Il y a 176 500 ans, Néandertal occupait la grotte de Bruniquel

Bruniquel livre ses secrets …

BruniquelAvant l’arrivée d’Homo sapiens, il y a 176 500 ans, des humains occupaient déjà les grottes européennes …

« La découverte de Bruniquel apporte une perception différente de Néandertal : il s’était déjà approprié le monde souterrain, souligne Jacques Jaubert. Je suis impressionné et respectueux devant cette exploration primitive. »

L’homme de Néandertal y a construit des structures originales( à base de stalagmites ) en forme d’anneaux  à plus de 300 mètres de l’entrée de la grotte de Bruniquel.

Cette découverte recule considérablement la date de fréquentation des grottes par l’Homme, la plus ancienne preuve formelle datant jusqu’ici de 38 000 ans (Chauvet)

La datation de stalagmites cassées puis agencées en rond dans la grotte de Bruniquel apporte une preuve formelle que l’homme de Néandertal occupait cette grotte il y a 176 500 ans: ces travaux, publiés le 25 mai 2016 dans Nature, ont été menés par une équipe internationale impliquant notamment Jacques Jaubert de l’université de Bordeaux, Sophie Verheyden de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et Dominique Genty du CNRS, avec le soutien logistique de la Société spéléo-archéologique de Caussade, présidée par Michel Soulier. Ils ont été soutenus par le ministère de la Culture et de la Communication

La grotte de Bruniquel?

Vallée de l?Aveyron à hauteur de la grotte de Bruniquel vue depuis le village de Bruniquel, Tarn-et-Garonne. Cette grotte, découverte en février 1990, comporte des structures aménagées qui viennent d?être datées d?environ 176 500 ans. Cette découverte recule considérablement la date de fréquentation des grottes par l?Homme, la plus ancienne preuve formelle datant jusqu?ici de 38 000 ans (Chauvet). Elle place ainsi les constructions de Bruniquel parmi les premières de l?histoire de l?Humanité. UMR5199 DE LA PREHISTOIRE A L'ACTUEL : CULTURE, ENVIRONNEMENT ET ANTHROPOLOGIE 20160048_0008

@ Michel Soulier-SSAC-Vallée de l?Aveyron à hauteur de la grotte de Bruniquel vue depuis le village de Bruniquel, Tarn-et-Garonne.

La grotte de Bruniquel (Tarn et Garonne ) surplombe la vallée de l’Aveyron, elle a été découverte en février 1990 par un membre du SSAC.

Grâce à l’équipe de spéléologues en charge de sa gestion, le site est impeccablement conservé.

 

 

La grotte de Bruniquel  conserve  des structures originales composées d’environ 400 stalagmites accumulées et agencées en des formes plus ou moins circulaires.

Vue générale de la salle dans la grotte de Bruniquel, Tarn-et-Garonne en 1992/93. Cette grotte comporte des structures aménagées datées d’environ 176 500 ans. L’équipe scientifique a développé un nouveau concept, celui de "spéléofacts", pour nommer ces stalagmites brisées et agencées. L’inventaire de ces 400 spéléofacts montre des stalagmites agencées et bien calibrées qui totalisent 112 mètres cumulés et un poids estimé à 2,2 tonnes de matériaux déplacés. Ces structures sont composées d’éléments alignés, juxtaposés et superposés (sur 2, 3 et même 4 rangs). Cette découverte recule considérablement la date de fréquentation des grottes par l’Homme, la plus ancienne preuve formelle datant jusqu’ici de 38 000 ans (Chauvet). Elle place ainsi les constructions de Bruniquel parmi les premières de l’histoire de l’Humanité. Ces travaux ont été menés par une équipe internationale impliquant notamment Jacques Jaubert de l’université de Bordeaux, Sophie Verheyden de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et Dominique Genty du CNRS, avec le soutien logistique de la Société spéléo-archéologique de Caussade, présidée par Michel Soulier. UMR5199 DE LA PREHISTOIRE A L'ACTUEL : CULTURE, ENVIRONNEMENT ET ANTHROPOLOGIE 20160048_0007

© Salle de la grotte de Bruniquel. Michel SOULIER – SSAC / Nature Jauber

Ces structures sont associées à des témoins d’utilisation du feu : de la calcite rougie, noircie par la suie et éclatée par l’action de la chaleur, mais aussi des vestiges brûlés, notamment des os calcinés.

Dès 1995, une première équipe de chercheurs et de spéléologues avait déterminé, à partir de la datation au carbone 14, un âge minimum d’au moins 47 600 ans (la limite de la technique) d’un os brûlé sans qu’une suite soit donnée à ces premiers travaux.

Un nouveau concept : les « spéléofacts » : Aucune autre structure de stalagmites de cette ampleur n’étant connue à ce jour, l’équipe a développé un nouveau concept, celui de « spéléofacts », pour nommer ces stalagmites brisées et agencées

A partir de  2013   est lancée une nouvelle série d’études et d’analyses.

Prise de mesures pour l’étude archéo-magnétique dans la grotte de Bruniquel, Tarn-et-Garonne. Cette grotte comporte des structures aménagées datées d’environ 176 500 ans. L’équipe scientifique a développé un nouveau concept, celui de "spéléofacts", pour nommer ces stalagmites brisées et agencées. L’inventaire de ces 400 spéléofacts montre des stalagmites agencées et bien calibrées qui totalisent 112 mètres cumulés et un poids estimé à 2,2 tonnes de matériaux déplacés. Ces structures sont composées d’éléments alignés, juxtaposés et superposés (sur 2, 3 et même 4 rangs). Cette découverte recule considérablement la date de fréquentation des grottes par l’Homme, la plus ancienne preuve formelle datant jusqu’ici de 38 000 ans (Chauvet). Elle place ainsi les constructions de Bruniquel parmi les premières de l’histoire de l’Humanité. Ces travaux ont été menés par une équipe internationale impliquant notamment Jacques Jaubert de l’université de Bordeaux, Sophie Verheyden de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et Dominique Genty du CNRS, avec le soutien logistique de la Société spéléo-archéologique de Caussade, présidée par Michel Soulier. UMR5199 DE LA PREHISTOIRE A L'ACTUEL : CULTURE, ENVIRONNEMENT ET ANTHROPOLOGIE ,UMR8212 Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement 20160048_0006

@ Etienne Fabre -SSAC-Prise de mesures pour l’étude archéo-magnétique dans la grotte de Bruniquel, Tarn-et-Garonne.

« Outre le relevé 3D des structures de stalagmites et l’inventaire des éléments constituant les structures, l’étude magnétique, qui permet de révéler les anomalies occasionnées par la chaleur, a permis d’établir une carte des vestiges brûlés retrouvés dans cette partie de la grotte. Ces feux représentent, a priori, de simples points d’éclairage.

 L’inventaire de ces 400 spéléofacts montre des stalagmites agencées et bien calibrées qui totalisent 112 mètres cumulés et un poids estimé à 2,2 tonnes de matériaux déplacés. Ces structures sont composées d’éléments alignés, juxtaposés et superposés (sur 2, 3 et même 4 rangs), avec des étais extérieurs, comme pour les consolider, et des éléments de calage. Des traces d’arrachement des stalagmites empruntées pour la construction sont observables à proximité. » source CNRS

© Xavier MUTH - Get in Situ, Archéotransfert, Archéovision – SHS-3D, base photographique Pascal MoRestitution 3D des structures de la grotte de Bruniquel après la suppression des repousses stalagmitique récentes. Il ne s?agit donc pas d?une vue de la structure telle qu?elle se présente aujourd?hui. Cette grotte comporte des structures aménagées datées d?environ 176 500 ans. L?équipe scientifique a développé un nouveau concept, celui de "spéléofacts", pour nommer ces stalagmites brisées et agencées. L?inventaire de ces 400 spéléofacts montre des stalagmites agencées et bien calibrées qui totalisent 112 mètres cumulés et un poids estimé à 2,2 tonnes de matériaux déplacés. Ces structures sont composées d?éléments alignés, juxtaposés et superposés (sur 2, 3 et même 4 rangs). Cette découverte recule considérablement la date de fréquentation des grottes par l?Homme, la plus ancienne preuve formelle datant jusqu?ici de 38 000 ans (Chauvet). Elle place ainsi les constructions de Bruniquel parmi les premières de l?histoire de l?Humanité. Ce modèle 3D est construit à partir d?une série de photographies réalisées par Pascal Mora. Ces travaux ont été menés par une équipe internationale impliquant notamment Jacques Jaubert de l?université de Bordeaux, Sophie Verheyden de l?Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (IRSNB) et Dominique Genty du CNRS, avec le soutien logistique de la Société spéléo-archéologique de Caussade, présidée par Michel Soulier. UMR5199 DE LA PREHISTOIRE A L'ACTUEL : CULTURE, ENVIRONNEMENT ET ANTHROPOLOGIE 20160048_0005

© Xavier MUTH – Get in Situ, Archéotransfert, Archéovision – SHS-3D, base photographique Pascal Mora / Restitution 3D des structures de la grotte de Bruniquel après la suppression des repousses stalagmitique récentes.

 

 

 

 

 

 

 

Une datation particulière pour les stalagmites de Bruniquel:

  les sols alentours ne contenant aucun vestige pouvant dater ces structures, on a utilisé  la datation uranium-thorium basée sur les propriétés radioactives de l’uranium 

Au moment de la formation des stalagmites, l’uranium est incorporé dans la calcite. Au fil du temps, l’uranium se désintègre en d’autres éléments, dont le thorium (Th).

Il suffit donc de doser, dans la calcite de la stalagmite, le thorium produit et l’uranium restant pour en connaître l’âge.

les chercheurs sont parvenus à estimer l’âge de ces agencements, soit 176 500 ans, à ± 2000 ans.

Un second échantillonnage de calcite, notamment sur un os brûlé, a permis de confirmer cet âge, étonnamment ancien.

A Bruniquel, l’âge des structures de stalagmites est donc bien antérieur à l’arrivée de l’Homme moderne en Europe (- 40 000 ans).

« Les auteurs de ces structures seraient donc les premiers hommes de Néandertal5, pour lesquels la communauté scientifique ne supposait aucune appropriation de l’espace souterrain, ni une maîtrise aussi perfectionnée de l’éclairage et du feu, et guère plus des constructions aussi élaborées. » CNRS

 

De nouvelles questions sur Néandertal
« Près de 140 millénaires avant l’Homme moderne, les premiers représentants européens de Néandertal se seraient donc approprié les grottes profondes, y construisant des structures complexes, y apportant et entretenant des feux.

Ces structures intriguent beaucoup les chercheurs à cause de leur distance par rapport à l’entrée actuelle et supposée de la grotte à l’époque. Ils s’interrogent quant à la fonction de tels aménagements, si loin de la lumière du jour.

Si l’on écarte l’hypothèse peu viable d’un refuge, les structures étant trop loin de l’entrée, était-ce pour trouver des matériaux dont l’usage ou la fonction nous échappe ? S’agissait-il de raisons «techniques » comme le stockage de l’eau par exemple ? Ou de lieux de célébration d’un rite ou d’un culte ? D’une manière plus générale, les chercheurs constatent le haut degré d’organisation sociale des Néandertaliens nécessaire à une telle construction. Les recherches à venir tenteront donc d’apporter des explications sur la fonction de ces structures, principale question non résolue à ce jour. » source CNRS

[dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x4ce4sl_neandertal-a-bruniquel_school[/dailymotion]

source partielle de l’article CNRS

Télécharger le communiqué de presse du CNRS  : CP Bruniquel

« gyres de déchets des océans » : des courants de sorties existent..

gyres de déchets : Les dechets plastiques  ne seraient  pas condamnés à tourbillonner irrémédiablement au centre des océans ….

Des chercheurs de l’IRD et du CNRS viennent de montrer qu’il existe des « courants de sortie » de ces zones du grand large où ils s’accumulent.

Dans chaque océan existe un grand gyre de déchets

Les vents à la surface des océans et la rotation de la Terre (via la force de Coriolis), créent d’immenses vortex, appelés les « gyres océaniques ».

les principaux gyres océaniques

les principaux gyres océaniques @NOAA

Ils se forment Pacifique Nord et Sud, Atlantique Nord et Sud, océan Indien.

 

 

 

 

Ces gigantesques tourbillons entraînent tous les objets et débris de plastique flottant à la surface de l’eau et favorisent  leur accumulation d’année en année.

L’ immense plaque de déchets du Pacifique nord a  la taille est d’un tiers des Etats-Unis ou de six fois la France.
 
Cette pollution constitue un problème planétaire, menaçant  la biodiversité marine.

Des « portes de sortie » existent

gyre © © CNRS / Bruno Blanke Zone de convergence et courants de sortie dans le Pacifique sud

Les scientifiques ont travaillé à partir de la circulation océanique dans le Pacifique modélisée avec une résolution spatiale beaucoup plus fine que celle des modèles habituellement utilisés pour ce type d’étude (typiquement ceux utilisés pour les recherches sur le climat). Ils ont en effet simulé les trajectoires de plusieurs millions de particules, avec des courants définis sur des maillages du 1/32° au 1/4° (soit de quelques km à quelques dizaines de km).

Les résultats obtenus mettent en évidence des courants, de quelques centaines de kilomètres de large, qui s’échappent depuis le cœur du gyre subtropical pour faire route vers l’est. À ces courants s’ajoutent des processus physiques tels que les effets du vent et des vagues, non pris en compte dans les modèles, qui peuvent également modifier la trajectoire et le temps de transit des particules et débris.

 Les côtes sud-américaines voient les déchets s’accumuler sur leurs littoraux
Dans le Pacifique, les déchets ne seraient donc pas nécessairement piégés au centre du gyre océanique et pourraient s’évacuer en direction des côtes américaines.

De plus amples observations, modélisations et analyses sont nécessaires pour mieux comprendre les courants océaniques de surface qui régissent le lent cheminement des déchets de plastique à la surface des océans et mettre sur pied, à terme, des stratégies de collecte et de recyclage de tous ces détritus.

D’autres études sont en cours sur la fragmentation de ces déchets:

Pour mieux connaître la fragmentation des microplastiques sous l’effet de la lumière et de l’abrasion des vagues, des chercheurs ont combiné des analyses physico-chimiques à une modélisation statistique. Ils ont ainsi montré que les débris plastiques ont des comportements bien distincts suivant leur taille. Les plus gros flotteraient à plat à la surface de l’eau, avec une face exposée préférentiellement à la lumière du soleil. Mais les chercheurs ont observé moins de débris de petite taille (environ 1 mg) que ce que prévoit le modèle mathématique. Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce déficit. Ces résultats ont été obtenus par des chercheurs du CNRS et de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier1, à partir d’échantillons récoltés lors de l’Expédition 7e Continent. Ils sont publiés dans la revue Environmental Science and Technology, le 23 mai 2016…..

Voir la suite et télécharger le communiqué de presse : CP microplastiques océan

Source partielle IRD: télécharger le communiqué:  Actualite?+scientifique+n°495

Le « Blob », Physarum polycephalum, capable d’apprendre…

Physarum polycephalum… Sans neurones le « blob » est capable d’apprendre …

Pour la première fois, des chercheurs de l’université de Toulouse  viennent de démontrer que cet organisme,Physarum polycephalum, dépourvu de système nerveux est capable d’apprentissage. Cette forme d’apprentissage s’appelle  l’habituation.

800px-Physarum_polycephalum_plasmodium

Le blob ?

C’est le surnom donné par les scientifiques à Physarum polycephalum ( en référence aux films américains de 1958 et 1988 mettant en scène une masse informe ingérant tous les habitants d’une ville )

Physarum polycephalum est un organisme formé d’une seule cellule, il vit dans les sous-bois.

Cette cellule unique, contenant des milliers de noyaux, peut recouvrir des surfaces de l’ordre du mètre carré et se déplacer dans son environnement à des vitesses pouvant atteindre cinq centimètres par heure.

Cette cellule géante  fait preuve d’étonnantes aptitudes, telles résoudre un labyrinthe, éviter des pièges ou optimiser sa nutrition. Voir ici

En 2013, Audrey Dussoutour, du CNRS de Toulouse, avait expliqué son travail lors de la conférence TedXToulouse

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=47qiwqKRef0[/youtube]

Une expérience de neuf jours pour en savoir davantage sur « le blob »

© Audrey Dussutour (CNRS) Le protiste Physarum polycephalum (diamètre : environ 10 centimètres), composé d'une unique cellule, cultivé en laboratoire sur un gel d'agar.

© Audrey Dussutour (CNRS)
Le protiste Physarum polycephalum (diamètre : environ 10 centimètres), composé d’une unique cellule, cultivé en laboratoire sur un gel d’agar.

 Le protocole

Les scientifiques ont  confronté différents groupes de ce protiste à des substances amères mais inoffensives, qu’ils devaient traverser afin d’atteindre une source de nourriture

  •  Un groupe était confronté à un « pont » imprégné de quinine
  • un autre à un pont de caféine
  • un groupe témoin devait simplement passer sur un pont non imprégné.

 

© Audrey Dussutour (CNRS) Cette illustration montre comment l'organisme unicellulaire Physarum polycephalum apprend par habituation à ignorer la présence de quinine (substance amère) lors de son trajet vers la nourriture. Les chercheurs ont mesuré la largeur du pseudopode (excroissance de la cellule) utilisé pour rejoindre la nourriture. Un pseudopode étroit est synonyme d'un comportement de répulsion, un pseudopode large représente quant à lui un comportement normal.

© Audrey Dussutour (CNRS)
Cette illustration montre comment l’organisme unicellulaire Physarum polycephalum apprend par habituation à ignorer la présence de quinine (substance amère) lors de son trajet vers la nourriture.
Les chercheurs ont mesuré la largeur du pseudopode (excroissance de la cellule) utilisé pour rejoindre la nourriture. Un pseudopode étroit est synonyme d’un comportement de répulsion, un pseudopode large représente quant à lui un comportement normal.

© Audrey Dussutour (CNRS) Cette illustration montre comment l'organisme unicellulaire Physarum polycephalum apprend par habituation à ignorer la présence de quinine (substance amère) lors de son trajet vers la nourriture. Les chercheurs ont mesuré la largeur du pseudopode (excroissance de la cellule) utilisé pour rejoindre la nourriture. Un pseudopode étroit est synonyme d'un comportement de répulsion, un pseudopode large représente quant à lui un comportement normal.

© Audrey Dussutour (CNRS)
Cette illustration montre comment l’organisme unicellulaire Physarum polycephalum apprend par habituation à ignorer la présence de quinine (substance amère) lors de son trajet vers la nourriture.
Les chercheurs ont mesuré la largeur du pseudopode (excroissance de la cellule) utilisé pour rejoindre la nourriture. Un pseudopode étroit est synonyme d’un comportement de répulsion, un pseudopode large représente quant à lui un comportement normal.

 Les résultats

Au tout début réticents à franchir les substances amères, les protistes ont appris au fur et à mesure des jours qu’elles étaient inoffensives et les ont traversées de plus en plus rapidement, se comportant au bout de six jours de la même façon que le groupe témoin.

Conclusion

La cellule a donc appris à ne plus craindre une substance inoffensive après y avoir été confrontée à plusieurs reprises, les scientifiques nomment ce phénomène l’habituation

« Au bout de deux jours sans contact avec la substance amère, le protiste retrouve son comportement initial de méfiance.Par ailleurs, un protiste habitué à la caféine manifeste un comportement de défiance vis-à-vis de la quinine, et inversement. L’habituation est donc bien spécifique à une substance donnée.Cette forme d’apprentissage existe chez tous les animaux, mais n’avait encore jamais été trouvée chez un organisme dépourvu de système nerveux. Cette découverte chez un protiste, lointain cousin des plantes, champignons et animaux, apparu sur Terre environ 500 millions d’années avant l’homme, permet de mieux comprendre les origines de l’apprentissage, qui précède de loin celles des systèmes nerveux. Elle ouvre également la possibilité de rechercher des types d’apprentissage chez d’autres organismes très simples comme les virus ou les bactéries. « CNRS

Source partielle de l’article  CNRS

Habituation in non-neural organisms: Evidence from slime moulds, Romain P. Boisseau, David Vogel & Audrey Dussutour. Proceedings of the Royal Society B, 27 avril 2016. DOI : 10.1098/rspb.2016.0446 Consulter le site web

super éruptions: mieux comprendre les écoulements pyroclastiques

Un nouveau regard sur les mécanismes physiques responsables des écoulements pyroclastiques

Une étude internationale, conduite par des chercheurs du Laboratoire magmas et volcans (IRD/CNRS/Université Blaise Pascal), de l’Université de Buffalo et de l’Institut d’études géologiques des Etats-Unis, apporte un nouvel éclairage sur la compréhension des mécanismes physiques responsables des écoulements pyroclastiques générés lors des super-éruptions volcaniques.

Jusqu’à présent, seul le modèle de mélange dilué turbulent permettait d’expliquer les distances de parcours considérables de ces écoulements.

Les chercheurs révèlent pour la première fois l’existence d’écoulements denses, engendrés par un très fort débit éruptif et une pression de gaz interstitielle soutenue.

Ces résultats permettent de mieux évaluer les aléas volcaniques.

Ils sont publiés le 7 mars 2016 dans la revue Nature Communications (Slow-moving and far-travelled dense pyroclastic flows during the Peach Spring super-eruption, O. Roche, D. C. Buesch & G. A. Valentine. Nature Communications, 7 mars 2016.
DOI :10.1038/ncomms10890 Consulter le site web )


De gauche à droite: © IRD / Pablo Samaniego, Benjamin Bernard, Pablo Samaniego:Emission de gaz du volcan Ubinas (Pérou) en avril 2014 ; Eruption du Tungurahua (Equateur) en mai 2010 ; Volcan Calbuco (Chili) avec une faible activité fumarolienne (2015).

Les super éruptions?

Les super-volcans ?

Les super-volcans ont un indice d’explosivité volcanique de 8, ils correspondent à des volcans avec d’immenses caldeiras d’effondrement .

indice 8 : Ultra-Plinien supervolcan ,de type apocalyptique, volume de magma éjecté supérieur à 1000 km3

NB: L’indice d’explosivité volcanique ( échelle VEI de l’anglais Volcanic Explosivity Index ) fut inventé  en 1982 par Chris Newhall ( USGS) et  par Steve Self(Université d’Hawaii) pour établir une mesure relative de l’explosivité des éruptions volcaniques.

Les super-éruptions ?

Les super-éruptions, toutes préhistoriques,  donc jamais  observées, ne sont connues que par leur dépôts (Yellowstone, Toba, Taupo en Nouvelle-Zélande)…

Les super-éruptions volcaniques explosives, dont le volume dépasse 500 km3 de magma, constituent des phénomènes cataclysmiques rares mais extrêmement dévastateurs.

pyroclastiques

Elles génèrent des écoulements pyroclastiques

Ces écoulements sont des mélanges de gaz et de fragments de roches à haute température, plus denses que l’atmosphère, qui dévalent les flancs des volcans, détruisant tout sur leur passage.

Les dépôts issus de ces écoulements sont appelés ignimbrites.

Les ignimbrites peuvent s’étendre sur des distances de plus de 100 km depuis le centre éruptif.

Deux mécanismes physiques distincts à l’origine des écoulements pyroclastiques

La compréhension des processus à l’œuvre lors du transport et du dépôt des écoulements pyroclastiques, essentielle pour estimer les aléas naturels liés à ces phénomènes, intéresse les volcanologues depuis de nombreuses années.

Deux mécanismes physiques fondamentalement différents sont susceptibles d’opérer:

  • un écoulement rapide et dilué (contenant moins d’1 % de particules, en volume), dont la turbulence maintient les particules en suspension
  • ou bien un mélange avec une concentration quasi-maximale en particules, au sein duquel la pression de gaz interstitiel réduit la friction interne.

Jusqu’à présent, seul le modèle d’écoulement dilué avait pu être démontré quantitativement, requérant des vitesses de propagation supérieures à 200 m/s.

L’objectif de ces recherches est de comprendre le comportement des écoulements pyroclastiques à partir d’un exemple bien caractérisé, afin de définir un modèle applicable à l’ensemble des super-éruptions se produisant sur Terre.

L’ignimbrite de Peach Spring révèle ses secrets

Dans cette étude, les chercheurs ont étudié l’ignimbrite de Peach Spring (en Arizona, aux Etats-Unis), formée par des écoulements de plus 170 km lors d’une éruption survenue il y a 18,8 millions d’années, émettrice de plus de 1300 km3 de magma et ayant conduit à la formation d’un cratère volcanique géant (ou caldera).

Les dépôts de  Peach Springs Tuff sont donc en relation avec l’éruption de la Silver Creek Caldera en Arizona il y a 18.8 millions d’années.

PSTMap

Carte montrant l’étendue de la Peach Spring Tuff (orange) et l’emplacement du Silver Creek Caldera source my.vanderbilt.edu/supereruptionreu/

Ils se sont intéressés à la présence, dans l’ignimbrite étudiée, de gros blocs de roches (> 0,5-1 m) présents initialement sur le substrat et entrainés par les écoulements pyroclastiques.

Une première analyse leur a permis de démontrer que de tels blocs n’avaient pas pu être mis en mouvement par des écoulements dilués à des vitesses réalistes.

© IRD / Olivier Roche: La photo (a) montre le dépôt de l’écoulement pyroclastique qui contient de gros blocs de roches entrainés à Peach Spring. La photo (b) explique le mécanisme qui opère lors d’une expérience de laboratoire qui simule un écoulement pyroclastique.

Afin de comprendre ce phénomène d’entrainement, les chercheurs ont ensuite simulé, en laboratoire, la propagation d’un écoulement pyroclastique sur un substrat de particules.

La procédure, mise au point avec les partenaires de l’Université de Chili, consiste à générer, à petite échelle, un écoulement gravitaire constitué d’un mélange dense de particules solides et d’air. Grâce à ces expériences, les chercheurs ont montré, pour la première fois, qu’un gradient de pression généré à la base de l’écoulement permet de soulever les particules du substrat, qui sont alors incorporées dans l’écoulement et entrainées vers l’aval.

En appliquant la loi expérimentale qui relie la taille des particules du substrat entrainées à la vitesse de l’écoulement, les auteurs ont pu calculer la vitesse des écoulements pyroclastiques qui ont formé l’ignimbrite Peach Spring: entre 5 et 20 m/s. Cette vitesse, sur une distance de parcours minimale de 170 km, a ensuite permis de déterminer la durée de l’éruption (entre 2,5 et 10 heures), et son débit (10-10 m/s), supérieur à ceux connus jusque-là.

Vers une meilleure évaluation des aléas volcaniques dans les pays du Sud

Grâce à cette combinaison d’expériences en laboratoire et de données de terrain, les chercheurs concluent que lors d’une super-éruption, un fort débit éruptif pendant plusieurs heures et une pression de gaz interstitielle soutenue dans les écoulements pyroclastiques peuvent être plus efficaces qu’une suspension diluée extrêmement rapide pour causer de très grandes distances de parcours.

Ce nouveau regard sur les mécanismes de propagation des écoulements pyroclastiques invite à reconsidérer les interprétations de nombreuses ignimbrites générées par des super-éruptions au cours de l’histoire de la Terre. Il ouvre de nouvelles perspectives pour mieux évaluer les aléas volcaniques, notamment le long de la Cordillère des Andes, qui regroupe certains des volcans les plus actifs du monde: Chimborazo, Cotopaxi, Tungurahua (Equateur), Ubinas, Misti (Pérou), Lascar, Villarrica, Calbuco (Chili)…

Gestion des aléas et risques volcaniques: une coopération scientifique Nord-Sud

Priorité scientifique de l’IRD, la gestion des aléas et risques volcaniques fait l’objet d’une coopération scientifique de longue date avec les partenaires des pays du Sud, dans les Andes (Chili, Equateur, Pérou) et dans les océans Indien et Pacifique (Indonésie, Vanuatu).

Depuis 2015, un consortium a vu le jour en Amérique latine, et constitue un outil de coopération régionale: le projet VIMESEA. Coordonné par l’IRD et la Commission nationale de recherche scientifique et technologique du Chili (CONICYT) et financé par la Commission européenne, ce projet vise à améliorer les connaissances sur les mécanismes des éruptions volcaniques dans les Andes et leurs impacts sur l’environnement et les sociétés. Il implique plusieurs instituts de recherche européens (Laboratoire magmas et volcans du CNRS, de l’Université Blaise Pascal et de l’IRD, Université de Bristol, Université de Munich, Institut de volcanologie de Pise) et sud-américains (Université du Chili, Institut géologique, minier et métallurgique du Pérou, Institut géophysique d’Equateur).

Des recherches sont également conduites en Equateur et au Pérou

– Laboratoire mixte international « Séismes et volcans dans les Andes du Nord » (LMI SVAN). Ce laboratoire étudie et surveille les volcans actifs de l’arc équatorien, tels que le Guagua Pichincha (1999-2001), le Tungurahua (1999-jusqu’à aujourd’hui) et le Reventador (2002 jusqu’à aujourd’hui).

– Equipe de volcanologie de l’INGEMMET Pérou (jeune équipe associée à l’IRD VIP). Grâce à des modèles numériques capables de simuler les écoulements volcaniques et aux informations de terrain, elle produit des cartes d’aléas potentiels pour des volcans, tels que l’Ubinas (actif en 2006-2009 et 2014-2015) et le Sabancaya (actif depuis 2013).

sources  partielles de l’article :communiqué du CNRS, Université de Vanderbilt

Télécharger le communiqué de presse : CP super-éruptions