Travaux en cours

Contes, dessins et pédagogie. Ou l'inverse.

Archive for décembre, 2018

Blog 39

Ceci est un complément de  la page 138 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Des notes qui dénotent!

Les notes, c’est bien, c’est pratique ; on peut faire plein de calculs amusants avec. On peut les additionner (grâce au barème), on peut les soustraire (- 2 points pour tel motif), on peut les multiplier (avec les coefficients), on peut les diviser (pour faire la moyenne) et on tombe toujours objectivement sur un nombre compréhensible. Est-ce-à dire qu’une note est toujours objective ?

Nous allons à présent nous intéresser à la docimologie[1], les études autour de la notation. Ce sujet est un vrai marronnier, on en entend parler à chaque rentrée scolaire et pourtant les résultats de ces études ne font toujours pas partie de la culture commune des enseignants. Les premières études sont très anciennes et remontent au premier tiers du XXème siècle et ont été renouvelées, avec un axe d’attaque un peu différent à chaque fois. Les résultats sont TOUJOURS les mêmes, en tout cas du même ordre d’idées : les notes dénotent !

-> Pour une même copie, l’écart de notes d’un correcteur à l’autre peut être très important.

-> Pour un même paquet de copies, la moyenne peut être significativement différente d’un correcteur à l’autre.

-> Le classement des copies peut également être très différent ; au point parfois que les bonnes copies du premier correcteur se retrouvent dans la plus mauvaise moitié pour l’autre.

Ce sont les trois grandes leçons des études de docimologie. Ceci est vrai :

–  quel que soit le niveau des élèves de la 3ème à l’agrégation

– quelle que soit la discipline (oui, y compris en Mathématiques et en Physique)

– quel que soit le nombre de correcteurs (1, 2, 5, 64, 30)

– qu’il y ait un barème ou non

– quelle que soit la précision du barème (jusqu’à 140 points détaillés)

La juste note n’existe pas. Ces études démontrent l’impossibilité d’une note objective puisque celle-ci peut varier d’un correcteur à l’autre, d’un moment à l’autre. La note juste n’existant pas, les notes sont donc injustes ? Non plus mais les notes ne sont pas objectives ; soyons-en conscients et assumons la subjectivité de la notation. Par exemple, si nous hésitons entre deux notes ? Mettons la meilleure, cela ne nous enlèvera rien à nous personnellement. Ce n’est pas du laxisme, c’est de la prise de conscience : « aujourd’hui j’ai écrit telle note sur la copie mais demain qu’est-ce que j’aurais mis ? ». L’unique correcteur lui-même n’est pas fiable. Ce n’est pas très agréable à écrire, à lire et pourtant vrai.

N’y a-t-il donc pas de contrôle objectif ? Alors faisons des Q.C.M. et de la mémorisation/ par cœur. Alain Dubus a consacré une bonne partie de son ouvrage a démontré que même les Q.C.M. ne sont pas des garants d’objectivité ; des pages à lire. Il reste le par cœur ? Mais que faire du travail de l’élève qui a reformulé avec ses mots, n’a pas tout à fait compris ou le dit mal mais on sent bien quand même qu’il a appris ? On va lui accorder des points, oui mais combien ? Faut-il le prévoir à l’avance dans le barème ? Et que faire de la copie truffée de fautes d’orthographe au point parfois d’altérer le sens ? Ici, on n’évoque pas le cas d’élèves ayant des difficultés sévères et diagnostiquées. La « méditeranez » placée au bon endroit mérite-t-elle le point ? Oui sans conteste pour certains collègues en stage qui se mettent en colère et fustigent la double peine ; absolument pas pour d’autres collègues du même stage. Peut-être que le barème doit en tenir compte et que le professeur prévienne les élèves avant ?

[1] Nos références sont Pierre Merle, Jacques Nimier, Alain Dubus; cf. bibliographie.

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Blog 38

Ceci est un complément de  la page 136 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Le nouveau socle et les récents textes[1] sur l’évaluation font apparaitre un nouveau verbe : positionner. Il apparait pour deux temps de l’évaluation : le bilan périodique et le bilan de fin de cycle. Il remplace le verbe valider et le tableau suivant permet la comparaison des deux contextes d’utilisation :

[1]Décret n° 2015-1929 du 31-12-2015 et arrêté du 31-12-2015 relatifs à l’évaluation des acquis des élèves et au livret scolaire unique – (BOEN N°3 du 21-01-2016)

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Blog 37

Ceci est un complément de  la page 133 (en bas) de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Suite du blog 36

 

Une évaluation personnalisée sur le long terme

Puisqu’il s’agit de mobilisation de ressources sur une situation complexe, nous sommes donc ici dans ce que demande le socle commun. Le positionnement attendu est à fixer pour la fin de cycle, c’est ce qui permet de travailler sur le long terme. Les différentes résolutions proposées dans l’année suscitent des prises d’information sur le niveau de maitrise des éléments signifiants des domaines et composantes du socle au fur et à mesure de l’observation de la réussite des élèves. Les tableaux d’évaluations sont collés dans les cahiers des élèves, en cas de doute le professeur peut toujours les consulter. A part le travail du groupe, l’évaluation pour le socle ne concerne que ce qu’ils ont réussi seuls, mais ils ont l’année pour y arriver.

On peut utiliser ce type de « traducteur » pour passer de leurs mots aux mots du socle : (cliquez sur le lien ci-dessous)

Une évaluation personnalisée sur le long terme

Pour le tableau donné en exemple, on pourrait évaluer ainsi le socle commun :

  • Si le travail est individuel : Très bonne maitrise pour D1C3 (utiliser les nombres, utiliser le calcul littéral, exprimer une grandeur calculée dans une unité adaptée, passer d’un langage à un autre, utiliser et produire des représentations d’objets)
  • Pour un travail collectif : Très bonne maitrise pour D2 (coopérer et réaliser des projets) et D3 (maitriser l’expression de sa sensibilité et de ses opinions, respecter celle des autres)

Ce qui est en dessous du seuil de validation n’est pas rempli à ce stade, c’est-à-dire ici ce qui concerne D4, la résolution de problème, puisque l’entrée dans le problème a été réussi avec aide. Les progrès attendus devront porter sur ce point. Ils devront également veiller à se passer progressivement de l’étayage du groupe en prenant confiance en eux personnellement.

 

Ce dispositif est pensé sur l’année. Il permet aux élèves de s’impliquer et pour beaucoup de progresser dans la résolution de problèmes à prise d’initiatives qui est LA compétence mathématique. Il est mené en complément de l’acquisition des savoirs et savoir-faire du programme en leur donnant du sens, sur des temps dédiés (voir « Des spirales pour apprendre à mobiliser »). L’évaluation formatrice mise en place est alors au service de l’apprentissage de cette compétence fondamentale par :

  • Une évaluation diagnostique proposée par les élèves, qu’ils peuvent s’approprier
  • Des appréciations valorisant les points forts pour les rassurer
  • Un retour réflexif de leur part, verbalisant les points où faire porter leurs efforts
  • Leurs choix des priorités de travail
  • Le temps long sans pression évaluative

Il reste sans doute à étendre ce temps long au temps du cycle, ce qui nécessiterait une organisation collégiale qui n’a pas encore été testée.

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Blog 36

Ceci est un complément de  la page 133 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Suite du blog 35

Un temps de retour réflexif

Il est donc indispensable que les élèves poursuivent le travail de réflexion par un bilan à la fois personnel et groupal. Ils ont un questionnaire inspiré par l’entretien d’explicitation développé par Pierre Vermersch[1] et le GREX[2]. Par exemple : (cliquez sur le lien ci-dessous)

explicitation

A partir de leurs réponses au questionnaire, ils complètent ces phrases à la suite du tableau d’évaluation :

  1. Nos (mes) commentaires sur l’autonomie et la prise d’initiatives (aides) au niveau
    • Du matériel :
    • De l’engagement dans l’exercice :
    • Des savoirs utilisés :
    • De mon rôle dans le groupe :
  2. Ce que nous (je) pourrons (pourrai) faire pour progresser :
  3. Comment j’ai tenu compte du bilan précédent :

 

C’est cette verbalisation qui permet une réelle progression puisque les attentes ne sont pas celles des exercices d’application ou des problèmes de fin de chapitre. Il ne s’agit plus ici d’apprendre les ressources du programme mais de les mobiliser sur une situation complexe.

Étant donné que tous les élèves ne remplissent pas la dernière ligne de la même manière, ce sont eux qui vont choisir ce qu’ils ont à travailler pour progresser.

 

Le choix des priorités de travail

A partir de ces évaluations, les élèves choisissent ce qu’ils vont travailler en priorité mais c’est alors un vrai choix, basé sur une réflexion argumentée. Ils utilisent alors le tableau comme base d’auto-évaluation que le professeur valide ou non. Ils ajustent leurs priorités au fur et à mesure des activités en fonction de ces évaluations et des retours réflexifs proposés à chaque fois pour gagner en autonomie.

Il est vrai que cela demande du temps et que ce temps n’est alors pas consacré à l’apprentissage des acquis du programme.  Mais on peut se demander alors ce qui est essentiel pour la formation de nos élèves : est-ce d’ajouter un nième exercice d’application sous prétexte qu’il est intéressant à notre point de vue ou bien est-ce de former réellement les élèves à la prise d’initiatives ?

Il est vrai que cela demande au professeur, comme aux élèves, d’accepter de changer de postures. Passer d’une posture de contrôle à une posture d’accompagnement, voire de lâcher-prise, pour le professeur n’est pas si facile. Mais cela permet aux élèves d’atteindre une posture réflexive. Ce n’est pas si facile pour eux non plus et c’est la raison de l’étayage qui permet de les rassurer au départ.

 

Suite au blog 37

 

[1] Pierre Vermersch, L’entretien d’explicitation, ESF, 4ème édition, 2004.

[2] Groupe de recherche sur l’explicitation, http://www.grex2.com

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Blog 35

Ceci est un complément en bas de la page 132 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

  1. Auto-évaluation : la démarche formatrice en lien avec la personnalisation

 

Une autre manière de procéder est de confier la tâche de production des attendus de l’évaluation aux élèves à partir d’une évaluation diagnostique

Depuis quelques années, la résolution de problèmes à prise d’initiatives est travaillée à la manière de Georgette Nunziatti[1]. Dans les classes de 3e, l’objectif est de donner l’année pour réussir chacun tout seul. Comme la prise d’initiatives est pour beaucoup une prise de risques, l’étayage est au départ assez fort pour les rassurer : travail en groupe, mise à disposition des manuels, de calculatrices. Le désétayage va passer par la diminution progressive de la taille des groupes mais aussi par l’implication de chacun dans l’activité. C’est là que la démarche évaluative intervient : ces activités ne sont jamais notées. La pression évaluative ne doit pas interférer avec l’apprentissage de la recherche mais au contraire aider l’élève à s’approprier les attentes.

 

Une évaluation diagnostique

Le premier problème donné à résoudre est l‘occasion de définir avec la classe les indicateurs de réussite que je vais observer dans leurs productions mais aussi dans leur manière de travailler (évaluation diagnostique). Cela nous donne une liste d’indicateurs écrits au tableau, que nous regroupons en critères. Je mets cette liste au propre et l’utilise pour évaluer leur première recherche. Cette liste sera réutilisée à chaque occasion.

Les mots sont différents chaque année puisque ce sont ceux des élèves ; le professeur ne se permet de compléter que s’il manque un indicateur essentiel. Mais ils correspondent bien à ce qui est évalué dans les résolutions de problème. Les indicateurs sont génériques de manière à ne pas être trop contextualisés puisque le but est de réutiliser le tableau pour chaque travail de résolution de problème à prise d’initiatives.

Cette première étape permet aux élèves de s’approprier l’évaluation par l’explicitation des attentes. Il est arrivé en formation, lorsque l’auteure présentait ce dispositif que certains collègues en soient heurtés : « Mais maintenant ce sont les élèves qui vont choisir sur quoi ils sont évalués !?! » La réponse est simple : oui et non.

Non, car le professeur a toujours le contrôle de ce qu’il accepte ou complète. D’autant plus que les élèves se révèlent partie prenante dans la confiance que le professeur leur accorde, cela n’a jamais posé de difficulté aux auteures.

Oui, car les mots sont ceux des élèves et pas ceux de l’institution, on aurait pu reprendre ici les six « compétences » de l’activité mathématique. Mais tout l’intérêt réside dans la meilleure appropriation par les élèves des attendus du travail.

Voici plusieurs exemples de ce que les classes ont produit en mathématiques : (cliquez sur le lien ci-dessous)

Descriptions de figures téléphonées

L’activité du groupe est évaluée pour chaque indicateur par des phrases appréciatives, en vert si c’est positif et en rouge sinon.

En voici un exemple : (cliquez sur le lien ci-dessous)

Techniques mathématiques AMS

Les indicateurs n’étant pas hiérarchisés comme dans une échelle descriptive, le bilan relève ce qui est le plus important. Dans l’exemple proposé, si les élèves avaient eu cet exercice au DNB (Brevet), ils n’auraient eu aucun point alors qu’ils maitrisent correctement la mobilisation des acquis nécessaires à la résolution.

 

Suite au blog 36

[1] Georgette Nunziatti, article « L’évaluation formatrice », Cahiers pédagogiques n° 280 de janvier 1990, ou sa reprise dans le HSN n°39, L’évaluation en classe d’avril 2015

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Blog 34

Ceci est un complément à la page 132 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

1.     Auto-bilan : Le losange de Roegiers et une CED en maths

 

Une autre manière d’aider les élèves à progresser dans la mobilisation de leurs acquis est de leur donner un outil d’auto-bilan. Le professeur en tant qu’expert de sa discipline fournit à ses élèves une grille, un tableau, une liste indiquant les attendus explicites de l’évaluation. Mais c’est ensuite à l’élève de faire un bilan sur sa production et parfois sur la manière dont il s’y est pris. Voici deux exemples en mathématiques.

 

Adaptation du losange de Roegiers

Dans son livre[1], Xavier Roegiers intitule le schéma suivant ”Losange de l’évaluation” : (cliquez sur le lien ci-dessous)

losange de l’évaluation

L’idée d’une des auteures a été de le proposer en outil de formation de professeurs de mathématiques. A partir de ce schéma, il était demandé aux stagiaires de l’adapter pour en faire un outil d’auto-bilan sur la résolution de problème. Voici un exemple produit par un groupe :

On y trouve quatre critères généraux assez habituels avec des indicateurs génériques qui permettent une utilisation généralisée sur les résolutions de problèmes mathématiques.

Ce schéma a été testé avec des élèves en classe. Il leur a permis de confronter leur production aux attentes explicites au fur et à mesure des étapes utilisées.

Les auteures pensent que ce type d’adaptation doit pouvoir se faire dans toutes les disciplines. L’idéal serait de pouvoir les produire collégialement.

 

A partir d’un tableau d’évaluation sur la résolution de problème, le professeur peut aussi proposer à ses élève de travailler sur une manière de progresser grâce à un schéma de ce type :

Des CED en mathématiques

Dans l’exemple qui précède, les indicateurs ne sont pas hiérarchisés. Pour une démarche pensée sur un temps long, il serait sans doute plus pertinent d’indiquer à l’élève où il se trouve par rapport au seuil de coupure, ce qui implique l’utilisation d’échelles. Comme ici il y a plusieurs critères, ce sera donc une composition d’échelles descriptives appelée précédemment tableau de réussite et de progrès.

Dans un premier temps, quelle serait la hiérarchie pour chacun de critère ?

  • Critère 1 : mes idées sont-elles bonnes ? pertinence de la production
    1. J’ai bien répondu à la question posée (pas de hors sujet)
    2. J’ai fait des essais pertinents en manipulant
    3. J’ai fait une représentation pertinente
    4. J’ai utilisé plusieurs notions de cette année de manière pertinente
    5. J’ai trouvé des liens pertinents dans les années précédentes
  • Critère 2 : ai-je fait le bon choix ? respect des contraintes
    1. J’ai respecté les consignes
    2. J’ai utilisé les bons outils (géométriques, calculatrices, numériques …)
    3. J’ai utilisé les bonnes opérations ou propriétés
    4. J’ai rédigé/présenté en respectant les contraintes habituelles (unités, calculs en ligne …)
  • Critère 3 : mes idées sont-elles bien organisées ? cohérence
    1. Ma réponse à la question est cohérente
    2. Mon raisonnement est structuré
    3. Mes étapes sont cohérentes
    4. Mon raisonnement est complet
  • Critère 4 : les outils sont-ils correctement utilisés ? respect des techniques
    1. J’ai respecté les priorités des calculs
    2. J’ai vérifié les conditions d’utilisation des propriétés
    3. Mes calculs sont justes
    4. J’ai rédigé avec rigueur
    5. J’ai rédigé avec précision

Ce qui donne la CED suivante :

On peut imaginer de faire alors varier le seuil de coupure selon l’année du cycle et regrouper les ceintures en niveaux de maitrise de fin de cycle 4 pour évaluer la résolution de problème (domaine 4 du socle commun).

Cela pourrait donner :

Si le professeur n’utilise pas par le losange de Roegiers, il lui sera assez facile d’utiliser des copies d’élèves. L’objectif est alors de faire la liste de tout ce qui est observable, pendant la recherche et sur la production. Il obtient alors la liste des indicateurs concrets, contextualisés au problème donné. Pour pouvoir réinvestir le travail à chaque résolution, il regroupera ces indicateurs en critères généraux décontextualisés selon le schéma suivant[1].

Il est possible également de faire le chemin inverse : partir des critères, puis en tant qu’expert lister les indicateurs possibles. Pour ce faire, on peut utiliser ce que les programmes nomment les six compétences mathématiques dans le rôle des critères : chercher, représenter, modéliser, raisonner, calculer, communiquer.

 

On obtiendra par exemple :

Là encore, les indicateurs sont génériques et non hiérarchisés. Les élèves ont à cocher pour réaliser un auto-bilan mais cela ne nous donne pas directement le niveau de maitrise de la résolution de problème à prise d’initiative.

Il faut encore hiérarchiser les indicateurs et lisser les niveaux.

Voilà par exemple ce qui a été produit en formation de formateurs mathématiques cycle 3 : (cliquez sur le lien ci-dessous)

autre CED maths AMS

Il est évident que ce tableau mérite d’être simplifié pour être donné aux élèves mais au moins, le professeur est au clair avec ses attentes.

[1] Xavier Roegiers, L’école et l ‘évaluation, des situations complexes pour évaluer les acquis des élèves, de boeck, 2010 (2è édition)

[1]François-Marie Gérard, 2008, Evaluer des compétences, guide pratique[1], De Boeck, 1ère édition

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Blog 33

Ceci est un complément à la page 125 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Utilisation des CED : niveaux de réussite et de progrès

 

Vous souhaitez pratiquer une évaluation positive. Vous avez découvert ou révisé un dispositif porteur et peu coûteux, le mur de la fierté. Vous savez faciliter l’engagement de vos élèves par des pratiques d’évaluation différentes. Vous avez lu précédemment que la tâche complexe ne se place pas nécessairement après l’apprentissage des ressources. Il nous reste donc à voir comment on utilise les compositions d’échelles descriptives évoquées un peu plus haut.

 

De la CED au TNR

A cette appellation de CED l’auteure préfère à présent la dénomination de « tableau de réussites et de progrès » ou TNR[1]. Cela a l’avantage d’être plus clair pour les élèves. Grâce à ce document, on marque des succès et on voit ce qu’on a à faire pour progresser, petit à petit. On sait également au-dessus de quel niveau on doit se trouver en fin de telle ou telle classe, en fin de cycle 3 comme de cycle 4.

Le professeur intéressé par l’utilisation de TNR a appris à les élaborer à partir de vraies copies d’élèves en stage ou bien il en a trouvées toutes faites sur Internet. Quelle marche suivre pour les utiliser de manière simple et efficace ?

Prenons l’exemple de rédactions en histoire. Ce temps a pu être précédé d’une analyse de productions d’années précédentes déjà corrigées et annotées par le professeur[2].  Mais ce n’est pas nécessaire pour comprendre l’utilisation d’un TNR.

 

Les élèves découvrent le TNR

La première fois, les élèves planchent sur un sujet donné, par exemple « montrez que Nîmes est une cité gallo-romaine ». Le professeur ramasse les copies et ensuite se livre à un travail qui est un peu long. Crayon papier à la main, il va au fil de sa lecture aller chercher des indicateurs de réussite pour chacun des critères : le texte est -il soigné ? lisible ? assez long ? Les exigences de la langue française sont-elles respectées ? Le contenu est-il riche ? Intéressant ? situé dans le Temps ? Pour chacun des critères, le professeur place une petite croix sur l’indicateur qu’il a repéré. Ensuite, il n’a plus qu’à déterminer le niveau de réussite de la production en visant la croix placée le plus bas. Oui, c’est parfois crève-cœur. Il inscrit dans la marge ou dans une colonne dédiée, la date et d’un mot le sujet de la production.

Cette première utilisation des TNR est qualifiée de « un peu longue » ci-dessus mais en réalité, l’enseignant fait ce qu’il a l’habitude de faire quand il corrige des copies : il les lit, les annote, se retient de barrer d’un grand trait rouge rageur accompagné de « Oh, réfléchis ! ». Cependant avec les TNR, la corvée s’arrête là, inutile de compter les quarts de points avec les demi-points et d’inscrire une note avec une appréciation peu lue donc…[3]Les productions n’ont pas besoin d’être notées, ici, elles ont valeur d’entraînement.

De retour en classe, le professeur fait distribuer les copies avec leur TNR. Il doit prendre le temps d’expliquer comment le tableau fonctionne et à quoi il sert. Après les explications, chacun est invité à lire toute la ligne du niveau auquel a été évaluée sa production puis celle du niveau au-dessus : « voilà ce qu’il faudra faire la prochaine pour progresser ». Il serait astucieux ensuite de mettre les élèves en travail individuel sur autre chose et d’annoncer que le professeur va circuler pour répondre à ceux qui ont encore des questions à poser. Quand il n’y a plus de questions, la copie est rangée et le TNR est ramassé sinon le risque est très grand qu’il ne réapparaisse jamais.

 

Les élèves utilisent le TNR

Lors d’un nouveau temps d’entrainement à la rédaction, (pas trop éloigné si possible sinon les élèves risqueront d’avoir tout oublié) le professeur fait distribuer les TNR et chacun est invité obligatoirement à relire le niveau atteint la première fois puis le descriptif du niveau au-dessus. Un nouveau sujet est donné et les élèves rédigent leur développement construit en essayant de suivre les indications de progrès. Ce sera ainsi dorénavant lors de chaque temps de rédaction, y compris celui qui « compte », celui qui est noté.

 

L’instauration d’un échange évaluatif

Après cette deuxième rédaction, avant de rendre la copie, l’élève va se livrer à un exercice d’auto-évaluation de sa production. Le professeur demande « avez-vous atteint le niveau au-dessus de la dernière fois ? Qu’est-ce qui vous le montre ? ». L’élève va écrire ce qu’il en pense sous le TNR. Celui-ci va donc devenir une fiche- navette entre l’enseignant et lui. Les deux vont écrire et petit à petit même ils vont s’écrire. D’une appréciation souvent inutile sur une copie qui disparait, rangée quelque part, perdue ou jetée, le TNR devient un outil d’évaluation et de communication efficace. En effet, il va garder la trace des précédents écrits, questions de l’un ou de l’autre des partenaires de l’apprentissage : celui qui apprend et celui qui l’accompagne dans ses apprentissages. Chacun pourra s’y reporter, voire éviter d’écrire cent fois « en Histoire, il faut toujours situer dans le Temps ». Si c’est déjà écrit il suffit de s’y reporter, de renvoyer par une flèche à la-dite remarque. Peut-être qu’un jour l’élève écrira « mais qu’est-ce que c’est situer dans le Temps ? ». Et là une vraie remédiation pourra avoir lieu.

 

Les TNR ou un gain de temps pour le professeur surmené

Dès la deuxième utilisation des TNR, le gain est patent. Que fait le professeur ? Il regarde à quel niveau était la production précédente de Toto, l’auto évaluation rédigée par celui-ci. Ensuite, il n’a plus qu’à aller chercher dans la nouvelle production les indicateurs du niveau au-dessus. C’est simple

et très rapide. Si les indicateurs sont présents, dans la marge le professeur inscrit la date et le nouveau sujet. S’ils n’y sont pas, le professeur entoure à nouveau le palier atteint et inscrit une nouvelle date. Il peut, et c’est le mieux, inscrire son appréciation à son tour sur la photocopie, en-dessous de l’auto-bilan de l’élève.

 

Les TNR, un outil de feed-back et de dédramatisation de l’évaluation

De retour en classe, on rend les copies et les TNR. Les élèves prennent connaissance de leur réussite. Ils peuvent à leur tour annoter et répondre à l’appréciation du professeur.

Chacun est de nouveau invité à lire les indicateurs de réussite du niveau où ils en sont et ceux du niveau au-dessus. Comptez au moins trois utilisations pour que cela devienne une routine c’est-à-dire que les élèves se saisissent de l’outil.

 

Un vrai outil d’évaluation positive

En utilisant les TNR, on ne recherche que les progrès des élèves. Si le niveau du dessus n’est pas atteint, ce n’est pas une faute qui pénalise. L’élève essaiera une autre fois, à une autre occasion, sur un autre sujet. Il essaiera autant de fois que nécessaire, cela n’est pas un problème. Cela n’empêchera pas le programme d’avancer puisqu’avec ce type d’évaluation, c’est le développement de compétences qui est visé.

 

Un outil d’organisation du travail de la classe en classe

Sur son carnet de notes, au sens de « notes d’information », le professeur relève seulement le niveau auquel chacun est arrivé au temps T.  Cela peut lui servir pour organiser un travail en groupes de niveaux. Cependant, de nombreux chercheurs ont montré le peu d’efficacité d’un fonctionnement en niveaux. Le plus efficace semble être le travail en groupes ou en équipes hétérogènes dites « arc-en-ciel »; par exemple un trio constitué d’un élève avec un haut niveau de réussite, un autre moins en réussite et un troisième dont les réussites pour le moment se situent en-dessous du seuil de coupure. Avec une telle organisation en classe, à un moment le professeur peut travailler avec les élèves qui n’y arrivent pas encore et restent en bas de l’échelle.

Si le professeur a sous les yeux l’ensemble des TNR d’une classe, il peut les utiliser pour préparer un travail en groupes de besoin en se servant des petites croix au crayon à papier qui visent à déterminer le niveau de réussite d’une production.

Di M croquis de Géographie

Si on prend l’exemple du croquis en géographie (cliquez sur le lien ci-dessus), il peut travailler avec les élèves qui en ont besoin autour de la légende pendant que les autres élèves travaillent en autonomie sur les informations à placer sur un croquis ou encore sur le soin à y apporter. L’idéal ici serait même qu’il tourne dans les trois ateliers.

 

Le professeur peut tenir à jour un tableau comme ci-dessous pour noter les progrès des élèves.

L’Antiquité étant le niveau à atteindre en fin de cycle 3 pour le niveau de maitrise satisfaisant.

[1] Joël Macé (non déposé), professeur au collège Voltaire de Sannois (Ile-de-France), rencontré à l’occasion d’un stage « développer les compétences des élèves en Histoire-Géographie » s’est emparé de l’outil C.E.D . (Compositions d’échelles descriptives) et en a conçu une série pour nos disciplines tout en le renommant de cette expression T.N.R. que je trouve bien meilleure, parlante pour les élèves.

[2] Cf. une minisérie de vidéos tournées en classe, que vous trouverez facilement avec un moteur de recherches.  Ici, plus particulièrement, voir l’épisode  » NeoAlta11″

[3] … inutile. Dommage, c’est ce qui nous prend le plus de temps.

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Blog 32

Ceci est un complément à la page 123 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Combinaison d’échelles descriptives : CED[1]

Plus généralement, quand l’échelle descriptive globale est trop fournie, quand il y a de nombreux indicateurs ou éléments à placer, on les regroupe par critères généraux (et décontextualisés) en utilisant une colonne hiérarchisée (c’est-à-dire une échelle descriptive) par critère. La difficulté consiste ici en l’harmonisation des niveaux.

On détermine ensuite le seuil de coupure ou de maitrise.

Cette combinaison d’échelles descriptives, CED, devient alors un tableau de réussite et de progrès (TNR), à utiliser à chaque fois que l’on rencontre une situation complexe de la même famille.

On a vu dans les exemples d’échelles descriptives sur la résolution de problème et sur la copie d’un texte, que chaque ligne contient des informations que l’on peut séparer pour rendre les progrès plus lisibles et plus accessibles à l’élève.

Pour la résolution de problème, il est question des essais, de la modélisation, du raisonnement, des calculs et de la rédaction.

Pour la copie d’un texte, on voit quatre critères apparaitre : le nombre de lignes, la lisibilité, le nombre d’erreurs et le respect des conventions d’écriture.

Voilà ce que pourrait être une CED sur la copie d’un texte :

Dans son ouvrage, François-Marie Gérard[1] propose des axes d’observation, qu’il appelle critères, permettant l’observation d’une production sur des thématiques variées :

Correction : Utilisation correcte des outils. L’élève fait-il correctement ce qu’il fait ?

Pertinence : hors sujet ou non. L’élève fait-il bien ce qu’il doit faire ?

Complétude ou exhaustivité : Selon les disciplines

Cohérence : Utilisation d’une démarche logique

Auxquels on peut ajouter le suivant sous réserve que l’activité ait été faite en classe ; on peut aussi demander à l‘élève de s’auto-évaluer sur cet axe :

Étayage : l’élève a-t-il réussi avec une aide ?

Ces critères peuvent alors être décrits de manière à informer l’élève de son niveau de maitrise :

Un autre exemple qui utilise les niveaux des ceintures de judo en géographie : mobiliser ses ressources en géographie pour une rédaction.

Les avantages de l’utilisation d’une échelle descriptive sont nombreux du côté du professeur :

  • Elle est bâtie à partir d’une production d’élève donc elle évite la référence inconsciente du prof : la ceinture noire n’est pas ce que le prof aurait fait mais ce que le meilleur élève a fait
  • Élaborée en équipe (disciplinaire ou non), elle permet à chacun de verbaliser ses attentes
  • Elle est réutilisable n fois dans l’année, voire dans le cycle, c’est un outil de suivi des progrès
  • Elle demande moins de travail dès la 2e évaluation, il suffit seulement de rechercher les indicateurs montrant si des progrès ont été réalisés.

Mais aussi du côté des élèves puisqu’elle :

  • Rend explicite les attentes du professeur
  • Matérialise le niveau de sa production au temps t, toujours plus qu’une note
  • Montre les progrès possibles
  • Concerne tous les élèves, du plus en difficulté à ceux qui sont performants
  • Est ouverte : après les ceintures, on peut toujours ajouter les « dans »

 

De plus elle permet la coopération en facilitant la formation des groupes selon ce que le professeur envisage comme type de travail : niveaux identifiés sur les couleurs, besoins identifiés sur les critères ou groupes hétérogènes en mixant les ceintures. De plus, si les ceintures sont affichées en classe, on sait à qui demander de l’aide.

N’oublions pas quelques points de vigilance pour terminer : ces tableaux de réussites et de progrès sont plutôt à utiliser pour une évaluation en cours de formation et informante, au fil de l’eau. Ils sont également à déconnecter de la note, même si c’est tentant !

[1]  François-Marie GERARD, Evaluer des compétences, guide pratique, de Boeck, 2008, 1ère édition

[1] Voir le précédent ouvrage des auteures Socle commun et compétences, pratiques pour le collège, ESF, 2011

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Blog 31

Ceci est un complément à la page 123 de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Dans un projet, le plus important, ce n’est pas la production finale mais ce que les élèves en retirent pour leurs apprentissages : « un projet raté est un projet réussi » (Marie Ros-Guézet[1]).

L’auteure avec sa collègue de technologie[2] a consacré la dernière heure du LABO[3] « Communiquer, toute une Histoire » au bilan collectif de tout ce qui a été appris au cours du semestre, en technologie, en histoire, en recherche documentaire et dans le travail d’équipes. Les professeures ne sont pas intervenues, l’une a réparti la parole, l’autre a saisi en direct les dires des élèves. Le tableau ci-après reprend la liste de tout ce que les élèves ont estimé avoir appris.

Dans un deuxième temps, après impression et photocopie de la liste, chacun s’auto-évalue avec des plus et des moins pour repérer les apprentissages individuels.

Enfin, chacun réfléchit à ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas été réussi. Afin que ce dernier moment soit utile, il devra être repris au début du prochain travail de groupe soit en Histoire, soit en Technologie soit dans une autre discipline avec un autre enseignant de l’équipe Neo Alta.

Bon, évidemment, ce n’est pas une note … mais cela donne des informations aux élèves et aux professeures.

Voici l’évaluation collective de ce qui a été appris dans le LABO « Communiquer, toute une Histoire », 4e Neo Alta, Juin 2017

[1] Ingénieure pour l’école du 91, Académie de Versailles

[2] Sophie Le Vilain

[3] EPI de Neo Alta, en co-animation systématique

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Blog 30

Ceci est un complément à la page 121 (en bas) de Anne-Marie Sanchez & Annie Di Martino, « Faire progresser tous les élèves », publié chez L’Harmattan.

Apprendre par les tâches complexes : quelle évaluation par/pour les élèves ?

 

Développer les compétences des élèves, on l’a assez dit, c’est impossible. En revanche, on peut les placer en situation de développer eux-mêmes leurs compétences. Pour cela, rien de mieux voire rien d’autre que les tâches complexes. Mais quand placer celles-ci ? C’est à vous, réfléchissez-y deux minutes.

Avant les apprentissages, ou pendant ou après ? Les trois ! Mais la fonction ne sera pas la même.

Placer les élèves devant une tâche complexe avant les apprentissages sera l’occasion qu’ils prennent conscience de ce qu’ils ont à apprendre tant en termes de connaissances que de compétences. Cela permet d’introduire la séquence d’apprentissage[1].

La séquence peut continuer avec une autre ou d’autres tâches complexes. Celles-ci ont alors pour fonction de découvrir les ressources à apprendre, de les structurer, de commencer à les mémoriser en situation.

Après les apprentissages, la classe peut être amenée à réaliser une troisième tâche complexe dans laquelle ils devront réutiliser le plus possible des ressources apprises pendant toute la séquence. En fait, un nouvel apprentissage viendra se greffer là, celui de la mobilisation des ressources. Dans l’idéal, si le professeur disposait du temps nécessaire, une nouvelle tâche complexe pourrait être proposée aux élèves.

 

Roegiers estime que le plus facile à faire quand on n’est pas encore habitué à la pédagogie de l’intégration est de placer la tâche complexe à la fin des apprentissages. Il ajoute que quelques mois devraient suffire à l’enseignant pour intégrer la tâche complexe à ses ressources didactiques et qu’alors celle-ci trouvera aisément sa place au début et en cours d’apprentissage. Force est de reconnaître que les choses ne paraissent pas si simples. Les collègues savent à peu près tous expliquer ce qu’est une tâche complexe, beaucoup ont encore des difficultés à l’utiliser en classe. Les travaux interdisciplinaires sont peut-être un meilleur lieu didactique pour ce faire ?

 

Quel que soit le moment de la tâche complexe, comment l’évaluation vient-elle accompagner les apprentissages ? Et ici l’auteure ne parle pas de notes mais bien d’éléments d’évaluation. Les élèves ne sont pas des « carnets de notes sur pattes » mais des individus qui ont besoin de feed-back, d’informations et d’accompagnement pour construire leurs apprentissages. Une note ne fournit pas assez d’information pour pouvoir progresser. Il s’agit d’évaluer pour apprendre et non d’évaluer pour recevoir une note. Gare à « l’évaluationnite ». Il ne s’agit pas d’évaluer tout, tout le monde, tout le temps.  Les étoiles du tableau ci-contre illustrent par exemple des moments d’évaluation lors d’une séquence d’enseignement/apprentissage.

Il s’agit davantage d’enclencher un discours, un processus évaluatif. Les enseignants doivent prévoir des pauses évaluatives régulières, à tous les moments de la séquence.  Ils doivent inviter chaque élève à s’interroger. L’essentiel n’est pas de sanctionner par une note les apprentissages des élèves mais de co-construire avec eux et pour eux un catalogue, une banque de stratégies efficaces.

 

Cela peut suivre différentes modalités :

–  monologue de l’élève avec lui -même, qu’est-ce que je sais ? qu’est-ce que je ne sais pas encore ? qu’est-ce que je dois apprendre ?…

– échanges des élèves entre eux, comment on s’y est pris pour aller au bout ? ce qui a fonctionné et qu’on doit reproduire ? ce qui n’a pas été satisfaisant et qu’on devra éviter une prochaine fois ? ce qui nous parait positif dans ta production ? ce qui doit être amélioré…

– dialogue évaluatif élève(s)–professeur : ici, la parole du professeur n’est pas la plus intéressante.  Qu’il soit davantage secrétaire qu’orateur, par exemple pour repérer où se situent les difficultés des élèves et quel travail de consolidation il doit préparer pour la suite.

 

L’auto évaluation est d’un niveau taxonomique très élevé ; il s’agit d’une activité intellectuelle de haut niveau. Elle est pourtant indispensable, peut-être même la seule indispensable dans le cadre des apprentissages car on ne sait que quand on sait qu’on sait (ou qu’on a su). C’est donc une activité à mettre en place dès les petites classes et cela peut être tout simple, rapide et prendre la forme d’un questionnement du style « est-ce que j’ai réussi ma production ? Qu’est-ce qui me fait dire cela ? » ou encore si la classe a l’habitude des tableaux de réussite et de progrès « ai-je réussi à passer au niveau au-dessus ? A quoi devrais-je penser la prochaine fois pour progresser ? ».

 

Revenons au tableau ci-dessus et essayons de l’illustrer par une séquence d’apprentissage. Imaginons que la production finale attendue soit un exposé sur l’Europe de la révolution industrielle. Le professeur invite les élèves à lire la leçon dans le manuel et quelques élèves volontaires viennent faire le compte-rendu de leur lecture à l’oral devant la classe. Ensuite, en trios ou en quatuors, les élèves co-évaluent ce qu’ils ont entendu, avec ou sans CED selon qu’ils ont déjà travaillé l’oral dans ce cours ou dans un autre, en ayant pour consigne de relever tout ce qui a été positif. Quelques minutes suffisent suivies ou non d’un temps individuel pendant lequel chacun notera sur son cahier ce qu’il a retenu de cet échange à propos de l’oral, et non pas des savoirs à apprendre.

Puis les cours suivent leur cours, études de documents, lectures, recherches, travaux de groupes, apports magistraux ou autres. A la fin de la première leçon, chaque élève sur son cahier des apprentissages fait le point, par exemple: suis-je capable d’écrire une dizaine d’informations sur le sujet ? Ou bien: qu’est-ce que j’aimerai comprendre mieux pour en parler dans mon exposé de fin de chapitre ? A la fin de la deuxième ou troisième leçon, le professeur fait le point sur les ressources apprises par les élèves soit, par exemple, par un contrôle de mémorisation soit par un exercice de vrai ou faux, intéressant quand l’élève doit rectifier les réponses fausses, ou toute autre démarche. Il pointe où en sont ses élèves dans les apprentissages. Il peut également observer la classe au travail : qui utilise les atlas historiques de la bibliothèque ? qui sort régulièrement son cahier des apprentissages ? qui a emprunté un ouvrage documentaire au CDI ou dans la bibliothèque de la salle ? ou plus simplement qui lui pose des questions ? qui se reporte au tableau des niveaux de réussite et de progrès pour se souvenir de ce qu’il faudra faire bientôt ? Qui demande de l’aide aux « élèves-ressources » dans la classe pour une question d’orthographe ou d’indication chronologique ou autre ?

Que faire de toutes ces observations ? Un sujet d’échanges avec le ou les élèves dont le professeur a constaté qu’ils faisaient bien ceci ou cela. En incitant ceux qui oublient qu’ils disposent d’usuels dans la salle de classe de s’y reporter ou en vérifiant qu’ils savent se servir d’un atlas, au besoin de le leur expliquer.

Après trois ou quatre heures de travail en classe accompagnés de travaux personnels à l’extérieur, voici venir le temps des exposés oraux. Comment faire passer trente élèves ? En leur demandant de faire leurs exposés à un public restreint, en équipes. Ce sont alors les co-équipiers, après l’exposé et dans une discussion qui vont indiquer à l’orateur son positionnement dans le TNR. Le tableau ci-dessus indique « positionnement temporaire », non parce que celui -ci doit être validé par l’enseignant mais parce que l’élève aura d’autres occasions de faire des oraux et qu’il pourra donc continuer de progresser. Pour le collègue stressé à l’idée de ne pas vérifier lui-même, il pourra confier son téléphone portable à un responsable et celui-ci filmera une intervention dans son groupe. Ainsi le professeur ne verra pas et n’entendra pas tout le monde mais il pourra « contrôler » la qualité de ce qui a été dit.

 

[1] Xavier ROEGIERS, La pédagogie de l’intégration, De Boeck, 2012.

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