Biodiversité, la sixième grande crise : 7% des espèces déjà disparues

Sixième grande crise de biodiversité  : 7% des espèces sont probablement déjà disparues

Ce ne serait pas 1,3% mais 7% de la biodiversité terrestre qui aurait disparu, soit environ 130 000 des espèces déjà connues….

« C’est le constat que fait une équipe pluridisciplinaire de chercheurs français, notamment de l’Institut de Systématique, Évolution et Biodiversité (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC/EPHE), du Centre des sciences de la conservation (Muséum national d’Histoire naturelle/CNRS/UPMC) et de l’université d’Hawaï1, dans un article qui vient de paraitre dans les Proceedings of the National Academy of Science (PNAS).
En utilisant deux approches, l’une fondée sur les avis d’experts naturalistes et l’autre issue des mathématiques probabilistes, ces chercheurs ont travaillé sur un échantillon d’espèces d’invertébrés et ont extrapolé leurs résultats à l’ensemble de la biodiversité terrestre. Leur étude offre un nouveau regard sur la mesure de la crise de la biodiversité, jusqu’ici focalisée sur les vertébrés, et en particulier les mammifères et les oiseaux… » .voir le communiqué du CNRS en entier Télécharger le PDF:cp_museum_sixieme_extinction_pnas

Quelques rappels:

I/ Qu’est-ce que la biodiversité?

La biodiversité ou « Diversité biologique », ne représente pas la quantité des êtres vivants sur Terre ; elle correspond non seulement à la diversité des espèces, mais aussi à celle de leur répartition dans les milieux de vie.

-II/ Des disparitions d’espèces se sont produites de tout temps, prés de 99% des espèces ayant vécu sur notre planète sont aujourd’hui éteintes.

 L’évolution de la vie ne s’est pas faite de façon régulière au cours des temps géologiques.Il existe des périodes où les espèces se sont diversifiées de façon très importante, d’autres, au contraire, où leur nombre restait stable, d’autres, enfin, où nombreuses d’entre elles ont disparu de façon massive:

Au fil des périodes, progressivement, depuis plus de trois milliards d’années, des groupes d’organismes vivants sont apparus, se sont développés, ont régressé, et ont pu disparaître.

Une crise biologique est une période d’extinction massive d’un grand nombre d’espèces et de groupes à l’échelle de la planète ; elle est suivie d’une période de diversification biologique importante (apparition de nouveaux groupes et espèces).

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter les articles sur l’évolution des êtres vivants et l’histoire de la Terre.

Cinq crises majeures ont eu lieu:

-Fin Ordovicien (-440 Ma, 57% d’extinction des genres dans la faune marine)

-Fin Dévonien (-365 Ma, 50% d’extinction)

-Fin Permien (-245 Ma, 83% d’extinction)

-Fin Trias (-205 Ma, 48% d’extinction)

-Fin Crétacé (-65 Ma, 50% d’extinction)

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Sur la photo ci dessus, les cinq grandes crises sont indiquées par de petits rectangles noirs.

Source :Planet-terre http://www.pourlascience.fr/Dossier La Valse des Espèces, Juillet 2000,

-III/ Biodiversité, la sixième grande crise.

Après ces cinq grandes phases d’extinction, la Terre connaît aujourd’hui une nouvelle crise, due aux activités humaines.

La présence humaine, l’emploi de polluants … influent, par l’intermédiaire de la reproduction, sur les équilibres entre espèces.

La déforestation privilégie l’extension des surfaces agricoles et des zones d’habitation ; elle entre en conflit avec la préservation des milieux naturels.

-Aujourd’hui, la biodiversité est en danger:

« Nous sommes une espèce parmi des millions d’autres ; dans cette addition : l’espèce qui a développé le cerveau le plus riche en neurones. Ce n’est pas forcément une situation définitive. Tout va dépendre en grande partie de nous, du sort que nous réservons aux autres espèces, et au bout du compte à la nôtre. Depuis un siècle les soustractions amputent dramatiquement cette richesse, la faisant décroître vite. Nous éliminons plus de mille fois plus d’espèces qu’avant l’époque industrielle. Cette extinction massive, la sixième dans l’histoire de la terre, l’humanité en est la cause. Elle pourrait en être la victime.» Hubert Reeves, Président de la Ligue ROC

« Cette crise est beaucoup plus rapide que les précédentes : le rythme des disparitions est mille fois plus rapide que dans la situation « naturelle 

D’un autre coté, la nature continue de créer de la biodiversité, mais lentement : on estime à plusieurs centaines de milliers d’années le délai nécessaire à l’apparition d’une nouvelle espèce

Plus le temps passe, plus les possibilités d’intervention sont restreintes…

Des politiques internationales rapides et très énergiques peuvent diminuer cette perte de biodiversité…Plus que jamais l’Homme tient dans ses mains l’avenir de sa Planète, la Terre.

L’ambroisie à feuilles d’armoise, plante allergisante

Le pollen de l’ambroisie à feuilles d’armoise (plante annuelle) est allergisant: il provoque des troubles tels que rhinite, conjonctivite, asthme, etc…

Sa concentration pourrait quadrupler en 2050.

ambroisieVous pouvez consulter l’observatoire de l’ambroisie : connaissance de la plante, risques allergiques pour chaque région, lutte, réglementation: www.ambroisie.info

Ces estimations sont publiées dans la revue Nature Climate Change le 25 mai 2015

@P. HUGUET-DUBIEF/BIOSPHOTO

@P. HUGUET-DUBIEF/BIOSPHOTO

 

 

L’ambroisie à feuilles d’armoise est une plante allergisante:

« Ambrosia artemisiifolia est une plante à pollen très allergisant, d’origine nord-américaine. Les principales manifestations cliniques de l’allergie provoquée par cette plante sont des rhinites, des conjonctivites, des trachéites et des crises d’asthme souvent graves. Le pic de pollinisation de cette plante, qui a déjà colonisé en France la Bourgogne, l’Auvergne et la région Rhône-Alpes, a lieu en août et en septembre, allongeant ainsi, pour toutes les personnes sensibles, la période des allergies jusqu’à l’automne. Plusieurs études ont déjà montré que le réchauffement climatique permettra à l’ambroisie de s’établir dans des régions où le climat ne lui était auparavant pas favorable, sans toutefois quantifier l’augmentation des concentrations de son pollen dans l’air ambiant.

L’évolution géographique de la contamination de l’air par les pollens dépend de plusieurs facteurs : la capacité de la plante à atteindre de nouveaux territoires via différents phénomènes de dispersion de ses graines, et le changement climatique qui permet à la plante de s’épanouir sur ces nouveaux territoires. Pour prédire l’effet du climat et des différents modes de dispersion des graines sur la concentration atmosphérique en pollen, les chercheurs ont utilisé plusieurs types de modèles numériques. Les premiers simulent le changement climatique en fonction de la quantité de gaz à effet de serre qui pourrait être émise dans les années à venir par les activités humaines. Les seconds modélisent l’invasion de la plante, la production et le relâchement des pollens, et leur dispersion dans l’air. Avec ces modèles, qui ont permis de tester différents scénarios de diffusion des graines et de changement climatique, les chercheurs ont déterminé que le facteur d’augmentation des concentrations du pollen d’ambroisie serait en moyenne de quatre, d’ici 2050, Pour confirmer les tendances énoncées, qui comportent nécessairement une part d’incertitude, il est nécessaire de mettre en place un suivi sur le long terme de ces pollens et cartographier l’évolution de la présence des plantes en Europe.

Avec cette étude, les chercheurs ont également déterminé la responsabilité propre de chacun de ces facteurs dans l’augmentation du pollen dans l’air. La dispersion des graines, qu’elle soit d’origine naturelle, avec l’eau de ruissèlement et les cours d’eau, ou humaine, via le transport routier, les voies ferrées et les pratiques agricoles, est responsable d’un tiers de l’augmentation de la concentration du pollen. Le changement climatique est quant à lui responsable des deux autres tiers. D’une part, il favorise l’expansion de l’ambroisie au Nord et au Nord-Est de l’Europe notamment. D’une autre part, son effet se traduit principalement par l’augmentation de la production de pollen induite par l’augmentation du CO2 et son effet favorable au développement de la végétation.

Ces résultats, obtenus dans le cadre du projet européen ATOPICA3, ouvrent également la voie à une nouvelle génération d’outils de prévision à court terme des concentrations de pollen et devraient, à terme, permettre d’inscrire l’ambroisie dans les alertes de prévention contre l’allergie… source CNRS

Sur le même sujet : deux articles du CNRS le journal sur l’allergie et sur l’impact du changement climatique sur la santé.

 

Les tympans des Mammifères et des oiseaux sont différents … mais ils peuvent s’entendre !

Mammifères et oiseaux ont un tympan différent… mais ils peuvent s’entendre !

Plusieurs études paléontologiques ont proposé que la formation du tympan chez les mammifères, les reptiles et les oiseaux aurait eu lieu indépendamment chez leurs ancêtres mais aucune preuve formelle n’a été trouvée dans les archives fossiles, le tympan n’étant jamais fossilisé. Une équipe internationale, composée de chercheurs japonais (université de Tokyo) et français (laboratoire Evolution des régulations endocriniennes – Muséum National d’Histoire Naturelle / CNRS), a testé de manière expérimentale cette théorie, en centrant ses recherches sur l’origine embryonnaire du tympan d’animaux actuels. Les résultats de cette étude viennent d’être publiés dans Nature Communications.

 » La sortie des océans des vertébrés au cours de l’évolution a nécessité de nombreuses adaptations morphologiques. Dans le système auditif, l’oreille moyenne s’est considérablement développée pour permettre, par l’intermédiaire du tympan et des osselets, de transmettre efficacement les sons du milieu extérieur aérien au milieu intérieur aqueux. L’origine évolutive et embryonnaire des osselets de l’oreille
moyenne a été largement étudiée. Cependant, l’origine du tympan, la limite entre oreille moyenne et oreille externe demeurait partiellement incertaine. Des paléontologues ont proposé que les ancêtres des mammifères, des reptiles et des oiseaux ont acquis ce dispositif de manière indépendante au cours de l’évolution, mais sans en apporter la preuve formelle.
Pour tester cette hypothèse, des chercheurs de l’université de Tokyo et du laboratoire « Evolution des régulations endocriniennes » (Muséum / CNRS) ont mené une étude expérimentale portant sur l’origine embryonnaire du tympan. Ils ont noté que chez les mammifères, le tympan s’attache à l’anneau tympanique, un os de la mâchoire inférieure, tandis que chez les oiseaux et les reptiles, il est attaché au carré, un
composant de la mâchoire supérieure. Pour vérifier le lien entre tympan et mâchoires, les scientifiques ont effectué une série d’expériences manipulant la mise en place de la mâchoire inférieure chez les souris et les poulets au cours du développement embryonnaire…  »

 

Télécharger le communiqué de presse du CNRS en entier : cp_mnhn_tympan_levi_06052015

L’incidence des éruptions volcaniques sur le réchauffement climatique

Les particules émises lors d’éruptions volcaniques majeures refroidissent l’atmosphère par un effet « parasol », réfléchissant les rayons du soleil. Ces particules volcaniques ont un effet direct assez bref, deux à trois ans, dans l’atmosphère.

Pourtant, elles modifient pendant plus de 20 ans la circulation océanique de l’Atlantique nord, qui relie courants de surface et courants profonds, et module le climat européen.

C’est ce que viennent de découvrir des chercheurs du CNRS, de l’IRD, du CEA et de Météo?France1 en combinant, pour la première fois, des simulations climatiques, des mesures océanographiques récentes et des informations issues d’archives naturelles du climat:

 » L’océan Atlantique est le siège de variations de la température de surface qui s’étendent sur plusieurs décennies et qui influencent le climat de l’Europe. Cette variabilité lente est due à des modifications de la circulation océanique, qui relie les courants de surface aux courants profonds, et qui transporte la chaleur depuis les tropiques jusqu’aux mers de Norvège et du Groenland. Cependant, sa cause reste mal connue.

Afin d’en décrypter les mécanismes, les chercheurs ont tout d’abord utilisé des informations couvrant le dernier millénaire et issues d’archives naturelles du climat. Ainsi, l’étude de la composition chimique de l’eau des carottes de glace du Groenland permet d’y estimer les changements passés de température. Ces données montrent le lien étroit entre la température de surface de l’océan Atlantique et la température de l’air au-dessus du Groenland, et révèlent que la variabilité du climat dans cette région est un phénomène périodique dont certains cycles, ou oscillations, durent environ vingt ans….

En utilisant des simulations numériques de plus de vingt modèles de climat différents, les chercheurs ont également mis en évidence que des éruptions volcaniques majeures, comme celle de l’Agung, en Indonésie en 1963, ou du Pinatubo, aux Philippines, en 1991, pouvaient modifier en profondeur la circulation océanique de l’Atlantique nord. En effet, les grandes quantités de particules émises par ces éruptions vers la haute atmosphère réfléchissent une partie du rayonnement solaire par un effet similaire à celui d’un parasol, ce qui entraîne un refroidissement du climat à la surface de la Terre. Ce refroidissement, qui ne dure que deux à trois ans, provoque alors une réorganisation de la circulation océanique dans l’océan Atlantique nord. Quinze ans environ après le début de l’éruption, cette circulation s’accélère, puis ralentit au bout de vingt-cinq ans, et accélère à nouveau trente-cinq ans après le début de l’éruption volcanique. Les éruptions volcaniques semblent ainsi fonctionner, sur la circulation océanique de l’Atlantique nord, à la manière d’un « pace-maker » qui met en route une variabilité sur 20 ans.

Les scientifiques ont confirmé ces résultats en les comparant avec des observations de la salinité océanique, facteur déterminant pour la plongée des eaux et donc de la circulation océanique. Ils ont décelé, dans les simulations numériques et dans ces observations océanographiques modernes, des variations similaires au début des années 1970 et 1990 liées à l’éruption du volcan Agung. Grâce à des observations issues de carotte de glace groenlandaise, à des observations effectuées sur des coquillages bivalves, âgés de plus de cinq cent ans et vivant au nord de l’Islande, et à une simulation du climat du dernier millénaire, les chercheurs ont systématiquement identifié une accélération de la circulation océanique quinze ans après cinq éruptions volcaniques ayant eu lieu il y a plusieurs centaines d’années.

Enfin, les chercheurs ont mis en évidence les interférences produites par les trois dernières éruptions volcaniques majeures, Agung en 1963, El Chichon, au Mexique en 1982 et Pinatubo en 1991, expliquant pour la première fois la variabilité récente des courants de l’océan Atlantique nord. Ils concluent qu’une éruption majeure dans un futur proche pourrait avoir une incidence pendant plusieurs décennies sur les courants de l’océan Atlantique nord et donc sur la capacité de prévoir la variabilité du climat européen. Ils souhaitent désormais consolider ces résultats en multipliant les sources de données, notamment en paléoclimatologie.

Notes :

1Du laboratoire Environnements et paléo environnements océaniques et continentaux (CNRS/Université de Bordeaux), du Centre national de recherches météorologiques – groupe d’étude de l’atmosphère météorologique (CNRS/Météo France), du Laboratoire d’océanographie et du climat : expérimentations et approches numériques (CNRS/UPMC/MNHN/IRD) et du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CNRS/CEA/UVSQ) appartenant tous deux à l’Institut Pierre Simon Laplace.
2Ce projet a été financé par l’Agence Nationale de la Recherche via le projet « Groenland vert » du programme Changements Environnementaux Planétaires et Société (2011-2015).

Références :

Bidecadal North Atlantic ocean circulation variability controlled by timing of volcanic eruptions. Didier Swingedouw,Pablo Ortega,Juliette Mignot,Eric Guilyardi,Valérie Masson?Delmotte,Paul G.Butler, Myriam Khodri and Roland Séférian.Nature Communications, le 30 mars 2015. DOI: 10.1038/ncomms7545. »

Source CNRS