Ce que je vois : courroie en caoutchouc , tiges d’acier, tôle peinte, poulies en fil de fer, deux pinces à linge et moteur électrique

Ce que j’apprends sur l’oeuvre : les machines à dessiner (les premières datent de 1955) sont réellement mises au point par Tinguely en 1959 et développées dans une série de près de vingt « Méta-Matics » jusqu’en 1960. N’ayant jamais le même aspect ni la même taille, les « Méta-Matics » sont des « méta-mécaniques » formées d’une roue motrice reliée par des courroies à une ou plusieurs roues qui tournent et entraînent un arbre excentré transmettant à une tige un mouvement irrégulier. L’utilisateur fixe à l’extrémité de cette tige un morceau de craie, un crayon, un stylo à bille ou encore un feutre, qui couvre de traits et de griffonnages le papier posé sur le support prévu à cet effet. Quelques instants plus tard apparaît un dessin dont les motifs se répètent à l’infini.

Ce que j’apprends du sculpteur : par ses machines à dessiner, Tinguely veut prouver qu’une œuvre d’art, loin d’être une création définie, achevée, peut engendrer sa propre vie et produire elle-même de l’art. De ce fait, les dessins variant selon la manipulation, il n’y a pas deux dessins identiques – d’où l’importance de la pression du traceur sur le papier, de la fluidité de l’agent colorant ou de la qualité du papier. La machine, le constructeur et l’utilisateur participent à parts égales à l’œuvre, à la fois sculpture, happening et dessin.