Des mathématiques pour mieux courir…

Les bienfaits de la course ne sont plus à démontrer ..

Comment courir pour améliorer son poids, sa forme et sa performance ?

courir


Dans l’entraînement sportif, l’utilisation de divers appareils de mesures pour suivre la vitesse et les calories dépensées mais aussi pour identifier la manière dont les organismes réagissent aux efforts s’est largement développée .
Reste un défi majeur: quelle stratégie un coureur  doit il adopter pour optimiser sa vitesse ? 

 

Bientôt , les maths pourront nous aider à mieux courir.

Amandine Aftalion du Laboratoire de mathématiques de Versailles (CNRS/Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines) et Frédéric Bonnans du Centre de mathématiques appliquées (CNRS/Inria/École polytechnique)1 ont créé un modèle mathématique d’optimisation de la course qui pourrait conduire à un programme d’entrainements personnalisés selon l’état physiologique de chacun.

Les chercheurs sont capables avec ce modèle de prédire le comportement que doit avoir le sportif tout au long de sa course

courir 1

Au moyen d’un bilan instantané déterminant à la seconde près, le coureur peut connaître sa vitesse optimale et l’énergie dépensée depuis son départ.

Ces recherches  confirment  également que varier sa vitesse permet de dépenser moins d’énergie et de courir plus longtemps.

Les chercheurs souhaitent appliquer  ce modèle mathématique à d’autres sports d’endurance comme le cyclisme, la natation ou le canoé kayak.

Ces travaux, disponibles sur l’archive ouverte HAL, seront présentés le 16 mai 2014 lors du forum Futurapolis à Toulouse, dont le CNRS est partenaire, puis publiés dans la revue SIAM J.Applied Mathematics.

Article  complet du CNRS:courir.pdf

En attendant les applications de ce modèle mathématique: n’attendez pas !                   A vos marques … prêts … partez …!

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Antarctique ouest:fonte inéluctable des glaciers

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de la NASA et de l’Université de Californie met en évidence une fonte rapide  et inéluctable de la calotte glaciaire de l’Antarctique Ouest.

 L’étude présente de multiples sources de données, en intégrant 40 ans d’observations:  selon le glaciologue Eric Rignot ( NASA), les glaciers du secteur Amundsen (mer de l’Antarctique occidental) « ont franchi le point de non-retour ». antarctica_amundsen_sea_sector-1source NASA antarctica_screen_grab1_2source NASA

La fonte des six plus grands glaciers de cette région, Pine Island, Thwaites, Haynes, Smith, Pope et Kohler, contribue déjà de façon importante à la montée des océans.

Pourquoi la calotte glaciaire de l’Antarctique occidental est-elle considérée comme « instable »?

La majorité de la couche de glace de l’Antarctique occidental est « ancrée » sur un lit qui se trouve en dessous du niveau de la mer.

 Le contact du glacier avec la terre est appelée ligne d’ancrage.

Presque toute la fonte des glaciers se produit sur leur face inférieure au-delà de la ligne d’ancrage, sur la section flottant sur l’eau de mer.

Les courants océaniques peuvent alimenter en eau chaude la ligne d’ancrage du glacier: c’est la première étape dans une réaction en chaîne potentielle.

La chaleur de l’océan ronge la glace, la ligne d’ancrage du glacier recule vers intérieur et la calotte glaciaire perd de la  masse. Elle perd donc sa capacité à retenir les glaciers et leur marche vers la mer s’accélère (en même temps ils s’amincissent).

Pourquoi la région de la mer d’Amundsen est-elle plus à risque que d’autres parties de l’ouest de l’Antarctique?

 Non seulement la majorité de la couche de glace est « fondée » sur un lit qui se trouve en dessous du niveau de la mer, mais en plus:

  • les glaciers ici n’ont pas de très grands plateaux de glace pour endiguer le flux de glace.
  • ils ne sont pas « coincés » par des obstacles dans leurs lits, sauf dans quelques petits endroits .
  • la région est vulnérable à un courant océanique régional (proximité du courant circumpolaire profond). C’est ce courant qui fournit l’eau chaude à la base des glaciers.

La décharge de glace de cette région a augmenté dans son ensemble de 77 % depuis 1973

Qu’en serait il pour l’élévation du niveau de la mer?

La région  d’ ‘Amundsen contient assez de glace pour élever le niveau des mers de 1,2 mètres. C’est  seulement une fraction de l’ensemble de la  l’Antarctique occidental. S’il  fond complètement,  le niveau global de la mer  augmenterait d’environ 5 mètres.

Sources de l’article, NASA: nasa-uci-study ,news/antarctic-ice-sheet

Pour en savoir plus:

Autres articles:

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Paramécie : une hérédité de type Lamarckien

Une équipe de l’Institut de biologie de l’Ecole normale supérieure (CNRS/ENS/Inserm) sous la direction d’Eric Meyer vient de décrire la transmission des caractères acquis par la Paramécie.

  •   La Paramécie ?

Bien connue des collégiens, la paramécie (Paramecium tetraurelia) est une cellule eucaryote de grande taille (120 micromètres) recouverte de cils vibratiles C’est un protozoaire cilié vivant en eau douce très fréquent dans les mares et les étangs.

La paramécie est  un modèle de choix pour analyser les composantes épigénétiques de l’hérédité .

  •  Les types sexuels  de la Paramécie se transmettent de génération en génération par un mécanisme inattendu.

Ils ne sont pas déterminés par la séquence du génome, mais par de petites séquences d’ARN, transmises par le cytoplasme maternel.

Celles-ci inactivent spécifiquement certains gènes au cours du développement. Ainsi, une paramécie peut acquérir un type sexuel nouveau et le transmettre à sa descendance sans qu’aucune modification génétique ne soit impliquée.

  • Des détails sur cette étude: 

Lors de leur reproduction sexuelle, appelée conjugaison, les Paramécies partenaires s’échangent réciproquement du matériel génétique.

paramécie conjugaison© Janine Beisson – Couple de paramécies
en conjugaison où les cils sont marqués avec un anticorps anti-tubuline

Une fois fixées et colorées au réactif de Schiff, les noyaux apparaissent en rouge. On distingue le macronoyau et le micronoyau proches l’un de l’autre. C’est pendant la conjugaison ou accouplement que les partenaires échangent le matériel génétique de leurs micronoyaux après méiose et amphimixie.

Les paramécies présentent néanmoins deux ‘types sexuels’, appelés E et O.

La conjugaison n’est possible  qu’entre types sexuels différents.

Dès les années 1940, des chercheurs comme Tracy Sonneborn avaient remarqué que le type sexuel ne se transmettait pas à la descendance en suivant les lois de Mendel : un nouveau type de transmission des caractères, ne dépendant pas des chromosomes, devait être à l’œuvre. Cependant, ils n’avaient pas réussi à l’élucider.

Aujourd’hui, l’équipe d’Eric Meyer et ses collaborateurs viennent de décrire le mécanisme de cette hérédité alternative. Pour cela, ils ont d’abord montré que la différence entre les types sexuels E et O tient à une protéine transmembranaire appelée mtA. Bien que le gène qui la code soit présent chez les deux types sexuels, il ne s’exprime que chez les individus E. Les chercheurs ont ensuite montré le mécanisme par lequel, chez le type O, ce gène est inactivé.

Les paramécies possèdent deux noyaux : un micronoyau germinal qui est transmis lors de la reproduction sexuelle et un macronoyau somatique, issu de ce dernier, où s’expriment les gènes de la cellule.

Le mécanisme de transmission des types sexuels se base sur de petits ARN, appelés scnARN, qui sont produits durant la méiose. La fonction originelle de ces ARN est d’éliminer du macronoyau toute une série de séquences génétiques, appelées éléments transposables, qui, à la manière des introns3, se sont introduits à l’intérieur des gènes au cours de l’évolution. Dans un premier temps, les scnARN scannent le macronoyau maternel afin d’identifier les séquences qui avaient été éliminées à la génération précédente, puis effectuent les mêmes réarrangements dans le nouveau macronoyau. Or, de façon inattendue, ce mécanisme de « nettoyage » du génome permet aussi à la cellule de mettre sous silence des gènes fonctionnels. Chez l’espèce Paramecium tetraurelia, chez les individus de type O, les scnARN éliminent le promoteur du gène mtA, ce qui annule son expression. Ainsi, c’est par le biais des scnARN hérités avec le cytoplasme maternel, et non d’une séquence génétique particulière, que le type sexuel de la paramécie est défini.

NB:Les ciliés sont des organismes hermaphrodites et la conjugaison est une fécondation réciproque, chacun des deux partenaires fécondant l’autre. On peut cependant définir, pour chacun des descendants, une mère (la cellule parentale ayant fourni le cytoplasme et unecopie du génome haploïde) et un père (la cellule parentale dont la contribution est limitée à une copie du génome haploïde

Ce processus de mise sous silence peut a priori toucher n’importe quel gène. Les paramécies peuvent donc, en théorie, transmettre à leur descendance sexuelle une infinie variété de versions du génome macronucléaire à partir du même génome germinal. Comme pour l’hérédité génétique, ce mécanisme peut conduire à des erreurs qui, de temps en temps, peuvent apporter à la descendance un avantage sélectif.

Autrement dit, le génome du macronoyau somatique de la paramécie pourrait évoluer en continu et permettre, dans certains cas, une adaptation à court terme aux changements de conditions environnementales. Ceci, sans que des mutations génétiques soient impliquées.

Cette forme d’hérédité de type lamarckien (en référence à Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) dont la théorie sur l’évolution du vivant abordait la transmission des caractères acquis) offrirait ainsi un levier d’action encore insoupçonné à la sélection naturelle.

Source partielle CNRS: voir l’article « paramécie.PDF »

Voir aussi: Épigénétique: la paramécie comme modèle d’étude
Éric Meyer, Janine Beisson « epigenetique_paramecie. PDF« 

Une solution aqueuse de nanoparticules pour réparer les organes

La « nanocolle » (solution aqueuse de nanoparticules) serait une  méthode inédite et révolutionnaire de réparation des organes mous et des tissus « in vivo »: 

La « nano-colle », véritable « colle du vivant » pourrait bouleverser les techniques de chirurgie réparatrice des organes

Une équipe de chercheurs vient de démontrer que le principe d’adhésion par une solution aqueuse de nanoparticules peut être utilisé in vivo chez le rat pour  pour obtenir la fermeture et la guérison rapide de plaies profondes (peau et le foie).

solution aqueuse de nanoparticules ludwik-leiblerDe gauche à droite : Alexandre Prévoteau (ESPCI/UPMC), Dominique Hourdet (ESPCI/UPMC), Alba Marcellan (ESPCI/UPMC), Ludwik Leibler (ESPCI/CNRS), Séverine Rose (ESPCI/UPMC) et (en insert) Paul Elzière (ESPCI). Crédits : Cyril Frésillon/CNRS

Ces méthodes de réparation de blessures in vivo utilisent  des solutions aqueuses de nanoparticules (méthode inventée par Ludwik Leibler et ses collègues à l’ESPCI ParisTech , voir le communiqué du CNRS  ).

Elles viennent d’être présentées par une équipe de chercheurs du laboratoire Matière molle et chimie (ESPCI/CNRS) et du laboratoire de Recherche vasculaire translationnelle (INSERM/Paris Diderot/Paris 13): voir le communiqué du CNRS et la publication sur onlinelibrary.wiley.com

Stéphane Mallat, Ludwik Leibler et Philippe Cinquin ont été lauréats de la médaille de l’innovation 2013 du CNRS ( à voir ici )

Des précisions sur cette « nanocolle » (solution aqueuse de nanoparticules) :

Rappel: une nanoparticule est une particule dont la taille est inférieure à 100 nanomètres (un nanomètre correspond au milliardième de mètre, voir ici un rappel sur  les dimensions en biologie ).

Le concept est entièrement nouveau : le processus d’adhésion ne prend que quelques secondes et il est remarquablement robuste.

Le collage des gels et des tissus biologiques  se fait grâce à des nanoparticules.

Les solutions aqueuses ou organiques de nanoparticules (silice, nanotubes, nanocristaux de cellulose, etc.)  sont utilisées comme liant.  Les nanoparticules contenues dans une solution étalée sur des surfaces à coller se lient au réseau moléculaire du gel (ou du tissu), phénomène appelé adsorption, et, dans le même temps, le gel (ou le tissu) lie les particules entre elles.

Dans une première expérience, les chercheurs ont procédé à une analyse comparée de la fermeture d’une plaie profonde de la peau par la méthode traditionnelle des points de suture et par l’application au pinceau de la solution aqueuse de nanoparticules. Cette seconde méthode simple d’utilisation permet de refermer la peau rapidement jusqu’à cicatrisation complète, sans inflammation ni nécrose. La cicatrice résultante est presque invisible.

 

Réparation d’une blessure par une solution aqueuse de nanoparticules (gauche) et par point de suture (droite). ©ESPCI

Dans une seconde expérience, toujours chez des rats, les chercheurs ont appliqué cette solution à des organes « mous » qui tels le foie, le poumon ou la rate sont difficiles à suturer car ils se déchirent lors du passage de l’aiguille. Actuellement aucune colle n’allie efficacité d’adhésion et innocuité pour l’organisme. Confrontés à une entaille profonde du foie avec forte hémorragie, les chercheurs ont refermé la blessure en étalant la solution aqueuse de nanoparticules et en pressant les deux bords de la blessure. La perte de sang s’est alors arrêtée. Pour réparer un lobe de foie sectionné, les chercheurs ont également utilisé des nanoparticules : ils ont collé un pansement recouvert de nanoparticules sur la plaie, arrêtant ainsi l’hémorragie. Dans les deux situations, le fonctionnement de l’organe est préservé et les animaux survivent.

« Coller un pansement pour arrêter les fuites » n’est qu’un exemple des possibilités ouvertes par l’adhésion apportés par des nanoparticules. Dans un tout autre domaine, les chercheurs sont parvenus grâce aux nanoparticules à fixer une membrane dégradable utilisée pour la thérapie cellulaire sur le cœur et ce, malgré les fortes contraintes mécaniques liées à ses battements. Ainsi ils démontrent qu’il serait possible de fixer des dispositifs médicaux variés à des fins thérapeutiques ou de réparation et de renforcement mécaniques des organes et des tissus.

Cette méthode d’adhésion est exceptionnelle de par son potentiel champ d’applications cliniques. Elle est simple, facile à mettre en œuvre et les nanoparticules utilisées (silice, oxydes de fer) peuvent être métabolisées par l’organisme. Elle peut facilement être intégrée dans les recherches actuelles sur la cicatrisation et la régénération des tissus et contribuer au développement de la médecine régénératrice.

solution aqueuse de nanoparticules

@laboratoire « Matière molle et chimie » (CNRS/ESPCI ParisTech) Illustration de la première expérience réalisée par les chercheurs sur des rats : réparation d’une plaie profonde par application de la solution aqueuse de nanoparticules. La fermeture de la plaie s’effectue en trente secondes.

La simplicité, la rapidité et la robustesse de cette « nano-colle » est de bon augure pour les applications cliniques, la chirurgie et la médecine régénérative.