pour mieux comprendre les auteurs:  

L’atlas de la philosophie.

 

N’hésitez pas à vous rendre au CDI pour emprunter les documents:

 

Introduction à la philosophie (accessible pour des élèves de terminale):

Gaarder Jostein, Le monde de Sophie (1991)

Onfray Michel, Antimanuel de philosophie (2001)

Roger Pol Droit, 101 expériences de philosophie quotidienne (approche originale)

 

Magazine de philosophie adapté aux élèves de terminale: Philosophie magazine

 

Bibliographie (ouvrages abordables à partir de la terminale):

(la liste des notions qui sont indiqués à côté des livres est donnée à titre indicative, plusieurs ouvrages abordant différentes notions)

 

-Philosophie Antique:

 

Ve siècle av. JC:

Platon, Le Banquet (Désir)

Platon, Hippias Majeur (Beauté)

Platon, La République,  Livre VII (Politique, vérité)

Platon, Le Menon (Démonstration)

Platon, Apologie de Socrate (droit et justice)

Platon, Gorgias (Désir, Langage, technique)

 

IVe siècle av JC:

 

Aristote, Les politiques, Livre I (Politique et société)

Aristote, L’ethique à Nicomaque, Livre V (Justice)

Epicure, Lettre à Menecée (Bonheur)

Epitecte, Le manuel (Bonheur)

 

Philosophie médiévale:

Ibn Tufayl, Le philosophe autodidacte (vérité)

 

Philosophie moderne (1500-1800):

 

– XVIe:

Machiavel, Le Prince (Politique)

Montaigne Michel de, Les essais: « Des cannibales » (Culture, autrui)

La Boetie Etienne, Discours sur la servitude volontaire (Politique, liberté)

 

– XVII ème siècle:

Descartes René, Les méditations métaphysiques (Conscience, perception, liberté, sujet, religion et démonstration)

Descartes René, Le discours de la méthode (sujet, conscience, technique, langage, vivant)

Locke John, Lettre sur la tolérance (religion)

Pascal, Les pensées (fragments sur la conscience, le divertissement, la justice, la foi et la vérité)

Spinoza Baruch, L’ethique, Appendice à la partie I et IV (matière et esprit, liberté)

 

– XVIII ème siècle:

Diderot René, Supplément au voyage de Bougainville (morale)

Mandeville, La fable des abeilles (morale)

Hume David, Dialogues sur la religion naturelle (religion)

Rousseau Jean-Jacques, Du Contrat social, Livre I à IV (politique, Etat, liberté)

Rousseau Jean-Jacques, Du fondement de l’inégalité parmi les hommes (Culture et nature, justice, politique, langage, désir)

 

Philosophie contemporaine:

 

– XIX ème siècle:

Comte Auguste, Discours sur l’esprit positif (raison et réel)

Durkheim Emile, Les règles de la méthode sociologique (société)

Kant Emmanuel, Préface à la seconde édition de la critique de la raison pure (raison et réel)

Kant Emmanuel, Les fondements de la métaphysiques des moeurs (morale, devoir)

Kant Emmanuel, Projet de paix perpétuel (Histoire, droit)

Kant Emmanuel, D’un prétendu droit de mentir par humanité (morale et vérité)

Kant Emmanuel, Qu’est-ce que les Lumières ? (liberté)

Kant Emmanuel, Histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique (Histoire)

Kant Emmanuel, Traité de pédagogie (culture)

Hegel, La raison dans l’histoire (histoire)

Hegel, Introduction à l’esthétique (art)

Hegel, « Qui pense abstrait ? » (philosophie)

Marx/Engels, Le manifeste du Parti Communiste (Travail, histoire, société, justice)

Nietzsche Friedrich, Vérité et mensonge au sens extra-moral (vérité, art)

Nietzsche Friedrich, Généalogie de la morale, (morale, devoir)

Thoreau David Henri, La désobéissance civile (liberté, droit et justice)

Schopenauer Arthur, L’art d’avoir toujours raison. (langage)

 

– XX ème siècle:

Bergson Henri, Le possible et le réel (temps)

Foucault Michel, L’ordre du discours (vérité)

Freud Sigmond, L’avenir d’une illusion (religion, inconscient)

Freud Sigmond, Malaise dans la civilisation (Bonheur, inconscient, culture)

Freud Sigmond,Abrégé de psychanalyse (inconscient, interprétation)

Levinas Emmanuel, L’autre et le temps (autrui et temps)

Levis-Strauss Claude, Race et histoire (culture, autrui)

Sartre Jean-Paul, L’existentialisme est un humanisme (existence, liberté)

Merleau-Ponty Maurice, L’oeil et l’esprit (perception, art)

Russel Bertrand, Problèmes philosophiques (théorie et expérience)

Weber Max, Le savant et le politique (politique, morale)

 

Des exemples historiques ou littéraires:

 

Anouilh Jean, Antigone (Théâtre) (droit et justice)

Calderon, La vie est un songe (Théâtre) (réalité, vérité, interprétation)

Huxley Aldous, Le meilleurs des mondes (SF) (morale et technique)

Levi Primo, Si c’est un homme (Témoignage historique) (autrui, histoire)

Orwell Georges, 1984 (SF) (politique, langage, liberté)

Sartre Jean-Paul, Les mains sales (Théâtre) (politique, justice)

Sartre Jean-Paul, La nausée (Roman) (existence)

Wells HG, La machine à voyager dans le temps (SF) (temps)

 

Filmographie (Des exemples cinématographiques):

Charlie Chaplin, Les Temps modernes (travail)

Wachowski Andy et Larry, Matrix (SF) (réalité)

Spelberg Steven, Minority Report (SF) (temps)

Niccol Andrew, Bienvenue à Gattaca (SF) (morale et technique)

Scott Ridley, Blade runner (SF) (réalité, esprit et matière)

Gost in the shell (Manga) (SF) (esprit et matière)

Truffaut François, Fareintgh 451 (adapté du roman de Ray Bradbury) (SF) (politique, culture et liberté)

Truffaut François, L’enfant sauvage (culture, langage)

 

Bande dessinée: Il existe des bandes dessinées consacrées à des philosophes: Marx, Nietzsche, Thoreau…

 

Philosophie et sciences contemporaines: 

Roger Pol-Droit et Monique Atlan, Humains, Flammarion, 2012. (morale, raison et science)

Axel Khan et Christian Godin, L’homme, le bien et le mal, Stock, 2008. (morale, raison et science)

Jean-Pierre Changeux et Paul Ricoeur, Ce qui nous fait penser – La nature et la règle, Odile Jacob, 2008. (esprit et matière)

Luc Ferry et Jean-Didier Vincent, Qu’est-ce que l’homme ?, Odile Jacob, 2001. (culture et science)

 

Mises en perspectives contemporaines: 

Luc Ferry et Andre-Compte Sponville, La sagesse des modernes, Robert Laffont, 1998. (Plusieurs notions)

Precht Richard David, Qui suis-je et si je suis combien ? (Plusieurs notions)

 

Il existe également des livres sur la philosophie qui l’aborde de manière originale: à partir des séries télévisées, des super-heros…

Liste textes STG – oral 2012

Textes de l’oral de rattrapage

Terminales STG

 

La Croyance et la vérité:

 

1) Kant: « Croyance: opinion, foi et savoir »:

 

« La croyance est un fait de notre entendement susceptible de reposer sur des principes objectifs, mais qui exige aussi des causes subjectives dans l’esprit de celui qui juge. Quand elle est valable pour chacun, en tant du moins qu’il a de la raison, son principe est objectivement suffisant et la croyance se nomme conviction. Si elle n’a son fondement que dans la nature particulière du sujet, elle se nomme persuasion. La croyance, ou la valeur subjective du jugement, par rapport à la conviction (qui a en même temps une valeur objective) présente les trois degrés suivants : l’opinion, la foi et la science. L’opinion est une croyance qui a conscience d’être insuffisante aussi bien subjectivement qu’objectivement. Si la croyance n’est que subjectivement suffisante et si elle est tenue en même temps pour objectivement insuffisante, elle s’appelle foi. Enfin la croyance suffisante aussi bien subjectivement qu’objectivement s’appelle science. La suffisance subjective s’appelle conviction (pour moi-même) et la suffisance objective, certitude (pour tout le monde). »

 

2) Marx: Foi religieuse et savoir : « La religion est l’opium du peuple » :

 

« Le fondement de la critique irréligieuse est : c’est l’homme qui fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. Certes, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi qu’a l’homme qui ne s’est pas encore trouvé lui-même, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme, ce n’est pas un être abstrait blotti quelque part hors du monde. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, conscience inversée du monde, parce qu’ils sont eux-mêmes un monde à l’envers. La religion est la théorie générale de ce monde, sa somme encyclopédique, sa logique sous forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa consolation et sa justification universelles. Elle est la réalisation fantastique de l’être humain, parce que l’être humain ne possède pas de vraie réalité. Lutter contre la religion c’est donc indirectement lutter contre ce monde-là, dont la religion est l’arôme spirituel. La détresse religieuse est, pour une part, l’expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. L’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire du peuple est l’exigence que formule son bonheur réel. Exiger qu’il renonce aux illusions sur sa situation c’est exiger qu’il renonce à une situation qui a besoin d’illusions.[…] La critique de la religion détruit les illusions de l’homme pour qu’il pense, agisse, façonne sa réalité comme un homme sans illusions parvenu à l’âge de la raison, pour qu’il gravite autour de lui-même, c’est-à-dire de son soleil réel. »

 

3) Bachelard: Opinion et savoir: « La science s’oppose à l’opinion »:

 

La science, dans son besoin d’achèvement comme dans son principe, s’oppose absolument à l’opinion. S’il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l’opinion, c’est pour d’autres raisons que celles qui fondent l’opinion ; de sorte que l’opinion a, en droit, toujours tort. L’opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s’interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l’opinion : il faut d’abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas, par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire * , une connaissance vulgaire provisoire. L’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu’on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d’eux-mêmes. C’est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n’est donné. Tout est construit.

 

L’expérience:

 

4) Locke: « Toute connaissance vient de l’expérience »:

 

 Supposons donc qu’au commencement l’âme est ce qu’on appelle une table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu’elle soit. Comment vient-elle à recevoir des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l’imagination de l’homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque infinie ? D’où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes ses connaissances ? A cela je réponds en un mot, de l’expérience : c’est là le fondement de toutes nos connaissances, et c’est de là qu’elles tirent leur première origine. Les observations que nous faisons sur les objets extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce sont là les deux sources d’où découlent toutes les idées que nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement.

 

L’art et la technique:

 

5) Hegel: La technique fait de nous des êtres de culture

 

Cette conscience de lui même l’homme l’acquiert de deux manières: théoriquement, en prenant conscience de ce qu’ il est intérieurement de tous les mouvements de son âme, de toutes les nuances de ses sentiments en cherchant à se représenter à lui-même tel qu’il se découvre par la pensée, et à se reconnaître dans cette représentation qu’ il offre à ses propres yeux. Mais l’ homme est également engagé dans des rapports pratiques avec le monde extérieur, et de ces rapports naît également le besoin de transformer ce monde, comme lui même, dans la mesure où il en fait partie, en lui imprimant son cachet personnel. Et il le fait, pour encore se reconnaître lui même dans la forme des choses, pour jouir de lui même comme d’une réalité extérieure. On saisi déjà cette tendance dans les premières impulsions de l’ enfant : il veut voir des choses dont il soit lui même l’ auteur, et s’ il lance des pierres dans l’ eau c’ est pour voir ces cercles qui se forment et qui sont son oeuvre dans laquelle il retrouve comme un reflet de lui même. Ceci s’ observe dans de multiples occasions et sous les formes les plus diverses jusqu’ a cette sorte de reproduction de soi même qu’est une oeuvre d’ art. A travers les objets extérieurs il cherche à se retrouver lui même. Il ne se contente pas de rester lui même tel qu’ il est: il se couvre d’ ornements. Le barbare pratique des incisions à ses lèvres, à ses oreilles, il se tatoue … Toutes ces pratiques n’ ont qu’ un seul but : l’ homme ne veut pas rester tel que la nature l’ a fait. »

 

6) Hegel:  L’art suppose une maîtrise technique

 

« L’idée essentielle qu’il nous faut noter est que, même si le talent et le génie de l’artiste comportent un moment naturel (don), ce moment n’en demande pas moins essentiellement à être formé et éduqué par la pensée, de même qu’il nécessite une réflexion sur le mode de sa production ainsi qu’un savoir-faire exercé et assuré dans l’exécution. Car l’un des aspects principaux de cette production est malgré tout un travail extérieur, dès lors que l’oeuvre d’art a un côté purement technique qui confine à l’artisanal, surtout en architecture et en sculpture, un peu moins en peinture et en musique, et dans une faible mesure encore en poésie. Pour acquérir en ce domaine un parfait savoir-faire, ce n’est pas l’inspiration qui peut être d’un quelconque secours, mais seulement la réflexion, l’application et une pratique assidue. Or il se trouve qu’un tel savoir-faire est indispensable à l’artiste s’il veut se rendre maître du matériau extérieur et ne pas être géné par son âpre résistance ».

 

 

La liberté:

 

7) Descartes: La liberté d’indifférence est le plus bas degrés de la liberté

 

Car afin que je sois libre, il n’est pas nécessaire que je sois indifférent à choisir l’un ou l’autre des deux contraires ; mais plutôt, d’autant plus que je penche vers l’un, soit que je connaisse évidemment que le bien et le vrai s’y rencontrent, soit que Dieu dispose ainsi l’intérieur de ma pensée, d’autant plus librement j’en fais choix et je l’embrasse. Et certes la grâce divine et la connaissance naturelle, bien loin de diminuer ma liberté, l’augmentent plutôt, et la fortifient. De façon que cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un côté plutôt que vers un autre par le poids d’aucune raison, est le plus bas degré de la liberté, et fait plutôt apparaître un défaut dans la connaissance, qu’une perfection dans la volonté ; car si je connaissais toujours clairement ce qui est vrai et ce qui est bon, je ne serais jamais en peine de délibérer quel jugement et quel choix je devrais faire ; et ainsi je serais entièrement libre, sans jamais être indifférent.

 

Liberté, loi et justice:

 

8 )   Rousseau: Il ne faut pas confondre indépendance et liberté

 

« On a beau vouloir confondre l’indépendance et la liberté, ces deux choses sont si différentes que même elles s’excluent mutuellement…Quand chacun fait ce qu’il lui plaît, on fait souvent ce qui déplaît à d’autres, et cela ne s’appelle pas un état libre. La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à n’être pas soumis à celle d’autrui ; elle consiste encore à ne pas soumettre la volonté d’autrui à la nôtre. Quiconque est maître ne peut être libre, et régner, c’est obéir […]
Il n’y a donc point de liberté sans Lois, ni où quelqu’un est au dessus des Lois : dans l’état même de nature, l’homme n’est libre qu’à la faveur de la loi naturelle qui commande à tous.
Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas ; il a des chefs et non pas des maîtres ; il obéit aux Lois, mais il n’obéit qu’aux Lois, et c’est pas la force des lois qu’il n’obéit pas aux hommes. Toutes les barrières qu’on donne dans les Républiques au pouvoir des Magistrats ne sont établies que pour garantir de leurs atteintes l’enceinte sacrée des Lois : ils en sont les Ministres, non les arbitres ; ils doivent les garder, non les enfreindre. Un peuple est libre, quelque forme qu’ait son Gouvernement, quand dans celui qui le gouverne il ne voit point l’homme, mais l’organe de la Loi. En un mot, la liberté suit toujours le sort des Lois, elle règne ou périt avec elles ; je ne sache rien de plus certain.»

 

Le bonheur:

 

9)      Sénèque: Bonheur et bien-être matériel

 

Ne va jamais croire qu’un homme qui s’accroche au bien-être matériel puisse être heureux. Celui qui tire sa joie de ce qui vient du dehors s’appuie sur des bases fragiles. La joie est entrée ? Elle sortira. Mais celle qui naît de soi est fidèle et solide. Elle croît sans cesse et nous escorte jusqu’à la fin. Tous les autres objets qui sont communément admirés sont des biens d’un jour. « Comment ? On ne peut pas en tirer utilité et plaisir ? » Personne ne dit cela. Mais à condition que ce soient eux qui dépendent de nous et non le contraire. Tout ce qui relève de la Fortune (1) est profitable, agréable, à condition que le possesseur se possède aussi et ne soit pas asservi à ses biens. En effet, ceux qui pensent que c’est la Fortune qui nous attribue le bien ou le mal se trompent. Elle accorde juste la matière des biens et des maux, et les éléments de base destinés chez nous à tourner au mal ou au bien. L’âme, en effet, est plus puissante que la Fortune. Pour le meilleur ou pour le pire, elle conduit elle-même ses affaires. C’est elle qui est responsable de son bonheur ou de son malheur.

 

(1) la Fortune : déesse personnifiant la chance, bonne ou mauvaise.

Synthèse cours STG

Résumé cours philosophie (programme STG):

 

 

Progression générale du cours:

 

La démarche philosophique consiste à partir de l’opinion immédiate. Celle-ci correspond à l’opinion que j’ai lorsque je me laisse guidé par ma sensibilité, mes sentiments, mes sens. Elle est relative et subjective.

Cependant, la démarche philosophique ne se limite pas à cette opinion immédiate et consiste à mettre en place une réflexion rationnelle – un raisonnement – qui nous permet d’accéder à un savoir objectif qui tend vers la connaissance de la réalité.

Les notions et leurs définitions

I) Thèse du sens commun

qui correspond à l’opinion sensible

II) Limites de la thèse du sens commun

III) Thèse établie par le raisonnement

La vérité:

correspondance entre

le savoir et la réalité

Savoir: affirmation objective établie par le raisonnement.

Opinion: affirmation qui peut être vraie ou fausse, mais qui n’est pas établie par un raisonnement.

La vérité correspondrait à mon opinion immédiate: “à chacun sa vérité”. L’opinion provient des sens ou de la coutume.

(Texte: Les tropes d’Agrippa)

Cette thèse est contradictoire: en effet, dire à chacun sa vérité, c’est dire une phrase qui serait valable pour tout le monde, alors que cette phrase dit qu’il ne peut pas y avoir de connaissance valable pour tout le monde.

Le savoir scientifique n’est pas établie seulement par l’expérience sensible. Il fait appel à l’objectivité du raisonnement.

Il tend vers la connaissance de la réalité. La vérité est un idéal d’adéquation de notre savoir et de la réalité. (Texte de Karl Popper)

Croyance et raison

Croyance: ce qui est tenu pour vrai

raison: capacité humaine de raisonner

L’opinion du sens commun consiste à opposer la croyance et le raisonnement.

La croyance serait une opinion ou une foi (par exemple religieuse)

Cependant, il faut que nous puissions distinguer les croyances subjectives et les connaissances objectives.

Il existe certaines croyances qui ne sont pas des croyances subjectives. Lorsque ces croyances sont établies par la raison, on parle de savoir.

(Texte de Kant: foi, opinion, savoir)

Croyance religieuse et raison

Foi: subjectivement suffisante et objectivement insuffisante

Opinion:

ni subjectivement,

ni objectivement suffisante.

La croyance religieuse relève de la foi ou de l’opinion

(Texte de Freud 1)

Cependant pour faire de la croyance religieuse un savoir, n’est-il pas possible de la démontrer ou de la réfuter par la raison ?

(Cf. Descartes)

(Texte de Marx)

Il n’est pas possible de prouver rationnellement une croyance religieuse qui ne repose pas sur une expérience tirée des sens. Par exemple, il n’est pas possible de prouver ou de réfuter l’existence de Dieu car nous n’en avons pas d’expérience sensible. (Cf. Kant)

érience:

a) opinion issue des sens ou de la pratique

b) dispositif visant à tester une théorie scientifique.

Toutes nos opinions proviennent de l’expérience sensible

(Texte de Locke)

et de l’expérience pratique tournée vers l’utilité.

Néanmoins, notre savoir ne peut pas se limiter à l’expérience sensible et pratique qui est subjective et relative.

Le savoir scientifique suppose de dépasser l’opinion sensible et la recherche de l’utilité. Il met en oeuvre un raisonnement. théorique

(Texte de Bachelard)

Néanmoins l’expérience scientifique ne peut pas prouver une théorie, mais seulement la réfuter

(Texte de Popper)

La culture et la technique

Culture: a) réalisations humaines, par opposition à la nature

b) les productions intellectuelles d’une société (synonyme de culture générale)

L’être humain peut apparaître comme un animal, comme un être naturel.

Cependant, il se distingue de l’animal en particulier par ses réalisations techniques.

La technique peut être considéré comme ce qui fait passer l’être humain de la nature à la culture. Tout ce qui est humain met en oeuvre des techniques. (Texte 1 de Hegel)

L’art et la vérité

art: a) synomyme de technique b) création de belles choses, beaux-arts.

L’art peut apparaître comme une copie qui s’adresse de la réalité aux sens (Cf. Platon)

Cependant, l’art ne s’adresse pas qu’à notre sensibilité, mais aussi à notre intelligence.

L’artiste met en oeuvre son intelligence pour produire une oeuvre d’art et il s’adresse à notre intelligence. (Cf. Hegel)

L’art et la technique

Technique:

moyens mis en oeuvre pour atteindre une fin, un but. Ils peuvent être issus:

a) de l’expérience b) des sciences

L’art peut apparaître comme supposant uniquement une idée originale

Mais dans ce cas, comment distinguer alors l’originalité de l’art de la simple excentricité ?

L’art ne suppose pas seulement une idée originale, mais également une technique (Texte 2 de Hegel)

Les techniques issues des sciences et la liberté

Les techniques modernes peuvent apparaître comme favorisant notre liberté dans la mesure où elles permettraient de réaliser tous nos besoins. (Cf. Adam Smith)

Néanmoins, ne devons-nous pas dépendant des techniques pour la réalisation de nos besoins ?

Ainsi on peut se demander si les machines sont au service des êtres humains ou si ce ne sont pas les êtres humains qui deviennent dépendant des machines et à leur service comme dans la production industrielle (Texte de Simone Weil)

Les échanges:

relation réciprocité par lesquels les êtres humains se transmettent des biens matériels et symboliques.

Les cultures humaines, contrairement aux animaux, semblent se caractériser par l’échange économique égoïste.

(Cf. Adam Smith)

Néanmoins, on peut se demander si les échanges économiques sont bien la base du lien social et si en réalité ils ne masquent pas un rapport d’exploitation économique.

(Cf. Marx)

Les sociétés humaines reposent bien sur des échanges, mais ils ne sont pas qu’économiques, mais également moraux (Texte de Mauss)

La liberté:

le fait de ne pas être contraint.

Au premier abord, la liberté semble pouvoir désigner le fait de faire ce que je veux.(Cf. Sartre)

On peut néanmoins se demander si une telle définition de la liberté est rationnelle. Cependant, cela signifierait que je serais plus libre dans l’erreur et le mensonge qu’en agissant de manière raisonnable. (Cf. Spinoza)

Par conséquent, être libre c’est faire ce que je veux, mais en agissant en accord avec les règles établies par mon raisonnement (Texte de Descartes)

La liberté et la loi

Loi: règle générale et impersonnelle

On peut penser qu’être libre, c’est faire ce qui me plaît (Cf. Hobbes)

Mais une telle conception de la liberté détruirait toute possibilité de vie en société puisque si tout le monde agissait ainsi sans règles communes, ce serait l’anarchie.

La démocratie est le régime de liberté où chacun est libre parce qu’il obéit à des règles qu’il a contribué à élaborer.

(Texte de Rousseau)

Justice et loi

Justice: a) ensemble des institutions judiciaires

b) idéal qui indique ce qui est légitime, ce qui devrait être.

Si on désobéit à des lois qui nous paraissent injustes, cela revient à faire ce qui me plaît (Cf. Hobbes)

Néanmoins, il est possible que l’injustice ne soit pas qu’un sentiment subjectif, mais repose sur une règle universelle: c’est le droit naturel.

Désobéir à une loi injuste est légitime si cela ne repose pas sur un sentiment subjectif, mais sur une règle rationnelle objective et universelle. (Cf. Kant)

L’égalité, la loi et la justice

L’égalité devant la loi est un principe de justice qui permet à tous, de manière juste, d’être libre. (Cf. Rousseau)

Néanmoins, l’égalité devant la loi ne suffit pas toujours à établir la justice car il existe des différences de circonstances.

L’équité est un principe de justice qui consiste dans le fait de mettre en oeuvre une inégalité de manière à rétablir davantage d’égalité.

(cf. Rawls)

Le bonheur individuel

Bonheur: Renvoi un hasard heureux. Le bonheur est un état idéal de satisfaction complète à la fois physique et morale.

On peut penser que le bonheur consisterait à réaliser tous ses désirs et dans le plaisir.

Néanmoins, le bonheur est un état de sérénité. Or les désirs sont insatiables et le plaisir éphémère. On peut alors se demander si la raison peut nous permettre d’atteindre le bonheur ? (Texte de Sénèque)

Le bonheur est un idéal de l’imagination. C’est un idéal que tout le monde poursuit, mais tout le monde ne lui donne pas le même contenu. (Cf. Kant)

Le bonheur de l’humanité et technique

Les progrès scientifiques et techniques permettent de réaliser les aspects physique du bonheur de l’humanité tels que les progrès médical (Texte de Freud 2)

Néanmoins, l’idéal de bonheur de l’humanité ne consiste pas seulement dans des aspects matériels. Il comprend un idéal de paix et de justice sociale.

L’action ne peut pas s’appuyer sur les sciences et les techniques pour réaliser le bonheur de l’humanité. L’action politique met en oeuvre les conditions de possibilité d’une société juste. La recherche de bonheur est un idéal relatif à chaque individu. (cf. Rawls)

 

Repères:

Subjectif: point de vue relatif à un sujet, à une personne qui dit « je »

Objectif:  l’objet tel qu’il est, qui n’est pas déformé par un point de vue.

Absolu: qui n’est pas relatif, qui ne dépend pas d’un point de vue, ou des circonstances.

Relatif: qui dépend, qui change en fonction d’un point de vue subjectif ou des circonstances.

Universel: qui est le même pour tous

Particulier: qui est propre à un groupe de personnes

Individuel: qui est propre à une seule personne, à un individu.

Légal: qui correspond aux lois de la société, aux décisions des tribunaux.

Légitime: qui correspond à un idéal de justice, à ce qui est juste.

Contrainte: fait physique contre lequel je ne peux rien, qui s’oppose à ma liberté.

Obligation: règle morale ou juridique. Je peux y obéir ou y désobéir.

Egalité: principe de justice qui consiste à traiter tout le monde de la même manière.

Equité: principe de justice qui consiste à traiter différemment les personnes en fonction

des circonstances, à les traiter proportionnellement.

Petite structure élémentaire de cours

Proposition d’une structuration la plus basique possible d’un cours de philosophie

Deux hypothèses de départ:

 

– Hypothèse 1: Matière + sens

– Hypothèse 2: Esprit + raison

 

Progression:

– Le rapport immédiat à la réalité consiste dans la perception par les sens de la matière.

– Néanmoins la connaissance sensible est relative et subjective

– Il s’agit alors d’appréhender la réalité par le raisonnement c’est-à-dire par la pensée et non par les sens. La structure matérielle de la réalité, sa forme, n’est pas matérielle.

 

Champs I) Sens + matière II) Limite du (I) III) Raison + esprit
Théorie:

raison et réel

Sensualisme: ce que perçoivent les sens est la matière. La réalité est tel que nous la donne notre perception sensible Les sensations sont relatives et subjectives Idéalisme rationaliste:

La connaissance de la réalité implique le raisonnement. La structure formelle de la réalité n’est pas matérielle. La pensée immatérielle est ce qui donne forme à la matière.

L’action:

liberté, morale, politique

L’action consiste dans la recherche du plaisir sensible immédiat La recherche du plaisir sensible immédiat peut conduire à des conséquences négatives ultérieures L’action consiste dans des choix volontaires rationnels
Culture La culture est en continuité avec la satisfaction des besoins sensibles naturels Les règles qui organisent la culture ne sont pas celles qui régissent la nature La culture trouve sa condition de possibilité dans l’esprit humain
Anthropologie L’être humain est un est de la matière doté d’une sensibilité Si c’était le cas, cela ne permettrait pas d’expliquer la différence entre les autres animaux et l’être humain L’être humain se caractérise par le fait qu’il est dôté d’un esprit capable de raisonnement.

 

Limite de l’orientation idéaliste rationaliste: elle suppose la capacité de fonder dans une transcendance absolue le savoir.

 

Orientation possible pour une troisième partie: Le pragmatisme

 

Hypothèse 3: Instinct + expérimentation

 

– La pratique: L’action pratique est de l’ordre de la prudence. Il s’agit d’expérimenter des hypothèses vraisemblables relativement à une situation donnée. La pratique fait appel à la prudence

 

– La théorie: La connaissance théorique consiste à évaluer les énoncés relativement à leurs conséquences pratiques. Ils ne sont donc ni fondés sur une connaissance rationnelle a priori, ni sur une reception passive par les sens de données extérieures, mais sur l’expérimentation.

 

– L’anthropologie: L’être humain est un être vivant mu par un instinct de survie. Mais cet instinct n’est pas immuable, mais est capable d’une plasticité sous l’effet de la pratique.

 

– La culture n’est pas le produit de besoins immédiats, mais le produit d’habitudes acquises sous l’effet de l’expérience pratique.

 

Principales difficultés des élèves et défauts des copies

Principaux défauts des copies et difficultés types des élèves:

 

En dissertation (Terminales Générales et STG):

 

1. Lecture du sujet de dissertation:

Des difficultés portent souvent sur les relations logiques entre les termes du sujet. La structure logique du sujet est mal comprise

 

2. Rédaction de l’introduction:

 

– le sujet n’est pas énoncé dans l’introduction

– l’analyse des termes du sujet donne lieu à des définitions qui ne sont pas articulées logiquement, mais juxtaposées.

– confusion entre la question du sujet et le problème philosophique

– difficultés à formuler le problème

– Juxtaposition dans l’annonce de plan et non pas progression logique

 

3. Developpement

 

– Substitution de l’argumentation par des exemples

– Difficultés à construire la structure logique d’un argument

– Absence de transition entre les parties

– Absence de références philosophiques ou usage trop allusif des références ou usage sous forme d’affirmations sans restitution de l’argumentation de l’auteur

 

4. Conclusion

– absence de reprise synthétique du raisonnement suivi

– Relativisme dogmatique

– formulation d’ouverture maladroite

 

Explication de texte (Terminales générales):

 

1.Introduction:

– La thèse de l’auteur n’est pas énoncée, ou de manière trop vague

– Le problème philosophique n’est pas énoncé

– Le ou les thèses auxquels s’oppose l’auteur ne sont pas cernées.

– La formulation du mouvement du texte est trop vague

 

2. Developpement

– Contre-sens dans la lecture du texte

– Le détail du texte n’est pas étudié: le discours est trop lointain

– Certains passages sont passés sous silence

– La structure logique du texte n’est pas mise en valeur.

– Le texte n’est pas expliqué: les dimensions implicites du raisonnement ne sont pas explicitées

– Paraphrase: l’analyse ne met pas en perspective: à quoi s’oppose l’auteur et quels sont les implicites de son discours

 

3. Conclusion:

La reprise du mouvement du texte n’est pas effectuée ou de manière trop vague

 

La problématisation aporétique

 

La problématisation aporétique permet l’apprentissage de la dissertation de philosophie avec une économie de moyens. Elle présente l’avantage de conduire à problématiser et à organiser la structuration de la réflexion dans un même mouvement.

Définition de la problématisation aporétique:

Méthode de problématisation qui consiste dans le cas d’un sujet de dissertation libellé sous la forme d’une question fermée de montrer que la réponse positive aussi bien que la réponse négative à la question aboutie à des difficultés. L’objectif du développement est alors d’exposer les difficultés auxquelles conduisent ces deux voies et à proposer une solution permettant de sortir de l’aporie.

Proposition de questions permettant de guider une problématisation aporétique:

Exemple de sujet:

Reconnaître la vérité, est-ce renoncer à sa liberté de penser ?

Q.1. Quelle relation la formulation du sujet établit entre les termes et quelle thèse présupposée interroge-t-il ?

R.1. Le sujet interroge la relation entre la “reconnaissance de la vérité” et la “liberté de pensée”. Il conduit à s’interroger sur la validité de la thèse suivante: “Reconnaître la vérité, c’est renoncer à sa liberté de penser”.

Q.2- Quelles sont les deux réponses opposées possibles à la question

R.2- Les deux thèses sont:

– Reconnaître la vérité, c’est renoncer à sa liberté de penser.

– Reconnaître la vérité, ce n’est pas renoncer à sa liberté de penser.

Q.2. Analyser les termes du sujet afin d’en produire une définition

R.2.

Reconnaître: admettre subjectivement

Vérité: adéquation de la pensée et de la réalité

Renoncer: abandonner quelque chose, ne plus chercher à l’atteindre.

Liberté de pensée: le fait de penser ce que l’on veut.

Q.3. Trouver une objection pour chaque thèse.

R.3.

La première thèse: “Si reconnaître la vérité, c’est renoncer à sa liberté de penser”, alors il faudrait admettre que l’on est plus libre en pensant quelque chose de faux ou en mentant qu’en énonçant une vérité.

La seconde thèse: Si on peut penser que “reconnaître la vérité, ce n’est pas renoncer à sa liberté de penser” est un énoncé qui pose problème, c’est parce qu’on l’on a l’impression que la vérité serait une contrainte extérieure qui nous empêcherait de penser ce que l’on veut.

On aboutie à une impasse qui fait apparaître un problème. Il s’agit bien d’une manière possible de formuler un problème, de problématiser.

Q.4- En vous servant de la réponse précédente, trouver un plan possible qui permet de parvenir à une solution possible à l’impasse (aporie) formulée.

R.4- Un exemple possible:

I- Reconnaître la vérité apparaît au premier abord comme le fait de se soumettre à une contrainte extérieure qui limite ma liberté de pensée.

II- Réfutation: Mais si je considère la reconnaissance de la vérité comme une atteinte à ma liberté, alors je suis conduit à admettre que l’on serait plus libre en mentant ou en étant dans l’erreur qu’en disant la vérité. Ce qui pose problème.

III- Reconnaître la vérité ce n’est pas renoncer à sa liberté de penser lorsque la vérité ne m’est pas imposée du dehors, mais que je l’établie moi-même par ma raison.

Dans ce cas, il n’y a pas d’oppositions entre l’objectivité extérieure de la réalité et ce que je pense subjectivement.

La problématique

Définition: La notion de problématique désigne l’unité cohérente que forment dans l’introduction d’un devoir l’analyse des termes du sujet à partir de laquelle est déduit le problème philosophique.

 

Dans l’introduction, l’analyse des termes consiste à partir de la définition des termes du point de vue de la sensibilité immédiate ou d’une analyse du terme pertinente pour déduire le (ou les) problème(s) philosophique(s) du sujet. L’analyse des termes ne consiste pas à juxtaposer des définitions, mais à les articuler entre elles de manière cohérente de façon à former un raisonnement dans la conclusion est énoncée sous forme interrogative et constitue le problème philosophique du sujet. Le raisonnement vise à montrer que la notion qui pose problème est conceptualisable de deux manières opposée.

 

La question du sujet consiste à se demander si on peut inclure une notion mineure dans une notion majeure qui la comprend. Par exemple, peut-on inclure ou identifier la notion de “richesse” à l’ensemble “bonheur” ?

 

L’exercice de problématisation comporte bien souvent une difficulté. L’attribution ou non de la notion mineure à la notion majeure dépend de la manière dont chacune de ces notions est conceptualisée. L’attribution va consisté à faire apparaître un terme moyen dont il s’agit de montrer que les deux notions peuvent être en rapport avec ce terme moyen. La notion majeure contient ce terme moyen tandis que la notion mineur est inclue dans ce terme moyen.

 

Plusieurs voies de problématisation sont possibles. La problématisation consiste à montrer que la notion mineure peut être inclue dans deux ensembles différents. Cette ambiguité de la notion mineure est ce qui provoque le problème philosophique. En effet, la notion mineure apparait comme conceptualisable de deux manières différentes. Chaque conceptualisation correspond à une grammaire de la philosophie et donc à une conception philosophique.

 

Une première voie peut consister à montrer que la notion mineure ne semble être incluse que dans un des sous-ensembles constituant les critères permettant l’inclusion dans la notion majeure.

 

Une deuxième voie: Il peut s’agit de déterminer dans quelle autre notion majeure opposée à la première notion ensemble, la notion mineure pourrait être incluse. En effet, un problème philosophique peut être définit comme l’opposition entre deux conceptualisation d’une même notion.

 

 

Ex: La richesse est-elle source de bonheur ?

 

– La richesse correspond à la notion mineure.

 

Il s’agit de se demander si la notion de richesse est inclue dans l’ensemble bonheur.

 

– Le bonheur est donc la notion majeure.

 

– Toute la difficulté de la problématisation consiste à déterminer la notion “terme moyen” qui permet de faire le lien entre les deux notions. Il s’agit ici des notions de physique/matériel par opposition à morale.

 

Le bonheur est un sentiment de plénitude à la fois physique et moral que tout le monde souhaiterait atteindre.

Or la richesse est un ensemble de biens matériels en grande quantité, y compris sous forme d’argent.

Par conséquent, la richesse peut-elle nous permettre d’atteindre le bonheur dans sa totalité ou peut-il seulement nous permettre d’atteindre un bien être matériel ?

 

Il est possible de constater que dans ce cas, la voie de problématisation a consisté à montrer que la notion mineure pouvait être incluse dans une partie de la notion majeure, mais qu’elle ne répondait peut-être pas à l’ensemble des critères nécessaires à son inclusion dans l’ensemble “notion majeure”.

 

Ex: S’engager, est-ce renoncer à sa liberté ?

 

– La notion mineure est ici celle d’engagement.

 

– Il s’agit de se demander si la notion mineure doit être incluse dans l’ensemble “renoncement à la liberté”.

 

– Le terme moyen est ici celui d’obligation: les obligations sont-elles opposées à la liberté (des contraintes) ou sont-elles des conditions de possibilité de la liberté ?

 

L’engagement semble à première vue en contradiction avec la notion de liberté dans la mesure où l’engagement semble nous lier par des obligations.

Pourtant, à l’origine de ces obligations se trouve le choix du sujet qui les a accepté.

Par conséquent, l’engagement est-il ce qui restreint ma liberté en me liant à des obligations ou au contraire s’agit-il d’un acte par lequel je choisis d’affirmer ma liberté au moyen de ces obligations ?

 

La voie de problématisation consiste ici à montrer l’ambiguité de la notion d’engagement qui semble à la fois être incluse dans l’ensemble liberté et lui être extérieur et donc pouvoir être incluse dans l’ensemble contrainte.

 

Il est possible de remarquer que la problématisation repose sur l’opposition entre deux conceptions de la liberté qui s’opposent à travers l’interprétation qui est faîte de la notion d’engagement. L’engagement apparait comme un choix aliénant lorsque la liberté consiste à faire ce qui me plaît. L’engagement peut apparaître comme une affirmation de ma liberté lorsqu’il est un acte par lequel ma volonté s’affirme dans des choix et le fait de s’y tenir.

 

Le problème divient alors: La liberté doit-elle se fonder sur le plaisir ou la volonté ?

 

Formalisation:

 

Soit A : la notion majeure

Soit B: la notion mineure

Soit m: le terme moyen

Soit y: contradictoire avec le terme moyen

 

On obtient:

 

A est m

Or B est m ou y.

Donc: B est-il m ou y ?

 

A est m et y

Or B semble être m

Le problème: B est-il m et y ou seulement m ?

 

Des définitions à la problématisation

Bien souvent une des difficultés rencontrée lors de la rédaction de l’introduction par

les élèves réside dans l’articulation entre les définitions et la formulation du problème

philosophique. 

 

1 – La définition des termes dans l’introduction consiste le plus souvent à partir d’une

définition générale qui serait celle du sens commun et que l’on va remettre en cause

au cours du développement.

2 – Pour que la définition permette de dégager le problème philosophique, il faut

distinguer la notion centrale du sujet et la partie du sujet qui qualifie de la notion

centrale. Or il s’agit de montrer dans quelle catégorie plus générale se situe cette

qualification de la notion et à quelle autre catégorie générale, elle s’oppose.

3- Il s’agit de montrer comment la définition de la notion centrale lui permettrait

en apparence de rentrer dans l’une ou l’autre de ces deux catégories générales opposées

et que c’est bien là que réside le problème.

4 – Il s’agit alors de formuler le problème sous forme interrogative à partir de

l’opposition entre ces deux catégories générales.

 

Exemple 1: Le bonheur consiste-t-il dans la recherche du plaisir ?

– Le plaisir: sensation physiologique agréable. Le plaisir provient donc des sens.

Or l’être humain ne semble pas être qu’un être doué de sensibilité comme les autres

animaux, il a également la capacité de raisonner.

– Le bonheur est pour sa part un sentiment de plénitude qui constituerait le but idéal

de toute vie humaine.

Par conséquent, le sujet pose le problème suivant:

– Le bonheur  pour un être humain consiste-t-il uniquement dans des sensations

agréables ou implique-t-il également de faire intervenir le raisonnement ?

 

Exemple 2: Les échanges économiques doivent-ils prendre en compte la morale ?

– La morale désigne un ensemble de règles qui rendent possibles la vie sociale

car elles nous conduisent à agir en tenant compte d’autrui. Par conséquent, la morale

semble s’opposer à l’action égoïste orientée uniquement vers l’intérêt individuel.

– L’économie a pour finalité première d’assurer les besoins vitaux des êtres humains,

donc leur intérêt.

– Néanmoins, la notion d’échange implique une relation avec autrui.

– Le sujet pose donc le problème suivant: Les échanges économiques doivent-ils tenir

compte d’impératifs altruistes ou sont-ils uniquement régis par l’intérêt égoïste ?

 

Exemple 3: L’art est-il une illusion ?

– Une illusion est ce qui nous trompe sur la réalité. L’illusion s’oppose donc à la réalité

et semble donc nous éloigner de la vérité.

– Or l’art en tant que représentation peut apparaître comme pouvant à la fois nous

exprimer la réalité, mais également comme n’étant qu’une copie de la réalité.

– Le sujet pose donc le problème suivant: L’art n’est-il qu’une représentation illusoire

de la réalité ou au contraire constitue-t-il un moyen d’accéder à une vérité

sur la réalité ?

 

 

Méthode de dissertation de philosophie (version basique):

Tentative pour produire une explication de la méthode de dissertation en philosophie la plus simple possible.

I- Analyser le sujet (1 heure)

1. Analyser les relations entre les termes du sujet

Il faut analyser les relations entre les termes du sujet pour être certain de bien comprendre

la question posée.

Un sujet de philosophie en terminale se présente sous la forme d’une question à laquelle il semble immédiatement possible de répondre par “oui” ou par “non”.

Ex 1: Etre libre, est-ce faire tout ce qui me plaît ?

Ex 2:  Doit-on craindre la liberté ?

Le sujet met en relation deux notions entre elles.

Ex: Etre libre, est-ce faire tout ce qui me plaît ?

Le sujet présuppose interroge la thèse présupposée: « Etre libre, c’est faire tout ce 

qui me plaît » . Etre libre est-ce faire tout ce qui me plait ou cela suppose-t-il de limiter

mon plaisir personnel ?  

2. Analyser les différents sens des mots et trouver leurs sens opposés. Donner une première définition des termes:

Ex: Doit-on craindre la liberté ?

Doit: du verbe devoir. Impératif moral.

on: les êtres  humains en général cad aussi bien moi que les autres.

Craindre: avoir peur. Le contraire de craindre: ne pas en avoir peur

La liberté: à première vue, la liberté c’est faire ce dont on a envie, n’obéir à personne…Le contraire: c’est être contraint, ne pas pouvoir faire ce que l’on veut.

Énoncer le sens du sujet: Le sujet amène à se demander s’il faut avoir peur de la liberté. Cela peut être avoir peur de sa propre liberté ou de la liberté des autres.

3. Problématiser:

a- Un sujet de philosophie interroge une affirmation:

Ex: Etre libre, est-ce faire tout ce qui me plaît ?

Affirmation: Etre libre, c’est faire tout ce qui me plaît.

[ Cette affirmation s’appelle la “thèse présupposée” par le sujet]

Mais cette affirmation est-elle vraie ?

b- Cette affirmation peut paraître évidente ou paradoxale. Mais si on pose une question à son propos, c’est que la réponse pose problème. Il faut tenter de montrer ce qui pose problème.

– Si c’est une affirmation évidente, on peut faire ressortir le problème en montrant que cela n’est peut-être pas si évident que cela:

Ex: Etre libre, est-ce faire tout ce qui me plaît ?


Problème:
Cela semble évident que lorsque je fais ce qui me plaît, je me sens libre. Pourtant, si tout le monde faisait tout ce qui lui plaît, est-ce que cela ne poserait pas problème ? Dans ce cas là, est-ce vraiment cela la liberté ?

– Si c’est une affirmation paradoxale, on peut essayer de montrer en quoi elle est paradoxale, puis pourquoi elle pourrait avoir un sens malgré ce paradoxe:

Ex: Doit-on craindre la liberté ?

– Affirmation présupposée dans le sujet: On doit craindre la liberté

Problème:

On pourrait penser immédiatement que les êtres humains veulent être libres et que donc ils n’ont pas peur de la liberté. Pourtant, le fait d’être libre, est-ce que cela ne pose pas des problèmes qui font qu’on pourrait avoir peur de la liberté ? Si tout le monde fait ce qu’il veut, est-ce que je ne suis pas en danger ? Si je suis libre, cela veut dire que je suis responsable de ce que je fais ? Cela peut être effrayant.

Problématiser, c’est donc montrer pourquoi on pose ce sujet, pourquoi la réponse n’est pas évidente, pourquoi elle fait débat.

 

II- Trouver des arguments, des exemples, des références philosophiques et 

construire un plan détaillé (1 heure)

 

3- Brain Storming: Chercher des arguments, des exemples, des références philosophiques:


4- Construire un plan:

(Exemple de plan possible:)

– Dans la première partie, je commence par la thèse qui me parait la plus évidente. Je donne les arguments qui permettent de la défendre.

– Dans la deuxième partie, j’en montre les limites. Je fais des objections à la première thèse.

– Dans la troisième partie, je donne les arguments qui permettent de défendre une thèse qui me parait plus réfléchie sur le sujet que celle qui me paraissait évidente avant d’y avoir réfléchie.

Attention: ne pas se limiter à un aspect du sujet, mais essayer dans les arguments de prendre en compte toutes les dimensions possible du sujet.

5- Organiser les arguments: 

Classer les arguments dans chaque partie en allant du plus évident et du plus simple au plus complexe

III- Rédiger la dissertation (2 heures)

6- Rédiger l’introduction et la conclusion au brouillon

L’introduction:

1a- J’amène le sujet par une accroche

1b- J’énonce le sujet

2a- Je définis les termes

2b- J’explique le problème que pose le sujet

3- J’annonce le plan

7 – Rédiger directement le développement à partir du plan détaillé:

Entre l’introduction, entre chaque partie et avant la conclusion, je saute des lignes.

Chaque partie, doit défendre une thèse. A l’intérieur de chaque partie, il y a des paragraphes.

Il faut essayer de construire trois paragraphes par partie.

Un paragraphe c’est un argument rédigé en au moins deux phrases qui appuie la thèse.

Cet argument est illustré ensuite par un exemple.

Dans chaque partie, il faut essayer d’utiliser un philosophe dont on explique l’argumentation

dans un paragraphe.

La conclusion résume les différentes étapes du développement.

8 – Relecture (15 minutes)

Petit abrégé d’argumentation philosophique

Ce petit abrégé de philosophie n’entend pas tant replacer des philosophies dans l’histoire de leurs traditions et des lectures de commentateurs que de s’attacher à restituer le plus simplement possible les logiques argumentatives des positions philosophiques.

 

On peut se demander du point de vue d’une approche des logiques argumentatives quand commence la démarche philosophique. On peut prendre comme point de départ l’interrogation sur les conditions de légitimité du savoir.

 

1. Le sensualisme relativiste

 

1.- Une première thèse possible serait alors d’affirmer que toutes nos connaissances proviennent de nos sens, de nos sensations. Cette thèse est celle des empiristes, ou plus exactement des sensualistes. La réalité extérieure se réduit à nos sensations et notre intériorité est elle-même constituée à partir de nos sensations. Cette position entraîne les conséquences suivantes.

 

1.1. Il est possible tout d’abord de constater que si toutes nos connaissances proviennent de nos sensations, celles-ci changent et même se contredisent relativement:

1.1.1. aux circonstances

1.1.2. à nos différents sens – ces derniers peuvent se contredire les uns les autres

1.1.3. aux personnes qui éprouvent ces sensations.

 

1..2. Si donc nos connaissances proviennent des sens et que nos connaissances sensibles sont relatives, il faudrait alors en tirer la thèse que la réalité en elle-même est changeante et contradictoire.

1.2.1. Une telle thèse aurait pour conséquence de supposer qu’il n’existe pas derrière nos sensations de substance fixe telle que la réalité ou un moi qui serait la cause de l’unité de nos actions, de nos pensées et de nos sensations.

1.2.2. Si cette thèse est exacte, alors il faudrait supposer que si la vérité est ce qui correspond à la réalité, alors la vérité serait elle-même contradictoire et changeante, c’est-à-dire relative.

1.2.3. Ce caractère relatif de toutes nos connaissances concernerait alors à la fois celles qui portent sur les faits et celles qui portent sur les normes.

1.2.4. Une telle thèse se heurte à l’objection suivante: si la vérité est relative, alors celui qui énonce cette thèse se contredit en acceptant également la thèse inverse.

 

1.3. En outre, si nos connaissances proviennent toutes de nos sensations, alors il n’est pas possible d’établir de connaissances scientifiques.

1.3.1. D’un part, parce qu’il n’est pas possible d’établir une connaissance universelle. Non pas une connaissance générale (en fait), mais universelle (en droit), c’est à dire une connaissance qui soit nécessairement universelle même si je n’ai pas pu examiner tous les cas qui existent, c’est-à-dire une connaissance qui soit universelle a priori.

1.3.1.1. Il s’agit ici du problème de l’induction. A partir de la connaissance répétée de cas particuliers, je ne peux pas parvenir à une connaissance universelle. Il est toujours possible qu’un nouveau cas particulier contredise tout les cas précédents que j’ai examinés.

1.3.2- D’autre part, à partir de l’observation sensible, je ne peux pas tirer le principe de causalité.

1.3.2.1. Il n’est en effet possible de tirer de l’observation sensible qu’une relation habituelle entre deux phénomènes et non un lien nécessaire.

1.3.2.2. Ainsi, il est peut être possible qu’une nouvelle observation contredise les précédentes.

 

2. Le rationalisme matérialiste

 

2. Si donc il n’est pas possible d’établir une connaissance cohérente à partir de la sensation, alors peut-être est-ce possible de la produire par le raisonnement. Cette position philosophique qui consiste à établir la vérité non à partir de la sensation, mais du raisonnement, porte le nom de rationalisme. Le rationalisme se donne pour objectif d’établir une vérité par le raisonnement en déterminant une réalité fixe et immuable, c’est-à-dire une vérité qui ne soit pas relative à une apparence changeante. Mais un tel projet, pour être possible, suppose plusieurs conditions.

 

Pour pouvoir établir des connaissances par le raisonnement:

 

2.1. Il faudrait pouvoir fonder la connaissance sur des premiers principes vrais qui permettent ensuite de déduire logiquement l’ensemble de la réalité selon le modèle mathématique hypothético-déductif.

2.1.1. Or nous avons vu précédemment à travers l’étude de la position sensualiste qu’il n’est pas possible d’induire des principes vrais et universels à partir de l’observation sensible.

2.1.1.1. Il faut donc que ces principes existent de manière a prioridans l’esprit humain. Cette thèse est celle de l’innéisme.

 

2.2. Si les vérités innées qui servent de principes premiers à l’esprit humain ne peuvent être tirées de la sensation, elles trouvent leurs origine dans la rationalité qui organise la réalité: principe de non-contradiction, principe d’identité, principe du tiers exclu… La position rationaliste suppose qu’il existe dans la réalité une rationalité et que la rationalité de l’esprit humain soit identique à la rationalité du monde dont elle est elle-même une partie.

2.2.1- La position rationaliste suppose en outre qu’il existe à toute chose une raison suffisante. Ce principe suppose que toute chose ait une cause pour pouvoir exister.

2.2.1.1. Si toute chose doit avoir une cause pour pouvoir exister, alors il y a une régression à l’infini. Mais la notion d’infini parait contradictoirecar toute chose doit avoir un commencement. Ou bien il y a une première cause et l’existence de cette première cause doit être démontrable pour pouvoir satisfaire les exigences de la raison.

2.2.1.2. Mais cette première cause doit être cause d’elle-même, c’est-à-dire cause immanente. Il s’ensuit alors que la nature est sa propre cause. Il n’y a pas de cause transcendante en dehors de la nature. Cette position est celle du naturalisme.

 

2.3. Mais si le rationalisme consiste à considérer que toute chose doit avoir une cause efficiente,

2.3.1. A l’inverse, le rationalisme de la science moderne consiste à éliminer les causes finales de la nature. Il s’agit d’expliquer les phénomènes par leur cause efficiente et non finale: un chose existe “parce que” et non “pour que”.

2.3.1.1. En effet, expliquer un phénomène par ses causes finales consiste à tenter d’expliquer la cause par l’effet, c’est-à-dire que ce serait le but qui serait la cause des moyens. L’explication finaliste inverse la cause et l’effet.

2.3.2. Le rationalisme mécaniste consiste alors à considérer que la réalité n’est pas organisée en fonction d’une intention semblable à l’intention humaine. Elle n’a pas été créée par un Dieu doté d’une intentionnalité.

2.3.3. Si le rationalisme consiste à considérer que tout peut être réduit à un mécanisme causal, alors le vivant doit être lui aussi réductible à un mécanisme causal.

2.3.4. Si le rationalisme consiste à considérer que tout doit être expliqué selon le mécanisme causal, alors l’esprit humain peut-être lui-même réduit à un mécanisme causal. Cela conduit alors à considérer que l’intentionnalité de la conscience, sa capacité à viser des fins morales comme des valeurs, est une illusion. L’esprit, en tant que réalité transcendant la nature et fonctionnant selon d’autres règles, n’existe pas.

2.3.5. Cela consiste également à considérer que le libre-arbitre ou liberté de la volonté qui consiste à pouvoir agir indépendamment des déterminismes causals est une illusion.

2.3.6. Si tout est organisé selon une causalité selon laquelle des réalités matérielles agissent sur d’autres réalités matérielles, alors il faut en conclure qu’il n’existe pas de réalités immatérielles.

2.3.7. Les cultures humaines, les sociétés humaines, peuvent être dans leur fonctionnement réduites aux mêmes mécanismes de fonctionnement que les faits naturels.

2.3.8. Il pourrait être alors possible de prévoir le devenir des sociétés humaines à partir d’une étude de l’ensemble des déterminations causales.

 

2.4. De la conception rationaliste matérialiste qui consiste à partir d’une connaissance de la nature matérielle conçue comme un mécanisme organisé selon une causalité stricte et le principe de non-contradiction, il s’ensuit que toute connaissance dérive d’une physique, c’est-à-dire d’une connaissance des faits naturels.

2.4.1. Or il n’est pas possible, à partir de ce qui est, de tirer ce qui doit être. L’étude des faits nous dit ce qui est, mais l’introduction d’un devoir être suppose l’introduction d’une nouvelle dimension, le devoir, qui n’est pas contenu dans les faits. Le rationalisme matérialiste ne peut donc produire une morale au sens où la morale énoncerait ce qui doit être.

2.4.1.1.La science aurait comme portée de nous dire ce qui est, mais elle ne pourrait pas nous dire ce qui doit-être. La morale serait en définitive une illusion.

2.4.2. Le rationalisme matérialiste se donne donc pour objectif d’établir une éthique au sens où l’éthique consisterait à déterminer les comportements des êtres à partir d’une connaissance de leur nature matérielle.

2.4.3. Si on établit alors que les êtres vivants tendent à agir selon ce qui leur est utile et si ce qui leur est utile correspond à ce qui leur provoque le moins de souffrance et le plus de plaisir, alors l’éthique consiste dans un calcul rationnel des peines et des plaisirs et dans la détermination d’un optimum de plaisir.

2.4.3.1. Pour tenter d’établir une définition matérialiste de l’utilité, il serait possible de partir du fait de ce qui est commun à l’être humain et aux autres êtres vivants, c’est le fait qu’il est un être sensible. Par conséquent, l’être humain partagerait avec l’ensemble des êtres vivants dotés de sensibilité le fait de fuir la douleur et de rechercher le plaisir.

2.4.4. L’action libre consiste alors dans une connaissance et une action conformes à ces règles naturelles.

 

2.5. Les limites auxquelles se heurte l’approche rationaliste sont les suivantes:

2.5.1. Ou bien les premiers principes qui permettent de déduire l’ensemble de la connaissance sont démontrables, mais alors il faudrait pouvoir démontrer la démonstration et ainsi à l’infini. Ou bien ce sont de simples hypothèses, auquel cas il n’est pas possible à partir d’hypothèses de tirer des connaissances vraies.

2.5.2. Si la nature est cause immanente d’elle-même, cette thèse viole le principe rationaliste selon lequel toute chose doit avoir une cause.

2.5.3. La raison ne peut connaître la totalité et déduire la connaissance en la fondant sur ce savoir car pour avoir une connaissance objective de la totalité, il faudrait être extérieur à cette totalité. Donc la connaissance que peut en avoir la raison humaine est relative à sa place dans cette totalité. Elle ne peut donc pas être absolue.

2.5.4 La raison ne peut pas démontrer l’existence de ce qui est. L’existence ne peut s’éprouver qu’à travers une expérience sensible. Il n’y a en effet pas de différences conceptuelles entre le concept de la chose et la chose existante. La seule différence porte sur l’expérience que l’on fait de son existence.

2.5.5. Par conséquence, la raison pourrait nous permettre de rendre compte du comment des phénomènes, mais non de leur cause première (le pourquoi du monde), ni de sa cause finale (le “pour quoi”) c’est-à-dire du sens de l’existence.

2.5.5.1. De manière générale, la rationalité permet de rendre compte de ce qui peut être analysé sous forme d’un mécanisme, mais elle ne pourrait rendre compte de ce qui relève du sens (la finalité et la signification).

2.5.6. Pour vérifier la valeur de la connaissance rationnelle, il faudrait évaluer la correspondance entre notre connaissance et la réalité, mais pour cela il faudrait un instrument d’évaluation qui ne soit pas d’ordre rationnel. En outre, il faudrait un instrument d’évaluation permettant d’évaluer cette évaluation et ainsi à l’infini.

 

3. L’intuitionnisme idéaliste

 

3. Il est possible d’essayer de dépasser les limites de la raison en essayant de fonder le savoir sur l’intuition intellectuelle de l’esprit. Cette intuition peut avoir pour visée des idées telles que la vérité, Dieu ou le sujet conscient.

 

3.1. Il serait possible de fonder la connaissance rationnelle matérialiste de la science moderne à partir d’une intuition intellectuelle des premiers principes.

3.1.1. Cette intuition intellectuelle aurait pour critère la certitude subjective. Néanmoins, comment être certain que cette certitude nous donne accès à la vérité et ne soit pas une illusion de la conscience.

3.1.2. Cette certitude qui garantit l’évidence de premiers principes véridiques peut être elle-même garantie sur la véracité de Dieu. C’est parce que Dieu est un être parfait, qu’il ne peut pas mentir, que donc les premiers principes sont vrais.

 

3.2. Il serait possible de fonder la chaîne de causalité qui rend possible la connaissance nécessaire du réel sur l’existence d’une cause première qui n’est pas elle-même matérielle.

3.2.1. En effet, si elle était matérielle, elle serait elle aussi placée dans l’enchaînement de cette chaîne de causalité.

3.2.2.. Cette première cause qui n’aurait besoin d’aucune autre cause pour exister, ce serait Dieu.

 

3.3. Même s’il n’est pas possible de démontrer rationnellement qu’il existe une finalité à l’oeuvre dans la nature, il est possible de la supposer en droit pour des raisons morales.

3.3.1. En effet, la science moderne s’est caractérisée par l’élimination de la finalité dans la nature au profit d’une explication en termes de causes efficientes.

3.3.2 Mais l’action morale suppose la capacité de poursuivre des fins, des valeurs ou des idéaux, qui transcendent ce qui est, qui ne s’y réduisent pas, qui norment la réalité.

 

3.4. Il n’est pas possible d’éliminer de manière satisfaisante dans l’étude du vivant la finalité en se passant totalement d’une analyse fonctionnaliste.

3.4.1. L’explication par la fonction en biologie est de type finaliste: elle consiste à analyser la genèse et le fonctionnement d’un organe par rapport à son but supposé. C’est l’adage de Lamarck selon lequel “la fonction crée l’organe”.

 

3.3. Il est possible de fonder le savoir sur le sujet conscient, qui est la seule certitude qui résiste au doute. Je ne peux pas douter de ma propre existence. Si je doute de la vérité de ma conscience, c’est la conscience elle-même qui doute de sa propre existence, il s’agit d’une contradiction performative.

3.3.1. Si nous ne pouvons pas prouver l’existence sensible et que donc la connaissance suppose l’intuition sensible et si l’expérience sensible ne contient aucun principe d’organisation rationnelle, alors c’est que ces principes se trouvent dans l’esprit humain et non dans la matière.

3.3.2. C’est l’esprit humain qui organiserait de manière universelle et a priori l’expérience causale.

3.3.3. C’est l’unité du sujet qui organiserait de manière a priori les sensations et qui éviterait la confusion qui pourrait résulter des informations contradictoires des différents sens.

 

3.4. Si l’esprit humain est capable de viser des fins, il ne s’agit pas d’une illusion, mais du fait que son fonctionnement ne peut être réduit à un mécanisme naturel.

3.4.1. L’intentionnalité de la conscience est ce qui rend possible la liberté humaine, dans la mesure où l’esprit humain peut se déterminer non en fonction de causes efficientes, mais de causes finales, c’est-à-dire de projets ou de buts par exemple.

3.4.2. Les sociétés humaines, les cultures humaines, présupposent l’existence d’une transcendance de l’esprit par rapport au mécanisme naturel: les sociétés humaines font en effet intervenir des valeurs qui ne sont pas réductibles aux faits.

3.4.3. L’analyse de l’histoire et des sociétés humaines suppose l’interprétation du sens des actions et des discours humains. Il s’agit alors de comprendre et non d’expliquer.

 

3.4. Si la morale ne peut pas être tirée d’une connaissance de la nature, elle peut-être tirée de l’esprit humain.

3.4.1. L’éthique ne peut pas produire une connaissance universelle, et donc vraie, de la manière dont l’on doit agir dans la mesure où le plaisir et la souffrance sont relatifs pour chaque individus.

3.4.2. Une morale universelle ne peut être tirée ni d’une connaissance des faits naturels ni de la sensibilité. Donc elle ne peut être tirée que de la raison humaine ou de l’intuition intellectuelle.

3.4.3. Le droit et la politique en tant qu’ils établissent des normes d’action se trouvent subordonnés à la morale.

 

3.5. Les limites de l’intuitionnisme idéaliste:

3.5.1. Rien ne permet d’établir que nous soyons capables d’une intuition intellectuelle: en effet la démonstration de l’intuition intellectuelle serait contradictoire. En effet, ce qui est intellectuel est discursif et ce qui est intuitif est sensible. L’intuition intellectuelle ne peut donc reposer que sur une certitude subjective, une foi.

3.5.2. La thèse d’une connaissance intellectuelle intuitive de Dieu se heurte au risque que la certitude intellectuelle ou foi ne soit qu’un sentiment relatif et non l’intuition d’une vérité absolue.

3.5.3. La thèse selon laquelle il n’est pas possible de douter de son existence en tant que sujet conscient peut faire l’objet des critiques suivantes:

3.5.3.1. Il est possible de dire que quelque chose pense, mais il n’est pas possible de dire qu’il s’agit d’un sujet, c’est-à-dire d’une réalité stable et fixe.

3.5.3.2. La notion de sujet n’est peut être qu’une fiction créée par la grammaire, par le fait que nos langues sont généralement organisées en sujet-verbe.

3.5.3.3. Dans une telle objection, la structure grammaticale du langage n’est pas une expression de la structure du monde, elle est le produit d’habitudes sociales qui peuvent être considérées comme des erreurs utiles.

3.5.4. La morale comme règle absolue tirée d’une raison constituante (et non constituée) se heurte à l’existence de conflits de devoir qui soumettent la raison à des dilemmes moraux.

 

4. Scepticisme

 

Le fait que la vérité ne puisse être établie de manière absolue, ni par les sens, ni par le raisonnement, ni par la certitude intellectuelle d’un sujet conscient, semble nous conduire à douter que l’on puisse établir la vérité, voire même à renoncer à la notion même de vérité.

 

4.1. Le fait de douter de toute vérité conduit celui qui doute à devoir douter même de son propre doute. Il se trouve alors entraîné dans une régression à l’infini du doute. Le sceptique succombe sous son propre argument de la régression à l’infini.

 

4.2. Le doute sceptique de l’existence d’une réalité extérieure conduit néanmoins le sceptique à accepter l’existence de croyances pragmatiques, c’est-à-dire de croyances utiles pour l’action, sous peine de périr.

 

4.3. Le scepticisme, ne pouvant fonder le savoir, est conduit à accepter les normes dominantes dans la société dans laquelle il vit. Il se plie au conformisme dominant.

 

5. Le pragmatisme

 

S’il n’est pas possible de fonder et de déduire l’intégralité du savoir à partir d’un principe premier, que celui-ci soit Dieu, la totalité ou le sujet conscient, peut-être est-il possible de partir d’hypothèses vraisemblables afin d’établir un savoir plus justifié.

 

5.1. La démarche pragmatiste ne consiste pas à dépasser la connaissance apparente vraisemblable (sensations, opinions…) pour fonder une connaissance sur des premiers principes vrais et la déduire logiquement de ces premiers principes.

 

5.2. Il s’agit au contraire d’établir une connaissance davantage probable et vraisemblable sur l’expérience quotidienne ou l’expérimentation.

5.2.1. Cette connaissance n’est pas absolue, mais relative à nos intérêts.

5.2.2. Elle est donc relative à nous-mêmes et ne peut donc prétendre constituer une vérité absolue.

5.2.3. Ainsi, il est possible qu’une affirmation nous soit utile sans pour autant être vraie.

 

5.3. En matière morale, il s’agit alors d’établir des conseils de prudence qui peuvent être expérimentés relativement à une situation, mais qui ne constituent pas des règles absolues.

5.3.1. De fait, ces règles peuvent changer en fonction des personnes et des situations.

5.3.2. De même, il ne s’agit pas d’établir une liberté en soi, mais des degrés apparents de choix selon les circonstances.

 

5.4. La relativité et la contradiction des opinions en matière politique peuvent-être dépassées par le fait d’établir par l’argumentation des opinions qui fassent consensus.

5.4.1 Mais il est possible de se demander si cela ne conduit pas à confondre l’opinion du plus grand nombre, voire de tous, avec la vérité.

 

5.5. L’établissement de la vérité suppose un processus dont la fin constitue la vérité.

5.5.1. Cependant, cela signifie que les connaissances établies durant le processus ne sauraient être des vérités, car la vérité ne saurait être partielle, c’est-à-dire relative.

5.5.1. Un processus qui part d’hypothèses vraisemblables ne saurait parvenir à l’établissement d’une connaissance vraie.

 

Conclusion:

En suivant les logiques argumentatives de ces différentes positions, il est possible de considérer que la philosophie consiste dans l’opposition et l’alliance entre ces différents courants sans qu’aucun n’ait pu jusqu’à présent l’emporter de manière définitive sur l’autre:

1) La première position consiste à partir des sensations pour établir la connaissance. Mais au-delà, cette position peut consister à partir des connaissances apparentes que constituent les sensations et les opinions auxquelles les sensations donnent lieu pour établir par l’expérimentation et l’argumentation des connaissances “plus vraies”. Mais des connaissances “plus vraies” ne sont pas des connaissances vraies, mais seulement des connaissances qui résistent à l’expérience quotidienne et qui sont mieux argumentées. Cette position pragmatiste est celle du savoir quotidien.

2) La seconde position est celle qui consiste à fonder par la démonstration rationnelle les premiers principes et à partir de la totalité matérielle définie comme un mécanisme. Cette position est celle de la science moderne. Néanmoins cette position se trouve confrontée aux limites auxquelles se heurtent le rationalisme et le matérialisme mécaniste.

3) La troisième position consiste à considérer que la science moderne ne peut pas être fondée sans le recours à l’intuition intellectuelle et que d’autre part, le modèle rationaliste mécaniste ne peut rendre compte de l’intégralité des phénomènes de la réalité tels que le vivant, le fonctionnement de l’esprit humain, la culture, les normes morales et juridiques… Cette position philosophique est celle qui est la plus proche de la religion. Mais elle suppose la possibilité d’établir par l’intuition intellectuelle, sans recours ni au raisonnement, ni à l’intuition sensible, des propositions vraies.

 

Tableau de synthèse: 

 

  Relativisme sensualiste Rationalisme 
Esprit Idéalisme subjectif Idéalisme rationaliste
Matière Matérialisme sensualiste Matérialisme rationaliste

 

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