Romundina,âgé de 415 MA,un poisson au visage familier

Une équipe internationale présente dans Nature le fossile Romundina permettant d’expliquer l’origine d’une des parties de notre visage, la face.

Squelette du petit poisson fossile Romundina (415 millions d'années) (vue latérale) © CNRS-MNHN-UPMC Paris 6 - Philippe Loubry

Squelette du petit poisson fossile Romundina (415 millions d’années) (vue latérale) © CNRS-MNHN-UPMC Paris 6 – Philippe Loubry

Romundina ?

C’est un petit poisson cuirassé vieux de 415 millions d’années… C’est un fossile clé qui illustre étape par étape l’assemblage de la face lors de la transition entre vertébrés sans mâchoire et vertébrés avec mâchoires.

Romundina face BD - ©Vincent Dupret - Université Uppsala

Romundina face BD – ©Vincent Dupret – Université Uppsala

Les vertébrés?

Les vertébrés possèdent  une colonne vertébrale et se distribuent en deux groupes en fonction de la présence ou de l’absence de mâchoire.

De nos jours, les seuls vertébrés sans mâchoires (cyclostomes) sont les lamproies et les myxines, alors que les vertébrés à mâchoires (gnathostomes) représentent plus de 50 000 espèces, dont l’espèce humaine.

On savait déjà que les vertébrés à mâchoires dérivaient d’ancêtres n’en possédant pas mais qu’en était- il sur la formation de la face ?

 

  • Dans un embryon de vertébré sans mâchoire, des masses de cellules spécifiques croissent vers l’avant de chaque côté du cerveau avant de se rencontrer dans le plan de symétrie pour former une “lèvre supérieure” très développée (non comparable à la nôtre) entourant une unique narine juste en avant des yeux.
  • Chez un vertébré à mâchoires, au contraire, ces mêmes masses cellulaires croissent vers l’avant dans le plan de symétrie mais sous le cerveau, séparant les sacs nasaux qui s’ouvrent séparément vers l’extérieur.

Voilà pourquoi notre visage a deux narines plutôt qu’une seule en plein milieu. La partie antérieure du cerveau est aussi beaucoup plus allongée chez un vertébré à mâchoires, avec comme résultat que notre nez est en avant du visage plutôt qu’en arrière entre les deux yeux.

Jusqu’à présent, on ne savait que peu de choses sur les étapes intermédiaires de cette étrange transformation…

C’est là que le fossile de Romundina, un placoderme primitif (un « poisson cuirassé » doté de mâchoires) découvert dans l’arctique canadien, et dont le spécimen repose au Muséum national d’Histoire naturelle, entre en scène.

Reconstitution 3D de Romundina (415 millions d'années) (vue latérale gauche) © Uppsala University - Vincent Dupret

Reconstitution 3D de Romundina (415 millions d’années) (vue latérale gauche) © Uppsala University – Vincent Dupret

Romundina a ses narines bien séparées, mais logées loin en arrière du bout du museau (qui rappelle une « lèvre supérieure » de vertébré sans mâchoire).

« Ce crâne présente un mélange de caractères primitifs et modernes, lui conférant une place de choix au sein des vertébrés, le rendant particulièrement précieux pour les paléontologues« , déclare Vincent Dupret de l’Université d’Uppsala.

 

En reconstituant virtuellement les structures internes de ce crâne grâce aux rayons X à l’ESRF de Grenoble (European Synchrotron Radiation Facility), les auteurs montrent que ce crâne abritait un cerveau très court à l’avant, comme chez un vertébré sans mâchoire. De fait, « Romundina est construit comme un vertébré à mâchoires, mais avec des proportions de vertébré sans mâchoire », dit Per Ahlberg d’Uppsala ; « cela nous démontre que l’organisation de la majeure partie des masses tissulaires a été la première à changer, et que la forme de la tête ne s’est modifiée qu’ensuite« .

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=OfzbWDdJaI0[/youtube]

En replaçant Romundina dans une séquence comprenant d’autres fossiles, certains plus primitifs et d’autres plus évolués, les auteurs offrent ainsi un scénario montrant les principales étapes de cette transformation, se terminant par le reflet qui nous observe chaque matin dans le miroir de la salle de bain.

Sources :

http://www.mnhn.fr/fr/recherche-expertise/actualites/visage-familier-vieux-415-millions-annees

A primitive placoderm sheds light on the origin of the jawed vertebrate face. Vincent Dupret, Sophie Sanchez, Daniel Goujet, Paul Tafforeau & Per E. Ahlberg, Nature, 12 février 2014. doi:10.1038/nature12980

Afrique, 2030 :la pollution atmosphérique liée à l’homme va augmenter

En Afrique, les activités humaines contribuent de façon importante à la pollution atmosphérique.

A l’horizon 2030, en l’absence de toute mesure de régulation efficace, celles-ci pourraient alors contribuer pour 20 à 55 % des émissions globales anthropiques ( liées aux activités de l’ Homme) des polluants gazeux et particulaires.

Les émissions de gaz et de particules provenant de la combustion de combustibles fossiles et les biocarburants en Afrique vont probablement  augmenter de manière significative dans un avenir proche en raison de la croissance rapide des villes africaines et les mégalopoles.

En 2050, sept personnes sur dix vivront dans des villes, petites ou grandes. Cette croissance urbaine concerne principalement l’Asie et l’Afrique (source UNICEF).

136799341_0Vue aérienne du quartier d’affaires d’Abidjan. @ Issoufou Sanogo

« La pollution atmosphérique urbaine est liée aux sources de combustion dites anthropiques, comme le trafic, les feux domestiques et les industries. Nos programmes de recherche nous ont montré la détérioration de la qualité de l’air dans les villes africaines », explique Cathy Liousse, directrice de recherche au CNRS, à Toulouse.

 

 Jusqu’à présent, il n’y avait pas de données précises quant aux émissions de polluants pays par pays sur ce continent:

Pour pallier ce déficit d’information, une équipe franco-ivoirienne a réalisé des cartes des émissions polluantes en Afrique pour l’année 2005, puis estimé ces émissions pour 2030 en s’appuyant sur trois scénarios.

carte_pollution_afriqueerl486692f2_online

© Environ. Res. Lett. 9 035003 Estimations régionales des émissions de particules de carbone organique issu des combustions de fuels fossiles et de biofuels en tonnes de carbone par an, pour un scénario de l’année 2030.

  Ces travaux, publiés le 11 mars 2014 dans la revue Environmental Research Letters, serviront à améliorer ces modèles climatiques, mais aussi à évaluer les impacts sur la santé de la pollution dans les zones urbaines d’Afrique.

Communiqué du CNRS:

« Les inventaires d’émissions des polluants dans l’air sont un passage obligé pour mesurer l’impact de la pollution sur la qualité de l’air et le climat.

Ces données alimentent en effet les modèles atmosphériques et climatiques, et permettent de faire des projections sur le futur.

Les inventaires régionaux sont très précis pour l’Europe, l’Asie, ou l’Amérique du Nord. En revanche, jusqu’à présent, pour l’Afrique on ne disposait que d’inventaires globaux.

C’est pour répondre à ce déficit d’information que les chercheurs ont développé des cartes d’émissions anthropiques pour l’année 2005 pour l’ensemble des pays africains.

Pour cela, ils se sont appuyés sur des données diverses : questionnaires de la consommation de fuels soumis aux autorités de différents pays, enquêtes de terrain, résultats de programmes de recherche tels que AMMA (programme sur la mousson ouest-africaine) et POLCA (programme sur la pollution des capitales africaines).

Les chercheurs ont également pris en compte des sources d’émission de gaz et de particules particulièrement polluantes en Afrique : d’une part les véhicules à deux roues, les vieilles voitures et les vieux camions dans les villes, et d’autre part, la fabrication de charbon de bois pour la cuisine.

Aujourd’hui, l’ensemble des sources d’émission anthropique représentent, selon les particules ou les gaz considérés (carbone suie, carbone organique, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote, monoxyde de carbone…) entre 5 et 20% de la pollution mondiale.

La contribution de l’Afrique au changement climatique ne peut donc être négligée… »

Voir le communiqué en entier :pollution Afrique 2030

Le continent africain connait une croissance rapide …. Il devra impérativement modifier ses pratiques pour limiter la pollution …

MUSE crée des vues de l’univers en 3D…

 MUSE ouvre ses yeux sur l’Univers…

Un nouvel instrument  baptisé MUSE (Explorateur Spectroscopique Multi-Unités) a été installé avec succès sur le Très Grand Télescope (VLT) de l’ESO de l’Observatoire Paranal au nord du Chili

 Muse va permettre l’observation des jeunes galaxies, lorsque l’univers n’a que quelques centaines de millions d’années…

200 milliards de galaxies dans l’Univers! Ce nombre donne le vertige ! 

Et notre galaxie, La Voie Lactée ,un grain de poussière dans tout l’Univers?

Nous pensons bien la connaitre, mais:

  • Comment elle s’est-elle formée?
  • Quelle a été son histoire depuis sa naissance il y a environ 10 milliards d’années ?

Des simulations sur ordinateurs ont été effectués, plusieurs modèles  sont possibles …

Pour confronter ces modèles à la réalité, il faut observer ces jeunes galaxies.

C’est un véritable défi ! Muse va permettre de les  observer et de choisir le bon modèle…

eso1407f_360_px

© ESO/Ghaouti Hansali/Fernando Selman

L’instrument MUSE, la nuit – Cette photographie nocturne est spectaculaire : elle montre l’instrument MUSE à l’intérieur du dôme de la quatrième Unité Télescopique du VLT. Le tube du télescope figure dans la partie supérieure de l’image et MUSE scintille au premier plan. La Voie Lactée apparaît au travers de l’ouverture du dôme.

 

 

 

MUSE((Multi Unit Spectroscopic Explorer)?

MUSE_rotation_3DReprésentation 3D de l’instrument MUSE, @université Lyon 1

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=e5TopF7DGMg[/youtube]

Le VLT?

Le VLT (Very Large Telescope) est constitué de 4 télescopes de 8 m de diamètre, associés à une série d’instruments performants.

ib-paranal01

VLT,Paranal,Chili.@IztokBoncina/ESO , Creative Commons Attribution 3.0 Unported license

Le VLT est l’équipement phare de l’astronomie européenne en ce début de troisième millénaire.

« Il s’agit de l’installation observant dans le visible la plus moderne au monde. Le VLT se compose de quatre Télescopes Unitaires ayant des miroirs primaires de 8,2 mètres de diamètre et quatre Télescopes Auxiliaires, mobiles, de 1,8 mètre. Tous ces télescopes peuvent fonctionner ensemble pour former un « interféromètre » géant, le VLTI, permettant aux astronomes de discerner des détails avec une précision jusqu’à 25 fois plus importante qu’avec les télescopes utilisés séparément…. » voir la suite sur le site de l’ESO

Pour plus de détails, voici le communiqué du CNRS:

« VLT : le puissant spectrographe MUSE reçoit sa toute première lumière et ouvre ses yeux sur l’Univers

« Un nouvel instrument unique en son genre baptisé MUSE (Multi Unit Spectroscopic Explorer) a été installé avec succès sur le Très Grand Télescope (VLT) de l’European Southern Observatory (ESO) à Paranal, installé en plein désert d’Atacama au nord du Chili.

MUSE constitue l’un des quatre instruments de 2ème génération choisis par l’ESO (1) pour équiper le VLT (2), l’équipement phare de l’astronomie européenne de ce début de troisième millénaire.

 

Ce spectrographe 3D à grand champ de vue va permettre grâce à ses performances exceptionnelles d’explorer l’Univers lointain.

Il a été porté notamment par deux laboratoires de recherche français : le Centre de recherche astrophysique de Lyon (CNRS/Université Claude Bernard Lyon 1/ENS de Lyon), qui en est le pilote, et l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNRS/Université Toulouse III-Paul Sabatier). Au cours de sa « première lumière » (phase de tests) très concluante, MUSE a pu déjà observer des galaxies lointaines, des étoiles brillantes et bien d’autres objets célestes.

MUSE constitue un assemblage de composants optiques, mécaniques et électroniques de sept tonnes et une fantastique machine à remonter le temps destinée à sonder l’Univers primitif.Cet instrument unique en son genre est le fruit du travail acharné de nombreuses personnes durant plusieurs années sous la houlette du responsable du projet  Roland Bacon, directeur de recherche au CNRS au Centre de recherche astrophysique de Lyon. MUSE est le résultat de dix années de conception et de développement à l’échelle internationale (3). Il est notamment porté en France par deux laboratoires de recherche : le Centre de recherche astrophysique de Lyon (CNRS/ Université Claude Bernard Lyon 1/ ENS de Lyon) qui en est le pilote et l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNRS/Université Toulouse  III-Paul Sabatier). D’autres laboratoires français ont également contribué à la réussite de ce grand projet : l’Institut de planétologie et astrophysique de Grenoble (CNRS/Université Joseph Fourier), le Laboratoire d’astrophysique de Marseille (LAM) (CNRS/AMU), le Laboratoire d’astrophysique de Bordeaux (LAB) (CNRS/Université de Bordeaux), l’Observatoire de Nice-Côte d’Azur, le Laboratoire des sciences de l’ingénieur, de l’informatique et de l’imagerie (CNRS/Université de Strasbourg) et le Gipsa-lab (CNRS/Grenoble-INP/Université Joseph Fourier/Université Stendhal).

MUSE va permettre de plonger au coeur des tous premiers instants de l’Univers afin de sonder les mécanismes de formation des galaxies, d’étudier les mouvements de la matière et les propriétés chimiques des galaxies proches. Parmi ses autres objectifs scientifiques figure l’étude des planètes et des satellites du Système Solaire, des propriétés des régions de formation stellaires dans la Voie Lactée ainsi que dans l’Univers lointain.

MUSE constitue un outil de découverte à la fois puissant et unique : il utilise ses 24 spectrographes pour séparer la lumière en ses différentes composantes couleur pour constituer à la fois des images et des spectres de régions spécifiques du ciel. Il crée ainsi des vues 3D de l’Univers (4). Grâce à MUSE, l’astronome peut se déplacer au sein du nuage de données acquises par l’instrument et ainsi étudier différentes vues de l’objet obtenues pour chaque longueur d’onde. MUSE associe le potentiel de découverte d’un dispositif d’imagerie avec les capacités de mesure d’un spectrographe, tout en bénéficiant de l’excellente qualité d’image qu’offre l’optique adaptative.Après une période d’essai et de validation préliminaires en Europe au mois de septembre 2013, MUSE a été acheminé à l’Observatoire Paranal de l’ESO au Chili. Il a été réassemblé au camp de base puis transporté avec soin sur la plateforme du VLT et finalement installé sur la quatrième Unité Télescopique de l’Observatoire. MUSE sera bientôt suivi par l’instrument SPHERE, dernier né de la seconde génération d’instruments destinés à équiper le VLT.…. »Télécharger le rapport en entier :CNRS MUSE

Le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée présent en France

Le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée, Platydemus manokwari, vient d’être mentionné en  France (serre de Caen)

Cette découverte  représente une extension significative de la distribution de cette espèce exotique envahissante de la région Indo-Pacifique à l’Europe.

Au cas où il s’échapperait de la serre, ce ver plat pourrait survivre aux hivers et s’établir dans les pays tempérés

Les espèces invasives ?

Les invasions biologiques représentent l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur la biodiversité.

L’Union internationale pour la conservation de la nature a défini « 100 espèces invasives parmi les pires à travers le monde ».

NB: Une “espèce invasive” est un organisme étranger  à un écosystème, et dont l’introduction est susceptible d’y causer des dommages environnementaux .

Une fois établie, cette espèce constitue une menace pour la biodiversité marine ; il est extrêmement difficile de contrôler sa propagation .

Elles modifient considérablement  les écosystèmes existants, et amènent des espèces indigènes ( naturellement natives du lieu ) au bord de l’extinction …

Les changements climatiques, y compris les événements  extrêmes (tempêtes, cyclones), peuvent accentuer les invasions.

 Les activités humaines( transport transcontinental, dégradation des terres)  conduisent à la propagation de nombreuses espèces non indigènes.

En Europe le nombre d’espèces invasives a augmenté de 76% au cours des 30 dernières années : on y compte maintenant plus de 11000 espèces non-natives .

Le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée ?

1Platydemus manokwari © Pierre Gros Spécimen collecté dans une serre à Caen.

On peut voir sur sa face ventrale le pharynx blanc saillant, en train d’ingérer les tissus mous d’un escargot méditerranéen (Eobania vermiculata).

Le Plathelminthe de Nouvelle-Guinée est présent dans plus de quinze territoires dans le Pacifique, où il est devenu envahissant.

sans titre1Carte de répartition mondiale de Platydemus manokwari © MNHN / SPN – J. Thévenot

Il consomme les escargots terrestres, mettant ainsi en danger les
espèces endémiques …

Pour avoir plus de détails: