Juin 3 2016

El Pana est mort

El Pana

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El Pana, torero mexicain de 64 ans, était tétraplégique depuis le 1er mai 2016, suite à la voltereta qu’il a reçu dans les arènes de Lerdo (Durango). Souffrant de problèmes cardiaques et pulmonaires, il était hospitalisé dans un état critique à Guadalajara et sa vie ne dépendait que de la respiration artificielle. Conscient de son état, il réclamait la mort, survenue ce 2 juin.

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Rodolfo Rodríguez est né le 22 février 1952 et a d’abord exercé la profession de boulanger, d’où son surnom, puis a connu une vie pour le moins dissolue et quelque peu romanesque, entre maisons closes, prison (pour rébellion ou espontáneo) et alcoolisme. Ironie du sort, le toro qui l’a mis à la retraite de la vie faisait lui aussi partie de la boulange : Pan francés.

Celui que l’on surnomme le Sorcier d’Apizaco a pris l’alternative le 18 mars 1979 dans les arènes de la capitale de son pays natal des mains de Mariano Ramos et en présence de Curro Leal.

En 1986 une vache lui a infligé un grave coup de corne dans le ventre.

Il réapparaît le 7 janvier 2007 dans les arènes de México et coupe deux oreilles qui transforment son adieu en renaissance et le mépris qu’il a souvent connu en admiration. Cette prestation conduit à sa présentation en Espagne, le 29 février 2008, lors d’un mano a mano avec Morante dans les arènes madrilènes du quartier de Carabanchel. Il fait sa présentation en France le 20 juillet 2014, à 62 ans, dans les arènes de Saint-Vincent de Tyrosse, avant Mauguio en 2015.

El Pana toréait comme il était : avec extravagance mais avec profondeur. Capable du meilleur comme du pire (il a écouté plus d’une fois les 3 avis), il était capable d’interpréter un grand nombre de suertes surannées.

Le Sorcier dans ses œuvres

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Nov 20 2015

Il y a un siècle très exactement…

…naissait l’un des plus grands toreros mexicains de l’histoire, Silverio Pérez.

SilverioIl est né dans la ville mexicaine de Texcoco le 20 novembre 1915 et est décédé le 2 novembre 2006.

Il décide de devenir torero après la mort de son frère Carmelo (Armando selon l’état-civil) survenue le 19 octobre 1931 à Madrid des suites d’une broncho-pneumonie qui se complique en raison d’un coup de corne reçu deux ans plus tôt. Il est d’abord chauffeur de toros de lidia puis connaît des débuts difficiles avant de revêtir son premier habit de lumières à San Antonio Acapuluác face à du bétail d’Atenco puis se présente dans les arènes de la capitale le 23 avril 1933 où il connaît plusieurs succès d’affilée. Son baptême du sang a lieu face à du bétail de San Diego de los Padres, celle du toro Michín qui avait si gravement blessé son frère. Il se présente en Espagne en 1935 dans les arènes madrilènes de Tetuán de las Victorias.

Armillita chico lui donne l’alternative le 6 novembre 1938 dans les arènes de Puebla et la confirme à Mexico le 11 décembre suivant des mains du même parrain. Les deux toreros se retrouvent pour un grand mano a mano le 16 mars 1941 où Silverio Pérez coupe la queue de Cantinero de San Mateo. C’est lui également qui a coupé la première queue de la Monumental de Mexico, celui de Barba Azul de Torrecilla, dans un mano a mano avec Manolete, le 16 février 1946. Auparavant, le 31 janvier 1943, il y triomphe aussi face à Tanguito de Pastejé. En 1945, après avoir reçu un grave coupe de corne, il torée en Europe (deux fois à Lisbonne, trois fois à Barcelona puis à Xérès, Valladolid, Burgos, Pontevedra, La Línea de la Concepción, Vitoria, Santander et Saint Sébastien) mais ne confirmera jamais son alternative à Madrid (il n’a toréé à Las Ventas que comme novillero). Il est à nouveau gravement blessé au Venezuela en 1950 et au Mexique en 1952 puis se retire le 1er mars 1953 avant de devenir député.

Trinchera de Silverio

Silverio Pérez, surnommé le Pharaon de Texcoco, a été un torero de grande classe mais un piètre matador. Il n’avait pas la vaillance de son frère et on rapporte de lui la phrase « Taisez-vous, vous allez le fâcher » en parlant de Manolete lorsqu’on l’encourageait à l’occasion des ses affrontements au « Monstre ». Cependant, on lui attribuait des qualités magiques mystérieuses. Une des suertes qu’il a le mieux réussi est sans doute la trinchera.


Oct 7 2015

Il y a 40 ans mourait…

Antonio MEJÍAS  JIMÉNEZ, alias Antonio BIENVENIDA Continue reading


Sep 26 2015

Il y a 150 ans

… l’un des plus grands toreros du XIXe siècle prenait l’alternative.

Rafael MOLINA SÁNCHEZ “LAGARTIJO

LagartijoIl est né dans la ville de Góngora, concrètement dans le quartier de La Merced de l’ancienne capitale du Califat, le 27 novembre 1841 et il est mort dans la même ville le 1er août 1900.

Fils du banderillero Manuel Molina « Niño de Dios », Rafael est né torero. Il n’a que 9 ans lorsqu’il torée pour la première fois en public, le 8 septembre 1851. En 1861, il banderille à Cordoue et fait partie du quadrille du malheureux Pepete. Il rentre l’année suivante dans ceux de Manuel et Antonio Carmona. Le premier l’a protégé depuis ses débuts. Isabel II le voit banderiller à Séville avant qu’il ne rencontre le succès à Madrid en 1864 alors qu’il se présentait comme remplaçant. Il y fut blessé le 3 juillet dans la traditionnelle Corrida de Beneficencia dans laquelle il tua le huitième toro. Il prit l’alternative à Úbeda (province de Jaén) des mains de Gordito, le 29 septembre 1865 et c’est Cayetano Sanz qui la lui confirma le 15 octobre. Ses estocades sont déjà très célèbres. Rafael Molina commence à rivaliser avec El Tato et Cúchares à partir de 1866 puis avec Frascuelo, son éternel rival, à partir de 1868, en particulier à Grenade. Il torée à Madrid en 1871 et l’année suivante est remplie de triomphes pour les deux toreros, qui rivalisent de courage, surtout au deuxième tiers. Le 18 juillet 1874 se déroule la dernière corrida dans les arènes de la Porte d’Alcala avec Lagartijo et Frascuelo à l’affiche, face à des toros d’Aleas. A partir de cette année-là, Lagartijo devient le torero favori de l’afición madrilène mais c’est aussi l’année où il commence à donner son célèbre pas en arrière au moment de l’estocade. Les deux toreros toréent ensemble à Madrid entre 1800 et 1805 dans une euphorie générale. Le 30 octobre, a lieu une corrida de Miura dans laquelle Lagartijo et Mazzantini toréent admirablement. Mais à partir de 1885 la décadence du Cordouan devient de plus en plus évidente, comme pour la corrida de Palha du 28 avril 1889 à Madrid. Cette année-là, Rafael Molina inaugure les arènes de la rue Pergolèse dans la capitale française. Frascuelo prend sa retraite en 1890 et c’est là que commence une rivalité avec Guerrita qui s’inclinera en faveur de ce dernier, sans que notre « Lézard », avec ses 50 printemps, soit dépassé. La décadence de Rafael Molina culminera en 1893, dernière année de sa carrière, où il torée 5 corridas en solitaire, à Saragosse, Bilbao, Barcelone, Valence et Madrid. Celles de Bilbao et Madrid furent particulièrement désastreuses. Pour la corrida célébrée dans la capitale, le 1er juin, jour du Corpus, il dut même être protégé par la maréchaussée.

Lagartijo est le torero qui a imposé la notion d’élégance, devenant dès lors consubstantielle, la tauromachie commençant à partir de là à être considérée comme un Bel Art. Il réunit en fait un compromis idéal entre élégance, courage et technique. A la fin de sa carrière il exécute la suerte suprême à la façon des banderilleros pour laisser sa célèbre media lagartijera (perpendiculaire). Il a cependant été un torero très complet, autant à la cape et à la muleta qu’avec les banderilles et l’épée. L’appellation de larga cordobesa rappelle les origines de Lagartijo car il l’a réalisé d’une manière inimitable, en tournant avec temple sur les talons. Lagartijo peut être considéré comme le Botticelli des toreros, l’un des premiers maîtres de la Renaissance taurine qui culminera au début du XXe siècle.


Août 29 2015

Le toreo de… José Tomás

On a souvent qualifié son toreo d’amanoletado, très vertical en début de faena (commençant souvent ses faenas presque systématiquement par des statuaires) et il est vrai que le torero de Galapar est un admirateur du Monstre. Mais ce qui est indubitable, c’est sa pureté dans le toreo fondamental, « citant » souvent de face mais toréant aussi souvent verticalement, les pieds joints. Son aguante est exceptionnel, mais son temple (malgré quelques accrochages en début de faena) et sa profondeur sont ses autres points forts. Son toreo n’est pas inspiré mais dépuré : les mains sont très basses dans les cites, il est généralement croisé, souvent de face et les cornes passent toujours très près. Parcimonie des gestes, attitude qui suinte la torería. Régularité unique dans la profondeur grâce à un courage froid qui permet le pari de l’immobilité et du temple à partir d’une position (le sitio) délicate, pour certains en dehors de la raison quand la tentative se renouvelle une fois et une autre, comme à Madrid en 2008. Mais si folie il y a, elle est bien au service du toreo, ce n’est nullement une mise en danger stérile et dénuée de sens. On a souvent à l’esprit des fins de faenas par manoletinas impassibles mais il n’est pas rare de le voir « fermer » un toro de manière classique à base d’ayudados, trincheras et autres recortes. Partisan de faenas courtes mais intenses, elles peuvent parfois donner l’impression de finir de manière abrupte. Son toreo a maintenant évolué vers plus de diversité, en particulier à la cape, sans perdre en profondeur. A Nîmes, pour son encerrona, on l’a vu pratiquer un grand nombre de suertes qu’il a rajoutées à son répertoire de base que sont les véroniques, les chicuelinas ou les gaoneras. A la muleta, ses naturelles et sa passe de poitrine à l’épaule opposée ainsi que ses trincheras sont assurément ses points forts. Il tue en règle générale avec décision et efficacité.

Pour résumer, à l’intérieur d’un concept castillan de la tauromachie, José Tomás est sans nul doute un grand artiste, autant à la cape qu’à la muleta. Son toreo cristallin prend appui sur un courage froid qui frôle parfois une témérité sans ostentation. Il a un style personnel mais aucune mise en scène. Il exécute toutes les suertes avec la même profondeur, élevant même les ornements à une catégorie qui leur est impropre. José Tomás est peut-être le seul torero à avoir véritablement pratiqué le toreo idéal (selon des principes théorique qui rassemblent toutes les vertus toreras), en point d’interrogation, avec un double changement de trajectoire, le premier pour contourner l’homme, le deuxième pour ramener le toro vers lui, et surtout à le lier en série. Il est sorti à 6 reprises par la Grande Porte madrilène et 2 par celle de la Maestranza où il a coupé un total de 8 oreilles.


Août 20 2015

José Tomás

jose_tomas_retratoJosé Tomás ROMÁN MARTÍN

Il est né à Galapagar (Madrid) le 20 août 1975.

Le petit neveu de l’éleveur Victorino Martín a commencé comme becerrista à Colmenarejo le 25 juillet 1989. Il a ensuite revêtu son premier habit de lumières le 7 février 1991 à Valdemorillo et son début avec picadors a eu lieu le 24 juillet 1993 à Benidorm. Pour la saison 1994, il torée au Mexique où il reçoit son baptême du sang, le 22 mai, à Aguascalientes. Le 18 août, il sort en triomphe des arènes de Barcelone qui seront ses arènes talisman. Il rompt l’année suivante avec Antonio Corbacho pour partir avec Santiago López et lors de cette temporada il sort par la Grande Porte de Las Ventas lors de sa présentation comme novillero, le 24 septembre.

Gaonera

Il prend l’alternative à la fin de l’année, le 10 décembre, dans les arènes de la capitale mexicaine, avec le toro Mariachi de Xajay et avec Manolo Mejía comme parrain et David Silveti comme témoin. Il l’a confirmé le 14 mai suivant, parrainé par Ortega Cano face à Juanito de Jandilla, avant de couper une oreille d’un guardiola. Lors de cette première saison, il coupe également une oreille de poids d’un toro de Cebada Gago à Pampelune.

En 1997 il commence à toréer avec les plus grands toreros du moment, Joselito et Ponce, mais il reçoit un coup de corne de 20 cm dans une cuisse lors de Corrida de la Presse après avoir obtenu sa première Grande Porte madrilène en tant que matador, le 27 mai, après une faena historique à un toro d’Alcurrucén. L’année suivante sera celle de la consolidation avec notamment un nouveau triomphe à Madrid le 28 mai.

Il répétera ce succès le 18 mai 1999, huit jours avant de réaliser une grande faena à un animal de Puerto de San Lorenzo. Le 17 juin il coupa trois oreilles de plus lors de la Corrida de Beneficencia. Cette année-là, « apodéré » par Martín Arranz, il avait déjà coupé une oreille importante à Séville.

Après avoir été absent de Séville en 2000, il réussit à ouvrir la Porte du Prince le 15 avril 2001 pour la traditionnelle corrida du dimanche de Pâques, en coupant trois oreilles à des toros de Torrealta et réalise l’exploit de renouveler ce triomphe pour sa première course de la feria avant de couper un septième appendice et de sortir cette fois par la porte de l’infirmerie. Une véritable geste ! Le chanteur Joaquín Sabina lui consacrera d’ailleurs cette année-là un certain nombre de poèmes. A partir de là cependant, sa motivation semble décroître et le 2 juin il échoue face à un toro d’Adolfo Martín qu’il refuse de tuer (il en avait fait de même l’année précédente à Salamanque). Il sort toutefois en triomphe à trois reprises de la Monumental catalane, autant que l’année précédente.

Le 21 mai 2002 il sort une nouvelle fois en triomphe des arènes néo-mudéjar de la capitale espagnole, en coupant les deux oreilles d’un toro de Martelilla avant son retrait à la fin de la saison après une sortie des arènes de Murcie sous les huées du public.

JT 2 Arjonaphoto Arjona

Il réapparaît plus de quatre ans après, sous le sceau du mystère, le 17 juin 2007, à Barcelone, avec Salvador Boix comme manager. C’est le retour d’un mythe, d’abord par la voie du tragique, en faisant peur dans une attitude parfois téméraire. J’en veux pour preuve le double coup de corne qu’il reçoit à Linares le 29 août, jour du soixantième anniversaire de la mort de Manolete.

En 2008, il est blessé à Xérès au niveau du cou mais il coupe 4 oreilles le jour de sa réapparition à Madrid le 5 juin face à du bétail de Victoriano del Río. Dix jours plus tard il obtient trois appendices auriculaires et reçoit un double coup de corne dans la cuisse de la part d’un animal de Puerto de San Lorenzo. Le 10 août, au Puerto de Santa María, il est à nouveau blessé (aisselle et fessier), c’est la neuvième blessure grave de sa carrière. Le 21 septembre il connaît l’autre face de la monnaie en coupant la queue d’Idílico de Núñez del Cuvillo, à Barcelone pour sa treizième sortie a hombros de la Monumental.

Il ouvre aussi la Grande Porte des arènes de Mexico le 18 janvier 2009 avant de revenir dans la capitale catalane pour un solo, le 5 juillet, d’où il repart avec un bilan de 5 oreilles face, à nouveau, aux toros de Cuvillo. Sa série de triomphes est imparable mais il se refuse à effectuer une saison complète et sans fouler les arènes de troisième catégorie il est absent des principales plazas que sont Madrid, Séville, Pampelune ou Bilbao, réclamant des cachets considérés exorbitants.

En 2009 il commence l’année par un triomphe dans la capitale mexicaine le 18 janvier avant de s’enfermer face à 6 toros 6 dans les arènes de Barcelone, le 5 juillet 2009, d’où il ressort par la Grande Porte après avoir coupé 5 oreilles aux toros de Núñez del Cuvillo.

L’année suivante, le toro Navegante lui inflige un grave coup de corne à l’artère fémorale à Aguascalientes le 24 avril.

Il réapparaît plus d’un après, à Valence, le 23 juillet 2011 avant de toréer 8 corridas de plus : à Huelva, Bayonne, Gijón, Ciudad Real, Linares, Valladolid, Nîmes et Barcelona où il triomphe à nouveau le jour de la dernière, le 25 septembre, en compagnie de Juan Mora et Serafín Marín.

En 2012, sa saison se résume à 3 courses : Badajoz, Huelva et Nîmes dans un solo qui se termine sur un bilan de 11 oreilles, une queue et une grâce.

Il se fracture un pied en s’entraînant au début de la temporada qui suit et qui sera finalement blanche.

En 2014 ce sont trois corridas de plus que le Maître daigne offrir : Grenade, León (la seule où il ne coupe qu’une oreille) et Malaga après être réapparu aux Amériques, concrètement à Juriquilla.

L’année 2015 se résume pour l’instant aux 3 oreilles coupées lors de son retour à Aguascalientes, 5 ans après, le 2 mai. Le 31 janvier 2016, son retour est annoncé dans les arènes de la capitale mexicaine.

En 2016 il commence la saison à Mexico (petite oreille) puis la poursuit à Xérès, où il coupe une queue, avant Alicante (3 oreilles face à Manzanares là aussi), Huelva (4 oreilles face à López Simón), Saint-Sébastien (une face à El Juli) puis Valladolid (une oreille dans la corrida hommage à Víctor Barrio puis 3 oreilles face à Manzanares).

Il faut ensuite attendre deux ans pour le revoir en Espagne, pour une seule corrida, à Algésiras.

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On a souvent qualifié son toreo d’amanoletado, très vertical en début de faena (commençant souvent ses faenas presque systématiquement par des statuaires) et il est vrai que le torero de Galapar est un admirateur du Monstre. Mais ce qui est indubitable, c’est sa pureté dans le toreo fondamental, « citant » souvent de face mais toréant aussi souvent verticalement, les pieds joints. Son aguante est exceptionnel, mais son temple (malgré quelques accrochages en début de faena) et sa profondeur sont ses autres points forts. Son toreo n’est pas inspiré mais dépuré : les mains sont très basses dans les cites, il est généralement croisé, souvent de face et les cornes passent toujours très près. Parcimonie des gestes, attitude qui suinte la torería. Régularité unique dans la profondeur grâce à un courage froid qui permet le pari de l’immobilité et du temple à partir d’une position (le sitio) délicate, pour certains en dehors de la raison quand la tentative se renouvelle une fois et une autre, comme à Madrid en 2008. Mais si folie il y a, elle est bien au service du toreo, ce n’est nullement une mise en danger stérile et dénuée de sens. On a souvent à l’esprit des fins de faenas par manoletinas impassibles mais il n’est pas rare de le voir « fermer » un toro de manière classique à base d’ayudados, trincheras et autres recortes. Partisan de faenas courtes mais intenses, elles peuvent parfois donner l’impression de finir de manière abrupte. Son toreo a maintenant évolué vers plus de diversité, en particulier à la cape, sans perdre en profondeur. A Nîmes, pour son encerrona, on l’a vu pratiquer un grand nombre de suertes qu’il a rajoutées à son répertoire de base que sont les véroniques, les chicuelinas ou les gaoneras. A la muleta, ses naturelles et sa passe de poitrine à l’épaule opposée ainsi que ses trincheras sont assurément ses points forts. Il tue en règle générale avec décision et efficacité.

Pour résumer, à l’intérieur d’un concept castillan de la tauromachie, José Tomás est sans nul doute un grand artiste, autant à la cape qu’à la muleta. Son toreo cristallin prend appui sur un courage froid qui frôle parfois une témérité sans ostentation. Il a un style personnel mais aucune mise en scène. Il exécute toutes les suertes avec la même profondeur, élevant même les ornements à une catégorie qui leur est impropre. Il est sorti à 8 reprises par la Grande Porte madrilène et 2 par celle de la Maestranza où il a coupé un total de 8 oreilles.


Août 8 2015

Le plus grand torero français

Sébastien TURZACK CASTELLA

Castella IV

Il est né dans la ville languedocienne de Béziers le 31 janvier 1983.

En 1997 il torée pour la première fois en public à Aignan. Sa présentation comme novillero avec picadors a lieu le 17 janvier 1999 à Acapulco, le 1er mai suivant en France, où il triomphe à Aire sur l’Adour, puis celle à Madrid le 30 avril 2000, année où il reçoit un coup de corne dans les testicules, à Nîmes.

Il a pris l’alternative à 17 ans, le 12 août 2000 dans sa ville natale, parrainé par Enrique Ponce et en présence de José Tomás, coupant les deux oreilles de Diligencia de Juan Pedro Domecq. En 2004, il reçoit un coup de corne à Pampelune.

Sa carrière prend son envol lors de la feria de San Isidro 2005 où, le 12 mai, il est l’auteur d’une prestation remarquée qui lui vaut un trophée de poids même s’il est blessé à Valence et à Béziers (déjà 8 coups de corne).

Lors de la feria d’Avril 2006 il triomphe également dans sa ville d’adoption, Séville, en obtenant les deux oreilles d’Encendido de Jandilla qui fut honoré d’une vuelta. Le 12 mai il gagne un appendice à Madrid et un autre pour la corrida de la Presse, le 25. Il touche aussi du poil dans des arènes aussi importantes que celles de Pampelune où il est à nouveau gravement blessé. Sa saison continue cependant à se ponctuer de succès, comme à Bilbao (deux fois une oreille) mais aussi Dax (en août et en septembre), Saint-Sébastien ou Bayonne (une queue). Il fait ses adieux à l’Europe en obtenant un trophée à Séville le 24 septembre, pouvant être légitimement considéré comme le triomphateur de cette temporada. En Amérique, il est encorné en octobre mais cela ne l’empêche pas d’être déclaré triomphateur à Lima et à Quito avant de se casser 5 côtes et de souffrir un pneumothorax le 29 décembre en Colombie, le pays de ses amours.

En 2007 il s’installe définitivement dans la catégorie de figura en triomphant à Séville (deux fois une oreille) puis en essorillant un toro de Valdefresno le 18 mai à Madrid avant d’arracher une oreille de la peur le 22 pour la corrida de la Presse. Il ponctue aussi à Bilbao en août avant de mettre fin à sa relation professionnelle avec son mentor, José Antonio Campuzano.

Il reçoit un coup de corne de 20 cm, à Algésiras, le 28 juin 2008, une saison plus discrète mais commence la suivante par sa seconde sortie par la Grande Porte de Las Ventas, le 14 mai 2009. Il garde son rang en obtenant une oreille à Pampelune et malgré la blessure reçue à la cuisse le 1er août, à Pontevedra, alors qu’il toréait avec José Tomás. Il réussit à être sur pied la semaine suivante, à Bayonne, qui plus est un pied d’égalité avec le maître de Galapagar. Sébastien Castella conclue sa saison par un appendice sévillan, le 26 septembre et surtout par une grande performance lors de la feria d’Automne, le 3 octobre, sortant pour la deuxième fois cette année-là de Las Ventas hissé sur les épaules d’un mortel.

Aux Amériques, il signe de belles faenas à Mexico le 10 janvier puis le 5 février 2010 avant d’attaquer la saison espagnole avec une oreille de poids à Séville le 18 avril avant d’en couper une autre à Bilbao le 23 mai et encore une à Madrid le 3 juin, perdant une nouvelle Grande Porte à l’épée. Il repart aussi de Pampelune avec deux oreilles dans sa besace le 14 juillet.

Le 12 février 2011 il se fracture le bras à Medellín mais obtient cette année-là deux nouveaux trophées dans ses arènes de Madrid : les 20 et 25 mai. La saison suivante il en coupe encore une mais en étant encorné au niveau de l’aine, le 15 mai. En 2013, il réalise encore une faena importante dans le temple de la tauromachie qui lui vaut une oreille de plus, le 24 mai. En 2014 il réalise une saison moyenne : la liste des triomphes de Sébastien Castella n’est certes pas négligeable (Tolède, Algeciras, Pontevedra, El Puerto, Béziers, Linares, Palencia, Albacete ou Bayonne) mais il n’est pas moins vrai qu’il a eu du mal à franchir les cols de première catégorie.

Le torero de Béziers réussit, après 15 ans d’alternative, à renverser la vapeur en 2015. Il triomphe d’abord à Valence (3 oreilles) et surtout à Madrid d’où il repart comme triomphateur avec trois appendices dont deux à Jabatillo d’Alcurrucén, toro qui reçut la vuelta, le 27 mai, pour une nouvelle Grande Porte venteña comme matador. Le 30 mai 2018 il renouvelle cet exploit pour la cinquième fois et il est d’ailleurs le torero qui a le plus coupé d’oreilles dans le cercle madrilène au XXIe siècle (22 à cette date). En 2020, après vingt ans d’alternative, il décide d’interrompre sa carrière après un mano a mano avec Perera dans les arènes de Nîmes.

De retour en 2023, il signe un nouveau triomphe dans la capitale espagnole le 19 mai en essorillant le toro Rociero de Jandilla après une faena intense, ajustée et cadencée sous le vent. Il est même le triomphateur de la feria de San Isidro en coupant un trophée de plus le 2 juin mais en recevant un coup de corne qui ne l’empêchera pas de réapparaître le 17, pour la corrida de Beneficencia toujours aussi fringant. Le 30 septembre il obtient sa première Porte du Prince ce qui lui permet de culminer une des meilleures saisons de sa carrière en qualité plus qu’en quantité, d’autant plus qu’il est encore énorme à Madrid pour la feria d’Automne, même sans épée.

Torero d’un grand courage froid, il a une quiétude impressionnante devant les cornes. Capable de bien toréer à la cape où il fait montre d’un répertoire assez large, il a l’habitude de construire ses faenas selon le même schéma : un début par un changement dans le dos qu’il a remis au goût du jour et des finals par manoletinas ou par un toreo de proximité. Figura incontestée sur toute la planète taurine depuis une dizaine d’années, son toreo est plus reposé, il a gagné en qualité et en profondeur avec la maturité. Sébastien Castella est sans nul doute le plus grand torero que la France ait jamais connu.


Fév 25 2015

Les phrases de don Rafael

El Gallo vu par Canito, le plus célèbre des photographes taurins, toujours en activité à plus de 100 ans

Si « Joselito » est considéré par beaucoup comme le plus grand de tous les toreros, son grand-frère (¡Vaya familia!), Rafael « El Gallo » est assurément le plus grand artiste de l’histoire de la tauromachie. Il est l’inventeur d’un certain nombre de suertes mais il est aussi l’anti-torero, l’inventeur de l’espantá, la fuite par peur panique. Il disait que « les broncas s’oublient mais les coups de cornes c’est le torero qui les garde ». Il est tour à tour l’humain dans ce qu’il a de plus misérable et puis dans ce qu’il a de plus grand. Et cette grandeur, malgré le fait que notre passion soit éphémère, elle est restée jusqu’à nous, survivant tout un siècle. Il était né torero et pour cet homme peu instruit il n’y a que cette vie qui était concevable, le reste ne comptait pas.

Il nous a laissé un certain nombre de phrases et d’anecdotes qui disent beaucoup de choses sur sa personne mais aussi sur son époque, des mots d’un autre temps qui ont une texture patinée qui, même s’il disait que « le toreo c’est ce qu’on ne peut pas expliquer », le disent.

Une de ces plus célèbres anecdotes concerne une phrase qui est passée à la postérité dans le langage courant de la langue de Cervantès : « Hay gente pa tó ». Cette phrase, une espèce de kirikikí langagier, il l’a prononcé après avoir rencontré le philosophe espagnol (le plus grand sans doute dans un pays peu cartésien où la passion l’emporte souvent sur la raison) Ortega y Gasset. José María de Cossío venait justement de lui expliquer qu’il s’agissait du plus grand penseur espagnol suite à quoi le premier torero de veine gitane (avant Cagancho, Gitanillo de Triana ou Rafael de Paula) s’exclama : « C’est incroyable, il y a des gens pour tout ! ».

 Un jour où « le Divin Chauve » toréait à Madrid, après une bronca monumentale qui faisait elle-même suite à une de ses célèbres espantás, Vicente Pastor était allé le voir pour lui dire un mot de soutien : « Faut voir comment est le public aujourd’hui ! », ce que à quoi don Rafael aurait répondu sur un ton un brin sarcastique de torero blessé là où les blessures sont invisibles : « Pour vous il est extraordinaire, maintenant que je les ai rendus aphones ! » (¡Ole!).

 Un banderillero lui demandait chaque fois qu’il le croisait de le prendre dans son quadrille ce à quoi El Gallo répondait à chaque fois que même s’il le voulait ce n’était pas possible car celui-ci était au complet. Mais un jour un membre de l’équipe de Rafael Gómez Ortega partit pour une meilleure vie et lors de la veillée funèbre l’homme revint à la charge demandant à nouveau au maestro de prendre la place du défunt, ce à quoi le génial Rafael répondit à peu près ceci : « On va essayer de convaincre les gens des pompes funèbres ! »

De retour de la feria de Cordoue, il rencontra un jour une connaissance dans le train qui le ramenait à Séville. Celui-ci lui demanda comment il avait été accueilli parle public, ce à quoi il répondit qu’il y avait eu une division d’opinions. « Entre toi et Bombita ? », demanda l’autre. Mais « El Gallo » rétorqua la chose suivante : « Non, en fait certains s’en prenaient à mon père et d’autres à ma mère ! »

En dehors de son métier Rafael « El Gallo » aimait uniquement 4 choses : le café, le vin, les cigares et la sieste.

Lors d’une corrida à Barcelone, après avoir refusé de tuer son premier toro qui ne lui plaisait pas, il s’était réfugié à l’infirmerie pour échapper à la colère des gens. Manolo Belmonte, le frère de Juan, était venu le chercher et l’avait trouvé étendu sur la table d’opération en train de fumer un Havane. Il lui expliqua que le public était déchaîné et qu’il exigeait qu’il assumât son contrat. « El Gallo » se laissa convaincre, réapparut alors que le toro était en train d’être piqué puis réalisa une faena des siennes conclue d’un coup d’épée a recibir. Le geste fatal accompli, sans attendre quelque récompense que ce soit il retourna placidement, d’une phrase muette, à l’infirmerie, pour terminer son cigare.

Le lieutenant-frère (appellation bizarroïde pour un français qui renvoie aux confréries militaro-religieuses de la Reconquête qu’on traduirait simplement dans notre pays laïque par président, sauf que là ils s’élisent entre eux : j’espère me faire comprendre car c’est important pour l’anecdote) de la Real Maestranza sévillane voulut lui faire un cadeau et lui demanda donc ce qui lui ferait plaisir. « El Gallo » répondit qu’il ne voulait pas qu’on dépense de l’argent pour lui et rajouta : « Mettez-moi sur la liste des maestrantes ! » – J’ai publié récemment un article qui s’intitule ‘La plèbe aspire à la noblesse’ mais j’ai bien peur qu’il ne s’agisse que d’une vaine aspiration.


Déc 25 2014

Juan Bautista

Madrid JBLongtemps considéré comme un torero froid il a terminé par recevoir une reconnaissance définitive de la part de l’afición, surtout en France car outre-Pyrénées, une fois l’effet de mode estompé, il toréa de moins en moins. Il est cependant devenu un torero largo, capable dans tous les compartiments de la lidia et devant n’importe quel type de bétail. Comme le bon vin, il arrive à maturité en associant ses qualités pour donner un bouquet harmonieux : sans être artiste, il est capable de toréer avec temple et sentiment, sans être un véritable lidiador il comprend les toros ayant bu aux mamelles de leurs mères, sans être populiste il aime toréer à genoux ou en regardant le gradin mais il est un peu tout cela à la fois, un torero complet qui connaît et qui aime son métier.

Né le 12 juillet 1981, le fils du rejoneador puis éleveur et directeur des arènes d’Arles Luc Jalabert a revêtu l’habit de lumière pour la première fois en 1996 en Espagne.

Et c’est au Mexique, à Querétaro, qu’il débute avec picadors, le 14 mars 1998. Il a ensuite toréé dans la vallée du Tiétar, dite de la Terreur, pour s’épaissir le cuir, conseillé par le matador Curro Caro.

L’année 1999 commence bien pour Jean-Baptiste qui gracie Tanguisto de Yerbabuena à Nîmes. Le 3 juin il sort par la Grande Porte de Madrid pour sa présentation avant d’obtenir un trophée en Pampelune et de « lidier » une novillada en solitaire à Saint-Sever.

Il prend l’alternative dans sa ville natale le 11 septembre 1999 des mains d’Espartaco et en présence de César Rincón. Il coupe une oreille du toro de la cérémonie, Sevillano, de Zalduendo, puis confirme le 2 octobre des mains de Vicente Barrera et en présence d’Eugenio de Mora.

En l’an 2000 il a donné une vuelta à Madrid et triomphé doublement en Arles (Pâques et Riz), à Béziers ou à Dax et coupé une oreille à Bilbao et à Saragosse. En 2002 il triomphe à Vic et coupe une oreille à un victorino à Dax.

Il se retire au début de l’année 2003 puis réapparaît en 2005 après avoir retrouvé ses illusions lors d’un festival au profit des sinistrés des inondations de sa ville d’Arles. En 2006 il obtient de très gros triomphes à Nîmes et à Dax.

Il continue de triompher en France en 2007 mais il connaît surtout la reconnaissance dans les plus dures arènes espagnoles avec une oreille lors de la corrida de la Presse, le 22 mai, qu’il torée sur une substitution gagnée après une bonne prestation lors d’une course de la feria de San Isidro. Il coupe aussi un appendice à Bilbao avant d’obtenir les deux oreilles du toro de Puerto de San Lorenzo 6 octobre pour la feria d’Automne.

En 2008 il triomphe à Grenade, à Saint-Sébastien, à Dax en mano a mano face à El Juli et à Nîmes où il coupe une queue. L’année suivante il s’impose en Arles et à Béziers lors de deux mano a mano avec Castella.

Il commence la saison 2010 en coupant une oreille à Valence puis sort pour la 3e fois a hombros des arènes de Las Ventas, le 5 juin en coupant deux fois une oreille. Il triomphe le lendemain à Grenade puis dans la plupart des arènes françaises.

JUAN BAUTISTA MADRID 2010 1

En 2011 il obtient une nouvelle Porte des Consuls (en plus de succès en Arles ou à Bayonne) et encore une en 2012.

En 2013 il coupe une nouvelle oreille à Madrid après les 4 coupées chez lui. Lors de son encerrona à Istres il repart avec 6 trophées et une queue ainsi que la grâce d’un toro de La Quinta (deux doubles trophées à des animaux de Miura et Victorino).

En 2014 Juan Bautista est à nouveau sorti a hombros par la Porte des Consuls puis à Beaucaire, à Istres par 2 fois ou à Béziers face aux miuras. Il triomphe aussi à Bayonne et dans son solo arlésien (5 oreilles et une queue) puis termine la saison en coupant un trophée à Valence.

Ces dernières années sa carrière se concentre surtout sur la France où il est régulièrement crédité du titre de REGIS FRANCORUM. En 2018 après avoir obtenu une nouvelle Porte des Consuls à Nîmes, il réussit son encerrona dacquoise du mois d’août avec quatre oreilles avant de triompher à nouveau chez lui pour la Corrida Goyesque en annonçant qu’il se retire des arènes. La saison se clôt par son quinzième triomphe nîmois avant de se couper la coleta à Saragosse quelques jours après le premier véritable coup de corne de sa carrière, reçu à Logroño de la part d’un pupille de Victorino.

Comme annoncé, c’est toutefois lors de la Goyesque de 2019, le 7 septembre, qu’il torée sa dernière course, dans un mano a mano triomphal avec Enrique Ponce où l’Arlésien coupe cinq oreilles et une queue symbolique.


Juin 13 2014

« Joselito »

José Miguel Arroyo

joselitoCe surnom n’est pas facile à porter et pourtant le torero madrilène se l’est octroyé avec dignité. Ce grand torero réapparaît à Istres pour une occasion peut-être unique et c’est une bonne opportunité pour refaire le bilan de sa carrière.

Il est donc né à Madrid le premier mai 1969.

Il a été élève de l’Ecole Taurine de Madrid et il a commencé à toréer en public à partir de 1982. Après deux années en novilladas piquées – il s’est présenté à Madrid le 3 mai 1985, en coupant 3 oreilles – il prit l’alternative à Malaga le 20 avril 1986 des mains de Dámaso González, et en présence de Juan Mora, avec le toro  “Correvías” de Carlos Núñez. Il confirma son doctorat taurin le 26 mai dans une affiche de luxe, avec Curro Romero et Paco Ojeda le précédant. Il coupa l’oreille de “Cotidiano”, de Aldeanueva, qui sortit en premier .Le 15 mai 1987, le toro “Limonero” de Peñajara lui infligea un coup de corne au cou et lui casse une clavicule. Le 22 mai 1988,  Antonio González “El Campeño”, son puntillero, est tué par un toro de Antonio Arribas à Madrid, ce qui l’affectera énormément. A  Aguascalientes, au mois d’avril, il reçoit un autre coup de corne ce qui ne l’empêche pas de couper les deux oreilles à  un toro d’Atanasio Fernández le 1er juin 1989 dans la capitale espagnole. Il est à nouveau encorné, à Malaga, au mois d’août. Un fait qui démontre son pundonor s’est produit le 12 septembre 1990 à San Martín de Valdeiglesias où il reste dans l’arène pour couper deux oreilles à un animal de Cebada Gago après avoir été blessé. Le 17 juin 1993 “Joselito” torée en solitaire la traditionnelle Corrida de Beneficencia en réalisant de grandes faenas aux toros “Jacarito” (1º) et “Chivato” (4º) de Branco Nuncio. Il s’agit d’ailleurs pour le torero madrilène d’une campagne triomphale. En 1996 il triomphe à nouveau dans ces mêmes arènes dans un 6 contre 1 après avoir connu un grand succès le 15 mai en obtenant les deux appendices auriculaires d’une bête de José Luis Marca. Le 14 avril 1997 il réussit à sortir par la mythique Porte du Prince. Il se retira à la fin de la saison 1998 pour revenir en 2000 et prendre une retraite quasiment définitive en 2003 pour se consacrer à diverses activités taurines et surtout à son élevage d’origine Núñez d’El Tajo-La Reina.

On peut considérer “Joselito” comme un grand capeador, à la fois profond et varié, un maître de la véronique et aussi un excellent muletero, en particulirr dans le toreo fondamental, en plus d’être le meilleur tueur de sa génération. Son pundonor était également remarquable. Il est peut-être (avant la maturité de Ponce) le torero qui a le plus profondément marqué les années 90. Il est sorti 4 fois par la Grande Porte madrilène contre une pour celle du Prince sévillane.