Questions et affirmations lors de l’atelier
Il y a plusieurs sortes de liberté : psychologique ou physique.
On ne peut être entièrement libre car elle s’arrête à la liberté des autres.
Quand on est mineur, on est moins libre. On a des règles à respecter.
Quand on est majeur, on a des libertés en plus.
Mais on a aussi plus de contraintes, plus de responsabilités.
Quand on est responsable, on n’est pas libre de faire tout ce qu’on veut.
Finalement est-il possible de se priver soi-même de liberté ?
ex : les parents avec leurs enfants.
On peut avoir la liberté de ne pas être libre.
Les parents seraient-ils plus libres s’ils n’avaient pas d’enfants ? ils se privent pour nous offrir des libertés.
La liberté ne s’achète pas.
Elle peut s’acheter par exemple dans l’immobilier, j’ai des contraintes si je suis locataire, je peux moins modifier mon logement.
L’argent permet indirectement de procurer des libertés.
Toutes les libertés ne s’achètent pas car par exemple un paraplégique n’a pas la liberté de courir et il ne peut pas l’acheter.
Les libertés qui dépendent des lois ne s’achètent pas.
On pourrait être entièrement libre si il n’y avait aucune loi, si on était lié à personne, si on n’appartenait pas à une société, si on n’était pas civilisé.
On serait entièrement libre s’il n’y avait aucune loi mais ce serait l’anarchie parce qu’on ne serait pas libre de se balader, on ne serait pas en sécurité.
S’il n’y a pas de loi, il y a plus de liberté mais en même temps autrui peut me nuire.
La loi permet une juste équité à laquelle tout le monde a accès.
Trouvez les compétences du philosopher en jeu dans vos questions/affirmations. Conceptualiser, Argumenter, Problématiser, Utiliser sa culture (CAPU)
Placé comme valeur cardinale de nos sociétés modernes, le bonheur nous enferme dans une quête effrénée impossible à assouvir tout en nous maintenant dans une une forme de servitude volontaire face aux injustices du capitalisme.
Dans leur ouvrage Happycratie, la sociologue Eva Illouz et le psychologue Edgar Cabanas interrogent la place ambiguë qu’occupe le bonheur dans nos sociétés modernes.
En réalité, c’est une version tout à fait réduite du bonheur qui est abordée dans cet ouvrage. Celle, élaborée au tournant du XXe siècle, par les tenants américains de la psychologie positive et postulant que, pour atteindre ce sacro-saint bonheur, les personnes devaient effectuer un travail sur elles-mêmes afin de mieux se connaître et de mieux se corriger.
Car c’est bien de cela qu’il est question. L’enjeu est de travailler sans cesse à une amélioration, à une maximisation même, de notre potentiel, pour atteindre une forme de béatitude sereine. En devenant une injonction sociale, la quête du bonheur devient aussi une source d’angoisse, qu’il convient alors de combler. La poursuite du bonheur au carré en somme.
Mais n’ayez crainte, vous n’êtes pas seuls : au-delà de cette joyeuse novlangue élaborée aux frontières du management et du développement personnel, vous pourrez trouver une foule de livres, formations et autres applications numériques vous permettant d’atteindre ce bonheur perpétuel.
Les marchandises émotionnelles
C’est d’ailleurs ce que les auteurs appellent les “marchandises émotionnelles”. Sortes de marchands du temple modernes, ayant colonisé peu à peu les esprits et les librairies, avec la promesse, toujours renouvelée, de nous rapprocher de nous-même.
Tous ces articles participent ainsi au travail de persuasion collective, visant à nous convaincre que cette quête est la nôtre et que nous en priver serait nous condamner inéluctablement au malheur.
Mais c’est surtout une source de consommation virtuellement infinie, car personne n’est jamais suffisamment sain ni suffisamment heureux. C’est donc une quête de soi à soi qui, chaque jour, se trouve nourrie d’un nouveau mantra, d’une nouvelle méthode ou d’un nouvel objectif à atteindre pour se trouver véritablement esprit sain dans un sain corps.
En témoignent les ventes phénoménales des livres dits de “développement personnel”, toujours dans les classements des livres les plus achetés. Mais cette “impossibilité psychologique du bonheur”, pour reprendre les mots de Proust, est nourrie par ceux-là même qui prétendent nous fournir les clefs du bien être.
Individualisme et consumérisme
Il aura fallu à peine plus d’une décennie pour nous convaincre que la valeur cardinale de notre existence tenait dans un sentiment empreint d’individualisme et de consumérisme vorace. Sous couvert de nous aider à mieux vivre, ces théories nous maintiennent en réalité dans une forme de servitude câline, joyeuse et volontaire.
Mais au-delà de ces logiques assez classiques de suggestion et de persuasion du consommateur, l’avènement du bonheur et de sa quête effrénée, a eu des incidences bien plus profondes dans notre manière d’être au monde.
La recette du bonheur ne repose plus sur une tentative de changer le monde, amis sur une quête permanente de se changer soi-même : changer la manière dont on pense, dont on ressent, dont on se comporte au quotidien. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les mantras de ces gourous du développement personnel sont des formules magiques appliquées de soi à soi.
Renoncer à changer le monde
En intégrant le postulat que pour être heureux, il faut avant tout se changer soi-même, on accepte en réalité de renoncer à changer le monde. Si mon bonheur ne tient qu’à moi et moi seul, à quoi bon m’ancrer dans une logique de changement plus large, à quoi bon lutter contre les structures du capitalisme qui nous oppriment.
C’est d’ailleurs l’une des thèses centrales de l’ouvrage d’Illouz et Cabanas. Les auteurs postulent clairement dans leur livre l’alliance objective de cette doctrine du bonheur et du néolibéralisme. En clair, plus les individus achèteront ces livres de développement personnel et moins ils se soucieront de combattre les injustices du monde. Ils expliquent ainsi que les personnes se sentant impuissantes face aux aléas de l’économie et se rassurent en se disant qu’ils peuvent retrouver prise sur leur vie, grâce aux outils fournis par l’industrie du bonheur.
Outils, qui fournissent, selon les auteurs, un “sentiment d’espoir, de puissance et de consolation”. Un cocon de plénitude dans un monde mauvais, ou la dissolution de la lutte, dans la perspective du bonheur individuel.
Le texte intégral ici
— À présent, tournez-les de façon qu’ils puissent voir les fleurs et les livres.
Tournés, les bébés firent immédiatement silence, puis ils se mirent à ramper vers ces masses de couleur brillantes, ces formes si gaies et si vives sur les pages blanches. Tandis qu’ils s’en approchaient, le soleil se dégagea d’une éclipse momenta- née où l’avait maintenu un nuage. Les roses flamboyèrent comme sous l’effet d’une passion interne soudaine ; une énergie nouvelle et profonde parut se répandre sur les pages luisantes des livres. Des rangs des bébés rampant à quatre pattes s’élevaient de petits piaillements de surexcitation, des gazouil- lements et des sifflotements de plaisir.
Le Directeur se frotta les mains :
— Excellent ! dit-il. On n’aurait guère fait mieux si ç’avait été arrangé tout exprès.
Les rampeurs les plus alertes étaient déjà arrivés à leur but. De petites mains se tendirent, incertaines, touchèrent, saisirent, effeuillant les roses transfigurées, chiffonnant les pages illumi- nées des livres. Le Directeur attendit qu’ils fussent tous joyeu- sement occupés. Puis :
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— Observez bien, dit-il. Et, levant la main, il donna le si- gnal.
L’Infirmière-Chef, qui se tenait à côté d’un tableau de commandes électriques à l’autre bout de la pièce, abaissa un pe- tit levier.
Il y eut une explosion violente. Perçante, toujours plus per- çante, une sirène siffla. Des sonneries d’alarme retentirent, affo- lantes.
Les enfants sursautèrent, hurlèrent ; leur visage était dis- tordu de terreur.
— Et maintenant, cria le Directeur (car le bruit était as- sourdissant), maintenant, nous passons à l’opération qui a pour but de faire pénétrer la leçon bien à fond, au moyen d’une légère secousse électrique.
Il agita de nouveau la main, et l’Infirmière-Chef abaissa un second levier. Les cris des enfants changèrent soudain de ton. Il y avait quelque chose de désespéré, de presque dément, dans les hurlements perçants et spasmodiques qu’ils lancèrent alors. Leur petit corps se contractait et se raidissait : leurs membres s’agitaient en mouvements saccadés, comme sous le tiraillement de fils invisibles.
— Nous pouvons faire passer le courant dans toute cette bande de plancher, glapit le Directeur en guise d’explication, mais cela suffit, dit-il comme signal à l’infirmière.
Les explosions cessèrent, les sonneries s’arrêtèrent, le hur- lement de la sirène s’amortit, descendant de ton en ton jusqu’au silence. Les corps raidis et contractés se détendirent, et ce qui avait été les sanglots et les abois de fous furieux en herbe se ré- pandit de nouveau en hurlements normaux de terreur ordinaire.
— Offrez-leur encore une fois les fleurs et les livres.– 39 –
Les infirmières obéirent ; mais à l’approche des roses, à la simple vue de ces images gaiement coloriées du minet, du coco- rico et du mouton noir qui fait bêê, bêê, les enfants se reculèrent avec horreur ; leurs hurlements s’accrurent soudain en intensi- té.
— Observez, dit triomphalement le Directeur, observez.
Les livres et les bruits intenses, les fleurs et les secousses électriques, déjà, dans l’esprit de l’enfant, ces couples étaient liés de façon compromettante ; et, au bout de deux cents répéti- tions de la même leçon ou d’une autre semblable, ils seraient mariés indissolublement. Ce que l’homme a uni, la nature est impuissante à le séparer.
— Ils grandiront avec ce que les psychologues appelaient une haine « instinctive » des livres et des fleurs. Des réflexes inaltérablement conditionnés. Ils seront à l’abri des livres et de la botanique pendant toute leur vie. – Le Directeur se tourna vers les infirmières. – Remportez-les.
Toujours hurlant, les bébés en kaki furent chargés sur leurs serveuses et roulés hors de la pièce, laissant derrière eux une odeur de lait aigre et un silence fort bien venu.
L’un des étudiants leva la main ; et, bien qu’il comprît fort bien pourquoi l’on ne pouvait pas tolérer que des gens de caste inférieure gaspillassent le temps de la communauté avec des livres, et qu’il y avait toujours le danger qu’ils lussent quelque chose qui fît indésirablement « déconditionner » un de leurs ré- flexes, cependant… en somme, il ne concevait pas ce qui avait trait aux fleurs. Pourquoi se donner la peine de rendre psycho- logiquement impossible aux Deltas l’amour des fleurs ?
Patiemment, le D.I.C. donna des explications. Si l’on faisait en sorte que les enfants se missent à hurler à la vue d’une rose, c’était pour des raisons de haute politique économique. Il n’y a pas si longtemps (voilà un siècle environ), on avait conditionné
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les Gammas, les Deltas, voire les Epsilons, à aimer les fleurs – les fleurs en particulier et la nature sauvage en général.
Le but visé, c’était de faire naître en eux le désir d’aller à la campagne chaque fois que l’occasion s’en présentait, et de les obliger ainsi à consommer du transport.
— Et ne consommaient-ils pas de transport ? demanda l’étudiant.
— Si, et même en assez grande quantité, répondit le D.I.C., mais rien de plus. Les primevères et les paysages, fit-il observer, ont un défaut grave : ils sont gratuits. L’amour de la nature ne fournit de travail à nulle usine. On décida d’abolir l’amour de la nature, du moins parmi les basses classes, d’abolir l’amour de la nature, mais non point la tendance à consommer du transport. Car il était essentiel, bien entendu, qu’on continuât à aller à la campagne, même si l’on avait cela en horreur. Le problème con- sistait à trouver à la consommation du transport une raison économiquement mieux fondée qu’une simple affection pour les primevères et les paysages. Elle fut dûment découverte. – Nous conditionnons les masses à détester la campagne, dit le Direc- teur pour conclure, mais simultanément nous les conditionnons à raffoler de tous les sports en plein air. En même temps, nous faisons le nécessaire pour que tous les sports de plein air en- traînent l’emploi d’appareils compliqués. De sorte qu’on con- somme des articles manufacturés, aussi bien que du transport. D’où ces secousses électriques.
) Le conditionnement
II) Le rôle de la science
Le conditionnement n’est possible que grâce aux progrès de la science dans deux domaines : la technique et l’économie. Donc ceux qui maîtrisent ces savoirs sont les décideurs, et les autres sont les conditionnés : c’est le règne de la technocratie (pouvoir par la technique).
1. Les décideurs
2. Les masses
III) L’efficacité
Conclusion :
Questions élaborées en atelier :
» La solitude n’est donc pas le refus de l’autre, au contraire : accepter l’autre, c’est l’accepter comme autre (et non comme un appendice, un instrument ou un objet de soi !), et c’est en quoi l’amour, dans sa vérité, est solitude. Rilke a trouvé les mots qu’il fallait, pour dire cet amour dont nous avons besoin, et dont nous sommes si rarement capables : « Deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s’inclinant l’une devant l’autre »… Cette beauté sonne vrai. L’amour n’est pas le contraire de la solitude : c’est la solitude partagée, habitée, illuminée -et assombrie parfois- par la solitude de l’autre. L’amour est solitude, toujours, non que toute solitude soit aimante, tant s’en faut, mais parce que tout amour est solitaire. Personne ne peut aimer à notre place, ni en nous, ni comme nous. Ce désert, autour de soi ou de l’objet aimé, c’est l’amour même. »
A. COMTE-SPONVILLE, L’amour la solitude.
https://www.youtube.com/watch?v=EVgDrjMJ-zk
https://www.youtube.com/watch?v=JCkNI2Z880Y
https://www.youtube.com/watch?v=X13cK3GYbgE
https://www.youtube.com/watch?v=XGqRXXtmZm0
https://www.youtube.com/watch?v=Dkb051aB3wc
https://www.youtube.com/watch?v=SkBgShvGdpQ