Suite à l’excellent exposé que nous a proposé Pierre-Yves en TS4, je vous invite à approfondir la réflexion sur la question du libre-arbitre avec un texte d’Eric-Emmanuel Schmitt, dramaturge, nouvelliste, romancier et réalisateur français (né en 1960). Si vous avez l’occasion, lisez et écoutez-le !
SOMMES-NOUS LIBRES?
» – Sommes-nous libres ?
La question vit mieux que ses réponses, et survivra à toutes les réponses. Car il me semble malhonnête, ou cavalier, ou stupide, d’affirmer quoi que ce soit avec certitude.
Nous avons le sentiment de la liberté quand nous délibérons, hésitons, choisissons. Mais ce sentiment n’est-il pas une illusion ? La décision prise ne devait-elle pas de toute façon être prise ? Si notre esprit pose une option, n’est-il pas conditionné à la poser ? Et si c’était donc une nécessité déterminante qui prenait les habits du libre arbitre…
Les philosophes, choisissant le pôle Descartes – la liberté existe – ou le pôle Spinoza – elle n’existe pas –, s’opposent depuis toujours sans que ce combat dégage un vainqueur. Pourquoi ? Parce qu’ils se battent à coups d’arguments, pas à coups de preuves. Théorie contre théorie. Résultat : seul le problème demeure.
J’avoue que je suis plus touché par les partisans de la liberté, tel Kant ou Sartre, car j’ai eu l’impression en ma vie d’expérimenter ma liberté. En outre, j’ai besoin de croire à la liberté pour des raisons morales : il n’y a ni éthique ni justice fondées si l’homme n’est pas libre, auteur de ses actes, donc responsable ; pas de châtiment ni de mérite non plus. Reproche-t-on à une pierre de tomber ? La punit-on ? Non.
Cependant, avoir besoin de la liberté pour des raisons morales, ce n’est pas savoir que la liberté existe. Postuler la liberté ne revient pas à démontrer la liberté.
La question subsiste. »
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