PhiloStjo

Une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue

« La société devient un enfer dès qu’on veut en faire un paradis » G.Thibon

Ce sujet interroge toute idéologie, utopie qui aurait réfléchi sur le politique et aurait essayé d’apporter une réponse à la question du meilleur régime politique possible.

La question demande de vous interroger sur le rapport entre la littérature et la politique, entre sa dimension fictive et sa fonction de contestation (réformatrice); de réfléchir sur le réel à partir de la fiction.

Le problème peut s’articuler autour du double sens de l’utopie : Est une projet réformateur, idéal, qui élargirait le champ des possibles ?/ ou bien « un autre lieu »; « nulle part », un rêve impossible, hors de portée, imaginaire ? Ce projet est apparemment sans lien avec la réalité mais n’est pas pour autant fantastique, ni surnaturel, mais manifeste une cohérence d’un projet rationnel.

à quelles conditions la poursuite d’un idéal pourrait devenir la pire des situations pour le « vivre-ensemble » ? Y a-t-il dans l’essence même de l’utopie, et donc du projet réformateur politique, les racines de sa dégénérescence, les prémisses de ses dérives ?

L’utopie est-elle un rêve nécessaire, ou bien songe délétère ?
Que vaut l’idée de refonder entièrement l’ordre du monde ? Faut-il voir dans l’utopie le soleil qui éclaire le réel par l’idéal, et oriente nos réformes, ou bien le cauchemar d’un mégalomane qui se taillerait une réalité à sa mesure ? Et si toute utopie menaçait, en permanence, de basculer en contre-utopie ?

I Le paradis n’est pas après la mort mais ici-bas.

-Utopie en acte : œuvre des hommes ici-bas comme ils sont.  L’idée d’un sens de l’histoire apparaît et surtout l’idée que l’homme peut influer sur son destin. Après la révolution, droit au bonheur : Déclaration d’indépendance des Etats Unis, Droits de l’homme, Saint-Just « le bonheur est une idée neuve en Europe », Etat-Providence

-Religion du progrès remplace le projet eschatologique (apocalypse, paradis céleste), (une croyance en remplace une autre), cette idée chère aux Lumières, puis surtout aux romantiques est fondée sur l’idée d’organiser scientifiquement l’humanité =>positivisme (holisme): bien-être (matérialisme), technique, progrès ; C’est durant la période des Trente Glorieuses (1945-1975) que l’idée de bonheur se manifeste pleinement dans les pays industrialisés et dits « développés » sous un angle politique : quand la croissance économique, équipe les foyers en équipements de toutes sortes (automobile, télévision…) et que la société de loisirs semble pouvoir répondre aux attentes de tous les citoyens.

-L’invitation à construire son bonheur terrestre en opposition à la promesse d’un bonheur futur se retrouve dans la critique de la religion chez Marx comme symptôme d’une société injuste. « La religion est l’opium du peuple »

La société doit se défaire de l’État qui maintient un enfer dans la société (lutte des classes), l’égalité serait la clé du paradis, et la fin de l’histoire (de la lutte des classes//apocalypse), la fin du travail (aliénant, exploitant, où l’ouvrier devient lui-même un produit, une marchandise, dépossédé du fruit de sont travail et des moyens de production). Faire croire à un paradis céleste, c’est maintenir la classe dominée, le prolétariat dans sa condition misérable, c’est l’empêcher de se révolter, c’est donc lui faire accepter, le résigner à l’enfer qu’il vit (servitude volontaire), c’est l’anesthésier et lui faire croire à un monde imaginaire (opium).

II Cependant cette entreprise de réforme de la société en vue du bonheur commun contient les racines de sa dégénérescence : idéalisme VS réalisme politique

-Qui est « on » ? L’État ? La société ? Les individus ?L’idée d’un droit au bonheur a-t-elle un sens ? le « bonheur » peut-il être un concept juridique ? Si on ne peut lui donner une définition précise, la loi ne risque-t-elle pas d’être vide de sens ? On peut garantir la vie, la liberté, la sécurité, la santé… mais le bonheur, s’il est un état mais aussi la conscience de cet état… La notion politique d’Etat-Providence n’a-t-elle pas des limites ? Quand la société se confond avec l’État pour assurer le bonheur collectif (totalitarisme) (nécessité de séparer le corps social du corps politique, liberté des individus; holisme/individualisme) ? Quand les individus remettent dans les mains de l’État le soin d’assurer leur bonheur ( Diderot, Kant, Tocqueville).

-Peut-on trouver les critères objectifs et universels qui assureraient un paradis terrestre ? Toute tentative semble étouffée dans l’œuf. Relativisme culturel ? époque ? individuel ?Cf. le bonheur en chiffres étude de la Corée du Nord. Si des guides de bonheur familial surtout destinés aux femmes se multiplient à partir des années 50, ce n’est qu’après les guerres de décolonisation et qu’entre 1962 et 1975 que les sondages d’indice de bonheur déclaré indiquent que les Français sont heureux. De plus, un courant critique se développe alors, affirmant que la croissance économique ne peut contribuer au bonheur. L’idée se développe selon laquelle la société de consommation, en satisfaisant sans cesse les besoins matériels, en génère automatiquement d’autres, provoquant ainsi une forme nouvelle d’aliénation.

Citons, entre autres, les travaux du sociologue français Jean Baudrillard (1929-2007) et ceux de son contemporain Guy Debord (1931-1994) ou le roman Les Choses de Georges Perec en 1965 qui critique les promoteurs de la société de consommation qui instrumentalisent la notion de bonheur. Mais c’est probablement Jacques Ellul (1912-1994) qui a développé la critique la plus pertinente en 1967, à travers son concept d’idéologie du bonheur :

« Le droit au bonheur est le cheval de Troie posté au milieu du système des libertés et des droits conçus par une société libérale. C’est la plus grande mutation mentale que l’on puisse imaginer puisque c’est le changement du sens et du but de la vie tout entière, en même temps que de la relation entre l’homme et la société. » (Métamorphose du Bourgeois, 1967, p. 90.).

-mobilisation totale en vue d’un avenir radieux, immense mobilisation de la violence politique, contrôle sécuritaire (Panoptisme-Jérémy Bentham, Foucault Surveiller ou punir inspiré des plans d’usine,Libertalia Daniel Defoe, le phalanstère Charles Fourier, La cité radieuse Le Corbusier,…), efficacité, fonctionnel, économique, technique, aspire à l’unité du corps social (holisme nostalgique) ///////// obsession de transparence, subordination de l’individu à l’État, menace, contrôle permanent, tentation de pureté (négation de la diversité, original, considéré comme déviant), imposition d’un modèle, d’une définition de l’idéal de vie, d’homme, de famille…, prédominance d’une conception utilitaire des individus, des choses, architecture… => idéologie, fanatisme, pensée unique

Enfer car l’État se prend pour un Dieu-Providence,

=> Utopia de Thomas More, … Abbaye de Thélème (sélection des individus (on))=> bon vouloir, éducation humaniste/ nature bonne => anarchie utopie des hommes capables de s’auto gérer ?? Proudhon, Bakounine, Stirner => acratie ??; l’Ile des esclaves Marivaux;  La République Platon, Bioshock BioShock est un jeu vidéo de tir en vue à la première personne développé par 2K Boston/2K Australia et conçu par Ken Levine pour l’éditeur américain 2K Games; cité sous-marine de Rapture.

III Comment l’utopie, la réforme peut-elle influencer la vie politique, Comment réformer sans déformer ?

-penser le rôle de l’État sans nier les libertés individuelles, préserver une égalité et liberté d’entreprendre

-donner les conditions d’une recherche du bonheur individuel

-penser l’unité de la société dans la diversité => tolérance et fraternité

-ne pas infantiliser les citoyens

-réguler l’usage des techniques « science sans conscience… »

-lutter contre fatalisme et passivité, argument paresseux, inaction et abandon de vie citoyenne (on) : conserver l’idée que les hommes se prennent en mains, espoir des lendemains qui chantent, croyance en la nature bonne de l’humain qu’il faut exprimer grâce à l’éducation (Rabelais), si on pense que la nature est mauvaise, cela justifiera toujours une puissance forte de l’État sur la société

-Nouvelle Atlantide Bacon, l’Eldorado Candide XVII-XVIII,   Orwell, Huxley : se servir des dystopies comme avertissement, atout pour questionner le monde actuel, le réel, réponse aux injustices, défauts du monde réel.;

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